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« Lucy » est une oeuvre qui a toutes les caractéristiques du roman classique, à ceci prés que l'auteur a su ménager des surprises à son lecteur et un suspens digne d'une épopée.
Tout commence par une nuit de 1921, dans une Irlande agitée par les rebelles qui réclament l'indépendance du pays, le capitaine Everard Gault, propriétaire terrien, blesse à l'épaule d'un coup de fusil l'un des trois gamins venus incendier sa ferme et qui ont empoisonnés ses chiens. Il décide de mettre sa femme Héloïse et sa fille de huit ans Lucie à l'abri en partant s'installer à l'étranger et en laissant la propriété à la charge de son gardien Henry et de sa femme Bridget. Mais le jour du départ, Lucie s'est enfuie refusant de quitter sa maison natale. On retrouve quelques jours plus tard son chemisier sur la plage. La pensant morte noyée, le couple Gault part désespéré pour l'Europe…
C'est sur ce quiproquo que William Trevor va bâtir toute l'intrigue de son roman et raconter avec des coups du sort et des rebondissements ce qui aurait pu être une banale histoire de famille.
L'écriture est claire et la beauté de la campagne irlandaise décrite donne toute sa poésie à ce récit. On est pris par la vie de Lucie et on a hâte d'en connaître le dénouement.
C'est un roman très agréable à lire, une promenade au milieu d'une nature verdoyante en compagnie de personnages attachants.
Traduction de Katia Holmes.
Préface de Carole Martinez.
Editions Phébus, Signature Points, 339 pages.
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Les éléments qui peuvent infléchir sur le devenir d'une famille peuvent être multiples et puiser leurs sources dans l'Histoire, les êtres vivants, ou tout simplement la nature environnante. Parfois, les trois sources se concertent et tissent leur toile autour d'un petit cercle familial qui n'a pas les armes nécessaires pour résister aux pressions que les mailles exercent inexorablement sur son pourtour si fragile.

L'été 1921 voit une Irlande indépendante mais la guerre civile s'est installée et sème ses troubles visant les maisons cossues abritant une présence anglaise. C'est le cas du domaine de Lahardane, près d'Enniseala, où vivent le capitaine Gault, sa femme anglaise et sa fille Lucy. Après une première tentative d'intimidation qui s'est soldée par l'empoisonnement des chiens, des jeunes activistes récidivent pour incendier la maison mais Everard Gault blesse l'un d'entre eux à l'épaule et dès lors, la peur de sa femme n'y voit qu'une issue : l'exil.
« Je ne partirai pas de Lahardane. » Lucy, bientôt neuf ans, ne peut se résoudre à abandonner cette maison perdue dans son écrin forestier et maritime, ses allées pavées desservant le jardin et un verger, ses chambres donnant sur la mer, le bleu des hortensias explosant sur le gris de la pierre et la longue allée flanquée de marronniers qui mène à cette demeure. Elle ne remplira pas la valise bleue toute neuve mais préparera quelques vêtements et nourritures pour rejoindre un cottage abandonné dans la forêt. de sa fugue, elle espère le retour de ses parents sur leur décision d'un départ précipité. Les planches posées pour obstruer les fenêtres de sa maison lui sont insoutenables. Mais c'est là que la nature intervient en plaçant un trou sur le chemin de Lucy qui endommagera fatalement sa cheville. de ses baignades faites en catimini et d'un chien sans nom chipeur de sandales et vêtements viendra la certitude, pour ses parents, que leur enfant s'est noyé.

Dans un quotidien scrupuleusement décrit, dans les bruits ou les silences qui martèlent les évènements, William Trevor signe ici un roman aux accents terriblement tristes où le deuil, la solitude et les remords ondoient sur des personnages ne pouvant lutter contre ces forces invisibles écrasantes.
Lorsque le départ est imminent, il nous fait ressentir le silence qui s'installe, juste troublé par la fermeture des malles et valises. Dans ce silence, une promesse flotte mais ne demande qu'à sombrer, celle d'un retour possible, mais l'exil, qui semble le drame intrinsèque de cette terre irlandaise, sonne son irrévocabilité.
Le regret de ne pas avoir discuté davantage avec Lucy de leur départ accompagnera les parents dans leur deuil qu'ils vont traîner dans leur exil. Aucun endroit ne sera assez loin pour fuir la mémoire de ce tragique passé qu'ils s'interdiront d'évoquer. Ils poursuivront leurs voyages sans jamais éloigner le chagrin alors que Lucy poursuivra sa vie à Lahardane sans jamais s'autoriser d'être aimée.
L'auteur esquisse aussi le désarroi qui s'empare de l'homme blessé par Everard Gault, une culpabilité confuse dont il ne pourra se défaire.

Dans ce roman, William Trevor, avec une magnifique plume éthérée, qui évoque encore bien plus que les mots marqués sur les pages, pétrifient des existences à partir d'un contexte historique et de déductions erronées. Lucy, ses parents, l'homme blessé, ne se débâteront pas. Leurs sorts se fossiliseront sans aucun bonheur de vivre, dans l'attente d'une rédemption qui n'arrivera pas ou alors si tardivement, si imparfaitement… le temps effritera les êtres et délabrera les intérieurs.
Dans l'attente du retour des parents, Lucy, cachées sous ses robes blanches en souvenir de sa mère, laissera filer les années, recluse à Lahardane, malgré les doux efforts des rares personnes qui traverseront sa vie.

C'est une lecture plutôt écrasante sur les conséquences de ce choix cruel entre s'exiler ou rester, avec de petits faits qui bouleverseront tragiquement les destins, mais la force mélancolique soufflée par l'auteur est absolument envoûtante, magnifiquement écrite et suggérée. Avec des personnages accablés qu'il sait nous faire aimer, William Trevor sublime l'infiniment triste qui a résulté d'une page de l'histoire de cette magnifique terre irlandaise.
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William Trevor affectionne, semble-t-il ,la fiction brève.
Nouvelles, bien sûr, mais aussi courts romans, dans lesquels beaucoup de choses sont éludées, varient en fonction de la mémoire de chaque personnage et en fonction de l'époque. L'écriture est lisse, l'analyse souvent très fine-c'est court, mais il vaut mieux ne pas sauter une phrase, il n'y en aura pas d'autre pour vous expliquer plus avant- comme dans la vie des personnages qui n'ont jamais droit à une séance de rattrapage.

Une famille, un couple et leur fille. Les parents décident de s'exiler, la petite s'enfuit et on la croit morte. Les parents quittent l'Irlande, Lucy revient dans la maison familiale où sont restés les domestiques et y passera sa vie. le père, veuf et très âgé, entreprendra seul le chemin du retour.
Il règne dans les romans et les nouvelles de Trevor une atmosphère brumeuse et désespérée. Les détails n'abondent pas, il faut deviner, essayer d'entrevoir la lumière. Même au sujet du contexte historique, car, après tout, pourquoi fuient-ils, ces parents ? On ne le comprend qu'au début de la deuxième partie.
Nous sommes en Irlande au début du XXème siècle, l'Irlande de la guerre civile qui ensanglante le nouvel Etat libre. Et pourquoi Lucy s'enferme t'elle comme en attente ? Par choix, sentiment de culpabilité, inaptitude à la vie ? On n'en sait rien, elle non plus, c'est le récit de vies gâchées, de vies de malheur, de soumission à un destin, d'incapacité d'action et de révolte, un récit qui transpire la mélancolie et le désespoir, chuchoté par des petites phrases bien concises.
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Je confirme la dernière partie de la dernière phrase de la 4e de couverture : du très grand Trevor ! Par contre, je modère la thématique de refus du bonheur par Lucy . Ce n'est d'ailleurs pas le sujet essentiel du roman ou du moins pas que cela !

Lucy est une petite anglo-irlandaise, qui comme toutes les familles de la "Protestant Ascendancy" d'Irlande, vit dans une belle demeure. Seulement, dans les années 20, les choses sont compliquées en Irlande : la guerre d'indépendance fait rage, puis la guerre civile. Alors, autant dire qu'il ne fait pas bon du tout être anglo-irlandais ! Les parents de Lucy ne se sentant plus en sécurité alors que les belles demeures comme la leur sont incendiées, que le capitaine Gault, le père de Lucy a blessé à l'épaule une activiste nationaliste s'étant introduit sur son domaine, dans le but de faire la même chose que chez ses voisins, ils décident de quitter ce pays qu'il aime tant mais qui leur est si hostile. Mais Lucy, du haut de ses 8 ans en a décidé autrement : elle veut rester. Très attachée à la maison et à ce qui est aussi son pays au même titre que les Irlandais catholiques, elle se cache, ne mesurant pourtant pas toutes les conséquences de son acte. Lorsqu'elle revient dans la demeure de ses parents, ceux-ci sont partis, pensant qu'elle s'est suicidée ! Mais elle retrouve les fidèles domestique, Henry et Bridget, qui lui serviront de parents de substitution et veilleront tendrement sur elle, même adulte, jusqu'à ce que la vieillesse les emporte.

J'ai absolument adoré ce roman de la veine "Big house", que je mets sur le même pied d'estale que Coup du sort : William Trevor vous emporte dans un univers irlandais sans doute moins connu que celui de l'Irlande catholique et nationaliste. le personnage de Lucy, femme au caractère bien trempé mais d'une extrême douceur est très attachant, même si on peut lui reprocher son inertie et son refus d'épouser celui qu'elle apprécie et inversement : une sorte d'auto-flagelation, de punition en raison de sa mauvaise conscience, qui lui fera rater sa vie sentimentale. Cependant, Lucy n'est pas malheureuse car en dépit d'énormes sacrifices, elle a obtenu ce qu'elle voulait : rester en Irlande, rester sur sa terre et dans sa maison. Elle le fera jusqu'au bout, émouvante dans sa solitude et regrettant d'être, femme vieillissante désignée comme la "dame protestante", parce que dans l'Irlande d'aujourd'hui (le roman se termine à l'ère de l'Internet), "une Protestante, c'est une relique attardée, respectée pour ce quelle était, mais qui n'avait pas sa place".

Dans ce magnifique roman, William Trevor amène une réflexion sur l'extrêmisme, dépoussiérant l'Histoire de l'île d'émeraude, et amenant sur le devant de la scène une thématique que je ressens comme encore assez taboue : la chasse à l'anglo-irlandais, dans une Irlande nationaliste prise au piège de la violence. Cependant, il est également important de remettre les choses dans leur contexte : celui de la provocation de part et d'autre, ayant eu pour résultats des milliers de morts, dont bons nombre d'innocents, des deux côtés.

Grâce à William Trevor, je ne regarderai plus jamais les belles demeures irlandaises sauvées du massacre de la même manière !

Ce roman n'est, hélas ! plus édité ! On le trouve néanmoins dans toutes les bonnes bibliothèques ou en version originale.
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Se lit d'une traite, alors même que je qualifierais ce roman de profondément mélancolique et même contemplatif : tout un monde qui sombre avec la disparition de Lucy et l'exil de ses parents. C'est un récit apaisé d'une histoire violente, reflet et conséquence de l'histoire d'Irlande; et cette dualité fait tout le sel du récit. le style, le choix des mots, sont un régal; la poésie qui s'en dégage enchante. de la belle ouvrage, que je recommande chaudement.

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Première rencontre avec cet écrivain qu'est William Trevor. Une rencontre de hasard pour réaliser que je tenais, finalement, une pépite dans les mains.

Le récit d'une vie, avec les conséquences des choix qui sont faits, une vie de solitude dans laquelle la nature est toujours présente, des personnages attachants, bouleversants construisent ce roman et en plus de tout cela, une écriture magnifique, concise, précise, souvent très poétique.

Il y a des découvertes fortuites comme celle-ci qui sonnent comme un enchantement.

J'ai hâte de retrouver la plume de cet écrivain.

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Au cours de l'été 1921, l'Irlande est troublée par des bandes d'activistes ; certains d'entre eux menacent la tranquillité de la famille du Capitaine Gault, en s'attaquant à leur maison. Sa femme et lui décident qu'il vaut mieux pour la famille partir à l'étranger, probablement pour longtemps. Leur fille Lucy, neuf ans, enfant un peu solitaire très attachée à la nature environnante, voudrait obliger ses parents à rester dans ces lieux qu'elle aime. le moyen qu'elle choisit va provoquer un drame qui touchera famille et amis de différentes manières et pour très longtemps. La culpabilité est en effet un mal qui peut gâcher, voire détruire une vie.
C'est volontairement que je ne vous ai pas dévoilé plus de l'histoire de Lucy, je pense qu'il faut vous la laisser découvrir. J'ai été tout de suite conquise par l'écriture de William Trevor que je lisais pour la première fois : très précisement, sans rechercher le mélodrame, il fait passer l'émotion d'une manière remarquable, très pudique et en faisant confiance dans les capacités d'interprétation du lecteur. Parfois il faut relire un passage pour être sûr de l'avoir correctement compris. Il sait raconter un événement dramatique en deux courtes phrases qui font monter les larmes aux yeux ! Je pense qu'il faut aussi beaucoup de talent pour le traduire.
Bref, un coup de coeur pour Lucy et toute mon admiration pour William Trevor !
Lien : http://lettres-expres.over-b..
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Il a suffit d'un soir pour que la vie de la jeune Lucy s'effondre. Elle, qui était heureuse à Lahardane dans le domaine familial, elle apprend que ses parents et elles doivent quitter leur demeure pour s'installer en Angleterre. Alors, Lucy décide de fuir afin de rester à Lahardane et ses parents la croyant morte, poursuive leur voyage.
Lucy grandit alors avec les domestiques Henry et Bridget à Lahardane, les années passent et le regret grandit en elle car ses parents ne reviennent pas enfin pas de suite. Elle vit alors dans la solitude jusqu'au jour où elle rencontre Ralph, un homme qui l'aime mais qu'elle refuse de lui rendre son amour.
L'auteur a écrit un récit très touchant avec une plume très poétique. J'ai été totalement plongé dans l'Irlande tant elle nous est bien dépeinte avec son ambiance et ses décors. Quant aux personnages, ils sont très attachants.
L'histoire est plus prenante à suivre quand Lucy fait la connaissance de Ralph, j'ai pris plaisir à suivre leurs échanges, c'est un homme que l'on voudrait qu'elle ait pour mari pour enfin être heureuse.
Ce roman exprime très bien la difficulté de sortir d'une vie en solitaire et sans avoir de regrets sur le passé.
Lien : https://meschroniquesdelectu..
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Assez triste au final, j'aurai souhaité un autre dénouement pour Lucy .
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Un pur moment de régal
Début du 20eme , une fillette disparaît , ses parents la supposant morte quittent l'Irlande comme ils l'avaient prévus
Lucy est vivante et nous allons suivre son itinéraire tout au long du siècle ,vie de solitude , de résilience,
Il y a longtemps que je ne m'étais pas laissé pouter tranquillement par un livre et en ce moment du temps j'en ai .
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