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Citations sur Journal de L. (1947-1952) (94)

Sur le chemin du retour, j'ai songé à ce secret que je porte en moi et qu'aucun avortement ne pourra m'enlever, ce secret qui noie l'amour, le laisse pourrir. Et j'ai voulu mourir. Mais, bon, je suis rentrée quand même. Il y avait un magnifique coucher de soleil, un coucher de soleil pour quelqu'un d'autre.
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J'ai vu le sperme et la jouissance des hommes. Dans la rue tout à l'heure avec Hum, juste devant le drugstore. C'était dimanche, ils se promenaient avec leurs femmes et j'étais l'une d'elles. Je les ai regardés dans leurs costumes du dimanche, propres, rasés, parfumés, et j'ai soudain vu leur sperme fuyant en continu de leurs pantalons, suintant derrière eux comme la bave que traînent les limaces, et donnant naissance aux enfants qui les suivaient. J'ai vu ces litres, ces millions de litres de sperme, formant en continu des ruisseaux, des fleuves et un océan gigantesque. Une pleine mer de sperme qui n'appartient à personne, à aucun de ces hommes, et qui est la loi des grands singes, leur violence première et l'aliment de leur folie. Elle est là, invisible, tout autour de nous, elle balade sa tempête dans les rues sans dire son nom. Et chaque homme est le dépositaire, dans ce qui pend entre ses jambes, d'un peu de cette mer qui engloutit les femmes.
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C'est fou comme on préfère toujours la souffrance et l'inconfort quotidien à l'inconnu et au bonheur possible.
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Non, normal. C'est comme ça ma vie depuis que je suis avec lui. Les gens trouvent ça normal, ce petit couple en vadrouille vers le sud. Il prend une chambre, une seule, avec une enfant qui n'est même pas sa fille et c'est normal. Avec parfois un lit double : bien Monsieur, la 21, la 13, la 32... Il me colle dans le lobby de l'hôtel, me caresse le dos, les épaules, m'embrasse sur le coin de la bouche et ils ne nous regardent même pas. Un flot de semence envahit pourtant les rues sur notre passage, son sexe pend continûment entre ses cuisses, énorme et vulgaire, le mien est rouge sang et ma bouche sent le sperme... mais ils ne voient rien. Ils sont aveugles. Ou alors on est invisibles. On est devenus des fantômes, des revenants qui mangent des hamburgers et font de drôles de bruits la nuit. C'est peut-être pour ça que j'ai roulé à gauche. Pour voir. Voir si j'existais encore.
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Aucun poème, aucun mot, aucune larme, n'ont jamais sauvé l'amour une fois qu'il est mort.
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Je sens qu'il y a une vie différente de ce que je connais derrière tout ça, dans le halo qui entoure le prince-pianiste. Une vie pleine et exaltante, à la fois pauvre et riche où tout brûle jusqu'au bout, et où rien n'est jamais laissé aux regrets.Une vie où on fait l'amour en se donnant, sans contorsions érotiques, sans bites à sucer.
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Sans qu'on ait échangé un mot de plus, Clare Q. a compris qui je suis vraiment. Et il me veut. Comme si ma relation avec Hum se voyait sur mon visage. Je sais enfin dans quelle eau je baigne, à quel monde j'appartiens : au sien. Et à celui de tous les pervers de ce continent.
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Ça m'hallucine, cette activité frénétique, toutes ces minuscules prisons où on dîne en ce moment, pleines de misérables secrets qui n'en sont pas puisque tout le monde fait la même chose, pisse, baise, mastique, bat ses enfants, perd des poils et des cheveux, contemple ses fesses dans le miroir, puis se maquille et s'habille pour sortir quelques heures, impeccablement repassé et figé le temps de quelques sourires, d'une journée de travail ou d'un déjeuner entre filles, pour finalement retourner péter et mastiquer chaque soir dans ce nid puant en ayant fait tout le jour comme si de rien n'était.
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J'ai vu le sperme et la jouissance des hommes. Dans la rue tout à l'heure avec Hum, juste devant le drugstore. C'était dimanche, ils se promenaient avec leurs femmes et j'étais l'une d'elles. Je les ai regardés dans leurs costumes du dimanche, propres, rasés, parfumés, et j'ai soudain vu leur sperme fuyant en continu de leurs pantalons, suintant derrière eux comme la bave que traînent les limaces, et donnant naissance aux enfants qui les suivaient. J'ai vu ces litres, ces millions de litres de sperme, formant en continu des ruisseaux, des fleuves et un océan gigantesque. Une pleine mer de sperme qui n'appartient à personne, à aucun de ces hommes, et qui est la loi des grands singes, leur violence première et l'aliment de leur folie. Elle est là, invisible, tout autour de nous, elle balade sa tempête dans les rues sans dire son nom. Et chaque homme est le dépositaire, dans ce qui pend entre ses jambes, d'un peu de cette mer qui engloutit les femmes.
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Une partie du passé meurt avec les gens qu'on aime. Celle qu'on n'a pas éclairée, questionnée.
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