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sur 843 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Livre passionnant, à condition d'être sensible un minimum aux codes de la chevalerie. Je m'amuse à lire de temps en temps les critiques négatives des livres que je lis, et je suis toujours fasciné par la propension de certains à reprocher aux livres de l'Antiquité, du Moyen-Age, voire de la période classique d'être de leur époque. Oui, dans Chrétien de Troyes, il y a des chevaliers surpuissants qui défoncent de façon régulière et souvent désintéressée des créatures ou des personnages qui incarnent le mal, parce que la violence armée est une composante permanente de la vie sur un territoire encore mal contrôlé ; oui, au Moyen-Age, on assignait les femmes et les hommes à des rôles précis sans lesquels on estimait qu'il n'était pas possible de faire société ; oui, entre le Xe et le XIIe siècle, le christianisme structurait la vie quotidienne et le système de valeurs des Français (dans une moindre mesure, c'est toujours le cas, sauf qu'on est dans le déni)… Si l'on n'admet pas tout ça, ou si on l'ignore, alors effectivement, on s'ennuie, on soupire, on s'énerve, et on passe à autre chose en claironnant à qui veut bien l'entendre que le Moyen-Age, c'était vraiment une époque de bouseux sans cervelle qui ne pensaient qu'à se taper dessus. Si ces récits peuvent nous paraître un peu caricaturaux aujourd'hui, il faut se rappeler, avec humilité, que c'est ce qui plaisait aux lecteurs d'alors, pour la plupart issus d'une éducation beaucoup moins démocratisée que la nôtre, et qui étaient beaucoup plus sensibles que nous le sommes à la retranscription métaphorique du combat entre le bien et le mal et au genre du conte merveilleux, aujourd'hui largement abandonné à l'heroic fantasy (qui exalte une chevalerie laïcisée voire paganisée, qui a fait table rase de ses fondements, et qui pourrait presque remplacer ses chevaux par de grosses Harley, pendant qu'on y est). Dès lors, de nos jours, les pérégrinations des chevaliers errants nous invitent moins à frémir des confrontations par un phénomène d'identification ou à juger de la cohérence des hauts faits qu'à explorer les usages, les mythes et les représentations qui les alimentent, et qui sont autant de passerelles vers les mentalités de l'époque qui ont irrigué les nôtres.

L'accusation de manichéisme sur l'oeuvre de Chrétien de Troyes est bien mise à mal par l'histoire d'Yvain. Les chevaliers de la Table ronde ne sont pas des êtres systématiquement vertueux qui défendent la veuve et l'orphelin sans égard pour eux-mêmes ; ils sont traversés de passions contraires, ils défendent des causes mauvaises, se laissent emporter par leur orgueil. Ici, c'est un chevalier qui néglige de revenir auprès de sa dame dans le délai qu'elle lui a fixé, qui la perd donc, et qui, après avoir frôlé la folie, s'efforce d'expier sa faute en mettant sa valeur au service des opprimés rencontrés sur son chemin, accompagné du lion fidèle qu'il a sauvé, "happy end" à la clé.

Il est vrai que si l'on s'en tient à une lecture littérale, on a l'impression qu'il était impossible de rencontrer à l'époque un château en Bretagne qui ne soit pas placé sous la coupe d'un tyran, terrorisé par un monstre ou assiégé par un voisin belliqueux. de même, toutes les demoiselles en détresse, ou simplement en procès, sont en droit d'attendre que le premier type en armure venu se fasse tuer pour leur cause. Peu importe. A une époque où les gens baissent les yeux en faisant semblant de ne rien remarquer quand une fille se fait embêter, j'estime que renouer en bonne partie avec ce trait archaïque ferait sens. Tout cela pour dire que, sans tomber dans les appréciations anachroniques précédemment condamnées, l'intrigue est quand même brossée à gros traits et est assez répétitive dans son principe, d'où interdiction de lire ce récit avec des yeux de lecteur du XXIe siècle au courant des innovations ultérieures de l'écriture si l'on veut savourer. le cadre spatio-temporel semble s'adapter pour fournir en permanence à Yvain une aventure lorsque la précédente a été menée à bien ; une aventure que le chevalier a d'ailleurs bien souvent du mal à accomplir seul (en même temps il faut voir face à quoi il tombe) mais dont l'arrivée providentielle du lion à son secours emporte la décision. le seul combat qui sorte vraiment de l'ordinaire est celui face à Gauvain, qui présente un cas assez unique d'une lutte indécise entre deux amis qui ignorent qui ils combattent et qui, lorsqu'ils le découvrent, se disputent pour revendiquer la défaite, ressort comique assez exceptionnel dans un ouvrage essentiellement épique, mais qui met en relief les belles dispositions de l'amitié chez deux combattants pourtant soucieux de leur gloire.

Autre point à souligner : la description des moeurs médiévales. L'auteur aborde certains rites sociaux très formalisés, au premier rang desquels l'hospitalité, avec un naturel qui laisse entendre une pratique réelle et habituelle dans la société médiévale. Très intéressant. Sans atteindre les analyses poussées d'un Balzac, il y a même un peu de psychologie, pas tellement du côté des sentiments mais plutôt dans la stratégie de persuasion, notamment avec le personnage de Lunete, qui parvient à manipuler à plusieurs reprises les méditations et les engagements de sa maîtresse dans un sens favorable aux intérêts d'Yvain.

Le livre est court et les aventures s'enchaînent de façon très fluide, il n'y a vraiment aucun effort à fournir pour suivre. le choix d'une lecture « bilingue », c'est-à-dire avec le texte littéral et sa traduction en français moderne, permet de saisir la vocation poétique initiale expliquant en grande partie la nature des détails suggérés et l'organisation du texte par le respect des contraintes formelles, tout en appréciant la phraséologie de l'époque. Il est également nécessaire de se procurer une édition explicative, afin de comprendre beaucoup de mots et d'expressions qui ne font plus sens aujourd'hui.
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J'ai vraiment adoré ce roman ! Une forte leçon morale est portée par Chrétien de Troyes mais, grâce au récit elle n'est jamais ennuyante. Au contraire, on se voit emporté par l'enchaînement des aventures. Aussi, on possède toujours une part d'incertitude quant au devenir d'Yvain. Plusieurs fois, nous nous demandons bien si celui-ci va bien replonger dans sa douleur ou sa récréantise… le héros de Chrétien de Troyes est en proie à une évolution sans cesse menacée. Yvain doit se battre continuellement puisque sa renommée est constamment évaluée.

Ce trait me mène à un autre aspect du roman, qui est celui de l'intensité du poids des pairs dans la construction de soi. J'ai été assez étonnée de voir l'importance que prenait la présence d'autres chevaliers dans l'intériorité d'Yvain. Ce dernier semble sans cesse s'opposer aux autres chevaliers, quand bien même il s'agirait de ses amis les plus proches. Par exemple, en début de roman, Yvain part seul, sans prévenir personne vers la fontaine gardée par Esclados le Roux, le mari de la dame de Landuc. Que penser de cette action déloyale ? Les relations tissées entre les membres de la chevalerie sont très intéressantes à découvrir. On y découvre des liens en tension, complexes à l'image de l'univers dans lequel évolue Yvain.
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C'est à la faveur d'un challenge sur Babelio que j'ai lu ce roman médiéval, Yvain ou le Chevalier au lion, écrit à la fin du XIIème siècle par Chrétien de Troyes.
Nous voici plongés à la cour du roi Arthur. Yvain est un chevalier de la Table Ronde. Lors d'un banquet, son cousin Calogrenant raconte un récit de son aventure en forêt de Brocéliande, qui s'acheva par sa défaite. Yvain est fou de rage et décide d'aller venger son cousin. Il se rend alors auprès de la fontaine magique et refait les mêmes gestes que son cousin : il renverse de l'eau sur son perron, déclenchant ainsi aussitôt une tempête effroyable ainsi que l'ire du seigneur qui garde cette fontaine, un certain Esclados le Roux. S'ensuit un combat sans pitié entre les deux chevaliers. Yvain ressort de ce duel vainqueur en tuant Esclados le Roux. À son enterrement, Yvain aperçoit sa veuve éplorée, Dame Laudine, qui n'attend qu'une chose, se venger. Il en tombe aussitôt éperdument amoureux. Grâce à l'aide de Lunette, servante de Dame Laudine, - qui voit mieux les choses que personne et dont l'auteur nous précise qu'elle était futée comme une Bretonne, il va échapper aux gardes et envisager d'accomplir son dessein amoureux... La suite du roman n'est que cavalcades, combats, épreuves et péripéties, où se déploie l'honneur, où ferraille l'épée, ou vacille le coeur...
Sorti tout droit de l'univers enchanteur et mythique des chevaliers de la Table Ronde, ce texte laisse entrer dans ses pages le fantastique comme un vent de fraîcheur. Ainsi il ne faut pas s'étonner de voir brusquement surgir ici un anneau qui rend invisible, là un autre anneau qui rend invulnérable. Ne vous étonnez pas si vous rencontrez sur votre route un paysan haut de dix-sept pieds qui vous indiquera le chemin le plus court pour parvenir à la fameuse fontaine magique ou bien encore un lion en Bretagne. Ici l'Autre monde jouxte celui des vivants. Bien sûr, je n'oublie pas cet onguent magique qui guérit de la folie, invention de la fée Morgane...
Mais surtout il y a un thème ici intemporel, traité de manière noble et délicieuse, celui de l'amour...
À l'origine, Chrétien de Troyes écrivit ce livre en vers octosyllabiques, inspiré des légendes arthuriennes. Il offrait ainsi une manière nouvelle de rompre avec les chansons de geste en proposant peut-être pour la première fois l'idée de ce que sera le roman dans sa forme moderne. On peut donc qualifier Chrétien de Troyes de créateur du genre. À ce titre, ce roman appartient donc à une oeuvre fondatrice.
La version que j'ai lue est une traduction en prose française moderne de Claude-Alain Chevallier et m'a aidé à entrer dans le tourbillon fou de cette histoire qui ressemble à s'y méprendre au rythme endiablé d'une bande dessinée. D'ailleurs, le récit ravira autant les petits que les grands.
Mais une fois écarté le voile fantastique, une fois laissées dernière nous les scènes de bataille, nous pénétrons dans les cours d'une société raffinée, faite d'élégance et de culture, où la femme est à la fois entourée d'un vif respect et fait l'objet d'un véritable culte. C'est sans doute davantage un monde idéal qui est dépeint ici, un monde embelli, imaginé, mais avant tout un monde désiré... Ici les mariages sont dictés autant par l'amour que par la nécessité politique.
Nobles lecteurs, permettez-moi d'espérer être pour vous ce soir ce preux chroniqueur qui vous donnera envie de venir vous pencher sur le perron de la fontaine magique...
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C'est l'un des premiers "romans" dans le sens pur de l'histoire de la littérature. On sort de la génération des "chansons de gestes". D'inspiration très Bretonne, voire des contes Celtes, Chrétien nous conte les aventures pas très réelles d'un preux chevalier : Yvain. Il faut se remettre dans le contexte historique du 1er millénaire en pleine société féodale avec ses seigneurs, ses vassaux et chevaliers,
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Résumé
- Calogrenant raconte son aventure, cousin d'Yvain, Keu se moque, c'est ce récit qui pousse Yvain à partir
- il tombe amoureux de la princesse de la fontaine, après avoir tué le roi
- mariage car 2 arguments, 1- il faut un roi pour contrer l'attaque du roi Arthur qui arrive 2- il est + vaillant que le roi mort puisqu'il l'a battu
- a 2 reprises des femmes lui donnent une bague avec des pouvoirs
- Une fois marié il demande à partir avec le roi Arthur, la reine accepte à condition qu'il revienne avant 1 an et 8 jours, sinon elle le détestera, au bout d'1 an et demi elle envoie 2 demoiselles récupérer sa bague car Yvain n'est pas revenu. Elle ne veut plus le voir -> il devient fou de désespoir
- il sauve un lion d'une attaque de serpent donc le félin se met à le suivre partout
- il sauve une forteresse d'un géant
- après avoir sauvé Lunete il ne veut pas donner son identité donc il se fait appeler le Chevalier au lion
- querelle entre 2 soeurs pour 1 héritage, l'ainée veut prendre celui de la cadette. Chacune trouve 1 chevalier pour la défendre. Respectivement Gauvain et Yvain. Ils commencent à se battre car ils ne reconnaissent pas. le combat est incroyable car aussi bons l'un que l'autre. Quand la nuit tombe Yvain parle, ils se reconnaissent et tous les deux veulent se rendre.
- Yvain affaibli, sent qu'il va bientôt mourir donc décide de retourner voir sa femme
- réconciliation
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Un texte de la littérature médiévale qui fait partie de la matière arthurienne, ou si l'on préfère, du mythe des chevaliers de la table ronde. Il rassemble tous les clichés et tout le style littéraire de cette époque : un amour platonique, un chevalier qui cherche à séduire une dame et qui va accomplir des tâches pour lui prouver son amour... c'est une succession de combats et d'épreuves que rencontre le chevalier au lion afin de prouver sa valeur.
Évidemment il faut aimer les romans de chevalerie, car c'est un style bien particulier, mais il faut également le replacer dans son contexte pour l'apprécier pleinement : c'est une oeuvre culte.
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"Résumé : N'est pas chevalier de la Table ronde qui veut ! Yvain, relevant le défi du sénéchal Keu, affronte dans la forêt de Brocéliande le seigneur de la fontaine. Il gagne ainsi le cœur et la main de la plus belle dame du royaume, qu'il s'engage à rejoindre avant que l'année passe. Mais parviendra-t-il à tenir sa promesse ?
Chrétien de Troyes, traduction de l'ancien français et adaptation Michel Rousse, présentation, notes, chronologie et dossier par Marie-Louise Astre, cahier photos par Marie-Anne de Béru.

En forêt de Brocéliande, il existe une fontaine magique qui déclenche d'effroyables tempêtes lorsqu'on renverse son eau sur le perron qui l'entoure. A la cour du roi Arthur, Yvain, jeune chevalier fougueux, décide d'affronter Esclados le Roux, le seigneur qui protège cet endroit. Il s'y rend et blesse gravement son adversaire qui prend la fuite. Yvain le poursuit et se trouve pris au piège, pourchassé à son tour par les gens du château désireux de venger leur maître. Comble de l'infortune, la jeune femme dont il tombe amoureux est Laudine, la veuve du chevalier vaincu !
Comment Yvain va-t-il se tirer de ce mauvais pas ? Heureusement, dans ses aventures, il pourra compter sur l'aide de Lunette, une demoiselle au service de Laudine, ainsi que sur la fidélité de son lion."

Bonne œuvre de la littérature médiévale
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Avis d'un enfant de 12 ans :
Franchement, j'étais un peu hésitant. Je n'avais pas le choix, il allait falloir lire ce livre que je n'avais pas choisi, et je me demandais vraiment si ça allait me plaire. Les histoires de chevalier, bon, c'est pas mal, mais je ne suis pas plus passionné que cela par cette époque, et je trouve que ça manque de fantaisie. Je suis plus super-héros que chevalier ! En plus, les histoires d'amour – et, pire encore, d'amour courtois – pfffff…

J'ai un petit peu galéré, surtout sur la fin. Mais, au global, c'est quand même plutôt bien, alors que, vous l'aurez compris, je partais plutôt avec un a priori négatif. Mais j'ai bien aimé – dans cette traduction de Pierre-Marie Beaude – les formulations un peu « viellies » en mode « Blanche était sa peau », plutôt que de dire simplement qu'elle a la peau pâle. Ces mots, ces expressions, j'ai trouvé que c'était une façon agréable de jouer avec les mots.

Évidemment, ceux qui adorent le Moyen Âge devraient bien aimer ce livre. Et puis ceux qui apprécient les histoires romantiques.
Lien : https://ogrimoire.com/2020/1..
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YVAIN LE CHEVALIER AU LION EST-IL UN BON LIVRE ???

Je vais vous parler d'Yvain le chevalier au lion écrit par Chrétien de Troyes vers 1176. C'est un roman d'aventure et historique. Il n'a pas remporté de prix à ma connaissance.

L'histoire commence quand Calogrenant raconte une quête qu'il n'a pas réussi. Yvain voulut venger son cousin… (Oui Yvain et Calogrenant sont cousins) et l'aventure se passe en Bretagne (le royaume de l'Ogre).

Yvain est un héros car il a sauvé des centaines de personnes et il a aussi fait de nombreuses quêtes (comme celle de Calogrenant).

En conclusion je conseille ce livre car il y a beaucoup d'aventures. Si on aime les chevaliers de la table ronde, je le conseille. Pour finir ce roman, je le recommande car les mots les plus difficiles à comprendre sont quand même relativement faciles.
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Ce n'est pas cette édition que j'a lu, mais celle en Ancien Français mais je pense que cela revient au même. C'est un roman avec beaucoup d'aventures et on ne s'ennuie pas en le lisant. J'ai aimé lire ce roman, il m'a plu et le personnage d'Yvain avec. Je recommande !
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