On ne peut pas vivre sans se souvenir, mais pour survivre, il faut oublier.
J'approuve qu'ils aspirent à la république. C'est aussi mon cas. Seulement ce n'est pas dans les fosses communes qu'il faut la gagner, c'est dans les urnes. (p.213)
Nous avons transformé les livres d'histoire en fictions et devons maintenant recourir à la fiction pour raconter l'Histoire. Etrange paradoxe. Une chance qu'il nous reste le roman...La littérature doit prendre de la hauteur, or, mon récit ne parvient pas à s'extraire de l'Histoire, et je m'embourbe inéluctablement dans les faits, quand je voudrais les traverser et les laisser derrière moi.
Ce qui nous importe à nous les historiens, c’est de trouver la bonne distance, ni trop près, ni trop loin. Trop loin, on peine à comprendre ; et à trop approcher les faits qu’on étudie, on risque de les détruire. Robert Capa disait : si votre photo est ratée, c’est que vous n’étiez pas assez près. L’historien est un spectateur qui sait que le monde est tout sauf un théâtre, il doit l’observer à la bonne distance, de face, et droit dans les yeux. Seuls les bourreaux visent la nuque.
Certains ont esthétisé la politique et d'autres ont politisé l'esthétique, mais le résultat est le même : le totalitarisme.
L'historien a les mêmes ogligations qu'un juge : il doit entendre toutes les parties et ne se laisser ni influencer ni abuser (p.220)
Ce n'est pas la guerre qui m'intéresse, c'est comprendre pourquoi nous en sommes victimes sans l'avoir vécue, pourquoi ils nous ont menti.
L'erreur est venue de ceux qui ont confondu silence et oubli.
La victoire, la défaite , ont déterminé le sens de l'existence de beaucoup de gens, qui n'ont cessé de vivre dans et pour la guerre.
Les vaincus, c'est nous, les enfants de ceux qui ont fait cette guerre : nous ne saurons jamais la vérité.