Citations sur La Princesse et le Pêcheur (48)
Quand j'étais petite, le monde était merveilleusement rassurant : je m'imaginais en Cendrillon ou en Peau d'Ane, et tenais pour acquis le triomphe des bons sur les méchants...
Dans la vie, on croise des gens précieux, qu'on voudrait garder toujours auprès de soi, mais qui, pour des raisons qui ne tiennent ni à eux, ni à nous, sont forcés de s'en aller. Ce n'est pas qu'ils nous abandonnent de leur plein gré, ni que nous soyons coupables de n'avoir pas su les retenir, c'est juste que, parfois, il ne peut en être autrement.
« D’un geste de la main il a alors désigné les falaises blanches qui se découpaient sur l’horizon « Tu as vu ? ».
De grandes masses crayeuses , grignotées de verdure, surmontaient les eaux. Des odeurs d’algue et de métal rouillé flottaient dans l’air venteux, fouetté d’eau et de sel. Douvres s’étalait à quelques centaines de mètres devant nous .——les bateaux convergeaient puis s’alignaient peu à peu en rangs serrés ——-»
J'observe mes parents et je me rends compte, ai-je écrit à mon ami, qu'ils ne sont ni vietnamiens, ni français. Ils ont grandi ici mais à présent qu'ils sont revenus, rien n'est plus pareil. On parle de double culture, de racines transplantées dans un autre sol, d'héritage à conserver tout en s'intégrant, mais on oublie qu'en réalité, les êtres nés ici et vivant là ne sont de nulle part. Leur identité oscille entre deux pôles qui tantôt cohabitent, tantôt s'affrontent, plaques tectoniques qui se heurtent et créent séismes, montagnes et ravins, une recomposition du décor que l'on aurait crue impossible quelques instants plus tôt ; alors on avance sur cette terre nouvelle sans trop savoir où l'on va, espérant toujours qu'à la fin, on trouvera une voie qui nous révélera notre place ici-bas...
Le soleil passait à travers les mailles des feuillages et l'air bruissait de chant d'oiseaux
(...)
Une épaisse veine blanche barrait le cou de la jeune femme.
(...)
Il décida de changer de nom et s'inventa un passé
Dans la vie, on croise des gens précieux, qu'on voudrait garder toujours auprès de soi, mais qui, pour des raisons qui ne tiennent ni à eux, ni à nous, sont forcés de s'en aller. (...) Il m'est arrivé de chérir profondément des êtres que j'ai perdus, et c'est peut-être pour cela qu'on écrit, pour les retrouver et cheminer l'espace d'un instant, à leurs côtés. Comme si rien n'avait changé.
... Quels qu'aient les malheurs, tout s'apaise. Les blessés guerissent, quand bien même ils gardent une cicatrice de vingt centimetres de long. L'herbe reverdit, le soleil séche la pluie et on balaie les ruines pour rebatir sinon un palais, du moins une chaumière.
Vivre, c'est se lancer dans un solo tout en apprenant à chanter ; tenir le rôle principal d'une pièce un soir de première sans avoir jamais répété ; rédiger une histoire d'une traite, sans possibilité de retour en arrière. Il n'y a pas de deuxième prise. On progresse au petit bonheur la chance, ralentit quand on devrait accélérer, s'invente des obstacles inutiles, bifurque sur un coup de tête, sans avoir aucune idée de sa destination.
L'écoutant, j'avais le sentiment que les Vietnamiens n'avaient pas envie de revenir sur leurs pas. Ils désiraient passer à autre chose - travailler à l'amélioration de leur quotidien, au développement de leur pays - et scrutaient l'avenir sans prêter attention aux fantômes d'autrefois.
Une seule chose me semblait plus embarrassante que d'étaler ses problèmes : laisser voir à l'autre qu'on devinait les siens.