Mon voisin Raymond

- Héébéééééé !! Oulàààà ! Hébé ! Il est pressé le facteur ! Il fonce à la soupe.
- Tu crois ?
- Il faut bien qu'il mange un peu.
- Il doit avoir bien faim alors.
- Ça oui... ça toujours été pressé, les facteurs.

- Rien de neuf ?
- Oh, rien. Je regarde les politiques là.
- Je vois ça. Et qu'est-ce qu'ils disent ?
- Ooh.. ils disent, ils disent... ah ça tu peux croire qu'ils savent le faire ! Mais pendant ce temps-là...ils font pas grand-chose.

- Et je coupe la télé. Ils ont bien assez parlé comme ça aujourd’hui.

Devant l'immobilité de la campagne, je m'ennuie tant que l'envie me prend de manger des arbres.

– Tiens, à propos, tu as vu les vignes ?
– Ah non !
– Hé bé, elles ont été vendangées.
– Vendangées ? Les chevreuils ?
– Eh oui. Les chèvres. Ils sont passés l’autre nuit. Et ils se sont servis.
– C’est fou !
– Eh oui.
– Et il en reste quand même ?
– Pas beaucoup. C’est sûr. On en fera pas une barrique. Pas plus !
–Il aurait fallu mettre un fil électrique. Oui. Ya que ça qui les arrête.
– Ou les tuer.
– Ah oui ?
– Ça, ça les arrête.
– Tu les tuerais toi ?
– Eh oui.’Faut ben.
– Mais c’est le travail des chasseurs.
– Ils font rien, tu penses. Ils se baladent dans les bois. Ils chassent les champignons plutôt. Ça court moins vite, c’est sûr.

- ça veut pas pleuvoir. C'est comme ça hein ?...
- On peut pas y faire grand-chose hein ?
- Aah avant on avait des fusées.
- des fusées ?
- Oui. On faisait péter les nuages !
- ?! Mais comment ?
- HéHé...on visait le nuage. On allumait la mèche. Et boum ! ça perçait le nuage.
- ?! Et c'est tout ?
- Oui... Et la pluie tombait.
- Et...ça marchait ?
- Oui. Très bien. ça marchait très bien ! ça pleuvait.
- Hé bé... Et pourquoi c'est fini ça ?
- Y en a qui se sont plaints qu'on leur prenait leur eau...Qu'on perçait les nuages avant eux ! Tu comprends ils se sont plaints. Eh oui.
- Et nous c'était les Bordelais qui le faisaient avant nous. Ils nous prenaient l'eau. C'était pareil. Alors ils les ont interdites.

Je vais chez Raymond, mon voisin d'à côté.
Il n'y a qu'un bout de bois à traverser...
... et on arrive dans un petit hameau où n'habitent plus que lui et son frère.
toc toc toc
- Rentre ! rentre !