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Critique de Floyd2408


C'est un moment fragile cristallisant l'instant, la prose fige l'incommensurable du monde qui nous pénètre de sa grandeur, la finesse d'une Nature en mouvement caresse l'être fragile que Federigo Tozzi emprisonne dans ces petits fragments. Nous entrons en résonance avec ce style prosaïque éphémère, de ce jeune italien livrant ses émotions, ses humeurs dans ce triptyque débutant avec Les bêtes, s'ensuit pour ce petit cycle Les choses et Les gens pour parfaire ce petit univers selon Federigo Tozzi. Ce microcosme traduit et postfacé par Philippe di Meo se retrouve dans cette masse critique pour rencontrer mes humeurs vagabondes et percer mon être de cette sensibilité trouble.
Federigo Tozzi est un auteur Italien du début du siècle, d'une vie brève, emporté par la grippe espagnole à l'âge de 37 ans. Né à Sienne en 1883, d'une famille bourgeoise, tourmenté par la mort prématurée de sa mère et torturé de son conflit avec un père autoritaire. Il publie Les yeux fermés en 1919, une oeuvre d'inspiration autobiographique, très réaliste, oublié, cet auteur proche de Svevo, Pirandello et D'Annunzio, est désormais considéré comme l'un des narrateurs les plus importants de ce XXe siècle. Ces deux livres seront édités à titre posthume dans les années 80, réédité dernièrement, pour le plaisir de révéler la puissance extatique, la passion poétique de cet Italien perdu dans les atermoiements du temps.
Ce double livre est composé pour Les choses de 167 poussières du temps, constellant les étoiles de l'univers qui se façonne devant l'âme de notre auteur, et pour Les gens de 70 tableaux respirant une prose plus scénarisée, des petites scènes animées, le petit théâtre de ce monde qu'il capture d'une unicité éphémère, une fragilité du temps qu'il emprisonne dans des moments fugaces, des mosaïques minimalistes exultant la brièveté des émotions, catalysant la source même des humeurs face à ce monde en mouvement.
Le style de ce livre est vraiment surprenant par ces images déstructurées d'un puzzle, ne faisant pas écho l'une à l'autre, chaque fragment est un état d'âme, une humeur diverse, une émotion, un sentiment, une carte postale, un instant de vie de Federigo Tozzi. C'est comme un journal intime où notre Toscan noircit de son empreinte son âme dans le vestiaire que son regard aimante, il y a une nature omniprésente, ce monde respire sa chair, ondule son esprit, vibre ses émotions, distille ses humeurs, embrase ses sens, comprime ses doutes et ses peurs, délivre une écriture personnelle très intime, une lumière de son être venant éclairer le champ de sa réalité. L'interstice de ce royaume est le coeur de ses sentiments, ce mysticisme spirituel d'un panthéisme spinozisme est le miroir de ces émulsions intimes. Se perdre dans les profondeurs de ce livre c'est regarder le soleil se refléter dans le miroir d'un étang dévoilant le secret de la vie. Federigo Tozzi par ce morcèlement de ces écrits aspire le lecteur vers un vertige des sens, picorant au gré de ses humeurs ce lecteur savoure ses fragments comme une bulle d'air, aspiré par la vie de notre auteur, plus de 230 moments vies sous sa plume émotionnelle envoutante.
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