« Qu’adviendrait-il de nous en son absence ? » (p. 15
Ce qui est bien, disait Milo en collant son nez dans mon cou, c'est de savoir que quelqu'un sera là pour toi quoi qu'il arrive, qu'au moins une personne au monde ne cessera jamais d'avoir confiance en toi.
Ce qui est bien, répondais-je, c'est de savoir qu'une personne au monde, rien qu'une seule, tient à toi pour toujours. Quoi qu'il arrive.
Bien sûr, chacun de nous deux tire un profit de cette situation. Moi sans doute un peu plus que toi. Peu importe. Ce n'est pas la manière dont les choses arrivent qui comptent, c'est la raison pour laquelle elles se produisent.
"Nous voyons ce que nous avons besoin de voir, ce que nous voulons voir. Ou plutôt, nous voyons ce que nous sommes capables de supporter".
« Par un phénomène étrange, les compliments restent coincés quelque part entre mon cœur et mes lèvres. Comme si t’applaudir trop fort ou afficher mes sentiments risquait de t’affaiblir. »
Combien de fois dans une vie l'être humain éprouve-t-il ce sentiment d'absurdité, lorsqu'il sait qu'il s'engage dans une impasse?Lorsqu'il prend une décision que tout en lui réfute?Lorsqu'il accepte un cadeau qu'il devine empoisonné?Lorsqu'en lui tout s'alarme et lui intime en vain de ne pas décrocher ce téléphone, de ne pas monter dans cette voiture,nouer cette amitié, signer ce contrat?Combien de fois dans une vie l'être humain renonce-t-il à se faire confiance?
Une mère doit pardonner à son enfant, une mère doit tout comprendre, une mère doit aimer sans la moindre condition.
Marguerite était mon cancer. Elle avait d'abord enflé dans mon ventre et, à présent, elle colonisait mon sein. Ce n'était pas un amas de cellules malignes que je palpais, mais la douleur de sa naissance que je portais depuis toujours sans jamais avoir réussi à m'en délivrer, sans jamais pouvoir en confier le fardeau. J'étais le monstre qui avait accouché du monstre.
- Tu n'es pas un monstre, maman.
C'est la situation qui est monstrueuse. Notre capacité commune à nous tromper sur l'essentiel. Notre manière d'enfouir nos erreurs en espérant qu'elles s'annuleront. Mais par-dessus tout nos silences.
Nous avons pris le temps, comme promis. Céleste et Jeanne m'ont raconté : les illusions, la vérité, les révélations et les bouleversements. Moi aussi. Nous avons terminé le puzzle de nos vies, cette fois nous possédions toutes les pièces et, ensemble, nous avons réussi à les remettre dans le bon ordre. Du chagrin, des erreurs, des blessures, des espoirs.
Je n'aurai donc jamais de père, mais il n'est pas tout à fait impossible que j'aie un jour une mère. Tout cela fait encore mal, mais comme l'a souligné Gustavo, la cicatrisation est une affaire de patience. Pour elles comme pour moi.
Elles aussi m'ont demandé pardon. Alors j'ai tenu à en faire de même. La mythomanie, l'accident de Milo, ce n'était pas rien.
Mais Céleste a dit : Milo est tombé pour nous aider à grandir....
Elle pense que ce que nous vivons tous lui servira aussi, qu'il apprendra, plus tôt que d'autres, combien il est important de parler, de s'écouter, de partager.