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La trajectoire des confettis » M-E Thuot
Comme quoi, ce n'est pas parce qu'un livre est bien écrit qu'il accroche le lecteur et c'est toujours une expérience déstabilisante. L'écriture est indéniablement habile car dans ce fix-up le lecteur ne se perd jamais malgré le nombre de personnages, les allers-retours temporels et surtout, l'absence totale de fond. Car si le roman commence et s'achève par l'évocation du cerveau le centre de gravité de l'ensemble se situe bien plus bas dans l'anatomie et la pensée humaines.
Ces confettis, on l'apprend vite, ce sont les manières hétéroclites et multiples de concevoir le sexe. Ce sexe qui occupe ici tout l'espace tant pas son absence que par sa pléthore, comme si toutes le relations humaines ne tournaient qu'autour de lui. Ce qui se confirme puisque, hormis Raphaëlle, personnage coloré et digne d'intérêt, personne ici ne s'intéresse à rien, n'a de préoccupation, de motivation que cet organe qui régente leurs existences vaines, sans consistance et sans buts.
Mais ne vous y trompez pas, ici, pas d'érotisme ni de porno, chic ou pas, juste des constats factuels, cliniques, intellectualisés sans émotions, étalés sans proposition. le sexe, pas le sexe, la reproduction, pas la reproduction, la fidélité, pas la fidélité… Ca pourrait durer ainsi à l'infini, heureusement, cela cesse, ai bout de 600p.
On n'en retient que le vide, la vacuité, la vanité et un sentiment tenace de pessimisme nietzschéen sous des dehors faussement légers.
Bref, ce roman concentre à peu près tout ce que je n'aime pas dans une certaine littérature contemporaine égotiste et contemplative : la prétention d'écrire un roman sur rien sans le talent de
Flaubert, celle de distiller la dépression ambiante sans le fiel d'un Céline ou d'un
Houellebecq, et de se fourvoyer dans le cul sans le panache et la philosophie subversive d'un
Sade ou d'un Miller.
Bref, je suis certainement passée à côté de la substantifique moelle de l'oeuvre, perméable que je suis aux recommandations de l'intelligentsia teleramesque. Je laisse aux amateurs le plaisir de s'en délecter, pour ma part, il n'en restera que l'ennui et des confettis.