La trajectoire des confettis

Heureusement que je ne suis jamais travaillée par la tentation de retracer l'histoire d'un roman avant d'en parler car, en l'occurrence, je serais bien embêtée…Résumer La trajectoire des confettis de Marie-Eve Thuot, auteure québécoise dont le livre fait partie de la sélection du Meilleur Roman Points, reviendrait à essayer de ramasser lesdits confettis un à un dans leur intégralité après le passage d'un défilé de Carnaval ! Les histoires y foisonnent, les personnages y abondent, les époques s'y entremêlent et les réflexions philosophiques y jaillissent à qui mieux mieux, bousculant au passage quelques schémas bien établis en matière d'amour, de couple, de parentalité de procréation avec ou sans sexe, de sexe avec ou sans procréation (essentiellement sans, d'ailleurs, mais avec tout un tas d'autres trucs comme de l'alcool, de l'amour, de l'inceste ou du plaisir).
On met une bonne centaine de pages à être à peu près au clair avec la fratrie « centrale », Zack, Xavier et Louis (et Jocelin, en fait), leurs parents, Matthew et Alice (et Jacques, en fait) et leurs compagnes (Charlie et…nan, laissez tomber en fait…) et il en faut bien quatre fois plus pour voir se dessiner, enfin, avec une certaine netteté la colonne vertébrale de ce roman qui en compte la bagatelle de 600. Je ne vous cache pas que c'est un peu beaucoup. Néanmoins, je ne peux nier qu'il se détache de ce fouillis un peu baroque une sorte de charme auquel j'ai succombé avec bonheur, me laissant porter par la plume fluide de Marie-Eve Thuot, sa faculté d'analyse psychologique fine et bienveillante, sa propre surprise devant ses personnages aux vies complexes, voire chaotiques, son aptitude à nous mener, à leur suite, dans les méandres pleins de curiosités que sont les relations humaines.

C'est bien difficile de suivre, et plus encore de prévoir, la trajectoire des confettis. A partir d'une gigantesque fresque familiale sur plusieurs générations, ce roman à la temporalité éclatée nous catapulte à travers les époques. Tout comme les confettis, les multiples personnages ont des trajectoires accidentelles, brusques et inattendues. le roman joue la métaphore du confetti pour évoquer des humains qui essayent de s'aimer tout en cherchant un nouveau modèle amoureux. C'est un pavé dans la mare.
C'est aussi un pavé au sens littéral, 691 pages annoncées sur ma liseuse. le livre n'échappe malheureusement pas au problème des pavés, tenir son sujet sur la longueur est difficile. Dans mon cas l'intérêt est resté vif sur 450 pages mais le dernier tiers était superflu. Plus ramassé (en évitant par exemple, les incursions dans le futur 2019-2027 qui selon moi n'apporte rien au discours) ce livre aurait beaucoup plus de force. A lire néanmoins pour cette première grosse partie.

Il s'agit d'un premier roman pour Marie-Ève Thuot. La bouchée était grosse: relater sur presque un siècle les aventures, déboires, sentiments, histoires du quotidien, rapprochements, marginalisations, variations, évolutions, croissances, rapports amoureux et sexuels notamment, de la plupart des représentantes et représentants d'une famille sans tabou. L'auteure parvient à cela en construisant une trame qui, dans chaque chapitre, nous fait parcourir en alternance plusieurs événements qui se déroulent en des lieux et des moments distincts, des histoires liées parfois par un fil ténu. Si cela apparaît déroutant dans les premières pages, on comprend rapidement cette structure et on voit comment veut nous mener l'auteure de cet imposant roman. Elle aura, quant à moi, gagné son pari et c'est bien volontairement qu'on se laisse bousculer d'une époque et d'un couple à l'autre en acceptant le regard moderne et un brin désabusé que peut poser l'auteure sur une société en mouvance ne concédant rien aux interdits.

Si ce roman choral, comme le veut le genre, fait que nous nous intéressons à une multitude de personnages tous distinctifs, on se préoccupera surtout d'une singulière fratrie et des relations que chacun de ses membres entretient avec les femmes. Il y a l'aîné, Zack, qui, avec sa conjointe Charlie, forme un couple ouvert si ce n'est libertin. Il y a Xavier qui vit dans l'abstinence sexuelle depuis 16 ans et qui est séduit par une mystérieuse mythomane. Il y a Louis qui vit chacune de ses relations de façon exclusive même si elles ne durent jamais plus de six mois. Enfin, il y a Justin, le demi-frère, qui doit assumer seul la paternité à 22 ans.

Certaines ou certains y verront peut-être un roman féministe, j'ai, pour ma part, lu une oeuvre considérant de façon cynique certaines normes sociales qui prévalent dans un monde fait de transformations et de paradoxes et j'ai savouré cette lecture.
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Premier roman de Marie-Eve Thuot, ce livre est une réelle saga – s'étalant de 1899 à 2027 – relatant la vie d'une famille dripping et/ou pouring qui, telle une oeuvre de Pollock envoûte le lecteur.
Dans ce livre, il est, bien sûr, question des liens familiaux – les personnages principaux étant les 3 frères Zack, Xavier et Louis – mais également d'amitié, d'amour, de sexe (beaucoup de sexe), du poids des normes sociales, du rôle de la femme dans le couple et la société, mais pas seulement!
Xavier est le plus introverti des 3 frères et, dès le départ, l'on sent que, derrière sa fragilité, il cache une face sombre qu'il tente péniblement de surmonter en rencontrant une réelle mythomane.
Zack, après sa période Don Juan durant l'adolescence, est en couple – plus que libertin – avec Charlie.
Alors que Louis, lui, semble encore chercher la femme de sa vie, celle qui explosera la fatale échéance des 6 mois.
Autour d'eux gravitent une multitude de personnages (membre de la famille, amis, amants, maîtresses, etc.), tous très typés, en proie à de réels questionnements sur leurs vies de couple, sur le monde de demain, sur le poids des idées et comportements tabous, sur le fonctionnement de notre société et sur l'idée du bonheur de chacun.
Personnellement, ce roman m'a fait l'effet d'une bouffée de fraîcheur – peut-être la multitude de personnages qui, en ces temps de confinement, m'a fait rêver! Certes, ce livre n'est sans doute pas à mettre entre toutes les mains (il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de scènes de sexe et toutes ne sont pas juste une description érotique) mais je trouve que, pour un premier roman, il est vraiment réussi.
J'ai dévoré les 620 pages, ai adoré les pluies de confettis, me suis attachée aux différents personnages et à cette famille hors normes et, comme l'écrit Marie-Eve Thuot, « Tant que les êtres voudront se posséder les uns les autres, nous en resterons là ».
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J'aime énormément la littérature québécoise qui est vraiment unique en son genre, elle se distingue de la littérature américaine et canadienne de façon générale, elle possède une âme fascinante et je suis heureuse de voir de plus en plus cette littérature gagner en importance dans la production éditoriale française.

La Trajectoire des confettis est un roman dense. Il s'agit d'une grande fresque, une épopée dans le temps où de multiples personnages croiseront votre chemin, vous emporteront dans leurs péripéties, vous surprendront et vous feront passer par de multiples émotions. Tout s'alterne et se mélange, l'auteure nous perd parfois puis nous ramène sur la route.

Ce livre est fait pour ceux qui veulent lire un roman hors-norme, qui souhaitent découvrir et ouvrir leurs horizons littéraires : un roman qui signe les débuts d'une écrivaine talentueuse.


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Mes aïeux.
Ce roman est un sacré phénomène.

Je n'avais pas vraiment prévu de m'y atteler, et pour être tout à fait honnête, c'est surtout ma violente, profonde et constante nostalgie du Québec qui m'a poussée à m'y intéresser. Marie-Eve Thuriot, à l'instar de ses personnages, est en effet québécoise, et beaucoup parmi vous tomberont sans doute d'accord avec moi pour considérer que la littérature est l'un des meilleurs moyens (si ce n'est le meilleur) de se maintenir en lien avec les endroits, pays et époques que l'on aime.

Je me suis donc jetée dans La Trajectoire des confettis à l'aveugle, avec à peine un vague coup d'oeil vers la première phrase, un regard intéressé vers la grosse masse des 624 de ce pavé (les gros bouquins, je l'avoue, j'adore ça), et un petit soupçon de curiosité pour cette histoire qui avait l'air à la fois d'un roman familial multi-générationnel, d'une sorte de fiction d'anticipation, mais aussi d'un récit porté par un certain nombre de convictions féministes et autres considérations sociologiques.

Et si j'ai été très surprise, je n'en ai certainement pas été déçue.

La plume est solide, sans véritables effets de style ou recherche particulière au niveau des images invoquées, mais d'une vraie qualité et surtout d'une incroyable fluidité. C'est l'écriture de l'autrice, le rythme avec lequel elle enchaîne ses phrases et fait virevolter ses dialogues, qui porte le récit tout au long des centaines de pages sur lequel il s'étale, et accroche le lecteur malgré les quelques longueurs qui émaillent l'intrigue. On aime cette verve, cette fougue, ce naturel des dialogues dans lesquels pointent humour, cynisme, conviction et détachement, on aime se laisser emporter par la valse des générations et décennies que Marie-Eve Thuriot alterne et confronte avec allégresse. On adore surtout les différents personnages qu'elle dépeint, ces grands amoureux/fous/grands malades/êtres humains tout simples qu'on apprend à connaître sous un certain angle pour les découvrir tout à coup sous un autre, très (très) nombreux membres de ce qu'on comprend petit à petit être une grande famille parcourue de ruptures, secrets et autres silences, dont les atermoiements s'avèrent si passionnants qu'on en dévore sans problème la chronique tout au long du roman.

Ca parle d'amour, beaucoup, de rapports de pouvoir, de liaisons, d'idylles, de séparations, de sexualité, d'enfants, de mariage, ou pas, d'aventures, de ce que c'est que de s'aimer en 1980, 2015 et 2027, de comment on s'y prend, ou pas, de ce que ça apporte, ou pas, de ce qu'on s'autorise à faire, ou pas. Ca parle d'incompréhensions, de désirs jaloux, d'élans de bienveillance, d'égoïsme quand même (beaucoup), ça place sous un même prisme tout un tas de problématiques parfois extrêmement actuelles, parfois vraiment incongrues, souvent inattendues et malgré tout très bien liées les unes aux autres. Ca ne réinvente rien, ça joue beaucoup sur des histoires aux schémas finalement très classique, mais ça le fait avec intelligence, sincérité et dynamisme, et d'une façon qui sonne très juste par rapport à ce que d'autres romans moins recherchés peuvent parfois faire. le roman brille surtout dans sa façon de dépeindre toutes les nuances de gris qui caractérisent les relations intra-familiales, ce mélange d'agacement, de reproches, d'amour infini, d'empathie et de contrariétés qu'on retrouve dans toutes les familles du monde et que La Trajectoire des confettis dépeint avec un humour mordant et un ton acerbe des plus appréciables. Très jolie découverte donc, un roman que je relirai sans doute, quand bien même son style même n'est pas des plus mémorables, son rythme peut parfois être un peu inégal et ses cinquante dernières pages bien moins convaincantes que le reste. Croyez-moi en tout cas là-dessus : c'est là un texte si foisonnant, si généreux, si bizarre et si savamment construit qu'il ne pourra, dans un sens ou dans l'autre, pas vous laisser de marbre.
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L'histoire : la vie sexuelle, et parfois vagguement affective, de 3 frangins à Montréal. Mais aussi celle de leurs aïeux, de leurs enfants, de leurs amis...



Mon avis : jusqu'à un peu moins de la moitié du livre, je me suis demandée si j'allais laisser tomber ou pas tellement je m'en bats l'oeil de la vie du cul de ces trois frères, même sympathiques. Surtout qu'on ne voit que des milieux où c'est tout ou rien, échangismes et pratiques ultra libres et besoin d'étaler en paroles sans arrêt à tous et tout le temps son intimité, ou nada, ceinture, abstinence et silence. Un poil indigeste et sans intérêt. Et long. Je suis quand même allée au bout, parce que d'une part les personnages sont quand même attachants, et que d'autre part, j'ai adoré la structure du livre, très très construite, avec des retours au XIXème siècle, des bonds en avant, les différents protagonistes et les liens de l'un à l'autre. On pourrait croire qu'on s'y perd tant il y a de liens, de temps et de personnages, mais en fait pas du tout, cela donne une construction très foisonnante, riche. Et finalement, ça devient presque amusant, toutes ces vies exposées quasi uniquement via leurs histoires sexuelles, qui se croisent et ne tiennent pas toujours la route.
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Chère lectrice, Cher lecteur,

Curieuse, j'ai décidé de lire La trajectoire des confettis de Marie-Ève Thuot, car ce roman a permis à l'autrice de remporter le Prix des libraires du Québec, le Prix du premier roman. Ce bouquin a également été en lice pour obtenir le Médicis. Alors, je voulais comprendre les raisons ayant motivé les jurys à accorder autant de mérite à ce livre.

Que raconte cette histoire?

Tout d'abord ce roman est un roman chorale présentant pas loin d'une quinzaine de personnages à diverses époques (1899 à 2027). Ainsi, c'est l'histoire d'une famille atypique composée de 3 frères, Zack, Xavier, Louis et de leur demi-frère Justin, tentant tant bien que mal de vivre leur vie en essayant de briser des tabous avec des conjointes pour le moins originales. Que ce soit par le biais de la chasteté, de l'ouverture du couple ou d'un changement de conjointe à tous les six mois, chacun cherche à vivre sa vie peu importe ce que les autres pensent et malgré les conventions de l'époque. En guise d'exemples, il y a une aïeule enceinte qui a couché avec pas loin de mille hommes, un prêtre relatant les passages osés de la Bible à ses fidèles, un barman qui rencontre une mythomane tenant un blogue érotique, un jeune homme amoureux de sa tante, une adolescente perturbée par l'utérus et souhaitant se faire ligaturer les trompes de Fallope pour ses 18 ans. Ces êtres cherchent malgré tout à aimer et à être aimé. Les couples sont pluriels, jamais figés et ils explorent les possibilités qu'offre leur liberté. Cette liberté peut être sexuelle ou encore elle s'avère reliée à la féminité ou à la fécondité. C'est un roman féministe.

Ce que j'en pense

J'ai bien aimé cette histoire présentant des êtres de l'extrême. Quand je pense à Xavier et à sa chasteté s'étant déroulée sur 15 ans, je me dis qu'aujourd'hui, un tel être n'existe pas ou encore à Charlie vivant des relations sexuelles avec des adolescents, je dois avouer que j'ai été brassée dans mes valeurs. Tout dans ce roman sort de l'ordinaire par rapport à la sexualité. Comme le mentionne Zack à son épouse Charlie :

«Pas de tabou!» (437)

Mais encore, le titre avait aussi attiré mon attention. Plusieurs éléments dans le récit s'y réfèrent. Par exemple, on apprend l'historique de la tradition de jeter des confettis sur des mariés à la sortie de l'église. Comme le mentionne Charlie à Zack lors de leur mariage :

«Il ferma l'album et observa la photo de couverture, où on voyait Charlie et lui sous les confettis. À ce moment-là, elle lui avait chuchoté que s'il connaissait la signification de cette pluie de papier lancée sur les mariés, il s'enfuirait.» (p. 201)

Et si la pluie de confettis servait à faire éclater les tabous?

Si vous avez envie de plonger dans un gros bouquin traitant de sexualité et de fécondité à travers des personnages intéressants et originaux et par le fait même découvrir un nouveau talent, je vous convie à lire cette histoire. Qui sait? Vous allez peut-être affronter certains de vos préjugés. En tous les cas, j'ai été brassée à cause des miens…
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Une des petites surprises de la rentrée 2020, j'ai adoré. L'autrice nous emmène dans l'évolution des moeurs de toute une famille sur plusieurs générations. Les personnages sont nombreux et tous singuliers et attachants avec leurs faiblesses, leur traumas, leur fragilité humaine.
Beaucoup de notions sont abordées : adultère, adoption, consanguinité, amour filiale, polygamie, libertinage, homosexualité, mythomanie, traumatismes, extrémismes, désirs refoulés, les nombreux doutes qui ont assaillis plusieurs générations. Tout est distillé avec délicatesse et intelligence. Un fil rouge tout le long : la notion de liberté, propre à chaque individu. J'ai particulièrement aimé les personnages de Xavier, Zack et Charlie. le premier pour sa douceur et les seconds pour leur liberté d'esprit, leur absence de mesquinerie et de jalousie.
Vraiment une jolie histoire de famille qui pousse à réfléchir sur la recherche de l'amour, ce que signifie le partager, avec l'autre, avec les autres.
Merci à Babelio et aux éditions du Sous-sol pour ce joli cadeau.

La trajectoire des confettis
Marie-Eve THUOT

Dans cette famille il y a la mère Alice et le père Matthew.
Les 3 fils : Zach, Xavier et Louis.
Mais aussi Justin le fils de Matthew et une autre femme.
Et aussi Jacques l'homme qui a élevé Louis avec Alice après le départ de Matthew...
Toute cette famille (et les futures conjointes et enfants) va évoluer sous nos yeux pendant des décennies.
On y découvre des secrets bien gardés, des vies sexuelles débridées ou monacales selon le fils en question.
Des envies d'enfants ou pas.
Des relations fraternelles superficielles ou profondes.
Des liens familiaux insoupçonnés et des révélations surprenantes.
Tout ce qui fait le sel de la vie d'une famille canadienne avec un soupçon d'Histoire et de politique.

🇨 J'ai beaucoup apprécié cette lecture.
Les liens apparaissent petit à petit et j'ai dû faire un arbre généalogique au début pour m'y retrouver.
J'ai vu arriver certaines relations mais d'autres pas.
C'est aussi un livre sur le sexe et l'amour, la manipulation et le mensonge.
Un livre addictif !
Et pourquoi la trajectoire des confettis ?
Parce qu'il arrive que ces petits morceaux de papiers changent un destin !