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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Sous-titré "Pour une révolution romantique", ce livre est généreux et incontestablement intéressant. Il propose à ses lecteurices (pour reprendre le type d'écriture inclusive majoritairement choisi par l'autrice) des conseils intéressants pour parvenir à une vie plus riche, c'est à dire caractérisée par des relations (notamment amoureuses) épanouissantes, une vie où "on aime et on est aimé.e". Pour cela il faudrait, en gros, sortir du patriarcat, s'affranchir des préjugés et des "micromachismes" qui pèsent encore sur les femmes, même dans les milieux les plus apparemment féministes, et développer à la fois l'écoute de soi et l'écoute des autres. le dernier chapitre notamment, "la révolution romantique n'est pas un dîner de gala", opérant une synthèse des enseignements des chapitres précédents et proposant d'envisager l'évolution des rapports romantiques avec une certaine radicalité, est très réussi et pose une synthèse intéressante.
Un des points forts du livre réside dans la sincérité et la curiosité indiscutables de l'autrice. Elle a en effet essayé d'étayer un questionnement personnel avec un travail de recherche approfondi - bien que cette recherche repose surtout sur la lecture d'autres essais et les références à des oeuvres de culture contemporaine - puis d'enrichir encore ce questionnement en ouvrant ses pages aux témoignages (parfois critiques, c'est à saluer) d'anonymes ayant témoigné au premier stade de l'essai, puisque celui-ci prenait la forme d'un podcast avant de devenir un livre. La démarche est donc particulièrement intéressante et débouche à mon sens sur quelque chose d'assez foisonnant mais aussi de plus incarné que d'autres essais féministes contemporains (par exemple ceux de Mona Chollet, qui présentent évidemment d'autres points d'intérêt).
Le revers de cette rafraîchissante subjectivité, c'est que la perspective de cet essai demeure très située. On lit le témoignage, la réflexion, le carnet de recherche d'une trentenaire française, blanche, diplômée du supérieur, intellectuelle plus ou moins précaire, sans enfants (d'aucuns diraient "bobo" mais ça ne veut rien dire) qui s'adresse à un lectorat assez comparable. Les témoignages d'autres époques, d'autres cultures sont superbement ignorées comme le rappelle plaisamment une auditrice du podcast qui juge que la révolution est peut-être dans le monde arabe rural, où les enfants sont élevés par tout le village.
Surtout, sans tourner davantage autour du pot, le problème de cet essai -comme de nombreux autres auxquels il fait référence - est de mobiliser le problème (incontestable) d'un patriarcat systémique pour alléguer que ladite révolution romantique doit se faire sans, voire contre les hommes (cis hétéros), dont même les plus féministes se satisferaient sans vergogne de privilèges incontestables. Je sais que je tends ici le bâton pour me faire battre. Mais prenons un seul exemple : celui de la montée en puissance dans les discours féministes et queer d'un plaidoyer pour le polyamour comme alternative à une monogamie servant trop souvent les intérêts du patriarcat. On sent dès le début du livre que Victoire Tuaillon est intéressée par ce nouveau modèle, à tout le moins que la perspective d'une existence monogame et fidèle lui pèse puisqu'elle se dit plusieurs fois "addicte au crush". A la fin de son livre, elle revient néanmoins sur cette idée, au motif qu'elle sert excessivement les intérêts des hommes, qui pourraient ainsi s'affranchir d'une fidélité demandée par leurs compagnes. Mais qu'est-ce qui pourrait alors expliquer que le polyamour est émancipateur quand il est demandé par une femme, et destructeur quand il est revendiqué par un homme ? Cette question n'est pas évoquée. Et il est regrettable de constater que l'ensemble du livre souffre de ce manque de symétrie. Il ne s'agit certes pas de considérer qu'hommes et femmes sont aujourd'hui sur un pied d'égalité - quoi que cette idée soit bien plus juste dans les milieux que fréquente Victoire Tuaillon que dans beaucoup d'autres. Mais considérer que les femmes peuvent tout oser, et que les demandes des hommes sont automatiquement machistes, conduit nécessairement, hélas, à une révolution sans révolutionnaire.
D'où la note de trois étoiles pour ce livre assez conséquent, qui mérite assurément le détour, mais qui rencontre le même angle mort que ceux de diverses essayistes à succès dans les dernières années : une invalidation totale de l'homme cis hétéro aboutissant à rendre illusoires les perspectives révolutionnaires qu'il porte.
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