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Citations sur Les poésies d'amour (22)

Dans la brume un monde s'élance - nomade :
Sur la terre ennuitée errance - des arbres
Le vin d'or en train de monter - aux grappes
De maison en maison tournée - d'étoiles
Les cours d'eau à rebours inclinent - à fuir
Et moi je veux sur ta poitrine - dormir.

14 janvier 1917
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Je ne scruterai pas tes voies,
Mon aimée : tout s'est accompli.
J'étais nu-pieds, tu me chaussas
De cheveux et de larmes -
De leur pluie.

Je ne demande pas combien
T'auront coûté ces huiles.
J'étais nu - alors tu m'as ceint
Des vagues de ton corps,
Comme une île.

Plus légers que l'herbe mes doigts
Vont effleurer ta nudité.
Tu m'appris - moi qui étais droit -
La tendre inclinaison, en tombant à mes pieds.

Dans tes cheveux laisse m'enfouir,
De lin ne m'enveloppe pas trop.
Myrrhophore ! à quoi bon la myrrhe ?
Tu m'as baigné toi-même,
Telle un flot.

26-31 août 1923
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DON JUAN

Près de l’église, à l’aube,
Quand le gel se déploie,
Au sixième bouleau,
Don Juan, attendez-moi !

Cependant, je vous jure
Sur mon ami, ma vie,
Qu’on ne peut s’embrasser
Ici, dans mon pays.

Il n’y a pas de fontaines,
Le puits gèle en hiver,
Et nos Vierges, nos saintes
Ont des yeux trop sévères.

Et afin que nos belles
N’écoutent des sottises,
Sans cesse carillonnent
Les cloches des églises.

Je pourrais vivre ainsi,
Mais j’ai peur - de vieillir…
Ni à vous mon pays
Ne sied bien, à vrai dire,

Là, en pelisse d’ours,
Serait-ce vous vraiment -
S’il n’y avait vos lèvres,
Vos lèvres, Don Juan !

14 février 1917
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Les yeux grands ouverts sur le ciel bleu
Tu t'exclames : l'orage s'apprête !

Sur un voyou haussant le sourcil
Tu t'exclames : l'amour va paraître !

A travers les lichens d'indifférence
Je m'exclame : un poème va naître !

1936
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A l'issue du ressac
La mer bleue
Est grise sous le ciel

A l'heure de l'amour
Un coeur jeune
voudrait être fidèle

Seigneur, garde du ressac
Mon esquif, ma pauvre isba !
Que l'amour mauvais s'éloigne
Du coeur - où je suis chez moi !

Juin 1920
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A la suivante

...
Ne fais à personne un signe de tête,
Et le passé - n'y pense plus du tout.
Sois avec lui ce que je n'osais être :
N'effraie pas ses espoirs ainsi qu'un loup.
Sois avec lui ce que je n'ai pu être -
Aime sans mesure, aime jusqu'au bout !
1909
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Dire à quoi je songe aujourd'hui ?
Couverts ensemble sous la pluie,
Couverts ensemble dans la nuit - puis
Sous un même linceul enfouis.
Avril 1921
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Oui, ma rivale, je viendrai vers toi
Par une nuit de lune si tentante
Que sur l’étang les grenouilles guerroient
Et la pitié rend les femmes démentes.

Émue par le battement de tes paupières
Et par tes cils empreints de jalousie,
Je te dirai : je ne suis pas un être
Mais rien qu’un rêve — qui te rêve aussi.

Et je te dirai : viens me consoler,
Quelqu’un m’enfonce des clous dans le cœur !
Je te dirai qu’il souffle un vent plus frais,
Que les étoiles — sur nous — brûlent avec ferveur…

8 septembre 1916
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Ça me plaît que vous n’ayez pas le mal de moi,
Et ça me plaît que je n’aie pas le mal de vous,
Que la lourde boule terrestre n’aille pas
S’enfuir sous nos pieds tout à coup.
Ça me plaît de pouvoir être amusante -
Dévergondée - sans jeux de mots ni leurre,
Et de ne pas rougir sous la vague étouffante
Quand nos manches soudainement s’effleurent.

Ça me plaît aussi que vous enlaciez
Calmement devant moi une autre femme,
Et que, pour l’absence de mes baisers,
Vous ne me vouiez pas à l’enfer et aux flammes ;
Que jamais sur vos lèvres, mon très doux,
Jour et nuit mon doux nom - en vain - ne retentisse...
Que jamais l’on aille entonner pour nous :
Alléluia ! dans le silence d’un église.

Merci, de tout mon cœur et de ma main,
Pour m’aimer tellement - sans le savoir vous-même ! -,
Pour mon repos nocturne et pour, de loin en loin,
Nos rencontres qu’un crépuscule enchaîne,
Pour nos non-promenades sous la lune parfois,
Pour le soleil qui luit - pas au-dessus de nous.
Merci de n’avoir pas - hélas - le mal de moi,
Merci de n’avoir pas - hélas - le mal de vous.

3 mai 1915
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De l’ire dans le foie, des rêves qui nous tentent,
Dieu de Fidélité, préserve ta servante.

D’un dur cerceau de fonte — enserre-moi le sein,
Dieu de Fidélité, sois mon ange gardien.

Arrache des buissons les grappes bien trop douces,
De paroles rugueuses fortifie ma bouche…

Mieux que dans la tombe les os des pénitentes,
Dieu de Fidélité, préserve ta servante !

Et pour qu’on puisse entendre le métier tisser,
Ces lèvres qui remuent — sache les bâillonner.

Pour qu’on puisse graver sur la bosse tombale :
« De la Fidélité elle fut la féale » —

Au poteau, là où les chemins croisés serpentent,
Dieu de Fidélité — crucifie ta servante !

11 octobre 1921
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