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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Gabrielle Tuloup ouvre une porte sur la banlieue, sa ghettoïsation, son manque de perspectives, son école, la place des femmes.

Il faut un drame et la force d'une jeune fille pour vaincre l'omerta habituelle dans la cité pour ouvrir au sein du collège un débat, une faille. Fallait-il agir différemment ? le proviseur est acculé, il n'a d'autres choix que de laisser agir la police au sein de son établissement pour que justice soit rendue à Fatima. 8 gamins, plus tout à fait des enfants, pas encore des adultes. Viol en réunion. Des vies brisées avant même d'avoir eu le temps de les aider à se construire.

L'équipe est bouleversée, voir les policiers embarquer des gamins, les mettre en fil indienne pour les extirper du collège, cela n'est pas acceptable. Chacun y va de son point de vue, les pions nés dans la cité laissés à l'écart sont furieux de la perte de confiance que cela génèrera après cela, les enseignants sont partagés et puis Emma...

L'adulte salue le courage de la jeune fille. Chacun a un avis en conscience sur les évènements survenus, élèves, parents, enseignants, "grands frères".

Sans pathos, d'une plume factuelle, l'auteure nous plonge dans la réflexion d'une femme qui décide de marcher pour se comprendre, se pardonner, accepter qu'elle aussi soit une victime. Une différence "sauf que c'étaient des enfants" au collège, alors que pour elle se fut un homme ayant perdu son humanité.

Un roman bouleversant qui oblige à s'interroger sur la place des femmes dès l'adolescence dans une société confrontée à la violence. Un flamboyant portrait de femme. Une communion entre deux victimes l'une assumée, l'autre obligée de s'interroger sur son statut parce qu'elle est adulte.

Un second roman nécessaire qui ne laisse pas indemne, sous tension, pour nous parler du consentement.
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Ce que j'ai ressenti:

▪️Sauf que c'étaient Eux, Elle et puis Toi…

On n'a pas idée des fois, comme un matin, tout peut changer. Comme dans une seule scène de vie, tout peut exploser en mille morceaux. Comme dans l'insouciance on peut vite basculer au drame, comme de l'enfance on peut passer au monde adulte, comme du silence on peut ressentir le poids des mots…Eux, c'est ces huit garçons qui ont commis ce crime immonde, mais Sauf que c'étaient des enfants. Elle, c'est Fatima, celle qui ne pourra jamais oublier, sauf qu'elle brise cette loi du silence en dépit de tout…Et Toi, c'est Emma, celle qui raconte tout en nuances son intérieur blessé, mais sauf que ça sent le vent de la révolte…Un matin, tout peut changer. On peut choisir de parler enfin pour réparer les blessures à l'intérieur…

L'enfance a une date de péremption, pas la même que celle indiquée sur les paquets. Elle pensait qu'elle avait le temps de voir venir. On ne voit jamais rien venir.

▪️Sauf que c'était compliqué…

Gabrielle Tuloup écrit sur un sujet difficile, soumis à controverse, et pourtant, j'ai trouvé qu'elle nous donne à lire un texte fort, sensible et intelligent. Dans cette dénonciation, elle remue de multiples émotions, donne des voix et des réactions diverses. Les adultes face aux enfants, le corps enseignant face aux élèves, les adolescents avec leurs hormones exacerbées, les règles tacites de la cité, les familles et leurs traditions: en fait toute une communauté face à un acte odieux. En ayant comme cela un aperçu de l'ensemble des personnes touchées de près ou de loin par ce viol, Gabrielle Tuloup nous met face à une polyphonie de mots, de vies et de réactions. Elles éclatent sur le papier comme leurs quotidiens pour nous atteindre au plus profond de notre intimité. C'est très intense comme lecture, elle ne peut laisser indifférent. Je n'ai pas pu reposer le livre avant le point final, parce que c'est trop d'émotions et un sujet si sensible que ça me semblait trop terrible de les laisser, tous, mais surtout certaines, à leurs tourments…Alors j'ai écouté leurs cris silencieux et j'ai admiré leur courage à prendre la parole pour dénoncer la violence subie.

Le réel ne prend pas de gants.

▪️Sauf que c'était terriblement beau…

Et dans tout ça, la beauté de la plume de Gabrielle Tuloup. Les mots et le coeur sont peut-être à vif, le corps et l'esprit marqués profondément dans l'intime, il n'en reste pas moins que la poésie s'invite aussi dans ses pages. C'est une alchimie particulière qui se joue dans ce livre entre douleur et résilience, mais j'ai été touchée par cette façon originale de mener cette fiction. Dans le poids des mots, Emma va trouver sa propre enclume qui l'empêche d'avancer, dans un seul mot, la douleur qui l'anéantit…Alors peut-être bien, que l'écriture sera sa guérison…Je vous laisse découvrir cette très émouvante lecture, sauf que moi, j'ai le coeur un peu fêlé, maintenant…

Et on s'abîme à vouloir réparer. On s'érode encore et encore pour une miette d'intact. On s'essouffle à disperser la poussière, on ratte et griffe l'habitude pour retrouver l'avant et l'éclat. En vain, forcément.

Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Je connaissais le sujet, bien sûr. Casse-gueule. du genre à prendre toute la place et à faire oublier la littérature. Tellement facile de ramener un livre à son sujet, surtout dans un contexte où il occupe le devant de la scène médiatique depuis quelques années. J'ai des exemples plein la tête de livres primés ou remarqués pour leur seul sujet. J'aimerais que ce livre le soit pour la finesse du regard de Gabrielle Tuloup, son ambition, l'intelligence de cette construction qui provoque un tsunami de questionnements jusqu'à la dernière ligne. Elle utilise à fond le pouvoir de la fiction, elle tricote de courtes scènes d'une justesse marquante, elle bâtit la polyphonie de sa première partie et multiplies les angles de vue avec un doigté remarquable qui empêche tout jugement à l'emporte-pièce. Pourtant, arrivé là, on n'a encore rien vu. le plus fort, c'est cette deuxième partie, quarante pages époustouflantes lues en apnée. Quarante pages qui prennent à contre-pied et donnent à ce qui précède une tout autre force. Quarante pages qui renvoient chacun à des questionnements très intimes, qui font voler en éclat les certitudes, peu importent les sexes ou les situations. Tout ce pourquoi on aime avoir un roman entre les mains.

Comment ne pas être happé par ce crescendo si maitrisé ? C'est un livre qui parle au coeur et au corps, qui transforme une matière dangereuse en oeuvre littéraire marquante.


Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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La rentrée littéraire d'hiver 2020 commence plutôt bien avec « Sauf que c'était des enfants » de Gabrielle Tuloup. Une auteure que je ne connaissais pas et c'est une très belle découverte ❤️

Ludovic Lusnel est principal au collège André-Breton de Stains depuis 4 ans.
Un matin, il reçoit un appel de la brigade de la protection de la famille l'informant de la visite de Fatima, jeune fille de 15 ans scolarisée dans un établissement voisin.
On l'informe qu'il devra mettre à disposition de cette jeune fille, le trombinoscope complet de tous les élèves afin qu'elle puisse identifier ceux par qui elle dit avoir été violée.
Fatima en désignera formellement 8 d'entre eux.
Coup de massue pour Ludovic Lusnel.
Comment « ses » élèves ont-ils bien pu être impliqués dans ce fait divers ?
Pour les 8 protagonistes, c'est arrestation et garde à vue assurée.
La nouvelle de ce drame va déclencher un véritable tsunami émotionnel chez tous les adultes qui jouent un rôle éducatif auprès de ces jeunes.
Et c'est là que la magie de l'écriture de Gabrielle Tuloup opère.
Tour à tour, elle donne la parole à chacun des personnages qui, de près ou de loin sont acteurs du quotidien des 8 garçons.
Outre le principal du collège, il y a bien sûr les parents, les enseignants, les surveillants mais aussi les camarades de classe qui vont exprimer leur ressenti concernant cette affaire.
Et parmi les enseignants, il y a Emma, professeur de lettres dont la vive réaction ne se fait pas attendre. Une réaction jugée excessive pour certains et pourtant, motivée par des souvenirs pas si lointain qui remontent à la surface.
Quand une histoire se fait écho d'une autre, il y a des décisions qui s'imposent.
La construction, très diversifiée, employée par Gabrielle Tuloup dans ce roman est telle que l'on ne s'ennuie jamais.
Un roman polyphonique dans lequel l'auteur glisse, entre les chapitres, des bulletins de notes des élèves impliqués dans le drame, chaque fin de chapitre introduisant le suivant en une suite logique.
La dernière partie quant à elle, est le journal de voyage d'Emma, un voyage initiatique au cours duquel elle fera son introspection et décidera de la suite à donner à sa vie et aux événements qui l'ont secouée ces derniers temps.
À partir d'un sujet de départ difficile ( les violences sexuelles) Gabrielle Tuloup nous livre un roman tout en pudeur où les scènes explicites de violences sont très peu présentes.
L'auteure s'attarde plutôt sur la psychologie des personnages et elle le fait merveilleusement bien.
Le sujet est admirablement bien maîtrisé et j'ai dévoré ce livre en quelques heures à peine.
J'ai aimé à tel point que je commence tout de suite après celui-là, son précédent roman paru en 2018 «  la nuit introuvable »
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Lecture bouleversante...
L'auteur est enseignante, ce qui permet d'avoir un cadre ultra réaliste en ce qui concerne le quotidien au collège.
Le récit démarre sur l'appel de la police auprès du principal de ce collège de Seine-Saint-Denis pour l'informer que des élèves de son établissement sont accusés d'agression sexuelle sur une jeune fille de la cité d'en face... Cet homme tombe de haut et pour le lecteur c'est le début de la percée dans la psychologie des différents personnages.
Le roman n'a pas pour objectif de donner à voir le procès, de savoir précisément qui a fait quoi, d'ailleurs à aucun moment les faits ne sont décrits, l'auteur n'est ni dans le glauque ni dans le voyeurisme. Ce qui nous est présenté ici ce sont les réactions des différentes parties : le principal, la CPE, les profs, les élèves, les parents des accusés, certains accusés... J'ai beaucoup aimé que tous soient représentés car il est important de prendre la mesure de ce que ces événements peuvent engendrer dans la vie de si jeunes enfants, ce n'est pas parce qu'ils ont commis un acte odieux que toutes les conséquences coulent de source et sont si faciles à appliquer...
L'auteur nous fait traverser les ressentis, les émotions in situ.
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C'est le premier roman de cette auteure, j'ai littéralement pris une claque.
Ce roman nous mets dans une ambiance oppressante pesante et déstabilisante.
Gabrielle nous pousse dans nos retranchements, qui es victime, qui es coupable.
Mettre des mots sur un tel sujet, ce n'est pas anodin.
D'ailleurs ce livre es tiré d'un fait divers il me semble.
L'auteure nous livre la un récit poignant
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" Des victimes et des bourreaux. Mais des gosses dans tous les cas."

Avec le soutien de sa mère, Fatima, quinze ans, victime d'un viol en réunion, rompt la loi du silence et trouve le courage de montrer du doigt ses bourreaux. Huit jeunes garçons sont alors interpellés par la police dans leur collège. Ils s'appellent Nadir, Seydou, Damien... Certains sont des chahuteurs, d'autres sont des élèves sans histoire, parmi eux il y a même Moussa, un petit de cinquième...

Cet événement fait exploser le quotidien du collège, percutant adultes et enfants. le principal, lui-même père d'une ado de quinze ans, se sent démuni face à cet acte et à cette interpellation dans son école qui devrait être "un abri, un asile". Les enseignants en plein désarroi s'interrogent sur leur responsabilité, sur les signes qu'ils n'ont pas repérés " ils endossent une responsabilité quasi parentale".

Quant aux élèves, certains rédigent des lettres de soutien à leurs camarades, c'est le cas de certaines filles qui craignent d'être considérées comme des filles faciles si elles soutiennent Fatima. En effet la réputation de fille facile colle à la peau de Fatima, devenue, pour avoir cédé à un garçon qu'elle aimait, une fille qu'ils n'ont aucune raison de respecter. Lorsque Emma, une jeune professeure de français, les entend dire " de toute façon, elle l'a bien cherché ", elle réagit vivement, car l'histoire de Fatima percute sa propre histoire.

Ce roman parle d'abus sexuel, de consentement et du déni, du silence dans lesquels s'enferment parfois les victimes. Je l'ai trouvé très réussi car l'auteure décrit parfaitement les répercussions de cet acte ignoble sur les adultes, enseignants ou parents, et sur les enfants. Confrontée à cet évènement, la professeure Emma va être envahie par de multiples questions. Où commence l'agression sexuelle dans la sphère privée? Subir un dénigrement insidieux, une violence verbale, physique et sexuelle de la part d'un compagnon, est-ce considéré comme un harcèlement, comme un viol qui justifie dépôt de plainte? Est-elle légitime pour parler des violences qu'elle a subies?
J'ai aimé la construction du récit dans lequel l'insertion de bulletin scolaire, de rapport d'incident, de compte-rendu de réunion rend le texte extrêmement vivant et concret. L'auteure change de style entre les deux parties magnifiquement dénommées "Sauf que c'étaient des enfants" et "Sauf que c'était moi" passant d'une première partie assez factuelle à une deuxième partie plus introspective à la première personne avec de magnifiques passages sur la passion amoureuse d'Emma.
Un sujet grave traité avec beaucoup de justesse et de finesse. Une couverture très bien choisie.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Révoltant. J𠆚i une boule de colère dans la gorge en refermant ce livre. le récit expose avec intelligence la présomption d’innocence des mineur sur un viol organisé. J𠆚i plusieurs fois retenu des larmes de colère tant les textes était criant de vérité. J𠆞spère sincèrement que ce livre arrivera à éveillé les consciences et surtout pour les « bourreau » de notre société beaucoup trop inocente encore.
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Fatima a été violée, par plusieurs ados de la même école. Lorsque ceux-ci sont appréhendés m, c'est pourtant cette jeune fille qui est jugée: elle ment, elle l'a cherché, c'est une fille facile, etc…
Elle a osé parler alors elle est maintenant en danger, les représailles sont à sa porte, Fatima devra déménager.
Le directeur de l'école doit gérer, les profs et surveillants cadrer. Mais comment le faire vraiment? Quel est le rôle de l'école? Où est la limite? C'est une lourde question, il faut protéger la victime et la confidentialité, dire sans dire, peut-être même se taire…
Emma, enseignante, a elle-même connu « un bourreau », alors l'histoire de Fatima la révolte, transférant la sienne par-dessus. C'est au travers d'elle que le viol conjugal est abordé, sujet également bien trop souvent étouffé par la peur de dénoncer son conjoint.

Tout tourne autour de la loi du silence, l'incohérence de voir les victimes devenir des accusés, la violence, le jugement, le consentement.
Il est fort, percutant, ce n'est pas juste le sentiment d'injustice qui m'a envahie mais une vraie rébellion intérieure: comment peut-on avoir de tels propos, que font les parents, pourquoi l'école minimise-t-elle autant et surtout: comment en sommes-nous arrivés là?
La loi du silence est-elle plus forte que l'éthique? La peur est-elle plus forte que les valeurs et la justice? le crime est-il moins grave lorsqu'il s'agit de mineurs?

Dans l'ensemble la question du consentement est traitée avec poigne, avec une lucidité saisissante, sans aucun détour, l'auteure dit ce qui est.
Ce livre est un récit qui met en lumière ce que notre société est en train de devenir: un berceau d'injustices où dénoncer un fait grave est un danger. Aberrant non?
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Un matin, la police entre dans un collège de Stains. 8 élèves sont suspectés de viol en réunion sur une fille de la cité voisine, Fatima. Leur interpellation fait exploser le quotidien de chacun des adultes qui entourent les enfants. En quoi sont-ils, eux aussi, responsables ? Il y a les parents, le principal, les surveillants, et une professeure de français, Emma, dont la réaction extrêmement vive surprend tout le monde.

Tandis que l'événement ravive en elle des souvenirs douloureux, Emma s'interroge : face à ce qu'a subi Fatima, a-t-elle seulement le droit de se sentir victime ? Car il est des zones grises où la violence ne dit pas toujours son nom…

Qu'est-ce qu'un abus sexuel dans notre société ? Que recouvre la notion de consentement ? Et la loi du silence dans tout ça ?

Gabrielle Tuloup nous livre un récit difficile écrit avec simplicité et pudeur, abordé sous un angle particulier. Peu de pages, peu de détails. Juste les faits et les réactions, les attitudes, les réflexions qu'ils engendrent.

Comment réagir face à ces actes ? Dans une société hypersexualisée dans laquelle les jeunes sont baignés, quelle attitude adopter pour les conscientiser ?

Ce sont des enfants. Oui. Mais ces enfants sont le reflet d'un monde d'adultes. Peut-être que certains de leurs comportements ciblent les failles de ce monde ?

La question n'est pas de pointer du doigt le coupable idéal. Ce n'est pas une accusation. Il s'agit ici de lancer des pistes de réflexion pour éviter ce genre de choses, ou encore guérir de l'irréparable.

La deuxième partie s'est fortement démarquée pour moi. Une plume absolument superbe sert le questionnement d'Emma, sa réalité et la violence qui l'a accompagnée. Certains passages sont à épingler, d'une pureté absolue.

Une lecture dont j'ai encore du mal à parler aujourd'hui tant elle regorge de choses à penser, à débattre, à dire. Je vous la conseille vivement !
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