Je me remémore en conduisant
Les chants de Maldoror
deux capsules de bière
prennent la place
de mes yeux
On me donne le choix
entre le mal et le bien
Cela me paraît peu
y a-t-il autre chose ?
Je gratte le mal
trouve le bien
Je gratte le bien
trouve le mal
Autour de moi
personne
à qui en parler
Qu’y a-t-il derrière ce qui est ?
Je devine que la jeunesse crépite
des braises entre les dents
L’angoisse installe
un poste de douane
au milieu de ma chambre
Pour entrer
dans le sommeil
je montre
un passeport phosphorescent
Je caresse les hublots de mon rêve
CES MOTS-LÀ :
bout de la langue
plaine en sang
dents de fer
contrebande
paquet de poison
éternité sombre
fiestas hilares
asphyxie
paysage désolant
jet de bave
note larguée
symphonie misérable
gueules cassées
yeux durs
billes sans larmes
les mots tombent sur la terre
la transforment en boue
les mots entrent dans ses entrailles
lui volent sa pesanteur
je sens les phrases
grouiller sous mes bottes
j’agrandis ma bouche
avec la barre d’un cri
je dégueule plus fort
mot crasse
mot orage
salive acide
syllabes meurtrières
barbelés de cris
mot génocidaire
mot pétrole
mot diamant de sang
combien d’autres fois
faut-il coudre nos bouches
charniers où notre langue
se décompose ?
que neige-t-il dans nos phrases ?
Une foule en parachute
descend du ciel brûlant
m’encercle
Elle est venue goûter
au paquet de mots stockés
dans mes poumons
Je déroule une pensée
en tirant sur le barbelé
de la phrase
J'obéis à un pays
en forme de cri
Je suis un soldat
en forme de haine
Je veux parler
un livre de symboles s'ouvre
entre mes lèvres
Je crache ses pages
mes phrases ensalivées
racontent les guerres noires
les génocides rouges
Le Diable me visse
son index
dans le cerveau
orage orgasme orange
prennent le même sens
Je lis des journaux
ensanglantés
Je me sens seul
résultat d'une malheureuse
soustraction
Le livre terminé
je suis hanté
par des châteaux brumeux
des bals masqués
en des contrées rêvées
des histoires d'amour
et de coups de feu
La fiction
provoque en duel
le réel