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sur 1089 notes
Quelle agréable surprise ce petit livre. J'y ai tout apprécié: l'histoire pourtant bien connue mais toujours dramatique des boat people, la construction en petits récits qui tous peuvent se lire indépendamment mais qui mis bout à bout forment un ensemble si résussi; le style simple mais si riche et particulier qu'on ne se lasse pas de l'apprécier. Une petite perle que je recommande chaudement.
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Une écriture précise, délicate, pudique, empreinte à la fois de réalisme et de nostalgie, d'optimisme et de mélancolie.
"Ru" est est très beau récit construit autour de chapitres courts, dont les chutes sont remarquables. Chacun d'entre eux constitue un morceau de mémoire, un relais entre le passé et le présent.
Ru évoque successivement son enfance au Sud Vietnam dans une famille très aisée, l'arrivée de la guerre, l'entrée des troupes nord-vietnamiennes à Saïgon, la tentative de survivre malgré tout, dans ce contexte très difficile pour sa famille, puis le départ vers le Québec, alors qu'elle avait 10 ans. Ce fut un périple hasardeux en tant que "boat poeple" via la Thaïlande et la Malaisie, et au bout du voyage, l'installation dans un pays froid qui ne ressemblait aucunement au sien. Ru reviendra plus tard épisodiquement dans son pays natal.
Ce court récit, à forte consonnance autobiographique, est un petit bijou d'écriture et de lecture.
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Kim Thuy choisit la forme romanesque pour raconter des bribes de son passé dans "Ru". Sur ce qui est du passé, elle a effectivement des choses à raconter puisque elle a vécu enfant l'exil vers le Canada en boat people mais sur les bribes c'est plus problématique puisqu'elle mélange beaucoup d'événements dans le désordre y compris ses désirs de femmes ou les troubles autistiques de son fils.
J'ai choisi une version audio lue par l'autrice et ce n'est pas vraiment une bonne idée. Elle lit ses notes, puisqu'il s'agit d'un regroupement de petits textes mélangeant anecdotes et souvenirs sans ordre chronologique, de façon monocorde. Comme le style est chirurgical, la lecture ne procure aucune émotion, alors qu'on devrait être bouleversé par les événements.
Et puis il y a des considérations qui m'ont agacée comme celles sur le partage. Kim Thuy a des principes très stricts d'éducation pour apprendre à ses fils à partager alors qu'elle vient de raconter sa vie de nanti au Vietnam que ses parents quittent en cachant des diamants quand les gens ne mangent pas à leur faim. Ce sujet méritait d'être développé comme celui du Québec qui lui donne son rêve américain.
J'ai voulu persévérer en allant chercher une version papier à la bibliothèque mais cela me confirme que l'on ne fait que survoler l'histoire du Vietnam, l'émigration et l'intégration dans une nouvelle culture. C'est dommage.

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Dans "Ru", une femme voyage, de façon décousue, dans ses souvenirs : ceux de son enfance dorée à Saigon, l'arrivée des communistes dans le Sud-Vietnam, la fuite sur un boat-people, le camp de réfugiés en Malaisie et enfin l'arrivée au Québec et la découverte du froid.
La narratrice mélange le passé et le présent, sa vie d'enfant et celle de femme qui a désormais découvert le plus grand amour qui puise exister au monde : celui pour ses enfants.
C'est une femme qui se raconte, parle de ses doutes, de son cheminement, de la fin de son enfance, de la peur, de la crainte, de la difficile cohabitation avec de jeunes communistes avec qui sa famille a fini par nouer une forme de relation étrange : "Après cet incident, nous ne savions plus s'ils étaient des ennemis ou des victimes, si nous les aimions ou les détestions, si nous les craignions ou en avions pitié. Et eux ne savaient plus s'ils nous avaient libérés des Américains ou si, au contraire, nous les avions libérés de la jungle vietnamienne.", la découverte de l'inconnu et l'apprentissage d'un nouveau pays, de nouvelles coutumes et d'une nouvelle langue, à l'instar de la mère qui l'oblige à aller faire la moindre course pour qu'elle apprenne l'anglais, faisant pleurer la fillette qui ne comprendra que plus tard que sa mère faisait cela pour son bien : "J'ai aussi compris plus tard que ma mère avait certainement des rêves pour moi, mais qu'elle m'a surtout donné des outils pour me permettre de recommencer à m'enraciner, à rêver.".
Mais elle évoque aussi son retour au Vietnam à l'âge adulte, sa famille et les relations qu'elle entretient avec eux.
Mais surtout, ce que j'ai trouvé qui ressortait du récit, c'est l'hommage qu'elle rend à ses parents, aux sacrifices qu'ils ont fait pour permettre à leurs enfants de connaître une vie meilleure : "Mes parents nous rappellent souvent, à mes frères et à moi, qu'ils n'auront pas d'argent à nous laisser en héritage, mais je crois qu'ils nous ont déjà légué la richesse de leur mémoire, qui nous permet de saisir la beauté d'une grappe de glycine, la fragilité d'un mot, la force de l'émerveillement. Plus encore, ils nous ont offert des pieds pour marcher jusqu'à nos rêves, jusqu'à l'infini.".
Kim Thúy arrive finalement à restituer le Vietnam d'hier et d'aujourd'hui d'une façon très évocatrice, en utilisant des petits riens insignifiants qui finissent par vouloir dire beaucoup.
Il m'est difficile de classer ce livre, d'ailleurs je m'interroge de savoir qu'elle est la part de fiction et qu'elle est celle de vécu par rapport à l'auteur.
Sans doute un savant mélange des deux et peut-être qu'au final toute la beauté de ce livre réside aussi dans ce doute permanent, en plus des évocations particulièrement poétiques qui ponctuent ce récit exclusivement constitué d'impressions et de souvenirs qui reviennent dans le désordre pour finalement former un tout cohérent.
Un joli tour de passe-passe de l'auteur qui signe un magnifique et charmant premier roman que j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir.

Souvent drôle, cette confession dévoile une femme sensible dans laquelle s'entremêle la culture Vietnamienne et celle plus occidentale du Québec
"Ru" est une lecture intéressante et poétique qui permet de faire tomber des barrières et d'ouvrir les yeux sur le monde.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Par ce roman court mais dense, Kim Thuy donne la parole à une narratrice, Nguyen An Tinh, qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau : celle d'une femme vietnamienne d'origine chinoise, issue de la bourgeoisie de Saïgon. Père préfet, mère femme au foyer n'ayant jamais tenu un balai. Une famille poussée à l'exil par la victoire des communistes, les camps de rééducation et la confiscation de leurs biens, sous la surveillance d'un jeune inspecteur qui "avait marché dans la jungle depuis l'âge de douze ans pour libérer le sud du Vietnam des mains "poilues" des Américains". La narratrice a parfaitement conscience de son état de privilégiée et remarque que "les filles et les garçons de la jungle possédaient tous les mêmes effets: un casque vert, des sandales faites de lanières de pneus usés, un uniforme et un foulard à carreaux noirs et blancs. L'inventaire de leur bien prenait trois secondes, contrairement au nôtre, qui dura un an".

C'est l'exil et ses conséquences qui nous sont contés, mais aussi une page forte de l'histoire du Vietnam. La fuite dans la cale nauséabonde d'un bateau, partant "clandestinement" en toute connaissance de cause, tout simplement parce qu'il transporte des Viêtnamiens d'origine chinoise, autrement dit, aux yeux des communistes, des "anticommuniste de par leur origine ethnique, de par leur accent". Même si ces boat people ont emporté avec eux leurs souvenirs et toute la fortune qui pouvait l'être (des dollars cachés dans les serviettes hygiéniques des femmes, les diamants dissimulés dans des braclets d'acrylique ou des cols de chemise), c'est pourtant une toute autre vie qui les attend. La narratrice, après avoir vécu avec ses concitoyens entassés dans un camp de réfugiés en Malaisie , au milieu des excréments et des vers blancs, a dû se reconstuire une identité et une vie au Québec, qui feront d'elle quelqu'un de différent, à tout jamais, une personne naviguant sans cesse entre passé et présent, racines sino-vietnamiennes et culture canadienne.

La narration, très "aérée" et aérienne, faite de textes brefs, sans vraiment de chronologie, à la manière d'une pensée vagabonde, file tel un "ru" - un petit ruisseau -, sans pourtant gêner la lecture et la compréhension des événements. Kim Thuy donne à voir une série d'instantanés où le passé et le présent se rejoignent, pour ne faire qu'un : celui de l'identité complexe de la narratrice, au sens fort du terme.

J'ai beaucoup apprécié ce tour de force littéraire ou comment l'écrivaine arrive à dire tant de choses en si peu de mots, sans jamais étouffer ou affliger le lecteur malgré les vérités crues qu'elle décrit. Au contraire, elle le berce et l'émeut tout à la fois.

Ce livre est le récit pudique et "zen" d'une femme qui ne s'apitoie jamais sur son sort. Elle porte sur elle-même , sa famille et l'histoire du Viêtnam, un regard distant, touchant et dépourvu de rancoeur. J'ai vraiment été charmée et bercée par les mots ! Une belle découverte.
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« Cette histoire-là, c'est celle que je connais. L'histoire est peut-être lourde, mais je voulais utiliser une touche presque poétique. Je voulais créer des tableaux impressionnistes. » a dit Kim Thuy pour Radio Canada.
J'ai été immédiatement sensible à ces courtes pages, voire des moitiés de pages qui se succèdent, racontant l'enfance de Kim Thuy, au Vietnam, sur un bateau bondé, dans un camp de réfugiés en Malaisie, au Canada enfin. Par petites touches, pas forcément selon une chronologie rigoureuse, Kim Thuy fait se succéder des images qui restent, celle de la cale d'un bateau éclairée d'une unique ampoule, celle d'une cabane abritant vingt-cinq personnes dans des conditions sanitaires épouvantables, celle d'une boîte porté précieusement dans un train et remplie de viande de porc séchée.
C'est l'histoire très émouvante de ces familles qui ont fui le Vietnam, pour vivre en tant que réfugiés dans un autre pays, une histoire faite d'une multitude de petits souvenirs, qui la rendent tellement vivante, tellement présente. Comment revivre ou survivre après de tels épisodes dramatiques, tel est le sujet du roman, abordé avec beaucoup de pudeur et sans porter de jugement sur ceux qui les ont chassés de leur pays.
L'écriture de Kim Thuy est pleine de simplicité, poétique, musicale et légère, même dans le grave.
Un vrai coup de coeur !
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Ce livre m'a bouleversé... La narratrice nous partage son enfance à Saïgon au Vietnam, la fuite après l'arrivée du communisme et de la guerre, l'internement dans un camp de réfugiés, l'arrivée inespérée au Quebec. Les souvenirs se mêlent et se mélangent, tantôt précieux, tantôt ils s'échappent. C'est le livre des chamboulements, de l'égarement. Quelle est ma place quand je dois fuire mon pays natale ? Est-ce toujours ma culture quand je suis si loin des miens ?
En moins de 150 pages, Kim Thuy nous émeut, nous surprend, et nous apprends la compassion.
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RRu est roman bien canadien. Il raconte parcours d'un réfugiée (c'est à dire une des boat-people vietnamien) qui après avoir passé quelques semaines dans la mer de Chine à bord d'une petite embarcation est arrivée chez nous pendant la décennie qui a suivi la fin de la guerre du Viet Nam. Durant la deuxième moitié du vingtième siècle le Canada a reçu énormément de réfugiés. Après la deuxième grande guerre mondiale des Ost-Deutsch, polonais, finnois, ukrainiens, hongrois, letts, lithuaniens, bulgares, serbes, croates sont arrivés chez nous en grand nombre. Comme un ensemble les élèves de ces communautés étaient majoritaire dans l'école élémentaire que j'ai fréquenté pendant les années 1960.
Ru est constitué de 144 vignettes d'une page ou moins qui décrivent les événements qui ont poussé la famille de l'auteure à quitter le Viet Nam, leur voyage horrifiant en mer, leur adaptation à la vie canadienne et leurs réflexions sur les changements qui se sont produits au Viet Nam après leur départs. le lecteur croit immédiatement dans leurs authenticité. Elles ressemblent à des choses que l'on avait déjà entendu des ressortissants d'un vingtaine d'autres pays.
Le Canada avait besoin d'un roman comme Ru au moment il est sorti. Je suis très content de constater qu'il a été bien reçu ailleurs.
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J'ai vu fleurir des articles sur ce livre un peu partout sur la blogosphère depuis un petit moment…En le voyant à ma bibliothèque, je me suis finalement laissée tenter après avoir lu l'article de Delphine.


Et je n'ai pas regretté.


Ce livre est un très beau livre, un très beau témoignage, un bel hommage à sa famille. J'aurais voulu qu'il fasse 100 pages de plus, pour continuer à me laisser bercer par cette écriture.

Cette femme écrit très bien. On se laisse porter par son rythme, par son écriture. Il y a de très beaux passages, de très belles phrases. Elle arrive – tout en restant très sobre, sans faire dans le mélodramatique – à toucher le lecteur. J'ai vraiment été époustouflée. J'avais l'impression d'y être à chaque fois et de l'accompagner dans ces épreuves. de comprendre tout ce qu'elle écrivait.

En vietnamien, nous indique le livre au début, "ru" veut dire berceuse…et véritablement, on se laisse bercer!


Alors, pourquoi est-ce que cela n'est pas un coup de coeur? Je ne sais pas…il m'a énormément plu, mais je crois que j'en attendais trop. Il m'a manqué quelque chose. Dommage. Mais cela n'enlève rien!


Elle a eu une vie assez incroyable quand même. J'ai beaucoup aimé lire ses souvenirs de famille (j'aime beaucoup les histoires de famille, surtout quand ils sont très nombreux), avec tous ses oncles et tantes, ses cousins et ses cousines, ainsi que ses parents.

Tous les passages sur ses parents sont très beaux. Sa mère qui lui a donné les armes qu'il faut pour vivre et qui regrette à présent de n'être qu'une mère aux yeux de ses enfants et non une Reine (parce qu'elle n'a pas voulu trop les gâter…en attendant ils ont réussi à s'en sortir grâce à cela). Ses réflexions sur le fait d'être mère sont très intéressantes aussi.


Elle a eu la chance d'avoir une belle et nombreuse famille, très solidaire. Elle a été entourée et aimée tout le temps. Cela a dû grandement contribuer à ce qu'ils s'en sortent si bien.


J'ai beaucoup aimé également ses réflexions sur son identité et sa nationalité. Une fois adulte, elle n'est plus vraiment vietnamienne, mais elle n'est pas canadienne non plus. Elle est tout et rien. C'est comme si elle n'avait plus de pays, ou qu'elle en avait deux (cela dépend de l'humeur dans laquelle on est).
Je peux tout à fait comprendre ce raisonnement, qu'il m'arrive d'avoir également, étant française, mais ayant passée toute mon enfance en Allemagne. On devient citoyenne (de manière officielle ou pas) des deux pays à la fois. On se sent concernée pour tout ce qui arrive des deux côtés.


Le temps d'adaptation au Québec était aussi très intéressant. Tous ses intellectuels, qui se retrouvent à être femmes de ménages, ou ouvrier, parce qu'ils ne connaissent pas la langue, parce que les diplômes ne sont pas reconnus… C'est quand même assez terrible. Qui sont obligés de s'en sortir en allant ramasser des légumes dans les champs après l'école…et puis petit à petit, ils grimpent, l'intégration prend lentement, mais sûrement. Surtout pour la génération des enfants, qui eux, vont pouvoir choisir de faire ce qu'ils veulent à l'âge adulte.


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Une belle découverte, un magnifique témoignage, que je ne regrette pas du tout, même si je m'attendais peut-être à un tout de petit peu plus. Je le conseille pourtant vivement, c'est un livre vraiment fantastique!
Lien : http://writeifyouplease.word..
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Voici un cours recit auto-biographique d'une auteure Viet-namienne exilee au Canada apres les dechirements Nord-Sud au Viet-Nam dans les annees 70s. Ce livre nous conduit dans les souvenirs de Kim Thuy: son enfance au Viet-nam, son depart sur un « boat-people », la vie dans les camps de refugies, l'arrivee au Canada, le retour plus tard au Viet-Nam, … Mais aussi la vie de ses proches, parents, oncles et tantes numeros 7, 2, … (leur numero d'arrivee dans la fraterie est la facon dont ils sont nomes), grands-parents. Un agreable ensemble qui melanges des images et temoignages d'un pays et d'un peuple dechire, exploite. Des lignes de vies ou grandes joies et detresses se suivent, comme d'eternels recommencements mais sans jamais de plaintes … plutot un temoignage que toujours on peut se relever …

Un livre tres touchant et intime, qui invite a en connaitre plus sur un pays et une epoque …
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