Si un homme marche dans la forêt par amour pour elle pendant la moitié du jour, il risque fort d'être considéré comme un tire-au-flanc ; mais s'il passe toute sa journée à spéculer, à raser cette forêt et à rendre cette terre chauve avant l'heure, on le tiendra pour un citoyen industrieux et entreprenant.
Ce serait merveilleux de voir l'humanité goûter pour une fois au temps libre. Ce n'est que travail, et travail encore. Je pense qu'il n'est rien, pas même le crime, de plus opposé à la poésie, à la philosophie, voire à la vie elle-même, que cette incessante activité
Je ne connais guère d’intellectuel suffisamment large d’esprit et tolérant au point de pouvoir penser à voix haute en sa compagnie. La plupart de ceux avec lesquels on essaie de parler prennent bientôt appui sur quelque institution dans laquelle il s’avère qu’ils ont un pied, autrement dit, ils adoptent une façon particulière, et non universelle, de voir les choses. Ils n’ont de cesse d’imposer leur propre toit peu élevé, avec sa fenêtre étroite, entre le ciel et vous, quand ce sont les cieux dégagés que vous voudriez voir.
Ce n'est pas sans être parcouru par un léger frisson devant le danger encouru, que je m'aperçois souvent que j'ai été proche de laisser entrer dans mon esprit les détails de quelque affaire triviale qui alimente les nouvelles de la rue. Je suis surpris que les hommes de bonne volonté laissent leur esprit se vautrer dans de telles ordures, autorisent des rumeurs oiseuses et des incidents les plus insignifiants à faire intrusion sur un terrain qui ne devrait être consacré qu'à la pensée.
Le plus grand compliment que l'on m'ait fait, ce fut le jour ou l'on accorda de l'attention à ma réponse.
On peut amonceler assez d'argent pour creuser un tunnel dans une montagne, mais on ne peut en amonceler suffisamment pour engager un homme qui s'occupe de ses propres affaires.
Ce qu'on appelle politique est en comparaison si superficielle et inhumaine que, dans les faits, je n'ai jamais vraiment reconnu que cela me concerne le moins du monde
-excipit-
Pourquoi ne nous rencontrerions-nous pas, non comme toujours en tant que dyspeptiques, pour nous raconter nos rêves, mais parfois en tant qu'eupeptiques, pour nous féliciter mutuellement de 'éternelle splendeur du matin ? Je ne formule assurément pas là une demande exorbitante.
Vraiment, voir chaque jour le soleil se lever ou descendre à l'horizon, être ainsi relié à un fait universel, c'est préserver sa santé pour toujours.
Je pense que rien, pas même le crime, de plus opposé à la poésie, à la philosophie, voire à la vie elle-même que cette incessante activité.