« Il y a un signe infaillible auquel on reconnaît que l’on aime quelqu’un d’amour. C’est lorsque son visage vous inspire plus de désir physique qu’aucune autre partie de son corps. » (p. 178)
Si ce que tu as à dire n'est pas plus beau que le silence, - Alors tais-toi!
L'image est bien l'opium de l'occident.
Pour ne pas être blessé par le mauvais œil, passer autant que possible inaperçu est une saine précaution. Tirer l’œil par sa mise, sa force, sa beauté, c'est tenter le diable. Les mères de Tabelbala négligent volontairement leurs bébés, et les maintiennent dans un certain état de saleté pour qu'ils n'excitent pas l'admiration à un âge particulièrement vulnérable. L'homme qui exhibe fièrement le couteau flambant neuf qu'il vient d'acquérir a toutes les chances de se couper dès qu'il s'en servira. La nourrice étalant une poitrine plantureuse, la chèvre d'une fécondité ostentatoire, le palmier à la floraison opulente s'exposent aux coups de l’œil dont le pouvoir tarit, stérilise, dessèche. Toute image avantageuse est grosse de menace. Que dire de l’œil photographique et de l'imprudence de celui qui s'offre complaisamment à lui !
Idriss savait que sa photo ne pouvait pas se trouver dans le courrier arrivant quatre jours seulement après le passage de la Land Rover. Il assista cependant à la distribution car c’était comme cela qu’il la recevrait, et désormais chaque distribution le concernait et le concernait davantage à mesure que l’arrivée de la photo deviendrait plus probable. Combien de temps faudrait-il attendre ? Trois, cinq, sept semaines ?
Le marteau-piqueur, c'est épatant, tu peux me croire. C'est ton zob, tu comprends, un zob de géant avec ça tu crèves Paris, tu niques la France.
La prodigalité est le seul luxe des pauvres.
L'image est toujours rétrospective. C'est un miroir tourné vers le passé.
Le boulevard Diderot et plus loin l'enfilade de la rue de Lyon n'étaient qu'un scintillement de phares, d'enseignes, de vitrines, de terrasses de café, de feux tricolores. Idriss hésita un moment avant de se laisser glisser dans cette mer d'images.
La calligraphie est l'algèbre de l'âme tracée par l'organe le plus spiritualisé du corps, sa main droite. Elle est la célébration de l'invisible par le visible.