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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un cri ! « On est deux peuples. Deux peuples, deux peuples ! »

Un monde riche où les gens vivent ‘en-dedans' « Utopia ». Des nabab vivant reclus, ayant tout ce dont ils peuvent rêver, les Maîtres du monde protégés par des mercenaires américains retraités (j'adore)

Un monde pauvre où les gens vivent ‘en-dessous' « les Autres ». Des miséreux qui meurent de faim, de froid, de maladies, vivant en clans, parfois comme des animaux, dont certains espèrent encore un ‘Autre Ailleurs'.

Entre les deux, le néant, il n'y a plus de classe moyenne pour absorber les déraillement entre le haut et le bas comme le constate l'auteur, estimant que la classe moyenne est un élément de survie des sociétés.

Mais le néant est aussi ‘en-dedans' et ‘en-dessous' : « Plus l'individu est ignorant, moins son cortex cérébral commande son comportement. » Reste donc des êtres, sans âme, sans repères, sans cravates et sans préservatifs.

Ceux d'Utopia valent-ils mieux que les Autres ? Ils le croient. Ils se mentent. Ils se droguent dans des flammes vertes pour oublier leur ennui. Les Autres leur servent de gibier, deviennent leur proie. Comment encore ressentir le frisson quand on ne sait plus quoi faire de son temps, de ses mains, de son argent ? On tue. On tue pour tuer le temps. Quelle différence peut-il y avoir entre un jour et un autre, à Utopia ? Aucune, alors on part en chasse : les filles -mais elles ne frissonnent plus, habituées aux curetages- il reste les Autres. On s'invente un safari avec une prise de trophée, afin de vivre les images sanglantes vues sur une affiche de cinéma ‘Platoon', des balles de fusils qui plongeraient dans la gorge du pourchassé duquel on arracherait un bras pour montrer aux copains... Mais un jour, la proie devient chasseur.

« Et nous, les fils de chien, nous, le peuple
A nous le plus beau et son chemin difficile
A nous les coups de botte et les coups de talon
Et le droit de mourir à la guerre. »

Livre très intéressant de SF sur la décomposition d'une société futuriste en Égypte « la personnalité égyptienne a été sérieusement chahutée au cours des cent dernières années. Elle ressemble à une femme, très longtemps maltraitée par son mari, qui serait devenue sauvage et vicieuse. ». Roman très bien construit. Les personnages bousculent les idées reçues, leurs valeurs (ou non-valeurs) démontent les vôtres « Ils n'ont aucune conscience de leur déchéance. » Je serai morte si rapidement dans cet univers sans foi ni loi, pourri en-dedans et en-dessous, trucidée d'en-haut jusqu'en bas par les idées d'Utopia.

« Quand on pense qu'autrefois les gens lisaient pour développer leur conscience ! » dira un personnage. Alors j'ai pensé à Utopia de Thomas More. Ahmed Khaled Towfik a certainement dû le lire.

Livre écrit en 2009 contenant des citations du poète égyptien Abderrahman El-Abnoudi, découvert à l'occasion de cette lecture.

A garder en mémoire pour ce qui me concerne.
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Si vous avez l'âme d'une fleur bleue, je vous conseilles d'aller lire un Oui-Oui (chez les Pingouins, le meilleur à mon sens), c'est mieux, mais surtout pas Utopia !

Utopia, c'est le futur, nous sommes en Égypte, en 2023, et, suite à une division des classes, les très riches vivent retranchés dans une partie de la ville, protégée par de hauts murs et des anciens marines Américains.

Sécurité de haut vol pour les très riches tandis que le reste de la populace, les pauvres, vivent dans des taudis, ce sont les Autres.

La classe moyenne ?? Y'en a plus, ma bonne dame ! Disparue, aux oubliettes, et ce n'est pas tout à fait de la SF, ce petit roman, puisque chez nous aussi la classe moyenne recule tandis que la classe aisée avance. Une qui avance, une autre qui recule, comment veux-tu, comment veux-tu… qu'on s'en sorte !

Dans ce court roman qui t'en fout plein la gueule, deux récits s'alternent : celui d'un des gamins riches et oisif qui a décidé de pimenter sa vie en allant kidnapper un Autre pour ramener un trophée, tel un scalp chez les Indiens, et celle de Gaber, un lettré, universitaire, qui vit dans les bidonvilles et dans la misère la plus totale.

Deux hommes que tout oppose mais que tout réuni, comme si le riche était la part sombre et obscure du pauvre. Tout deux aiment lire, les filles, la drogue et tout deux s'ennuient de la vie. L'un parce qu'il a tout, l'autre parce qu'il n'a rien. Tout le monde prend de la drogue, les riches pour sortir de leur ennui, les pauvres pour oublier leur misère.

Mais si le gamin riche (16 ans) a depuis longtemps cédé à sa part d'animalité, Gaber le pauvre la refuse, le rejette, et c'est pourquoi il va tenter de les aider (le riche est venu avec sa meuf).

Alternance de point de vue, mélange du chasseur et de la proie car le chasseur, en terrain hostile, devient vite la proie des moutons, pas de temps morts et des descriptions de deux modes de vie dont je ne voudrais ni l'un, ni l'autre. Sans oublier un récit qui est parti dans une direction à laquelle je ne m'attendais pas, et c'est tant mieux.

Un récit qui ne laisse que peu de répit au lecteur, deux hommes que tout oppose mais que tout pourrait réunir, de la drogue, de la violence (jamais gratuite), de l'humanité aussi, une leçon pour le gamin riche (la retiendra-t-il ?).

Un conte cruel, sombre, où le pessimisme règne en maître avec son fidèle serviteur, la résignation; le tout servi par une plume acide qui dénonce l'effondrement de nos sociétés actuelles par la perte du ciment : les classes moyennes.

Mon seul bémol sera que je n'ai ressenti aucune sympathie pour les personnages principaux. Même pas le pauvre !

Utopia, ça te foutra un coup de pied dans ton cul et t'en restera baba.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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En Égypte, en 2023, les classes moyennes ont définitivement disparu. D'un côté, installés dans des villes ultra-sécurisées protégées par des soldats américains vivent les plus riches. de l'autre, partout ailleurs dans le pays, vivent les plus pauvres. Deux mondes qui ne se croisent plus, si ce n'est lorsque la plèbe vient servir les dominants. C'est dans une de ces colonies, Utopia, que vit le fils de 16 ans d'un chef d'industrie pharmaceutique. Blasé par la profusion de ce qui lui est offert, drogue, sexe, consommation à outrance, le jeune homme n'a plus qu'une frontière qui s'ouvre devant lui, sorte de voyage initiatique que font régulièrement les jeunes d'Utopia : aller chez les Autres, en tuer un et ramener en trophée un de ses membres comme preuve. Parti avec sa petite amie du moment, il va néanmoins vite être démasqué et, de chasseur, devenir la proie. Il devra dès lors s'en remettre à Gaber, adolescent pauvre animé d'un esprit de revanche de classe bien particulier.

Dans ce récit dystopique à deux voix, Ahmed Khaled Towfik oppose deux personnages en négatif l'un de l'autre qui n'ont en commun que l'ennui mortel qu'ils éprouvent. L'un parce qu'il a tout, l'autre parce qu'il n'a rien.
« C'est curieux de voir à quel point les besoins humains se sont rétrécis. Au début, il y avait encore des appartements avec des téléphones, des frigos, des télévisions, des salles de bains. du coup, les gens se plaignaient toujours de la vie de chien qu'ils menaient, obligés de regarder des émissions débiles et de composer avec les coupures d'eau, de téléphone ou d'électricité. Une fois que vous avez perdu tout ça, il n'y a plus de motif de se plaindre. Un genre particulier de karma, en somme. Quand il n'y a pas d'électricité, il n'y a pas de coupures de courant. »
Résignés à l'ennui causé par l'abondance pour les uns, par l'ennui causé par l'absence de biens pour les autres, leurs derniers refuges sont les drogues, le sexe et surtout la violence. Si cette dernière est un moyen de domination d'un côté, de survie de l'autre, elle est aussi avant tout l'expression d'un retour à l'état de bêtes. Mais, engagé dans cette sorte de chasse aux Hilotes, le riche héritier que l'on connaîtra pendant un moment sous le nom d'Alaa, se trouve confronté à un Gaber qui refuse cette part animale et entend bien jouir d'un libre arbitre qui semble avoir déserté la très grande majorité de la population. Un refus tellement ancré en lui que, lorsqu'il montrera quelque velléité à laisser s'exprimer sa bestialité, il en sera finalement incapable. Si Gaber entend bien sauver Alaa et Germinal, il n'en demeure pas moins que, loin de devenir des alliés, les deux jeunes hommes s'opposent de plus en plus, le fossé de la condition sociale se doublant d'un gouffre moral.

Court et maîtrisé, quoi que peut-être parfois un peu didactique, le récit de Towfik se révèle accrocheur et surprenant, maintenant tout du long une forte tension. Par ailleurs, s'il a été écrit en 2009, avant le « Printemps arabe », il n'en demeure pas moins que c'est aussi à la lumière de ces événements qu'on le lit aujourd'hui et que cette dystopie apparaît alors par bien des aspects plutôt visionnaires. En particulier dans cette conclusion qui nous montre comment le dominant et le dominé participent chacun, par leurs choix ou par leurs errances à une explosion sociale inattendue. Voilà en tout cas un roman original et subtil qui gagne à être connu.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Dans une société égyptienne en déliquescence, où n'existe plus que les très riches et les très pauvres, les seules façons de lutter contre l'ennui se résument à la drogue ou à la violence. Même le sexe semble mortellement ennuyeux pour ces jeunes friqués d'Utopia pour qui tout est aseptisé. Unique et radicale solution pour briser la routine : la chasse.

Une progression haletante dans les bas-fonds du Caire, peuplés de miséreux se nourrissant de foies de rat et de pain rassis, dont la noirceur est illuminée par la présence de Gaber l'intellectuel pouilleux et de sa soeur, Safeya. Confronté tour à tour aux pensées du "chasseur" et celles de la "proie", on se sent comme pris en otage dans un récit dont l'issue semble jouée d'avance.

Une issue qui nous glace d'effroi par l'ampleur de sa cruauté, vision d'un bras ensanglanté levé vers le ciel d'un air triomphant. Vision d'une injustice contrecarrée cette fois-ci par la révolte. Celle d'un peuple famélique mais assoiffé de vengeance. Une fin qui, on l'espère, signe le début d'une lutte.

La critique complète sur mon blog !
Lien : http://the-last-exit-to-nowh..
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C'est un roman sombre très sombre comme une nuit sans étoile, sans espoir.
Sombre mais proche. Pas de bond dans un futur lointain, Pas de vaisseau spatial, de droide, ....Juste l'humanité... Une humanité divisée en deux. Ce roman est proche car on reconnait beaucoup d'ingrédients déjà présents comme les Gated Communities.
Je n'ai pas pu m'empêcher de faire le rapprochement avec la Foire aux Immortels d'Enki Bilal.
Comme chez Bilal, il n'y a plus de classe moyenne, plus de milieu stabilisant et modérateur.

D'un côte :
Une classe aisée dirigeante retranchée derrière ses murs pour vivre une vie décadente.
De l'autre une population ignorante, misérable, abandonnée.
Entre les deux des barrières : Une barrière physique tenue par des mercenaires. Une barrière mentale de haine et de mépris.
Les deux communauté se rejoignent quelque part, dans leur rêves. Elles n'en ont plus (pour des raisons différentes).
Plus personne n'a d'idéaux !

La description de la classe opulente m'a semblé manquer un peu de crédibilité. Pourquoi ? Par ses excès ahurissant, son nihilisme absolu, sa perte de valeurs.
Le train de vie par contre ne m'a pas surpris.
Si vous avez des doutes sur la possibilité d'une vie si déconnectée de la réalité du reste de l'humanité je vous conseille de jeter un oeil à ce site : Rich Kids of Instagram

La description de la classe opprimé est bien vue : Comment la suppression de tout espoir et la plongée dans la misère renvoie les gens dos à dos dans un espèce de chaos violent mais égalitaire. Les distinctions sont abolies. Les femmes sont exploitées. Les religions ont perdues de leur importance.

Dans ce monde il n'y a pas d'espoir. Ici point de Roméo et Juliette !! Ne cherchez pas de compréhension entre ces deux humanités séparées. !
C'est d'ailleurs le point le plus angoissant du roman : au final aucun pont ne peut plus être jeté entre ces deux peuples.
C'est un miroir...

Ce livre est en quelque sorte un miroir déformant qui nous est tendu : nous n'aimons pas l'image qui nous est renvoyée mais fasciné nous regardons quand même.
C'est un plaidoyer cruel contre les inégalités qui nous alienent, contre le chaos qui nous attend si nous abandonnons toute perspective de vivre ensemble.
Au final donc un très bon livre efficace et qui interpelle.
Je me demande quel accueil il a reçu en Egypte. Si vous avez des informations la dessus je serais très interessé.
Ecriture

L'écriture est efficace, directe sans être simplifiée. Les dialogues ne tombent pas dans un parlé destructuré/désortographié "à la djeunz" tout en restant crédible.
L'auteur est un bon observateur de la société.
Lien : http://travels-notes.blogspo..
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Dans un futur proche, à Utopia, cité exclusivement réservée à l'élite égyptienne, protégée par de hauts murs et une milice constituée d'anciens marines américains, deux jeunes adultes désoeuvrés décident de découvrir l'autre Egypte, celle des bas-fonds, où vit l'immense masse de miséreux, et d'en ramener “un souvenir”.
Roman policier, peut-être. D'anticipation, un peu. Fable politique, sans doute. Mais c'est surtout une parabole terriblement percutante sur les révolutions arabes de 2011, écrite par un auteur égyptien qui ne mâche pas ses mots.
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Une découverte culturelle, avec un livre "choc". L'auteur écrit une fiction sociale sur son pays, mais n'est-il pas futuriste ?
Un style bien particulier, avec deux narrateurs : un chasseur, jeune riche qui s'ennuie et une proie jeune pauvre qui survie dans un milieu des plus hostile (viols, drogues, famine, maladie...). Un récit très rude, d'un monde austère.
"On est deux peuples. Deux peuples, deux peuples. Regarde où est le premier, regarde où est l'autre. Et là, c'est la ligne qui passe entre eux deux."
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Sinistre, glauque et malsain. Une histoire de prison à ciel ouvert, de non-révolution. Captivant.
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