Citations sur Vision et prière et autres poèmes (40)
III LA CARTE DU TENDRE
Nous, allongés sur le sable
Nous, allongés sur le sable, nous voyons jaune
Et la mer grave et nous moquons des railleurs
Qui suivent de rouges rivières, alcôves
De mots creusées dans l'ombre des cigales,
Car dans cette jaune tombe de sable et d'océan
Un appel à la couleur appelle avec le vent
Grave et gai comme la tombe et la mer
Qui dorment au bout de nos mains.
Les silences lunaires, la marée silencieuse
Léchant Les canaux tranquilles, la sèche lune,
maîtresse
Des marées entre désert et trombe d'eau,
Soigneraient nos misères d'eau
Avec un calme monochrome ;
Du sable monte une musique divine
Avec la hâte des grains
Dissimulant les montagnes et les demeures d'or
De la plage grave et gaie.
Liés par un ruban souverain, nous, allongés
Nous contemplons ce jaune, espérant que le vent
Emporte les strates du rivage et noie le roc rouge ;
Mais les vœux sont stériles et nous, impuissants
À empêcher la venue d'un monde pierreux,
Nous contemplons ce jaune jusqu'à ce que le climat
Doré se brise, ô mon sang, comme cœur et colline.
p.82-83
Cet amour – je le surestime peut-être
Faisant de n’importe quelle femme une déesse
Aux cheveux et aux dents admirables,
Et de ses gestes vides un monde de signification,
Et de son sourire, la fidélité même,
Et de sa moindre parole
l’immortalité.
Je suis trop gai peut-être,
Trop solennel, insincère,
Noyé dans mes pensées
Affamé d’un amour que je sais vrai
Mais trop beau.
Trop d’amour affaiblit,
Tous mes gestes
Dérobent mes grandes forces
Et les offrent
A ta main, à ta lèvre, à ton front.
Décembre 1930
Un alcoolique est quelqu’un que tu n’aimes pas et qui boit autant que toi.
Jadis c’était la couleur du dire...
Jadis c’était la couleur du dire
Qui inondait ma table sur le versant le plus laid d’une colline
Avec un champ chaviré où une école se tenait, tranquille
Et un carré noir et blanc de filles s’y répandait en jeux ;
Les doux glissoires du dire je les dois détruire
Pour que les noyés enchanteurs se relèvent pour chanter
comme coq et tuer.
Quand je sifflais avec des gamins joueurs à travers le parc
du réservoir
Où la nuit nous lapidions les froids, les niais
Amants dans la boue de leur lit de feuilles,
L’ombre de leurs arbres était mot à plusieurs obscurités
Et lampe d’un éclair pour les pauvres dans la nuit ;
Maintenant mon dire doit me détruire,
Et je déviderai chaque pierre comme un moulinet.
//Traduction: Alain Suied
La colline aux fougères
Extrait 3
Et je ne me préoccupais pas, en ces jours blancs comme l’agneau,
De ce que le Temps m’emporterait dans ce grenier bondé
D’hirondelles à l’ombre de ma main,
Dans la lune toujours montante,
Ni que, galopant vers le sommeil,
Je l’entendrais voler par les champs
Et m’éveillerais dans une ferme à jamais absente
Du Paradis de l’enfance
Oh et j’étais jeune alors et souple par la grâce de ses pouvoirs,
Et le Temps me piégeait, vert et mourant,
Tandis que je chantais dans mes chaînes comme la mer.
La colline aux fougères
Extrait 1
Et puis au réveil, la ferme, vagabonde blanchie de rosée
Revenait, le coq sur son épaule : c’était toute
Lumière, comme Adam et jeune vierge,
Le ciel se filait à nouveau
Et le soleil s'enroulait comme au premier jour.
C’était comme à la naissance de la simple lumière
Pendant le tissage du lieu originel, quand les chevaux
Ensorcelés sortaient encore chauds
De la verte écurie et hennissante écurie
Pour les champs de louanges..
De son anniversaire
Extrait 9
Que plus je m’approche
De la mort, homme solitaire dans ses tortures,
Plus le soleil fleurit
Et plus l’océan de tous ses crocs, exulte ;
Et chaque vague de ma route
Chaque orage que je happe et le monde même
Avec une foi plus triomphante
Que jamais depuis que le monde est nommé,
Tissent son matin de louanges,
…
De son anniversaire
Extrait 5
Là – il peut errer nu
Parmi les esprits de la baie-sabot-de-cheval
Ou les monts des étoiles du rivage,
Moelle d’aigles, racines de baleines
Et bréchets d’oies sauvages,
Avec le Dieu béni, incréé et Son Fantôme,
Et Ses prêtres, les âmes de tous,
Chœur du troupeau du Paradis nouveau
Dans une paix troubleuse de nuages,
…
De son anniversaire
Extrait 1
Dans la chute duvet-de-chardon
Il chante vers son angoisse ; les pinsons volent
Dans les perspectives griffues des faucons
Sur un ciel de rapt ; les petits poissons glissent
Entre coquilles et ruelles de villes maritimes
Naufragées vers les pâturages de loutres. Lui,
Dans sa maison de torture et de pente
Et les cordages bien noués de son commerce de mots
Il perçoit un linceul sur les hérons,
...
Jadis c’était la couleur du dire
Jadis c’était la couleur du dire
Qui inondait ma table sur le versant le plus laid d’une colline
Avec un champ chaviré où une école se tenait, tranquille
Et un carré noir et blanc de filles s’y répandait en jeux ;
Les doux glissoires du dire je les dois détruire
Pour que les noyés enchanteurs se relèvent pour chanter comme coq et tuer.
Quand je sifflais avec des gamins joueurs à travers le parc du réservoir
Où la nuit nous lapidions les froids, les niais
Amants dans la boue de leur lit de feuilles,
L’ombre de leurs arbres était mot à plusieurs obscurités
Et lampe d’un éclair pour les pauvres dans la nuit ;
Maintenant mon dire doit me détruire,
Et je déviderai chaque pierre comme un moulinet.