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Critique de migdal


migdal
31 décembre 2022
Roman courageux, sincère et déstabilisant, « La Décision » s'inscrit dans la lignée de « Soumission », l'anticipation de Michel Houellebecq, en dénonçant l'offensive menée par les islamistes contre la civilisation.

Courageux, ce roman alterne les compte rendus d'auditions judiciaires et les observations des magistrats du pôle antiterroriste , nous partageons leurs convictions, leurs valeurs, leurs doutes et nous subissons les agressions verbales (voire physiques) endurées. Karine Tuil détaille la menace mortelle du fondamentalisme islamique et ses plans de conquête mondiale. Elle rappelle les liens de complicité avec les trafiquants de drogue et d'armes.

Sincère, la rédactrice écrit JE, et le juge Alma Revel devient ainsi un alias de Karine Tuil puis au fil des pages un double du lecteur. Ce qui nous amène, en notre for interne, à nous poser finalement la question : quelle serait MA décision ? dois je mettre en liberté conditionnelle Abdeljalil Kacem, franco algérien parti rejoindre les réseaux de l'Etat Islamique ou dois je le maintenir en détention en risquant d'accroitre les risques de contamination ?

Déstabilisant, Karine Tuil met le doigt où ça fait mal, très mal. Ainsi ce propos effarant de la fille du juge, brillante future cadre de la nation, revendiquant haut et fort son appartenance à la gauche progressiste, lors d'un examen :
« — Si un jour vous travaillez au sein d'un cabinet ministériel et qu'on vous demande de faire une chose à laquelle vous êtes foncièrement opposée, vous faites quoi ?
Elle a eu un moment d'hésitation, puis elle a dit :
— On est une démocratie, c'est le peuple qui décide, le ministre a une légitimité populaire, moi J'apporte seulement mon expertise technique donc J'exécute. »

Propos entendu lors des procès de la Libération dans la bouche de tous les miliciens et des membres de la Gestapo … Mais logique quand l'éducation nationale privilégie aujourd'hui l'éducation sexuelle à l'étude d'Antigone. Hélas.

Dérangeant également l'eugénisme de la famille Forest, dynastie républicaine installée au sommet du pouvoir, qui efface un enfant handicapé pour ne pas « salir » son image de « race supérieure ».

Comment défendre notre civilisation héritière de Jérusalem, Athènes et Rome contre la barbarie islamique si le respect des droits de l'homme n'est pas le socle du droit ?

La tragédie se déroule en trois actes :
1) L'enquête n'ayant découvert aucune preuve irréfutable de la culpabilité du prévenu, « la décision » est prise ; nous sortons de « la zone de sécurité » en page 220
2) « La rage et la violence » nous prennent à la gorge dans un déchainement de haine et de violence en 80 pages ; « Dans le cadre de mes fonctions de juge antiterroriste, j'ai pris une décision qui m'a semblé juste mais qui a eu des conséquences dramatiques. Pour moi, ma famille. Pour mon pays. »
3) « La manifestation de la vérité » bâcle en dix pages une conclusion « feel good » que Françoise Bourdin aurait pu écrire (en mieux sans aucun doute) et que le lecteur pourra éviter à mon humble avis car cette fin improbable achève en farce ce qui est et reste une tragédie que j'ai, par ailleurs, beaucoup appréciée. J'observe d'ailleurs que « Les choses humaines » ont également une conclusion navrante.

Oublions le dernier chapitre et reconnaissons que « La décision » est incontestablement l'un des meilleurs romans 2022 et que Karine Tuil rejoint ainsi Salman Rushdie et Michel Houellebecq en première ligne des lanceurs d'alerte qui dénoncent l'obscurantisme et la barbarie islamique.

Un livre à diffuser largement donc.
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