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L'idée rappelle le terrible 'Sukkwan Island' (David Vann) : un père part sur une île « lointaine et minuscule » avec son fils de treize ans. Il renonce au confort de la civilisation occidentale. Pour combien de temps ? Il n'en sait rien. Il n'a pas pris de billet retour, il a prévu une quinzaine de bouquins, et c'est tout.
Sauf que :
- l'île se situe au large de Madagascar, il y a pire comme climat - quoique...
- elle est habitée par une population autochtone très accueillante, et nos deux 'aventuriers', logés dans un petit bungalow, n'ont pas à retrousser leurs manches pour assurer leur survie ;
- le père a bien quelques accès de déprime, à se demander ce qu'il fout là, mais rien à voir avec celui de 'Sukkwan Island' ;
- le fils était ravi de venir, il s'intègre parfaitement, s'éclate avec des ami(e)s de son âge, apprend la plongée, et s'entend bien avec les adultes du coin. Tellement bien qu'il laisse souvent son père en rade, et c'est ce dernier qui boude. Les rôles s'inversent : le gosse capricieux et mesquin, c'est le papa.

Tronchet nous avait habitués à la lourdeur beauf des aventures de JC Tergal et de R. Calbuth. Pas mal de lose et d'autodérision, ici aussi, mais le propos est beaucoup plus fin, plus tendre... Des réflexions intéressantes sur les relations père-fils, l'adolescence, l'oisiveté (honteuse, quand on est descendants de mineurs du Nord), des anecdotes sur la faune, la flore, et les coutumes locales. Le petit plus : quelques pages du journal du fils, en dessins.

Sur l'adolescence, le père se fourre le doigt dans l'oeil profond s'il pense que la 'mue' ne dure que quelques mois, autour de treize ans, et que si ce passage s'est fait sans trop de heurts, c'est tout bon, c'est gagné...
Par contre, Tronchet met bien en évidence les attitudes à adopter pour laisser son petit devenir grand : respecter son rythme, sa pudeur, ses humeurs, son mutisme ; accepter qu'il choisisse d'autres adultes comme référents et guides.

• « L'enfance, c'est une succession de crimes. Le petit enfant tue le bébé qu'il était, puis l'ado tue l'enfant, enfin le jeune tue l'ado. Les parents doivent assister à ces meurtres successifs en aimant autant l'assassin que sa victime. »

Le 'Tronchet nouveau' est à découvrir (voir aussi 'Le fils du Yéti'), pour ceux qui étaient restés sur le ton des Tergal et des Calbuth, et pour ceux qui ne le connaissaient pas. Et tant pis si le graphisme est toujours aussi peu accueillant.
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Un quinquagénaire a décidé de faire un break, de s'écarter momentanément d'un mode de vie stressant, de casser la dépendance à de chronophages modes de communication. Pour ce challenge, l'Île aux Nattes est idéale. Cet îlot situé au large de Madagascar n'est en effet accessible qu'en pirogue, à partir de l'Île de Sainte-Marie. Dans ses bagages, notre aventurier en bermuda emmène son fils âgé de 13 ans. Il s'agit de confronter l'adolescent à quelques difficultés de la vie, et de créer du lien entre les deux générations.

Côté déconnexion, l'expérience réussit au-delà des attentes du narrateur : là-bas, même l'alimentation électrique est aléatoire !
Pour le reste, les choses ne se déroulent pas nécessairement comme prévu. Alors que l'adolescent s'adapte vite et bien à ce nouveau mode de vie, son père se retrouve désemparé. Sans activité, c'est à lui-même qu'il se trouve d'abord confronté. Il est effaré par son image d'homme blanc auprès d'autochtones aux mentalités encore marquées par la période coloniale. Il s'interroge aussi sur son rôle de père. Lui qui voulait être un modèle pour son rejeton s'avère souvent être un boulet …

Cette bande dessinée comporte de réflexions intéressantes sur les relations parent/adolescent. L'inanité du mode de vie occidental est aussi mise en évidence, par contraste avec celui des îliens.
Il est dommage que l'auteur ne dessine pas mieux les visages de ses personnages, le reste du graphisme étant plutôt agréable.
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« Robinsons, père & fils » est l'adaptation d'un roman paru en 2007. La bande dessinée a été signée par Didier Tronchet qui en a réalisé le scénario ainsi que les dessins. L'originalité de cette oeuvre dérivée vient de l'identité de l'écrivain ayant publié le roman duquel elle est tirée. Il s'agit en effet de Didier Tronchet lui-même. Plus de dix années après la publication de son livre, il profite donc d'un nouveau format pour faire partager son histoire à un tout nouveau public. Et je peux vous dire que la réussite est au rendez-vous !

J'ai vraiment adoré ce récit dont la sincérité semble être le moteur principal. Chaque sentiment, chaque émotion, est étudiée dans ses moindres détails et restitué au lecteur avec le plus d'authenticité possible. Rien n'est ignoré ou passé sous silence.

On découvre dans cet album la relation entre un homme et son fils, mais pas seulement. Sa relation à lui-même, à sa vie, à ses souvenirs, sont aussi au coeur de la réflexion de l'auteur. Après tout, que peut-on faire d'autre sur une ile sauvage, si ce n'est se retrouver confronté à soi-même ?

Au-delà de la carte postale paradisiaque et du rêve de dépaysement d'un séjour sur une ile tropicale, il y a la réalité des choses. Comment un Européen habitué à être toujours pressé, sollicité en permanence, les yeux rivés sur sa montre et son smartphone, va-t-il vivre de longues journées, semaines, mois, d'oisiveté ? C'est la question principale a laquelle répond Didier Tronchet dans « Robinsons, père & fils ».

Beaucoup d'autres thèmes sont bien entendu abordés, comme la paternité, les vestiges du colonialisme, l'identité, etc… On passe vraiment un très bon moment en compagnie de cet homme sincère qui pose un regard juste et acéré sur sa propre personne ainsi que sur le monde qui l'entoure.

L'univers graphique est doux et agréable. Les dessins accrochent le regard et servent parfaitement le propos d'une bande dessinée toute en nuances et en subtilité.

Je vous recommande donc sans hésité cette oeuvre qui est bien moins un récit de voyage qu'une introspection doublée d'une interrogation profonde sur l'humanité et le monde qui l'entoure.
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Voici un auteur que j'aimais timidement au début de sa carrière mais que j'ai fini par apprécié de plus en plus car il s'est véritablement bonifié avec le temps. Bref, c'est comme un bon vin que l'on déguste quand il a pris un peu d'âge.

Pour autant, il croit être un has-been notamment dans sa relation avec son fils Antoine qu'il emmène en vacances sur une île au large de Madagascar pour y vivre une curieuse expérience de rapprochement avec la nature. En effet, il s'agit de s'isoler de la technologie et vivre l'aventure d'un naufragé volontaire sur une petite île au bout du monde.

J'ai aimé les anecdotes et certaines réflexions personnelles également qui me rapproche avec ce père de famille vieillissant. C'est le genre d'autobiographie que j'aime bien lire car c'est loin d'être ennuyeux, bien au contraire ! Il a un regard acéré qui me parle parfois.

Pour la petite histoire, c'est la seconde fois en moins d'une semaine que j'entends parler du chanteur perdu à savoir Jean-Claude Rémy qui s'est exilé sur une île après avoir connu un succès d'estime au niveau de la chanson dans les années 70. Voir ma précédente critique « Sur la vie de ma mère ». Il faut dire que l'auteur Tronchet a réitéré par rapport à une nouvelle BD qui lui est entièrement consacrée et que je n'ai pas encore lu.

Le thème principal se situe dans l'inquiétude paternel par rapport à un adolescent de 13 ans qui a bien grandi et qui s'émancipe petit à petit pour vivre pleinement. le fils qui était un enfant va devenir un homme. C'est parfois touchant par moment.

Pour le reste, Robinson et fils est un beau travail réalisé dans le style des carnets de voyage que j'aime bien entre humour et dérision mais sur un fond humain non négligeable. du même auteur, il y a eu « Vertiges de Quito » qui vaut aussi une bonne lecture. Humour et exotisme seront au rendez-vous !
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Didier Tronchet, pour moi, c'était Fluide Glacial. Jean-Claude Tergal, Raymond Calbuth, Sacré Jésus, la bite à Urbain et toutes ces drôleries sans trop de second degré avec pourtant un regard assez aiguisé sur tous les gentils paumés qu'on comprenait généreusement saupoudrées d'autodérision.

Mais là, quelle BD ! Un vrai bijou aussi lumineux que l'île aux Nattes sur laquelle il est parti vivre une période indéterminée avec son fils de 13 ans.

Et paradoxalement sur cette île perdue au milieu de rien, il s'est mis à l'introspection. Et il raconte : lui et son fils, son rôle de père et le fossé que l'adolescence creuse entre eux au milieu d'un paradis post-colonial (oui, tout n'est pas si magnifique)

Une BD tirée d'un petit livre tout aussi sublime !
Lien : https://www.noid.ch/robinson..
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Bonheur incommensurable de retrouver l'auteur qui me faisait mourir de rire avec son Jean-Claude historique. La description de ses relations compliquées avec son ado de fils rendent le tout largement appréciables.
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Le quotidien d'un citadin connecté se rompt dans un presque isolement volontaire de 6 mois.
En tête à tête avec son fils adolescent de 13 ans dans le cadre d'une odyssée exotique, Tronchet accouche d'un récit intimiste dans une douce langueur tropicale. In fine, la déconnection s'avère plus difficile pour le géniteur que pour le fiston.

Relations filiales, sentiments introspectifs, la confrontation s'impose avec soi-même dans le cadre contraint d'un minuscule caillou planté au milieu de l'océan Indien. L'ile aux Nattes, prolongement de l'ile de Sainte-Marie est située aux portes de la bien-nommée « Grande Ile » : Madagascar.

Les pudiques sentiments de Tronchet pour son rejeton, sont noyés dans un océan de bleus, de jaunes et de verts. Les couleurs vives et saturées restituent une lumière aveuglante alors que l'insertion de pages petit carreaux du « Journal d'Antoine » ponctuent sympathiquement le récit.
Les personnages, sortes de pantins désarticulés et trapus, transpirent bienveillance et naïveté. La caricature coloniale n'est jamais loin. du colon suinte une immuable torpeur. Au petit nez effilé en trompette d'Antoine répond un appendis empâté pour Tronchet alors qu'une bouche disproportionnée lui fractionne comiquement le visage.

Une belle déclaration d'amour d'un père à son fils et accessoirement une poignante lecture pour nous autres, indiscrets lecteurs.
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(SB976) Rien à ajouter à la critique de garytopper si ce n'est que je recommande fortement l'album pour la sélection collège et lycée. Un album facile d'accès, avec des thèmes intéressants pour nos élèves (insularité, rapports père-fils...). Un espace proche et connu (Madagascar) pour les élèves de Mayotte.
(IK971) Un album de Tronchet (au style bien personnel, on aime ou pas!), agréable graphiquement (couleurs chaudes et douces) et à la thématique insulaire non dénuée d'humour qui pourrait toucher les élèves de Mayotte et d'ailleurs...Personellement, j'ai bien aimé ce point de vue du père...A voir pour le Prix.
(LX971) Perso, je crains que ce récit centré sur le point de vue du père, avec tous ses doutes quant à l'éducation de son fils etc..., ne soit trop éloigné de nos élèves. Ce qui, nous, nous fait rire en tant qu'adulte et parent éventuel, risque de moins intéresser et divertir nos élèves (à mon avis). En plus, d'autres albums me semblent plus adaptés cette année pour aborder l'insularité et l'Océan indien : le Roi du lys en collège et Tropique de la violence en lycée, où le point de vue est plus tourné sur l'enfant ou adolescent.
(CC976)
Je recommande ce titre pour la sélection collège et lycée en raison du contexte géographique (Madagascar proche de Mayotte) et également parce que j'ai beaucoup ri.

(MP976) Qui n'a jamais rêvé de partir sur une île déserte, joué à Robinson? Ici, un père et son fils ado partent sur une toute petite île de Madagascar. le rêve ? mais quand on est sur connectés, pas toujours facile, cette vie en pleine nature...Surtout que celui qui a le plus de difficulté n'est pas le fils ado ( qui profite pleinement de son séjour) mais le père !! Très drôle, facile d'accès, agréable à lire, à recommander pour collège et lycée
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A la fois drôle et touchant, le récit met en scène un père confronté à lui-même, sur une île à la fois refuge et prison, où l'on ne trouve que ce qu'on y amène.
Il se découvre presque par hasard, dans une confrontation obligée avec lui-même (ses nombreux lui-même...), et c'est délicieux.
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Didier Tronchet quitte l'Occident pour l'île aux Nattes, Océan Indien, avec son fils de 13 ans. Quitter la civilisation, retourner au vrai, vivre. Deux événements inattendus. L'auteur pensait renforcer le lien avec son fils, le protéger, le cajoler, mais celui-ci s'adapte à l'ile et à sa nouvelle vie une aisance qui étonne le père. Et l'île révèle aussi que lorsque la vie est tranquille à extérieur, c'est l'intérieur qui commence à être mouvementé et qu'il faut s'en occuper. Très jolie bande dessinée, très touchante.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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