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sur 462 notes
«  Combien de fois avons- nous fait l'amour ensemble pour la dernière fois?
Je ne sais pas, souvent » ..
«  Qu'avais - je à faire ces jours- ci à Tokyo ? Rien. Rompre. Mais rompre , je commençais à m'en rendre compte , c'était plutôt un état qu'une action, un deuil , qu'une agonie » .
Deux extraits de ce récit qui dessine à merveille le miracle d'aimer mais aussi le vertige douloureux , précaire , la violence sensuelle d'une rupture .

J'ai été bluffée par la magie de ce texte court , son écriture, tout en sensualité, pudeur et retenue littéraire : la déchirure d'un couple semblable à une explosion de matière , une jouissance agressive , délétère , incandescente et solitaire , comme une longue brûlure tragique qui consacrerait le feu de la rupture , une recherche de plaisir purement onaniste , une larme , qui se dissiperait sur la joue , celle de Marie , belle jeune femme , couverte d'honneurs, de rendez- vous de travail dans la mode, entourée comme jamais d'une cour de collaborateurs , d'hôtes et d'assistants qui a demandé au narrateur d'être son accompagnateur ,lors de son voyage au Japon , son escorte , son cortège …..

Pour brûler leurs dernières réserves amoureuses dans ce périple? .

C'est l'histoire d'un amour qui s'épuise, , un baiser que le narrateur peut donner mais ne donne pas, l'envie d'être seul quand on est ensemble et l'envie d'être deux quand on est séparé …

L'auteur saisit avec une grande maîtrise la complexité des relations amoureuses , conte avec douceur , dans une ambiance presque surréaliste, fascinante , la rupture d'un couple en quelques jours, dans une ville étrangère , à la culture étrangère : Tokyo .

Il analyse le comportement de deux personnages sensibles , l'un , le narrateur , dans une piscine au sommet d'un hôtel comme égaré dans le ciel de Tokyo , l'autre l'équilibre précaire de la pensée confrontée aux frivolité de la mode pour Marie …..

L'atmosphère est silencieuse , parfois incandescente, lourde, pétrie d'hésitations et d'observations : douloureuse prise de conscience, savante étude psychologique portée par un style rythmé , élégant , fluide … .

C'est triste , émouvant , bouleversant , romanesque , un amour n'est plus , n'oublions pas le flacon d'acide chlorhydrique qui ajoute un piment énigmatique à la narration .


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Quand la littérature touche au sublime... J'avais été ébloui par la lecture de « la vérité sur Marie » il y a trois ans et je m'étais promis de lire les autres volets du « Cycle de Marie » sans donner suite à ce voeu. En fouillant dans la bibliothèque d'une « recyclerie » du sud du Pays-Bas en quête d'un éventuel roman en français, j'ai déniché ce roman – une découverte si improbable, que j'y ai vu un signe. Sa lecture confirme mon intuition : c'est grandiose !

L'histoire pourrait sembler banale. Le narrateur et Marie s'aiment passionnément. Leurs sentiments sont si exacerbés qu'ils en deviennent dangereux, ils doivent se séparer. «Même si nous continuions à nous faire plus de bien que de mal, le peu de mal que nous nous faisions nous était devenu insupportable.» L'absence crée le manque mais la présence exaspère. Le couple se rend à Tokyo dans le cadre d'un déplacement professionnel et souhaite profiter du voyage pour enfin réussir à rompre.

Cette relation n'a pas débuté et ne pourra finir avec des mots. Tout est affaire de gestes simples- trinquer avec douceur, ou de leur absence, le baiser qui ne vient pas. Et puis il y a ces actes qui sont interrompus par un événement extérieur, brisant net une intention. C'est la force de cette littérature de savoir exprimer l'indicible.

Le roman se déroule au Japon, à Tokyo avec Marie, à Kyoto sans elle. Ces deux mégalopoles projettent les personnages dans une frénésie qui électrise leur relation : il y a l'activité (même nocturne) et la modernité de ces villes, mais surtout, étrangers à ce monde, ils se retrouvent isolés et rejetés l'un vers l'autre. Autre élément exotique, les secousses sismiques qui prennent part au récit.

Les scènes sont d'une grande intensité et prennent parfois une tournure dramatique. La violence es là, immanente, mais ne se réalise pas. Jean-Philippe Toussaint sait parfaitement rendre les complexités d'une passion qui mène à l'angoisse, d'une rupture qui est « plutôt un état qu'une action ». Il parvient à retranscrire un état de fièvre, la régénérescence ressentie lors d'une baignade, un brusque accès de colère, un état d'esprit lors d'un voyage en train, une déambulation dans une ville étrangère, le sentiment de la fuite du temps, etc. Des passages confinent à la rêverie ou à l'hallucination. Le style est recherché, poétique mais l'auteur n'hésite pas à terminer une envolée lyrique par une phrase grossière.

A une époque où les ruptures se font par le bais de textos ou de mails, «faire l'amour » est une fenêtre sur une passion dévorante. Et un formidable moment de lecture.
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« Combien de fois avons-nous fait l'amour ensemble pour la dernière fois ? Je ne sais pas, souvent. »

Une secousse tellurique liant définitivement deux êtres dans la dissolution. La force des éléments naturels, la déchirure d'un couple, une explosion de matière présentée sous différentes formes.
C'est exactement ce que j'ai ressenti au travers du style d'écriture. Un effet amplifiant cette dissolution avec ces robes de voiles qui s'enroule autour du corps de Marie, ces crêpes aériens emmêlés autour des corps qui s'abandonnent. Ça oscille, ça vibre, ça vacille, ça tremble... « un grondement de détresse de la matière » pour mieux faire ressentir celles de ces êtres.. Bluffée par l'écriture.

Et ce visage de Marie dans la bouche du narrateur, magnifié par les mots colorés et cristallins de Toussaint pour exprimer la souffrance sous la lumière des néons qui recouvraient « les murs d'un halo de clarté rouge indécise qui faisait briller sur le visage de Marie de pures larmes infrarouges, translucides et abstraites. »

Très beau. Très triste. Très touchée.

« Les larmes coulaient de façon irrépressible sur les joues de Marie, avec la nécessité d'un phénomène naturel, comme monte une marée ou survient une pluie fine, et elle ne faisait rien pur les retenir, elle les laissait couler sur ses joues, les affichait, sans ostentation, ni pudeur. »

Tokyo – Kyoto : je confond ces villes, un simple petit changement dans le placement des lettres, une infime différence et pourtant... Un passé qui ressurgit, un train de nuit, un narrateur qui fuit.
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C'est un gars qui se promène à Kyoto. Il ne va nulle part. Il décrit la ville, téléphone doucement avec Marie.
Sa vie de couple ne va nulle part. Il vient de rompre avec la styliste Marie. Puis ils ont fait l'amour et se sont promenés dans Tokyo en grosses chaussettes sous la pluie et la neige en abandonnant sur le trottoir le parapluie transparent qu'ils venaient d'acheter.

Moi j'allais furieusement quelque part, vers la fin du livre, sautant allégrement les interminables descriptions, incapable d'éprouver la moindre empathie.

Jean-Philippe Toussaint écrit un roman bien typé mais j'adhère pas trop.
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C'est l'histoire d'un amour qui s'épuise, où nul ne trouve plus à se projeter dans le couple, essayant bon an mal an d'y croire encore pourtant. Un baiser qu'on peut donner, mais qu'on ne donnera pas. Des gestes tendres suspendus, parfois partagés, mais avec cette impression amère que c'est la dernière fois. L'envie d'être seul quand on est ensemble, l'envie d'être ensemble quand on est séparé et que les souvenirs font croire à ce qui manque. Ce je ne sais quoi d'inconfortable qui s'installe, comme une usure du temps, à l'image de cette humidité omniprésente qui pèse sur Tokyo.Le roman de J.P. Toussaint raconte tout cela à travers des personnages sensibles placés au coeur d'une lente et douloureuse prise de conscience. J'ai apprécié l'atmosphère lourde et silencieuse, les hésitations, l'observation fine des impulsions du désamour. Faire l'amour et le défaire semblent finalement mus par une même tension intérieure qui ronge jusqu'à consumer. Une belle analyse psychologique portée par un style toujours aussi clair, rythmé, fluide à la lecture.
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Première incursion dans l'univers de Toussaint, que je voulais découvrir depuis longtemps. Et "faire l'amour " m'a beaucoup plus.
Une histoire simple et triste, la fin d'un amour.Toussaint tout en douceur mélancolique, sensuelle, dans un style épuré, raconte ses signes annonciateurs quand le feu ardent du désir s'éteint peu à peu, ou ni les paroles, ni les réconciliations réactivent cet amour. Et cette rupture apparait comme un séisme, c'est aussi pour celà que Toussaint à basé cette fin à Tokyo. Un très beau roman qui me donne envie de découvrir son univers.
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Bon c'est un livre qui m'a été offert à Noël. Ça se lit vite très trop ? Un mec et sa nana artiste évidement partent à Tokyo pour une expo et là c'est le drame le monsieur il aime plus la dame, alors ils sont tristes, bon ok je caricature, mais je suis pas amateur des grands blabla larmoyants, les dialogues sont pas terribles, les descriptions du Japon sont froides comme un sushi, pourtant de temps en temps il y avait un petit côté Djian dans ces errances mais qui retombe vite.

L'espèce d'analyse de texte à la fin m'a achevé par sa platitude et son inutilité. Si vous êtes un, une ado c'est pour vous, si vous venez de vous faire larguer, c'est pour vous, si vous êtes beau riche intelligent en bonne santé entouré d'amour, passez votre chemin.

Je vois sur le bouquin que Toussaint est l'auteur de la photo de la couverture de son livre, c'est cool elle est raccord avec son histoire, c'est flou.
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C'est l'histoire d'une errance. Une errance dans l'amour, ou plutôt la fin d'un amour. Un amour qui se délite, qui a perdu son éclat, qui semble aujourd'hui comme la robe de Marie après l'errance dans Tokyo : une robe de haute couture qui révèle ses faiblesses, ses défauts, qui perd ses ors, se déchire, s'abîme, ne protège pas du temps, a eu une beauté éblouissante mais éphémère.
La langue est simple, claire, sans fioriture. A l'image finalement du Japon décrit ici, dans lequel vient détoner notre couple et ses extravagances.
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Je fais un grand pas dans l'oeuvre littéraire de JP Toussaint, puisque je passe de L'appareil photo, édité en 1988 à celui-ci paru quatorze années plus tard. Et force m'est de constater qu'on n'est plus dans le même registre ; de l'histoire gentille, décalée, drôle, un rien absurde dans laquelle il ne se passe pas grand chose, on passe à une histoire d'amour qui périclite qui se dissout sous nos yeux : les personnages qui dans les premiers romans de l'auteur avaient peu de personnalité ont là de vraies questions, des angoisses, des peurs, des désirs, des fantasmes qui les rendent malheureux. Plus vraiment d'humour non plus, mais heureusement, JP Toussaint a gardé son talent pour écrire de belles phrases, assez différentes néanmoinsde celles que je connais, parfois crues, plus directes, laissant plus de place à l'émotion, aux sentiments, alignant parfois plusieurs adjectifs quasi-synonymes, comme si une seul ne pouvait suffire à dire la détresse.
Les deux amoureux décident de se séparer, mais font l'amour pour la dernière fois dans leur chambre d'hôtel de Tokyo
JP Toussaint situe son livre au Japon, à Tokyo (et un peu à Kyoto) ; comme pour plonger ses héros et ses lecteurs dans un monde opposé au leur, loin de leurs repères européens, le décalage horaire en plus et l'absence de sommeil pour Marie et le narrateur exacerberont leurs ressentiments et leur colère réciproque, accélérant sans doute la séparation. Mais plutôt que de décrire un Japon et des Japonais attendus, il se détourne des clichés en parlant des petites choses, des habitudes quotidiennes des Japonais, de leurs rues étroites et sales, comme un touriste qui, pour sortir des sentiers battus se perdrait volontairement
Bref, un Japon comme j'aimerais le découvrir, je procède ainsi lorsque je suis en mode touriste, je déconnecte, je flâne, les yeux en l'air pour humer l'air ambiant (avec le nez bien sûr, en l'air lui aussi).
Faire l'amour est le premier roman d'une série de quatre (Fuir, paru en 2005 -que j'ai acheté aussi-, La vérité sur Marie, en 2009 et Nue, en 2013). Série qui débute sous les meilleurs auspices car même lorsque JP Tousaint change de style, il reste absolument excellent.
Lien : http://lyvres.over-blog.com/
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Jean-Philippe Toussaint - «Faire l'amour», Editions de Minuit, 2002 (EAN13 : 9782707318008)

J'avais acheté cette chose lors de sa sortie, dans une librairie de gare, en me fiant d'une part à l'éditeur, d'autre part à la critique dithyrambique de Patrick Kechichian reproduite en quatrième de couverture.

Dès la première phrase du roman, le ton est donné :
"J'avais fait remplir un flacon d'acide chlorhydrique, et je le gardais sur moi en permanence, avec l'idée de le jeter un jour à la gueule de quelqu'un."

Dernière phrase du premier chapitre : les deux "héros" («je» et «Marie») se trouvent sur un pont, après un tremblement de terre minuscule qui leur a fait très peur : la délicatesse et l'élégance de l'auteur débordent dans une effusion bucolique :

"Le jour se levait sur Tokyo, et je lui enfonçais un doigt dans le trou du cul."

Pour faire bonne mesure, l'éditeur croit utile de joindre en fin de volume une contribution explicative rédigée par un plumitif nommé Laurent Demoulin, quelque fois que le lecteur soit trop idiot pour bien comprendre le rôle de quasi-métaphore de la bouteille d'acide chlorhydrique... Pitoyable.

Il ne se passe quasiment rien dans ce récit : un narrateur «je» débarque à Tokyo flanqué de sa Dulcinée prénommée Marie, qui pleurniche tout le long du récit. Ce couple est déjà au bord de la rupture.
Dans le premier chapitre, le narrateur vit une é-pou-van-ta-ble aventure ! Jugeons-en : il sort de l'hôtel en pleine nuit, il neige, et le pôvre chéri n'a mis à ses pieds que les mules en coton fournies par l'hôtel, lesquelles sont rapidement trempées. Quelle aventure ! Tartinée sur plusieurs pages.
Il grimpe au dernier étage de l'hôtel, et découvre une piscine à l'abandon dans laquelle il se baigne : quelle aventure ! Des pages et des pages de clichés les plus éculés du genre «les lumières de la ville sont à mes pieds, ah ce que c'est beau».
Dans le chapitre deuxième et dernier, il s'en va chez un copain à Kyoto, et y contracte un rhum : quelle aventure ! le voilà revenu à Tokyo, où il ne retrouve plus sa Marie, qui a dans l'entre-temps réservé ses pleurs aux Japonais.
Et pour se donner des sensations fortes, tout en produisant une métaphore ô combien puissante, le narrateur porte sur lui une fiole d'acide chlorhydrique : quelle terreur !

Le genre de roman qui – comme dans le cas de Virginie Despentes – me met rapidement dans une colère intérieure irrépressible. Comment peut-on utiliser un tel talent d'écriture à écrire de telles insanités ??? Qu'un quidam commette des choses pareilles tout en ayant un incontestable talent d'écriture, c'est déjà navrant. Qu'un éditeur comme les éditions de Minuit s'abaisse à ce genre de tartufferie me révolte. Mais que des critiques ayant pignon sur presse entonnent une louange effrénée de «ça», j'en reste pantois et furieux. Quel snobisme !

Vite, passons à autre chose : j'ai physiquement l'impression d'être sali après cette lecture. Destination poubelle.
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