Le livre refermé, des images et des mots reviennent sans cesse.
Le Rwanda, Butare, Hutus et Tutsis, 1994, 1,000,000 de morts
Les jacarandas violets, disparus en quelques années, symboles de l'Afrique et pourtant originaires d'Amérique du sud, importés par les européens.
Les européens, belges, français, colons certes, éducateurs également, tous méchants ? Tous bons ?
Une famille rwandaise composée de … femmes Anastasia, l'arrière grand mère, peu bavarde, sa fille Immaculata qui pérore en français et en kyniarwanda, mais que la mort de son fils Bosco, choc insurmontable, rendra muette avant que son petit fils Stokely ne lève la malédiction . Au milieu, Blanche, la fille métisse d'Immaculata et d'Antoine qui sera sauvée du massacre et s'échappera de Butare pour vivre à Bordeaux et épouser Samora, autre métis révolté.
3, 4, 5 personnes se répondent, s'apostrophent, se haïssent et se réconcilient, avec douleur et douceur, difficulté et échecs répétés, font appel à leurs souvenirs, aux secrets tellement bien tenus cachés que leur révélation laisse pantois, mais debout, toujours debout, forte et fragile en même temps ; forte, car ce sont les femmes qui sont fortes dans ce livre, elles font face à tout, certes elles ne font pas la guerre, ne tuent pas, donnent même la vie, parfois la leur ; les hommes tuent, massacrent, font assaut de cruauté parfois décrite au coeur des massacres, font preuve de lâcheté, se rebellent contre les forces au pouvoir, contre leurs mères et .. meurent, ou s'effacent.
Un livre magnifique par ses phrases poétiques, les images si réelles qu'on pourrait les peindre, l'analyse pointue des relations mère /fille, les ressentis de l'une et de l'autre et la guerre larvée entre elles que seul l'éloignement apaisera, aidé en cela par le petit fils au nom de panthère noire qui redonnera la voix à sa grand mère et sa place à sa mère.
Ejo hier et demain , enfin réunis.