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EAN : 9782940431564
201 pages
La Baconniere (08/06/2016)
3.25/5   4 notes
Résumé :
Sienne, 1919. Fils de Domenico Rosi, un restaurateur prospère au caractère violent et ombrageux, et d’Anna, une mère aimante mais maladroite, affligée de troubles nerveux, Pietro est un jeune garçon introverti. Il entretient des rapports difficiles avec sa mère, désastreux avec son père. Son quotidien alterne l’auberge paternelle de Sienne aux séjours dans un domaine agricole proche de la ville. Là, il rencontre Ghisola, une jeune et séduisante petite-fille d’ouvrie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Nous sommes au sortir de la première guerre mondiale, dans la campagne de Toscane. C'est l'histoire de Pietro Rosi, jeune homme introverti et rêveur, fils d'un aubergiste et propriétaire terrien prospère doté d'un caractère dur et d'une mère aimante mais fragile psychologiquement.
Pietro éprouve ses premiers émois amoureux pour Ghìsola, petite-fille d'ouvriers agricoles travaillant sur le domaine de son père. Mais ses propres sentiments sont troubles, il ne sait pas trop lui-même ce qu'il éprouve, la haine et la jalousie ne sont jamais loin de l'amour, surtout que Ghìsola est insolente et semble le manoeuvrer à sa guise…Elle profite de la timidité et de la maladresse de son prétendant, leurs rencontres sont souvent placés sous les auspices de la provocation, du défi et de la chamaillerie. Lui ressent bien ses propres faiblesses et tourments intérieurs, dont elle abuse pour le berner. Elle ne se prive d'ailleurs pas de faire des petits déplacements à la ville pour aguicher d'autres jeunes hommes...Puis les mois, les années passent, et un jour Ghisola dans la gêne se trouve un protecteur plus âgé...elle tombe enceinte...Mais Pietro qui l'ignore et n'arrive pas à l'oublier va la retrouver...Le jeu peut-il reprendre, une belle histoire d'amour apaisée va-t-elle naître entre ces deux vrais-faux amis d'enfance ?

Le lecteur perçoit les difficultés de Pietro, qui se sent inadapté, en position d'infériorité avec les autres. Il vit comme dans une brume psychologique permanente. Sa maladresse et son caractère solitaire ne lui permettent pas d'interagir positivement avec autrui et en société, d'autant qu'il apparaît à la fois candide et vaniteux.

Toute la force de l'oeuvre est dans cette ambiguïté psychologique du personnage principal, qui se laisse malmener par les événements, et ne réagit jamais avec à-propos dans les situations interpersonnelles. Il est pourtant intelligent, car il s'en rend compte, toujours juste après coup, entraînant en lui une cogitation permanente qui aggrave son problème, lui fait rater ses études, et l'empêche de gérer ses sentiments pour Ghisolà dont une part de lui-même sent bien qu'elle le trompe, ce qui plombe son humeur, mettant toujours plus en évidence ses incapacités humaines et son impuissance...

Pietro reste finalement une énigme pour le lecteur, un personnage malsain sous certains rapports, finalement peu attachant voire pas sympathique alors qu'il serait plutôt à plaindre. On en veut pour preuve par exemple son absence de véritable sentiment d'amour et de réaction de détresse à la mort brutale de sa mère, comme s'il n'avait pas de coeur. En fait, il n'est pas là, pas présent aux situations, comme s'il était toujours dans le flou et étranger à ce qui devrait le toucher.

Un livre qui gagne à être connu pour ce thème de l'incommunicabilité, à travers un traitement psychologique assez original de celui qu'il conviendrait d'appeler le « héros », même si la volonté de l'auteur de rendre compte de l'état psychologique de ses personnages au fur et à mesure de l'action et des dialogues rend la lecture parfois difficile.

Même s'il n'en a pas toutes les qualités, j'ai cru sentir dans ce roman nimbé d'une sorte de sfumato l'influence des oeuvres de Maupassant et Flaubert.

Il vaut aussi pour l'évocation remarquable des lieux et de l'époque où se déroule cette histoire, cette Toscane aux paysages et produits gastronomiques admirables.

Enfin, je me permets de le signaler, quelques coquilles se sont glissées dans cette traduction française. Ceci dit, il n'y a pas de quoi crier au scandale comme j'ai pu le lire par ailleurs de la part d'un lecteur trop sévère.

Je remercie donc chaleureusement l'équipe de babelio, et les éditions La Baconnière pour cet envoi. Bien que n'étant pas mon choix le plus vivement espéré parmi ma sélection du masse critique, il a le mérite de l'originalité et me permet modestement de mettre en lumière un roman et un auteur de qualité dont l'audience est il faut bien le dire confidentielle, du moins en France.
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Les Yeux Fermés de Federigo Tozzi, un roman et un auteur découverts grâce à Masse Critique.
Qu'en retenir ?
Une histoire amère et une langue singulière, qui détonne.
Tozzi s'attache aux errements amoureux de Pietro, fils d'un restaurateur fortuné, qui s'entiche jusqu'à la passion de Ghisola, la petite fille d'ouvriers agricoles de son géniteur. Ici point de bluette ou de comédie douce-amère. Tozzi ne cèle rien des intentions inavouables de ses personnages, de leurs failles, ni de leur cruauté. L'amour, s'il existe, n'est qu'un malentendu qui comme tel ne saurait s'éterniser. La mièvrerie éprouvante de Pietro, la duplicité et le mépris de Ghisola sont l'expression du gouffre qui sépare deux castes ainsi que de la violence souterraine de leurs rapports. La crudité de cet antagonisme, mais aussi la confusion, l'ambivalence des sentiments des protagonistes de cet aigre récit se trouvent admirablement restituées par un style tissé d'embardées qui s'emploie à produire un maelström d'impressions fragmentaires, symbolique du désordre des esprits et des coeurs.
Pour tout cela, un texte et un auteur à découvrir, mais une forme qui peut en dérouter certains.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Quelle humiliation il éprouvait lorsque les autres ne respectaient pas ses sentiments et obligeaient son âme à se briser !
Les autres faisaient de lui ce qu'ils voulaient, et l'émotion lui serrait la gorge. Il rougissait, s'effrayait ; se sentait perdu. Et rien ne lui convenait plus : les routes trop fatigantes, le soleil trop chaud, ses vêtements mal coupés, ses mains trop grosses ; il se dépensait pour ne pas réfléchir à tout cela, pour se convaincre du contraire ; à s'en étourdir ; tandis que ses oreilles bourdonnaient, et il était persuadé qu'il allait s'étaler d'un moment à l'autre.
Il lui semblait que son visage n'était pas capable de dissimuler une loyauté trop manifeste, obstinée ; il ressentait en retour une violence qui le mettait mal à son aise. Avec cet esprit tourmenté, dont lui-même voulait se débarrasser, il se sentait vulnérable.
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Il est des gens qui ne demandent rien à personne et qui renoncent à tout ; et, n'étant pas respectés comme les autres, il semble qu'on pourrait en faire ce qu'on veut. C'est pourquoi ces gens trouvent tout ce qui concerne les autres antipathique. Si quelqu'un les aime, ils ne veulent pas changer ; ils se demandent ce que cet amour exige. Et alors ils l'évitent.
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Ce qu'il éprouvait devant les choses restait trop indéfinissable, et il en souffrait. Le printemps était comme une violence. Lire, alors, sous les arbres ! Il interrompait sa lecture au milieu d'une page, au hasard, pour se dresser sur ses pieds et tirer sur une branche jusqu'à ce qu'elle touche son visage, presque pour s'en faire caresser. Il aurait cependant voulu lui en demander la permission ; regardant devant lui les collines recouvertes des mèches blanches et retombantes des amandiers, des pêchers qui pendaient depuis quelque part, comme s'ils devaient se répandre sur le sol. Et, s'étant assuré que personne ne l'avait aperçu, il soupirait et reprenait sa lecture. Il n'avait pas encore trouvé le livre de son âme. Parfois, il ne lisait plus, parce qu'il lui semblait voir au-delà des pages devenues comme transparentes, percées.
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Le train roulait non loin de l'Arno, dont les eaux scintillaient comme si des milliers de miroirs s'y brisaient tous ensemble.
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