Citations sur Le passeur de lumière : Nivard de Chassepierre maître ver.. (53)
La mort a frappé fort ce jour-là. Elle rappelle au verrier que l'œuvre appartient au destin, ce monstre malfaisant qui, d'une chiquenaude, culbute les vies.
(Page 388)
C'est dans cette église hostile, au pied de l'autel, que le garçon fit avec la morte le pacte qu'il n'accepterait plus l'hostie des mains des prêtres et qu'il ne partagerait plus leurs prières. Il atteindrait Dieu par un autre chemin, il défricherait sa propre voie vers la Lumière.
(Page 31, version Folio)
Les cours d'eau sont des invitations au voyage, ce sont les routes nomades de l'imaginaire, les radeaux désamarrés de nos espérances.
Il doit admettre à cette heure, après longs mûrissements et lectures studieuses, qu'il n'est nulle part, qu'il a péché par ignorance, qu'il croyait stupidement que les pierres précieuses poussaient sur des arbres à pierres précieuses et qu'il suffisait d'un peu d'adresse pour en planer les facettes. Il sait maintenant que pour tailler et polir le solitaire de ses rêves, il faut autant de temps que pour amener un nouveau-né à l'âge adulte. Il a lu que pour arriver à façonner un joyau semblable à celui qu'il cherche pour sa châsse, certains artisans s'astreignent pendant des années et des années à roder face après face leur pierre sur un touret de métal. La matière abrasive ? De la poussière de diamant suspendue dans un peu d'huile. Et le plateau tourne, tourne à en perdre le nord. Et il faut des semaines pour enlever un cheveu de matière. Parfois l'artisan doute, il voudrait bien jeter son caillou au fond d'un précipice. Il se demande pourquoi il a placé sa jeunesse dans une gourmandise de lumière, un caillot de soleil, une semence magique d'étoile, un récipient fabuleux où l'essence du jour serait captive. Et pourtant, il ne peut éteindre son rêve de lumière parce qu'il n'en existe pas de plus élevé. La lumière est la première œuvre du Créateur sur une terre informe et vide. La lumière est une part de Dieu comme le regard est une part de l'homme.
En moins de deux, il empile quelques livres, congédie avec tous les honneurs un petit rongeur attaché au lieu, et dans le même mouvement invite Nivard et Archambaud à s'asseoir sur ces sièges improvisés dont il souligne avec verdeur qu'ils sont aussi propices à élever l'esprit qu'à soulager le fessier.
« Capricieux, rusé, pactisant avec les insaisissables fluctuations de l’heure, de la clarté et des saisons pour s’échapper sans cesse, le vitrail est la forme la plus sauvage de l’art, la plus imprévisible. Le vitrail n’est que folie, métamorphose, floraison illusoire, jeu d’algues échevelées dans une rivière de lumière. »
... le vitrail est la forme la plus sauvage de l'art, la plus imprévisible. Le vitrail n'est que folie, métamorphose, floraison illusoire, jeu d'algues échevelées dans une rivière de lumière.
Que trouvez vous de la vision de l Orient et de L Occident qui est présentée dans le roman ?
(...) Comme s'ils avaient été liés l'un à l'autre depuis toujours par la filiation du regard, comme si la source pure dont ils avaient été abreuvés tous les deux était l'incandescente lumière qui donne naissance aux choses.
Je m'enfonce dans ses yeux là jusqu'à la source abîmée des larmes, jusqu'à la source des cécités qui gangrènent nos éblouissements...