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Citations sur Trois morts (10)

En vérité, personne ne peut entrer dans le cœur d’une mère... mais la miséricorde de Dieu est infinie...
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Le printemps était venu. Par les rues humides de la ville, entre les tas de glaçons boueux, de petits ruisseaux se précipitaient en murmurant ; tout était clair, la couleur des habits et le son des voix, dans la foule en mouvement. Dans les jardinets, derrière les haies, les bourgeons des arbrisseaux crevaient ; d’un bruit à peine distinct, les branches frémissaient au vent du nord. De partout suintaient et tombaient des gouttes transparentes. Les moineaux pépiaient et voletaient sur leurs petites ailes. Du côté du soleil, sur les maisons, les arbres et les haies, tout scintillait et remuait. Il y avait jeunesse et gaîté au ciel, sur la terre et dans le cœur de l’homme.
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— Ne pleure pas, tu te tourmentes et tu me tourmentes, dit la malade ; cela m’enlève le peu de calme qui me reste.
— Tu es un ange ! s’écria la cousine en lui baisant la main.
— Non, embrasse-moi ici, ce sont les morts à qui l’on baise la main.
Le soir de ce même jour, la malade n’était plus qu’un cadavre, couché dans une bière au milieu de la grande salle de l’hôtel. Dans cette vaste pièce, les portes closes, un diacre était assis, seul, récitant les psaumes de David d’une voix nasillarde et monotone.
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Le malade inclina sa tête fatiguée sur la cruche de terre. Il but avidement en trempant dans l’eau trouble ses moustaches rares et pendantes, sa barbe malpropre, embroussaillée. Ses paupières éteintes, affaissées, se soulevaient avec peine vers le postillon. Quand il eut fini de boire, il voulut élever la main pour essuyer ses lèvres humides, mais il n’y parvint pas et les sécha à la manche de son caftan. Il respira péniblement par le nez, rassembla ses forces et regarda fixement le jeune homme sans ouvrir la bouche.
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— Mais comprends donc, mon amie, qu’avec ce temps-là, si tu te trouves plus mal en chemin ?... À la maison, du moins...
— À la maison ! mourir à la maison !... interrompit avec emportement la dame.
Mais ce mot, mourir, l’effraya visiblement ; elle fixa sur son mari un regard interrogateur et suppliant. Il baissa les yeux et se tut. Les lèvres de la malade se contractèrent avec une moue d’enfant, des larmes jaillirent de ses yeux.
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— Bon Dieu ! dit la fille du maître de poste en s’écartant vivement ; elle qui était si belle, voilà ce qu’il en reste : c’est à faire peur ! Tu as vu, tu as vu, Aksioucha ?
— Oui, et comme elle est maigre ! Allons regarder encore, comme si nous allions au puits. Elle s’est retournée, j’ai encore vu ! Quelle pitié, Macha !
— Oui, et quelle crotte ! repartit Macha. Toutes deux revinrent en courant vers la porte.
— Je dois être bien effrayante, pensa la malade. Ah ! passer la frontière, plus vite, plus vite ! je me rétablirai promptement là-bas...
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On ne peut pas vivre sans poumons, et les poumons ne peuvent pas se reformer. C’est pénible, c’est douloureux, mais il n’y a rien à faire. Votre devoir et le mien se bornent à lui procurer une fin aussi tranquille que possible. Il faudra un prêtre.
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La dame ferma les yeux, puis les rouvrit subitement et regarda sa femme de chambre. Matriocha l’observait en se mordant les lèvres. Un soupir douloureux souleva le sein de la malade et s’acheva en un accès de toux. L’accès passé, elle referma les paupières et reprit sa pose immobile.
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Les mains croisées sur les genoux, les yeux fermés, la dame ballottait faiblement sur les coussins amoncelés derrière son dos : des quintes de toux fréquentes amenaient une légère contraction sur ses traits. Elle était coiffée d’un bonnet blanc, un fichu bleu était noué sur sa gorge fluette et pâle. Une raie droite, visible sous le bonnet, partageait des cheveux blonds, lissés à plat ; la blancheur de la peau, sur cette large raie, avait quelque chose de mort et de desséché. Des chairs flétries et plombées, rougies sur les pommettes des joues, s’adaptaient mal à l’ossature élégante et fine du visage. Les lèvres étaient sèches et inquiètes, les cils rares et droits ; une capote de voyage en drap dessinait ses plis réguliers sur la poitrine affaissée. Bien que ses yeux fussent clos, le visage de la voyageuse gardait une expression de fatigue, d’énervement et de souffrance habituelle.
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