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1954. Ruanda-Urundi. Consolée, jeune métisse, est arrachée à sa mère à l'âge de sept ans. Elle est placée dans un orphelinat à Save, qui regroupe tous les mulâtres et mulâtresses du coin afin de les "civiliser".
2019. Quelque part dans le Sud-Ouest de la France. Ramata, cinquantenaire sénégalaise en pleine reconversion professionnelle, effectue un stage en art-thérapie dans un EHPAD, la résidence "Les Oiseaux". C'est là qu'une des pensionnaires, Astrida Papailiaki, attirera son attention : atteinte de la maladie d'Alzheimer, cette dame en a oublié son français et baragouine une langue que personne ne comprend. de fil en aiguille, Ramata finit par comprendre qu'elle n'a de belge et de grec que ses prénom et nom. Elle est en fait l'une de ses enfants métis qui ont été expatriés en Belgique à la veille de la décolonisation...

Beata Umubyeyi Mairesse, grâce à "Consolée", évoque un pan de l'Histoire encore trop peu connu de nos jours, celui des destins des enfants dits mulâtres ou mulâtresses, nés d'un père Blanc et d'une mère Noire, qu'on a arrachés à leur famille maternelle et réunis dans des "colonies scolaires pour enfants mulâtres", des orphelinats pour enfants qui ne sont pas orphelins... Rejetés par les Noirs car pas assez noirs, rejetés par les Blancs pour leur peau trop foncée, ces enfants n'ont leur place nulle part, ils dérangent. Rassemblés dans ces colonies, ils passent plus inaperçus... À la veille de la décolonisation, on ne sait qu'en faire, certains sont expatriés en Belgique, adoptés ou employés, en fonction de leur âge et de leurs savoir-faire.

Consolée, dont on est prévenu dès le départ qu'elle est un personnage fictif, fait partie de ces enfants. L'autrice nous conte son histoire, de la séparation d'avec sa mère et son grand-père à son arrivée dans cet EHPAD où elle se perd à petit feu. Sa vie, très mouvementée et souvent terrible, nous est pourtant racontée tout en douceur et sensibilité. La plume de l'autrice se veut poétique, enchanteresse, mélodieuse, à l'image des chants et vols des oiseaux que Consolée guette sur son banc en solitaire. J'ai été subjuguée et conquise immédiatement.

Le contexte historique (histoire du Rwanda/Burundi, décolonisation, génocide) est plutôt bien développé. L'autrice aborde également d'autres sujets tout aussi appétents, tels que l'appel à la main d'oeuvre étrangère dans les années 1970, les difficultés d'intégration au sein d'une population qui ne les accepte guère, les difficultés qui se présentent aux générations suivantes, toujours considérées comme des immigrés et donc comme des étrangers. Elle évoque également le manque de personnels dans les EHPAD, le peu de temps accordé à chacun des pensionnaires, le manque de reconnaissance pour les uns comme pour les autres.

Quels que soient la période ou le lieu où se déroulent les événements, quel que soit le personnage auquel est consacré chacun des chapitres, tout est parfaitement bien emboîté.

Pas de suspense ici, on sait et comprend quasiment tout assez tôt. Mais il n'est aucunement utile pour nous tenir en haleine : le personnage de Consolée, qu'elle soit toute gamine ou bien plus âgée, est attendrissant, très attachant, et suffit à nous garder éveillés du début à la fin. L'histoire de Ramata, issue d'une famille d'immigrés sénégalais, est également intéressante.

Un roman merveilleusement bien écrit, percutant, bouleversant, captivant.

Un joli coup de coeur !
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Il est des rencontres aussi imprévisibles qu'inattendues mais qui ne pouvaient que se faire. Lorsque Ramata entre aux Oiseaux pour y effectuer un dernier stage en art-thérapie, métier qu'elle a choisi d'exercer après son burn out , sa vie est sur le point de basculer mais elle ne le sait pas encore.
Son regard est attiré par une femme esseulée, plus claire de peau qu'elle . Madame Astrida est une femme discrète, dont la mémoire a vacillé et qui s'exprime de plus en plus difficilement en français, ressort de son passé une langue que nul dans l'EPHAD ne comprend. Qui donc est cette femme? quel est son vécu? ..
En cherchant à mieux connaitre Astrida, Ramata va être amenée à affronter les non-dits enfouis de son arrivée en France, des regards que tous ont porté et portent encore sur elle, Petit à petit le voile se lève sur une enfant Consolée en 1954 , métisse , qui a été retirée à sa mère rwandaise , placée dans une institution religieuse à Save , ce sera ensuite la guerre , le rapatriement en Belgique..
Un roman puissant qui retrace les vies de ces deux femmes, des parcours à la fois similaires et différents, un roman qui touche, émeut, informe et offre à chacun matière à une réflexion salutaire et indispensable.
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Magnifique roman qui met en scène 3 points de vue pour reconstituer un puzzle de destins disséminés. Les voix de femmes retracent leur histoire familiale et leur migration, l'écriture dévoile une nostalgie du pays d'origine et la violence de l'adaptation. On y lit les conséquences d'une France et d'une Belgique colonialistes . Ce livre est un voyage polyglotte entre les époques et les francophonies, le Rwanda et la Belgique, le Sénégal et la France pour présenter l'importance de la mémoire et du respect de celle-ci.
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J'avais beaucoup apprécié son précédent ouvrage Tous les Enfants dispersés , et Beata Umubyeyi Mairesse m'a ravie avec son dernier livre . Elle a le sens des titres et les deux titres proposés sont tellement beau .
Nous sommes à nouveau au coeur de l'Afrique et de ses caractéristiques avec le destin de Consolée , petite fille mulâtre , qui n'est ni blanche ni noire . Elle subira le choix des adultes en quittant sa famille pour se rendre dans un orphelinat , spécialisé pour ces enfants avant de rejoindre la Belgique .
Surtout , on la retrouve à la fin de sa vie dans une maison de retraite , en France . Une intervenante africaine - s'intéresse à son cas car Consolée oublie le français et parle une langue inconnue . Un belle histoire d'entraide , d'amour .
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Ramata est une femme dans la fleur de l'âge qui effectue un stage comme art-thérapeute à l'EHPAD Les Oiseaux afin d'achever sa formation de reconversion après un épuisement professionnel dans son précédent poste à responsabilité.

Son père ayant émigré du Sénégal, les soignantes imaginent qu'elle saura comprendre ce dialecte que marmonne madame Astrida, une résidente métisse de la structure qui reste isolée la plupart du temps, engluée dans les fils d'un passé qui s'émiette au fil des jours, à observer les oiseaux dans le ciel.

Aidée de Claude la psychologue de la structure, une autre déracinée, elle tâchera de retracer le parcours de vie de cette résidente désormais isolée et de comprendre ce qu'elle dit. le récit d'une vie qui nous emmènera en 1954 au Rwanda alors sous tutelle de la Belgique, où la jeune Consolée vient d'être enlevée à sa mère pour être confiée à une orphelinat catholique qui regroupe tous ces enfants mulâtre, comme pour expier ce pas de côté des hommes blancs sur la chair noire.

Ce fût un sacré voyage que ce roman, tant dans l'histoire familiale de Ramata elle-même que dans le passé de Consolée/Astrida du Rwanda jusqu'à cet EHPAD. de belles histoires, parfois tristes et douloureuses mais toujours pleines de lumière et d'optimisme, que j'ai adoré découvrir en même temps que la plume de cette autrice.

📖 Consolée de Beata Umubyeyi Mairesse a paru le 17 août 2022 aux éditions Autrement. 368 pages, 21€.
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C'est toujours un plaisir de lire Beata Umubyeyi Mairesse, de faire la connaissance de ses personnages, d'essayer de comprendre leur vision de cette Europe parfois trop présente dans des contrées lointaines.
Consolée, arrachée à sa mère, placée dans une institution pour « Mulâtres » afin de déculpabiliser le royaume belge en donnant une éducation européenne aux enfants nés de pères blancs.
Rebaptisée Astrida… Ne perd-elle pas tout cette fillette, son grand-père, ses histoires, sa langue, sa maman, et même son prénom ?
Ramata, immigrée de la première génération, qui ne fait pas de bruit, se fond dans le décor, fait des études brillantes, qui un jour, à trop vouloir être parfaite fait un burn-out et se reconvertit en art-thérapeute.
J'ai aimé que Ramata parte à la découverte de Consolée, qu'elle découvre le passé si riche de cette vieille dame à qui on a imposé une maison de retraite sans âme.
J'ai aimé que Ramata nous parle de son enfance, de son père, de sa famille et de sa vision de « Lafrance ».
Des évènements tragiques mis en évidence par la douceur de l'écriture. Une belle lecture !
J'ai aimé l'écriture si poétique de Beata Umubyeyi Mairesse.
Lien : https://leslecturesdejoelle...
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Un roman d'une infinie humanité. Une écriture fluide. de beaux messages délivrés.

L'auteure nous permet à travers les histoires de Consolée et de Ramata, une immersion dans la vie, les difficultés, le sentiment d'abandon ou d'appartenance d'immigrés africains.

Cette rencontre entre une art-thérapeute en reconversion professionnelle et une vieille dame métis est l'occasion de revenir sur le passé colonial de la Belgique (et par détours de la France) au Ruanda Burundi. J'ai beaucoup appris sur le
sort des enfants « mulâtres » dans la première partie du XXe siècle.

J'ai aimé les descriptions des paysages, de la faune et de la flore africaine, de même que certaines traditions.

Le roman est également l'occasion de se questionner sur la manière de traiter nos aînés dans les Epadh, la transmission des histoires familiales pour que ceux qui nous quittent ne soient pas, à jamais, exclus de nos vies. Garder traces de notre passé familial pour le transmettre à notre tour à nos descendants, c'est aussi ça l'Histoire.
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Je n'sais plus qui je suis ici-bas, mais je suis la petite fille qui…
Ramata est en reconversion, anciennement cadre dans une collectivité territoriale, elle a fait un burn out. Elle choisit de se reconvertir pour travailler au coeur de l'humain, donc elle pratique l'art thérapie.
En stage dans un Ehpad du Sud-Ouest, elle fait la connaissance avec une dame isolée, atteinte d'Alzheimer, elle marmonne dans une langue inconnue de tous.
Ramata étant noire, immédiatement ses collègues pensent qu'elle parle peut-être la même langue.
Préjugés basiques qui ont la vie dure.
« Elle parle à peine et quand elle le fait c'est la moitié du temps incompréhensible. Elle oublie petit à petit le français et nous sort des trucs dans une langue inconnue. Peut-être que tu arriveras à la comprendre toi, tiens ! Si ça se trouve elle parle ton dialecte. »
Ramata sait immédiatement qu'elle veut faire le lien avec Madame Astrida, elle se dit qu'elle veut « prendre langue » avec cette grande dame un peu voûtée. Elle se rapprochera de Claude Mouret psychologue de l'établissement, un lien très fort se fera entre elles.
Le lecteur sera immergé dans le fonctionnement de ces établissements pour vieux, mais sous la plume de l'auteur, des constats en évitant les pesanteurs.
Claude apprendra à Ramata, que Madame Astrida a commencé à perdre la langue française au profit de son dialecte, lorsque Paola, sa seule amie dans l'établissement, a été expulsée faute de moyens financiers suffisants.
Nous lecteurs, nous entrons dans ce puzzle et progressons à reconstituer des vies.
La voix de Consolée en 1954, vibre aujourd'hui des hurlements de ce pensionnat de Sauve, où une petite fille mulâtre était soustrait à sa famille pour être matée dans cette institution.
Ramata et Astrida sont aimantées par l'histoire, au sens de magnétisme mais aussi dans le sens amour de son prochain.
Beata Umubyeyi Mairesse nous dit avec intelligence et finesse cette résonnance entre l'histoire coloniale et les générations suivantes, les traumatismes des non-dits. Il faut tisser le lien entre passé et présent pour mettre en phase. Ne pas dire c'est irriguer les traumatismes des enfants d'immigrés.

Le passé n'est jamais passé et ne pas dire fait que le passé reste coincé, il ne passe pas et ne passera jamais.
Ces établissements de fin de vie, regorgent d'histoires individuelles qui ont fait l'Histoire.
Un roman finement analysé, une écriture envoûtante qui sait dire les musicalités différentes selon l'époque évoquée.
Une histoire dans une langue qui tisse le lien entre les personnages et les lecteurs. Pas besoin d'être d'une génération exilée pour se sentir concerné.
Au moment de partir, oui, au moment de mourir, cet oubli de la langue d'une vie pour retrouver la langue de la page vierge que chacun a été. Ici c'est la langue, mais cela peut être autre chose. Se draper de la virginité de l'enfance avant de…
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/08/25/consolee/

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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L'auteur, métisse, est née au Rwanda mais arrive en France après le génocide rwandais ; C'est son deuxième roman après «  tous tes enfants dispersés ».

le roman se construit à deux voix sur deux époques différentes.

Consolée,petite fille mulâtre dans les années 50 au Rwanda, colonie belge,est séparée de sa mère et envoyée dans un orphelinat , l'Institut Save, ou les autorités rassemblent tous les enfants métis de la région . Ils y sont élevés à la mode européenne et ne revoient que très peu leurs parents biologiques.
Au moment de l'indépendance du pays, ils seront rapatriés en urgence en Belgique et adoptés sur place.

On rencontre Ramata en 2019, la cinquantaine, immigrée sénégalaise installée dans la région bordelaise depuis son enfance ayant fait de brillantes études , devenue cadre mais en reconversion dans l'art-thérapie. Elle effectue un stage dans un Ehpad ou elle est attirée par une résidente Astrida, métisse, atteinte d'Alzeimer et ne parlant qu'un dialecte inconnue . Elle va essayer , d'une part de la comprendre et de retisser son passé qui semble trouble.

L'auteur nous offre un roman riche et complexe , sur le colonialisme et l'immigration.

Elle retrace le parcours de Consolée, prise au piège du colonialisme, suite à la couleur de sa peau. En effet, les colons , supérieurs par rapport aux indigènes, ne pouvaient tolérer ces enfants métisses et les ont parqués de force dans ces orphelinats, en effaçant toute culture rwandaise ( on leur change même leurs prénoms). Certes ils ont été éduqués mais à quel prix car déracinés en Belgique par la suite . Malgré une énorme documentation, l'auteur nous propose un récit fluide, émouvant et si poétique à travers les récits du grand-père de Consolée qui l'accompagneront toute sa vie.
Ce texte est un écho aux enfants de la Réunion séparés de leur famille et ramenés en métropole en Creuse, scandale dévoilé , il y a quelques années en France.
Les années 50 de Consolée sont racontées sous forme de pensées intimes de celle-ci, pleines de candeur, d'incompréhension, de tristesse et de fraîcheur d'un enfant de 8 ans.

A travers le personnage de Ramata, l'auteur évoque la période d'immigration des anciennes colonies comme le Sénégal d'où arrive le père de Ramata , venu seul au début pour travailler dans une usine automobile à Bordeaux. Toute la famille suivra et les enfants devront s'intégrer du mieux possible , «  sans faire de vagues » comme dit son père. On ressent la difficulté de cette nouvelle génération à trouver une place, le besoin d'être reconnue française et assimilée, les confrontations aux attentas de 2015 et le ressenti des enfants de Ramata, le racisme toujours présent.

Autre sujet fort du livre : la place de nos aînés dans les Ephad, leur prise en charge, le manque de personnel ; les difficultés de communication avec les résidents touches par la maladie d'Alzheimer.
Dans ces types de pathologie, le retour à la langue maternelle arrive souvent chez les personnes immigrées rendant la communication difficile avec les soignants, isolant un peu plus les vieillards.
Ce thème abordé est fort intéressant.

Un livre entre le Rwanda , le Sénégal et l'Europe que l'on savoure avec beaucoup d'émotions . le parcours de ces deux femmes nous questionne sur la filiation, la transmission et la place de chacun dans nos sociétés multi-culturelles.
Superbe couverture !

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Un EPAHD dans la région bordelaise. Ramata, la quarantaine, y fait un stage pour valider sa reconversion de en artherapie, après une carrière de cadre modèle et un burn-out qui l'a fait s'interroger sur le sens de sa vie. Ramata y remarque une résidente, Astrida à la peau mate, que la maladie d'Alzheimer prive peu à peu de langue française, au profit d'une autre langue de son passé. Elle cherche à reconstituer son parcours...

Le texte alterne les souvenirs de trois femmes : Ramata, née au Sénégal, qui a tout fait pour devenir une française comme les autres ; Consolée, petite "mulâtresse" dans le Rwanda des années 50, qui vit une petite enfance heureuse dans la famille africaine de sa mère, avant de leur être retirée par ordre de son père blanc pour être élevée dans une pension pour ces enfants du péché ; Astrida, enfermée dans ses souvenirs et dans l'EPAHD. Trois parcours qui se rejoignent, disant la beauté du monde, et la douleur d'être ni d'un continent, ni d'un autre, étrangère partout. L'écriture, légère est très agréable et fait de ce texte une belle réflexion sur l'intégration, au travers de divers personnages dont les conceptions différent. C'est également un beau texte sur les derniers moments de la vie.
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