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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jim Thompson , c'est pour moi 1275 âmes donc plutôt réduit le champ d'investigation . Il y était alors question de manipulation de force 10 sur l'échelle de Berlusconi qui n'en affiche que 7 , c'est dire le potentiel entubatoire de l'auteur !
Avec Rage Noire , same player shoot again ! Bouquin rageur et malsain qui ne fait jamais tilt et donnerait même plutôt l'envie de claquer un nouveau Thompson dans un futur proche mais néanmoins ultérieur .

Bonjour m'sieurs dames , j'm'appelle Allen – non , pas de poney , c'était déjà pris - et je possède un QI hors norme susceptible de filer le tournis aux maisons de prod' Endemol et Réservoir Prod réunies ! Mes passions ? Rien que du très classique pour un gamin noir de 12 piges : manipuler , entuber , bourrer le mou , engluer , enfumer matin , midi et soir ! C'est pas de ma faute , j'ai un mot du docteur...
Dire que ses rapports avec sa mère blanche sont houleux serait un rare euphémisme ! de père inconnu , Allen se construit dans la haine pure de son prochain , de sa prochaine également , le gamin étant ici pour l'égalité des sexes , il faut au moins lui reconnaître ça .

Rarement lu un bouquin d'une telle violence ! Allen , véritable boule de haine sur pattes , ne semble s'épanouir que dans les yeux éplorés de ses futures victimes , sa mère n'étant aucunement l'exception ! Difficilement résumable , ce récit coup de poing , de par son propos et les termes usités , fascine ou dégoûte , c'est selon...
J'ai adoré ! le verbe d'un Bukowski , la perversité d'un Hubert Selby Jr , rien de moins .
Une histoire point intentionnellement choquante mais la volonté affirmée et illimitée de présenter un gamin sans aucun repères cherchant désespérément un sens à sa vie...

Rage Noire : pourrait bien vous occasionner une nuit blanche !
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« Orangina rouge, mais pourquoi est-il si méchant ? »
Bizarre de démarrer ainsi la chronique de Rage noire de Jim Thompson – traduit par Franck Richert – avec ce clin d'oeil à une pub culte d'un temps que les moins de… OK boomer, lâche l'affaire !

Et pourtant, c'est bien l'interrogation qui me travaillait pendant ma lecture en me demandant ce qui pouvait conduire le jeune Allen à tant de cruauté, de cynisme et de mal-être dans ce sombre mais délectable quasi-dernier livre du maître.

Jeune black new-yorkais élevé par sa seule mère blanche, Allen ne manque pas d'intelligence, bien au contraire. Cette précocité, il la met toute entière au service de la violence physique et psychologique envers son prochain, quelque soit son âge, son sexe ou sa couleur de peau. Tour à tour, Velie le proviseur, Josie l'étudiante-secrétaire, Liz et Steeve les frères et soeurs pervers ou Doozie la terreur vont faire les frais de ce déferlement de rage froide, réfléchie, destructrice, gratuite.

Allongez-vous et cherchez la mère, vous dira Freud. Mary est aussi perverse que son fils est paumé et impuissant ; aussi blanche qu'il est noir dans une société éduquée où il reste néanmoins un jeune bâtard métis ; aussi fuyante qu'il ne cesse de chercher des réponses à des questions qu'il ne sait pas formuler.

Dans Rage noire, Thompson se lâche et libère d'un coup tout ce qu'il distillait à petites doses dans ses précédents opus : violence, sexe, déviances, langage explicite, propos racistes… Lecteurs sensibles, passez votre chemin ! Mais ces excès sont absolument nécessaires et au service de la dénonciation de toutes ces perversions tartufiennes américaines qu'il n'a cessé de stigmatiser. Sans oublier sa quête mystique et ce retour divin qui clôture le livre. Cette Rage noire n'aurait-elle finalement pas été qu'une parenthèse d'absence dans la vie de Dieu ?
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Le portrait étonnant d'un jeune noir schizophrène dont on se demande s'il n'a pas non plus hérité du syndrome de la Tourette. Manipulateur, il sème un boxon monstre chez des « braves gens » dont il devine immédiatement le potentiel de noirceur. Tout vient du rapport avec sa mère, blanche, célibataire, pute dissimulée, dont la haine pour le fils est à l'origine de toutes ses déviances. C'est hard et pourtant assez moral, et ça punche très fort… du vrai noir.
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Ecrit dans les années 70, « Child of rage »prend les années Peace and Love à contre pied. Ce sera le dernier livre de Jim Thompson et non le moindre puisqu'il concentre, à mon avis, toute la noirceur caractéristique de son oeuvre.

Son roman est à l'instar de son héros : brillant, haineux, antisocial et noir.

Habile manipulateur, le jeune Allen Smith avance masqué et fait preuve d'une incroyable intelligence à châtier la bêtise et à humilier les filles face à qui il demeure impuissant sexuellement. Toutes les femmes ? Non. Pas avec sa mère, prostituée de luxe. Celle là même, qui comme son fils, manoeuvre Allen sournoisement entre calomnies et rapports sexuel.
Autoproclamé « fils de pute de première classe », Allen est animé d'une rage infinie et totale contre tout ce qui l'entoure : blanc, noir, bourgeois ou petites gens.

Lecture toute aussi fascinante que déroutante.
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Il aurait pu se contenter d'écrire des polars sur commandes, distribuer à la chaîne des histoires de détectives et de meurtres pour un salaire de misère, ce qu'il a d'ailleurs fait à ses débuts en parallèle de son travail de reporter au Los Angeles Mirror. Mais Jim Thompson avait trop observé le genre humain pour concentrer ses découvertes dans les colonnes de la rubrique faits divers. de là découle directement ce style incomparable avec ses pairs. Dans les faits, l'écrivain engendre à lui-seul une révolution stylistique en changeant la nature de son narrateur.

Fonctionnaires de police déphasés & magouilleurs désoeuvrés n'étaient pas des nouveautés dans le genre. Sauf que chez Thompson, on pousse un cran plus loin en donnant une voix à de vrais sociopathes et marginaux aux abords de la folie. Pas par goût de la dépravation ou du scandale mais pour arracher son lecteur au confort et l'envoyer sonder les tréfonds de l'âme humaine. Ce qui n'empêche pas d'y prendre un sacré pied. le très cynique Pop. 1280 est un carnage jubilatoire où tout le monde en prend pour son grade. L'assassin qui est en moi fait l'effet d'un authentique électrochoc, un aller-simple pour l'enfer en compagnie d'un tueur en série infiltré parmi les représentants de l'ordre. Il y aura d'autres exemples - très bons mais pas aussi marquants - tels Une femme d'enfer ou Nuit de fureur. Jusqu'à ce qu'en 1972, Thompson publie son dernier coup d'éclat, Rage Noire. Conscient (?) d'arriver en bout de course (il décédera cinq ans plus tard), l'auteur se lâche comme rarement...

Ce n'est pas la première fois que la question du racisme et des discriminations se frayent un chemin à travers ses oeuvres, il s'agit par contre du premier raconteur afro-américain dans la mythologie Thompsonnienne. Chamboulement s'il en est un, Allen Smith demeure un cas perturbant comme les affectionne son créateur. Imprévisible, insolent, manipulateur, cynique (et là, je schématise), cet étrange personnage dirigé par ses pulsions (auto)destructrices est un abrégé des misanthropes vicieux ayant noircis les meilleures pages du romancier. D'aucuns objecteraient que sous la plume d'un autre, la lecture serait désagréable ou difficile. Pas le moins du monde ici. La prose est lapidaire (210 pages) mais foisonnante, gorgée de sarcasmes, de séquences répugnantes, de ruptures de point de vue ou de monologues enragés.

Le choc est sévère mais pas gratuit. Les chapitres s'enchainent, les éléments de réponse s'égrènent et nous amènent inexorablement à la compréhension. Allen est un révélateur à multiple personnalité, à la fois victime, complice et bourreau d'outrages inscrit dans le temps. On se prend tout en pleine face. Et alors se dessine le portrait sans fard d'un esprit en pleine montée délirante, associant son destin à celui d'un Christ venu apporter la révélation aux malheureux tartuffes impies, faux-jetons, misogynes et racistes. La lumière au bout du tunnel ? La partie finale à beau le sous-entendre, il est difficile d'imaginer Thompson laisser Allen (et son lecteur) s'en tirer à si bon compte. Mais le surréalisme de cette délivrance fournit le doute indispensable à toute descente aux enfers : en est-on sortis ? D'ailleurs peut-on s'en sortir ? Une interrogation qui aurait fait une belle épitaphe sur la tombe de Jim Thompson.
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Après des années de lectures jeunesse (travail oblige), je découvre les trésors de la littérature adulte depuis un peu plus d'un an. Avec "Rage noire" je suis montée d'un cran dans les abysses de l'âme humaine. C'est violent dans le fond, c'est violent dans la forme.
Allen, ce jeune homme détruit par sa mère, alterne entre une vie exterieure haineuse, brut de chez brut et les monologues métaphysiques, métaphoriques d'une vie interieure. Un beau personnage complexe, bourré de la haine que sa mère lui a transmis. Premier de Thompson pour moi mais certes pas le dernier.
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Une rage noir à couper le souffle
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