Je voyais tous les jours la montagne au bout de la rue Mont-Royal, conme un mur qui clôturait le monde, une fin naturelle à ce qu'il m'était permis de connaître et voilà que j'apprenais que quelque chose, un quartier, une ville, continuait Montréal au-delà de ce que je croyais être la fin
du monde.
Quand j'avais demandé à ma mère c'est quoi, ça, exactement, Outremont, elle m'avait répondu : «C'est une place oùsque le monde comme nous autres font le ménage. >» Et la barrière naturelle
s'était relevée toute seule.
J'avais dů blêmir, ma mère se leva de sa chaise berçante, s' approcha de moi, posa sur mon bras sa main séchếe par des dizaines d'années de lavage de vaisselle et où couraient des veines bleues
qu' on avait envie d' embrasser.
" Des fois c est pas grave qu on comprenne pas, hein?"
C'est la même famille, mais la vraie cette fois-là, avec les noms de mes frères et de ma mère et de mon père. [...] Donc vous allez voir les mêmes personnages, mais tels qu'ils étaient vraiment, enfin... avec la transposition littéraire.
Aussi invraisemblable que ça puisse paraître, ce qui suit est absolument véridique.
Pourquoi vous projetez pas son nom sur l'écran... Écrivez queque'chose, là, comme: MICHEL TREMBLAY, TA MÈRE T'ATTEND POUR LE SOUPER..