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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans la petite famille madrilène mise en scène par David Trueba dans Savoir perdre, je demande:


-La mère, Pilar! Elle s'est lassée d'une vie sans saveur et a quitté Madrid avec son patron et amant, avant que rattrapée par l'âge, son avenir soit derrière elle.


-Le père, Lorenzo! Quitté par sa femme, ruiné par son ami et associé, il est au bout du rouleau. Il pète les plombs, commet un geste irréparable, se dépatouille avec sa culpabilité, sa peur d'être arrêté par la police, fantasme sur une vieille poupée Barbie de sa fille, entame une relation avec une sans-papier, tente de se remettre sur les rails malgré le chaos de sa vie.

-Le grand-père, Léandro! Professeur de piano digne et respectable, il est totalement déboussolé depuis que sa femme Aurora est tombée malade. Après 73 ans d'une vie irréprochable, il pète lui aussi les plombs. Ses errements le conduisent dans une maison close où il s'éprend d'une jeune prostituée d'origine africaine. Cette passion le conduit aux pires extrémités et lui fait dépenser des sommes folles.


-La fille, Silvia! Elle a 16 ans et comme toutes les adolescentes de son âge, elle rêve de grand amour, s'interroge sur le sexe, pense à l'avenir. Sa route va croiser celle d'Ariel, une gloire montante du football argentin racheté par un grand club de Madrid. Privé de ses repères, de sa famille, Ariel peine à convaincre sur le terrain et se fait détester des supporters. Entre eux, l'amour naît mais sera soumis à rude épreuve par la presse à scandales.


Leurs destins à tous vont s'entrecroiser, se mêler à d'autres et faire surgir une grande leçon de la vie : pour gagner, il faut savoir perdre.
Perdre sa virginité, ses repères, son autonomie, sa dignité, ses illusions, perdre sa femme, perdre un ami, tout perdre parfois, mais pour gagner en maturité, en expérience, en lucidité. Ces destins ballottés par une vie jamais facile où ce que l'on croit acquis peut se désagréger du jour au lendemain dévoilent des sentiments, des peurs, des pudeurs, des hésitations mais aussi des raisons d'exister, de se battre, de continuer tout simplement. L'écriture de TRUEBA est riche, prolixe, ciselée. Il aime à décortiquer les sentiments, les actes et leurs conséquences. Il n'a pas son pareil pour mettre ses personnages face à eux-mêmes, à leurs faiblesses. Au final, il nous livre un roman plutôt sombre et désenchanté à l'image de la vraie vie qu'il faut parfois affronter en laissant ses rêves sur le bord du chemin....
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De belles critiques, une couverture énigmatique, un titre plein de sens : j'avais hâte de découvrir cet opus de la rentrée 2010. Savoir perdre fait partie de ces romans qu'on continue à lire en marchant et qu'on aimerait encore plus long pour repousser le moment de le terminer…
Quatre protagonistes, quatre perspectives, se croisent et tissent ce récit à plusieurs voix.
Sylvia est une adolescente comme tant d'autres : complexée, empêtrée dans ses envies – tantôt enfantines, tantôt si mâtures –, elle cherche sa place… Au milieu de ses parents qui viennent de divorcer, auprès de son père chez qui elle est restée vivre par loyauté, avec son amie Mai si « libérée » et égocentrique, dans les bras réconfortants de sa grand-mère Aurora, ou dans ceux de premiers flirts maladroits… Elle a seize ans, les malaises et les bonheurs de son âge, et voudrait grandir plus vite – trop vite très certainement – pour s'abstraire de cet univers étriqué.

Lorenzo, le père, récemment quitté par son épouse Pilar – lassée de la monotonie de leur couple, de la fadeur et du manque d'envies de son mari – tente de se remettre en selle. Ruiné par son associé et soi-disant ami Paco, il cherche désespérément un emploi et finit par se lancer dans un partenariat hasardeux avec Wilson, un Équatorien ingénieux fraîchement émigré. Lorenzo est tout autant démuni dans sa vie personnelle – le néant depuis la séparation – et comble ses manques en se touchant avec une vieille poupée Barbie…! Il met tous ses espoirs dans sa rencontre avec Daniela, jeune sans papier gardant le bébé des voisins, et refuse de voir leurs profondes différences.

Quant à Leandro, le père de Lorenzo, professeur de piano à la retraite, il disjoncte quand sa femme adorée, Aurora, tombe dans la baignoire et se retrouve à l'hôpital. Lui qui n'a jamais trompé son épouse, se retrouve dans une maison de passes et s'entiche follement d'une jeune prostituée – même pas agréable. Il tente vainement de se raisonner mais dilapide leurs économies dans ces visites tariffées au goût amer. Comme s'il cherchait à rattraper leur jeunesse perdue et à oublier la santé déclinante d'Aurora.

Et enfin, Ariel, jeune footballeur argentin, débarque en Espagne après avoir été acheté une fortune par un club madrilène. Sans sa famille, ses amis, ni son entraîneur de toujours, il est perdu dans ce nouvel univers, et l'hostilité des supporters ne l'aide pas se sentir plus à l'aise. Loin du stéréotype du sportif décérébré, sa nouvelle vie de paillettes et d'artifices ne lui suffit pas.

David Trueba nous offre des profils très différents, petites gens et célébrités, expatriés et locaux, jeunes et vieux. Ces histoires en apparence très banales peignent en réalité des portraits subtils et lucides : les espoirs de chacun, les arrangements avec la réalité, les bassesses et les failles, mais aussi les moments de félicité… Et surtout, ce que l'on cache, aux autres et à soi-même.
La quatrième de couverture nous explicite le titre dès les premières lignes : tous « vont tour à tour éprouver le désir de gagner et la douleur de perdre ». On imagine alors un roman pessimiste et sombre, mais il n'en est rien car, étrangement, une vague d'optimisme se dégage de cette lecture, l'idée que beaucoup de choses sont faisables au final et qu'il est possible de se remettre de tout…

La structure en roman choral, le rythme soutenu du récit et son caractère éminemment visuel viennent nous rappeler que l'auteur est aussi scénariste et réalisateur. Et c'est tant mieux car on ne s'ennuie pas un seul instant. Et le propos ne perd pas pour autant en épaisseur : le regard sur notre société est acéré, les réflexions sous-jacentes sont fines.

Sans hésiter, un coup de coeur dans cette rentrée littéraire 2010.


Lien : http://monbaratin.blogspot.c..
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Si vous êtes devant ce livre et que vous hésitez à le prendre , alors n'hésitez pas , prends-le, il est bien , vraiment bien .
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