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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais eu un profond coup de coeur pour le regard et le témoignage de Kim Thúy dans Ru qui raconte l'intégration d'une famille vietnamienne au Canada. Elle a le don d'évoquer des situations douloureuses, difficiles en illustrant pourtant le meilleur de l'homme. C'est ici le sens profond de son livre Em. « Le mot em existe en premier lieu pour désigner le petit frère ou la petite soeur dans une famille ; ou le plus jeune, ou la plus jeune, de deux ami(e)s ; ou la femme dans un couple. J'aime croire que le mot em est l'homonyme du verbe «aimer » en français, à l'impératif: aime. Aime. Aimons. Aimez. » On retrouve ici le destin croisé d'américains et de vietnamiens, celui du colon, celui du soldat, celui de l'orpheline ou celui du coolie à la veille du 30 avril 1975 et au-delà. C'est une succession de fils qui s'entrecroisent, comme les racines d'un végétal pourtant mis à mal par l'opération Ranch Hand. de cette histoire dramatique naît un métissage admirable. Les derniers chapitres de ce livre reprennent quelques dates et chiffres clés de cette histoire contemporaine.
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Malgré la description de l'horreur et des atrocités faites aux gens du peuple pendant la guerre du Vietnam, l'écriture est douce et remplie d'amour. Je me suis attachée à tous ces personnages qui peuplent cette histoire.

J'ai aimé le lien que fait madame Thuy entre l'image du livre et la présentation de son histoire, on suit des fils dans l'ordre et le désordre, ils se rattachent tous mais de façon non linéaire.

L'Homme n'apprend pas, tout est un éternel recommencement... heureusement, il en va de même pour l'AMOUR.
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Vietnam et la guerre de 1954 à 1975.
Petit livre qui, près de 50 ans plus tard, avec finesse, délicatesse et poésie, aborde cette guerre, les souffrances des vietnamiens et leur capacité à se reconstruire, à rebondir ailleurs dans le monde.
Les américains qui en sont sortis ont eux aussi souffert, ont eu d'immenses difficultés à se réinsérer dans la vie. Nombreux sont ceux qui ont laissé derrière eux des enfants métis au Vietnam.
Pas toujours aisé à lire, ces petits chapitres donnent au livre un rythme particulier, un souffle dynamique. On y sent tout l'amour de l'auteur pour son pays d'origine qu'elle a quitté en 1975.
A lire pour sa sobriété, son humanité pleine d'amour.
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J'avais beaucoup aimé « ru » de l'auteur et tout naturellement j'ai acheté celui-ci. Difficile encore de décrire son style et cette magie qui opère lors de sa lecture. L'histoire est dure, elle relate celle d'un pays meurtri le Vietnam et toutes les horreurs qui s'y sont déroulées brisant des vies des destins. Kim Thuy brosse des portraits brefs mais extrêmement touchants sans jamais tomber dans la caricature mais ils nous bouleversent. L'ouvrage est très court mais d'une densité émotionnelle rare. Superbe tout simplement.
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J'ai découvert Kiim THÚY avec son deuxième roman Màn puis avec Rù, tous deux empruntés à la médiathèque et que j'avais beaucoup appréciés.

Alors quand Babelio m'a proposé de recevoir son dernier opus, en préalable à une rencontre avec l'auteur (en zoom, le 17 mars prochain), je n'ai pas hésité une seconde, et j'ai eu la chance d'être sélectionnée !

Dans em, l'auteur nous transporte au Vietnam, au temps de la colonisation française de l'indochine quand les colons y plantèrent les hévéas nécessaires à l'industrie du pneu. Pour exploiter ces plantations, ils utilisaient de la main d'eouvre bon marché, coolies venus d'Inde ou de Chine envoyés aux Antilles ou en Amérique et coolies vietnamiens exploités à domicile.

D'une histoire d'amour entre Alexandre, un planteur et Maï, la servante, nait Tam qui échappe miraculeusement, grâce à sa nourrice, au massacre de ses parents et à l'incendie de la plantation.

Réfugiées à My Lai, puis à Saigon, elles se retrouvent malheureusement à My lai, lors du massacre qui a rendu ce village sinistrement célèbre.

D'autres personnages arriveront et contribueront à donner un condensé, un concentré de l'histoire du Viet Nam au XXème siècle.

En chapitres courts, Kim THÚY, dans ce très (beaucoup trop) court roman arrive à nous montrer la résilience de ces personnes qui déracinées, meurtries, blessées, ont fait face, ont réinventé leurs vies, à l'autre bout du globe créant une diaspora unie qui a créé des entreeprises tentaculaires à échelle humaine.

Qui aurait pu imaginer qu'une petite boutique californienne serait devenue le point fondateur du réseau mondial des manucures vietnamiennes ?

Par petites touches, avec lucidité, frachise et factuellement, nous suivons tour à tour ces orphelins qui sont devenus voyageurs internationaux et qui se croisent, se connaissent et se reconnaissent.

Un roman incontournabe.

Une auteur majeure.

Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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La guerre encore et toujours comme une blessure mal cicatrisée . Pas vraiment un roman structuré mais plutôt un long chant d'amour pour le Vietnam et sa population . Tout à la fois tendre , émouvant et terrifiant et empli de nostalgie . Kim Thúy écrit comme elle pense , comme elle parle et c'est tout simplement beau .
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Lors de ma lecture, je savais que je retrouvais ce que j'avais tant aimé dans « ru » et dans « vi », sans vraiment réussir à le verbaliser.

À la fin de ma lecture, j'ai cherché des informations sur Kim Thuy. Il faut dire que je participe à l'entrevue Babelio avec l'auteure. Donc, j'ai pris cette chance au sérieux… Je connaissais déjà un peu son travail et son parcours, mais je voulais en appendre un peu plus. Dans une interview, elle expliquait sa philosophie de vie qu'elle disait tirer d'un livre de Tim Obrien. Cet écrivain américain, nous raconte-elle, relate le moment précis où des soldats étaient tués en marchant sur des bombes. L'instant d'avant l'explosion du corps, pendant cette fraction de seconde, le soldat se retrouve dans les airs comme immobilisé en apesanteur. Et ce moment précis, quoique terrible, est tout simplement beau. Elle en conclut que OBrien nous autorise à voir la beauté même dans l'atrocité. Voilà, je venais de comprendre où kim Thuy puisait sa force narrative, et ce qui me touchait tant dans ses récits. Tout pourrait être, tout était un enfer, mais kim thuy guide notre regard vers l'humanité de chacun. C'est un film sur la guerre du Vietnam sans la bande son, les bruits de la guerre sont à la fois diffus et présents. L'horreur n'est absolument pas niée ou dissimulée. Mais la simplicité des personnages, leur presque banalité avec des destins cependant hors du commun sont plus fortes. Seules restent les trajectoires de chaque personnage.
Les fils s'entremêlent, se tendent, se détendent. Certains cassent, d'autres résistent.

Lisez Em pour cela, pour l'histoire du Vietnam, pour l'Histoire et bien sûr pour l'histoire ou plutôt les histoires de Tâm, de Louis et de Em, et de tant d'autres et pour les fils qui les relient.

Et puis, comme moi, appréciez la couverture avec une oeuvre de Louis Boudreault . le roman et l'oeuvre artistique s'harmonisent. Non ?

Et puis, comme moi, laissez vous tenter, juste par le titre. Ses titres, toujours à double signification franco-vietnamienne, sont toujours merveilleusement choisis par l'auteure.

Et puis, lisez « ru », lisez « vi »



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Au temps de la colonisation, la France ne considérait pas le Vietnam comme une colonie de peuplement, mais plutôt comme une zone d'exploitation économique. Ainsi fit-elle arracher par des milliers de coolies des bambous sur des hectares pour les remplacer par des hévéas venus d'Amazonie pour pouvoir exploiter le caoutchouc. Mai, qui devait infiltrer la plantation d'Alexandre pour la ruiner, finit par tomber amoureuse du Français. Une petite fille sera le fruit de leur union. Ils l'appelleront Tam. Seule survivante de sa famille, elle sera sauvée par sa nourrice qui la cachera dans son village familial. Mais la nourrice sera tuée avec tous les siens par des soldats américains venus casser du Viet. Un pilote américain récupèrera l'enfant et la placera dans un orphelinat de Saïgon. Adulte, elle deviendra prostituée, « cong-haï » pour les GI. Louis est un métis de vietnamienne et de soldat noir, abandonné au pied d'un tamarinier. Une femme muette le recueille. Un cyclo-pousseur lui donne son nom, en souvenir du jazzman Louis Armstrong. À 6 ou 7 ans, il est déjà passé maître dans l'art de pêcher avec un crochet poissons, bagues ou portefeuilles, quand il découvre un bébé abandonné sous le banc sur lequel il dort. Il lui donne le nom de « em Hong », récupère un carton de nouilles pour lui faire un berceau et trouve une femme pour l'allaiter…
Plus qu'un simple témoignage, « em » se présente à la fois comme une série d'histoires vraies, une description de l'ambiance dantesque de la fin de la guerre du Vietnam et le récit d'une immigration réussie. le lecteur y découvrira entre autres les immolations volontaires de bonzes s'arrosant d'essence avant d'y mettre le feu, l'opération « Babylift » initiée par le président Gérald Ford qui permit d'évacuer plus de 3000 enfants métis de soldats américains et la chute de Saïgon avec son ballet d'hélicoptères bondés d'américains et de vietnamiens évacués pour échapper aux représailles des troupes Viêt-congs investissant la ville. le livre est également un réquisitoire subtil contre une guerre aussi sale qu'injuste. Une paix mal négociée entraina la division du pays en deux, mettant face à face un nord communiste et un sud capitaliste, deux frères ennemis, deux faces d'une même pièce. L'opération « Ranch Hand » vit les avions américains déverser sur le pays rien moins que 80 millions de litres de défoliants dont le sinistre agent orange. La jungle n'y résista pas, l'humain non plus, qui fut affecté de toutes sortes de maux (cancers, malformations congénitales, etc.). Seul le riz continua à pousser dans les rizières. Précis et élégant, le style de Kim Thuy permet une lecture rapide et agréable (une après-midi). Cet ouvrage passionnant et presque trop court se lit comme un roman que l'on quitte avec regret tellement les personnages sont touchants et tellement la souffrance, le courage et la résilience du petit peuple vietnamien sont émouvants. Magnifique. (Livre critiqué dans le cadre d'une opération "Masse Critique".)
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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. Em de Kim Thuy est un livre qui tente de renouer les fil d'une histoire morcelée, d'une histoire plurielle. J'ai eu la chance de rencontrer l'autrice lors d'un live organisé par Babelio et c'est un femme extrêmement touchante qui s'est présentée à nous. Elle entend faire de « la beauté le meilleur véhicule pour parler de l'horreur ». Pari réussi avec ce texte tout en délicatesse qui nous entraine dans le chaos de la guerre.
Kim Thuy écrit sur les orphelins, sur les oubliés de la guerre. Elle tire les fils ténus de leur vie et les tresse pour tenter d'offrir des bribes de réalité. Fruits de l'union de vietnamiennes avec des colons français ou américains, ce sont des enfants métis qui peinent à trouver leur place. Tram, Louis, Em Hömg, qui deviendra Emma-Jade, sont les héros de ce roman fragmenté. Leurs histoires personnelles se mêlent à la grande Histoire, celle qui ravage tout. Tram connaîtra le massacre de My Laï et Em Hömg les avions de l'opération Babylift.
La construction du récit peut dérouter. Les courts chapitres s'enchainent mais sans forcément suivre une trame narrative classique. Progressivement, nous démêlons la pelote d'histoires individuelles qui s'entrelacent. Les destins particuliers des personnages permettent de découvrir une réalité atroce. A travers eux, l'autrice brosse une esquisse de la guerre de Vietnam, ou de la guerre américaine, suivant de quel côté nous nous situons. En fermant l'ouvrage, les noeuds sont dénoués et l'histoire nous apparait dans son entièreté, complexe et douloureuse.
L'écriture de Kim Thuy est d'une grande délicatesse. Elle sait nous dire l'horreur avec une économie de mot. Elle nous a confié, lors du live, chercher à réduire à maximum ses textes, à les alléger. Afin de ne pas rendre son récit insoutenable pour nous lecteur, elle privilégie les moments où elle-même se sent sereine pour écrire. Il y a donc un très gros travail sur la langue et cela se ressent. On touche à une forme de pureté du style qui sert son propos et le rend encore plus prégnant.
Le récit est entrecoupé de passages plus informatifs. L'autrice nous parle de la culture du caoutchouc, de l'herbicide Rainbow ou encore de l'industrie du vernis à ongle qui se développe grâce à la diaspora vietnamienne. J'ai toujours pensé que l'Histoire s'apprenait mieux par les romans et Kim Thuy nous le prouve ici. Elle nous ouvre les yeux sur une histoire que nous connaissons mal et nous apprend énormément de choses. Par son écriture, elle rend hommage aux victimes et offre un lieu de mémoire pour les orphelins de guerre. le roman s'achève par le décompte des victimes. Après avoir suivi les trajectoires de ceux qui l'ont subi, le bilan chiffré glaçant et impersonnel de l'horreur nous ait présenté. Derrière les chiffres, il y a des individus et cela l'autrice nous le rappelle brillamment.
La lumière reste présente néanmoins. Il y ces mères qui nourrissent d'autres enfants que les leurs mais aussi le personnage de Naomi Bronstein. Philanthrope canadienne, elle fonde à 24 ans une institution pour sauver les orphelin vietnamien en organisant leur adoption. Sa figure traverse le roman, sorte d'ange venue secourir les bébés des rues. Et l'avenir, parfois, de certains orphelins, peu se révéler moins douloureux qu'on aurait cru.
Merci aux éditions Liana Levi et à Babelio de m'avoir permis de découvrir ce texte riche en émotions !
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J'ai rarement lu un récit aussi concis, au plus proche de la réalité historique et surtout émotionnelle d'un pays, d'un peuple à jamais meurtri par la colonisation, la guerre et le sacrifice d'une identité, le Vietnam.
Un livre de 150 pages qui ose aborder des destinées humaines dans l'inhumanité irréversible des hommes est une prouesse littéraire formidable.
En 1975, K.THUY âgée de 10 ans quitte son pays à bord d'un "boat people" pour s'installer au Canada.
Elle a déjà publié plusieurs romans et notamment le sobre et pudique "Ru", le voyage d'une femme à travers le désordre des souvenirs.
Au coeur de ce nouveau roman elle aborde les destins des petites gens, des oubliés, des négligés, des abandonnés, des victimes innocentes, des invisibles.
Et plus particulièrement des milliers d'orphelins réfugiés dans les rues, "enfants aux cheveux pâles ou crépus, aux yeux ronds et aux cils longs, à la peau foncée ou avec des tâches de rousseur", les orphelins métis.
Par petits chapitres, par petites touches, en reliant des fils disparates et à priori sans liens, elle arrive à tisser une toile ni noire ni blanche mais chamarrée par les couleurs de l'espoir et de l'amour.
Dans cette trame romanesque, Kim Thuy n'est ni dans le désespoir ni dans une revendication, elle nous raconte simplement l'horreur qu'à connue son pays pris dans un contexte géopolitique aberrant et inextricable.

"Le mot EM en vietnamien désigne un lien de tendresse envers un être plus jeune ou plus faible.
Em, aime, aimons, aimez".
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