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4,02

sur 223 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Blanche revient au Rwanda auprès de sa mère, Immaculata, et de son frère, Bosco, après avoir fui le pays au moment du génocide de 1994. Mariée à un Antillais, elle est à présent maman d'un petit garçon métis, Stokely. Au sein de la maison familiale de Butare, elle espère pouvoir enfin entendre la voix de cette mère si secrète. C'est une forme de dialogue silencieux qui se met en place, alternant les points de vue de Blanche, D'Immaculata et d'un narrateur omniscient qui pourrait figurer cette troisième génération qu'est Stokely. Sous une pudeur et avec une retenue trompeuse les deux femmes dévoilent leurs doutes et leurs douleurs, Immaculata tournée vers Bosco, ce fils qui n'est jamais vraiment revenu de la guerre et Blanche, fragile et maladroite devant le besoin d'identité de son propre fils.
L'incipit est tout simplement magnifique. Les mots ont été travaillés, les phrases ciselées, j'ai tout à coup entendu la pluie tomber sur la tôle des toits de Butare. Beaucoup de sujets de débats féministes actuels sont soulevés par Beata Umubyeyi Mairesse, et cela tout en délicatesse. En parallèle, l'horreur du génocide n'en est que plus prégnante et s'imprime littéralement dans nos esprits. Les métaphores utilisées par l'auteure sont enivrantes, oniriques presque.
Magnifique.
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Comment trouver des mots - baume pour rafistoler l'histoire d'une famille meurtrie , à la mémoire si douloureuse?

Ou plus encore ,ce que lui lègue les déchirures d'un passé tapi en embuscade, un amour aux sentiments camouflés ,amour filial éclaboussé de secrets à travers le génocide des Tutsi ,au Rwanda , en 1994 ?

Comment réparer , recoudre l'inconcevable, l'inimaginable ?

Retrouvailles pulvérisées, retrouvailles de coeurs en lambeaux ......

Tout au long de ce premier roman magnifique qui porte la voix de trois générations : une mère: Immaculata qui n'a jamais quitté le pays aux mille collines et a toujours gardé le silence sur l'origine de ses deux enfants, une fille : Blanche, partie vivre à Bordeaux après avoir fui le génocide des Tusti de 1994, un petit- fils : Stokely l'auteure apprivoise les silences , le poids des non - dits destructeurs, les sources d'incompréhension , la lourde tension qui menace l'unité de cette famille profondément blessée., violence extrême , absurde, complexe entre Hutus et Tutsis , ravages des conflits guerre, , massacres , tourbillon de l'histoire rwandaise , atrocité ....

Ce récit polyphonique soulève avec des mots justes , forts, poétiques, le couvercle du chagrin.
L 'auteure offre une alternance de points de vue tout à fait intéressante , s'y ajoutent des thèmes puissants comme la question de la maternité, le courage des mères à travers des portraits touchants,——-une ode en fait à ces mères donneuses de vie——la filiation, le racisme et le colonialisme ——l'identité , les difficultés liées au métissage——-

Le tissage fragile de ces trois voix , superbe, intime, sensible, âpre , la langue importante qui peut blesser, diviser, éloigner , les silences lourds, la résilience , la révélation , la libération vont de pair avec ces liens intenses parfois violents entre les femmes de cette famille , : «  Une famille qui ne se parle pas est une famille qui meurt » ,la fin de l'ouvrage donne de l'espoir , heureusement , la vérité se trace un chemin à travers le dialogue entre une grand - mère et son petit fils....

Un livre à la beauté rare, douloureuse , dépaysante sans complaisance , ni misérabilisme.
Bouleversant , éblouissant , pétri d'humanité , sublimé par le style caressant , exotique , ( proverbes rwandais ) , parfois rude aussi .
Une pépite littéraire !
«  Vous êtes revenus vivants mais tout avait changé » .
«  le chagrin ne tue pas , il abîme » .
«  le silence est mon seul bouclier » .


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Il est rare pour moi de suivre un écrivain dans sa progression. J'ai plutôt lu les écrivains quand ils étaient déjà renommés, et ne lisais ensuite leurs premiers romans qu'après avoir découvert leurs oeuvres majeures. Grâce à Babelio et à la Masse critique, j'ai pu découvrir Beata Umubyeyi Mairesse par son recueil de nouvelles Lézardes, qui m'a poussé à lire ensuite son premier recueil Ejo. J'ai pu ainsi découvrir une auteure au style précieux, qui a le talent d'exprimer le non-dit, le secret, les sous-entendus. Une écriture que j'aime à dire simple dans la complexité.

Lire son premier roman était donc une évidence, qu'un cadeau de mon épouse me permet de réaliser. Je m'y suis attelé, impatient de découvrir comment elle avait pu à la fois préserver et faire évoluer sa phrase dans un exercice au plus long cours.

Elle a tout d'abord eu l'intelligence de choisir un sujet autobiographique, car quand on affronte un exercice tel que le roman, il est plus simple de s'atteler au sujet que l'on connait le mieux. On sent que quelques détails différent de la vérité, on peut même en vérifier certains (Beata a fui le Rwanda à 15 ans, l'héroïne de son roman à 20). Elle nous permet ainsi de nous plonger dans l'imaginaire, tout en faisant de nombreux clins d'oeil à la réalité (dans l'analyse du nom kynarwandais de son personnage par exemple).

Ma plus grande attente (et donc forcément un peu crainte) était lié au style que j'avais adoré dans les nouvelles et que je souhaitais retrouver intact dans le roman. Là encore, l'auteure a su, en adoptant des chapitres "points de vue" où elle raconte l'histoire depuis le prisme d'un des trois personnages principaux - la grand-mère, la mère, le petit-fils - adapter sa narration pour préserver ses mots.

On retrouve donc cette danse autour du sens, qui utilise de nombreuses figures de style pour rendre l'innommable. Le roman est un peu construit en spirale, on ne fait qu'effleurer les sujets de loin au début, comme des endroits douloureux qu'il ne faut pas aller fouiller. La forme romanesque force l'auteure à finir par y aller plus en profondeur vers la fin, là où la nouvelle lui permettait de rester dans la suggestion. Mais on retrouve à chaque moment ces précautions, cette légèreté qu'elle a su diffuser dans ses précédentes oeuvres et qui restent pour moi sa marque de fabrique.

J'ai aimé aussi retrouver cette simple complexité dans les sujets abordés. En effet, du livre autobiographique d'une Rwandaise exilée, on serait tenté d'attendre un récit centré sur le génocide. L'auteure recadre son lecteur: la vie est bien plus complexe que cela. Toutes ces victimes du génocide ont eu une vie avant, et les rescapés ont une vie après, Ejo, (mot signifiant à la fois passé et futur en kinyarwanda) résume bien ce choix. Bien sûr que le génocide a tout bouleversé, mais rien n'était simple avant. Les sujets abordés sont donc multiples: la transmission, les rapports entre les générations, le racisme, l'identité, la recherche des origines pour mieux comprendre son histoire.

La simplicité est beaucoup plus complexe qu'on ne croit, la complexité finalement mieux retranscrite par la simplicité d'une phrase qui sait la saisir par des envolées poétiques qu'on ne sent pas arriver, et des retours à une dure réalité sans recherche de vengeance, sans animosité, avec simplement l'envie d'être un passeur de maux. Rien n'est totalement triste ou mauvais, comme la dispersion de ses enfants qui peuvent ainsi germer et donner de beaux fruits porteurs d'espoir.
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Ce livre m'a été conseillé par ma médiathèque, autrement je n'aurai jamais eu l'idée de le lire. Et je serai passée à côté d'un récit bouleversant et d'une grande beauté. Ce qui est assez paradoxal puisqu'il raconte la vie d'une famille rescapée du génocide rwandais. L'écriture est belle, jamais crue, jamais dans la description des atrocités vécues, mais avant tout dans l'émotion et dans la recherche de reconstruction et de vérité. C'est un livre bouleversant d'humanité. Je recommande fortement.
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J'avais eu la chance de rencontrer Beata Umubyeyi Mairesse à la sortie de son premier recueil de nouvelles, Ejo: nous étions un petit groupe venu assister à sa lecture, on avait pu parler, elle travaillait alors comme infirmière en Gironde et écrivait quand elle pouvait, d'où le format "nouvelles". Elle espérait pouvoir continuer à écrire.
Quelques années plus tard, voici son premier roman et une belle surprise: son écriture s'est densifiée, on sent immédiatement un vrai travail sur les mots, les phrases, le sens. Là où, dans Ejo, elle parlait de l'avant et de l'après génocide rwandais sans plonger en son coeur, ici elle prend son courage à deux mains et prend le génocide dans toute son ampleur, toute son horreur.
Blanche, Tutsi et sa contemporaine à quelques années près, a quitté précipitamment le Rwanda avec un convoi français lorsque les massacres perpétrés à Butare s'approchent de sa petite ville. Elle laisse sa mère sur place et son frère, parti se battre.
Quelques années plus tard, elle revient une première fois mais les relations ne sont pas faciles. D'abord parce que sa mère et son frère sont traumatisés de ce qu'ils ont vu et vécu, de tous les disparus qu'il a fallu retrouver, de tous les cadavres qu'il a fallu enterrer, de la violence sans nom qu'ont été ces massacres entre voisins, amis, tout cela au nom de la différence ethnique. Mais aussi parce que Blanche, par son père français (qu'elle n'a jamais connu) et son exil en France, se retrouve du côté des Français, ceux qui n'ont rien empêché, ceux qui ont fermé les yeux, ceux dont le gouvernement a même encouragé le massacre pour des questions de diplomatie politique.
Sur trois générations - Immaculata, la mère, Blanche, la fille et Stokely le fils né en France - se dessine le lourd héritage rwandais entre Hutus, Tutsis et colonialisme. le tout en moins de 250 pages consciencieusement ciselées et évitant toute démagogie.
Ce premier roman confirme que l'auteure a l'étoffe d'un grand écrivain qui a beaucoup à dire sur l'altérité, l'expérience personnelle face à L Histoire, les enjeux familiaux face aux tragédies, les différences culturelles et la (re) construction identitaire.
En cette année de triste commémoration, c'est un roman important et émouvant sur l'histoire rwandaise.
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Blanche, née d'un père français et d'une mère rwandaise, a réussi à fuir le Rwanda juste avant le génocide des Tutsis de 1994. Maintenant installée en France et mère d'un petit garçon, elle se remémore ses souvenirs et son retour au pays pour tenter de renouer avec sa mère Immaculata. Comment se construisent une vie, une culture, des racines ? Peut-on oublier, pardonner quand on a vécu même de loin l'horreur absolue ?

Quel beau livre que ce Tous tes enfants dispersés au titre issu d'une citation de la Bible, qui synthétise à la fois le courage d'une mère et la douleur de l'exil. Dès les premières pages, le ton si juste, le récit si original de l'auteure nous donne envie de savoir la suite et de découvrir l'histoire de ces 2 femmes, Blanche et Immaculata, dont les paroles se répondent au fil des chapitres. C'est un tout petit roman et pourtant si riche et si profond que j'ai souvent eu envie d'arrêter ma lecture, de ralentir, de savourer chaque ligne et chaque phrase, tellement l'auteure trouve le mot juste, la formule parfaite pour résumer un sentiment, une situation, dire tellement en si peu de mots.

Un tout petit roman et pourtant tellement riche, brassant de si nombreux thèmes, l'air de rien, sans y toucher : l'exil et la douleur d'avoir dû quitter son pays, d'être à tout jamais une étrangère ici et là bas, les racines, celles que l'on hérite de ses parents, celles que l'on se construit, celles que l'on possède sans même le savoir comme le jeune Stokely, fils de Blanche, né en France et pourtant tellement attaché au Rwanda ou celles que le mari de Blanche se donne, lui qui est né en France d'un père martiniquais qu'il n'a jamais connu et qui veut à tout prix cultiver son héritage en glorifiant les grands héros noirs de la lutte pour l'indépendance ou contre la ségrégation. Un tout petit roman qui reste toujours pudique, qui refuse de faire du sensationnalisme ou de déclencher l'émotion facile avec l'horreur du génocide et qui pourtant par quelques courtes phrases arrive à dire l'abomination, la violence destructrice, la culpabilité des survivants et le fait que rien, jamais ne pourra être pareil. Plus que tout c'est un roman qui arrive à être lumineux et rempli d'amour avec des thèmes aussi forts et graves, à nous passionner pour l'histoire de deux femmes "ordinaires" presque banales si ce n'est qu'elles ont croisé l'indicible.

Tous tes enfants dispersés est une lecture qui marque et un livre que j'aimerais relire pour en profiter et le savourer maintenant que je sais tout de l'histoire de Blanche et Immaculata et que tous les mystères ont été résolus. Une très belle découverte et j'espère un premier roman qui en appellera de nombreux autres tant l'auteure possède une plume hors du commun !
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Blanche a fui le Rwanda en 1994, à la demande de sa mère, Immaculata, puisqu'elle a les papiers nécessaires pour le faire : elle est en effet la fille d'un blanc, dont elle ne sait que peu de choses. Immaculata, quant à elle, reste, attendant son fils Bosco, né d'une autre union, aux origines également tues, parti rejoindre les forces du pays pour se battre. C'est par l'intermédiaire de Blanche, de sa mère, et également de Stokely, fils de Blanche qui naîtra bien plus tard en France, que l'histoire de la famille nous sera contée, à partir du retour de la jeune femme chez elle, à Butare, pour revoir, enfin, sa mère et son frère, de nombreuses années après son départ.

Ce retour signera le début des révélations, faites au compte-gouttes, pour la jeune femme, quant à ses origines, à celles de son frère, à ce qui s'est réellement passé durant le génocide auquel elle a échappé. Révélations progressives, parfois délicatement concédées, parfois brutalement assénées lorsqu'il n'est pas possible de taire ou d'atténuer la violence qui en est à l'origine, dans tous les cas magnifiquement transmises via une plume sensible, à la rythmique souvent poétique, qui choisit ses mots pour donner toute sa force d'évocation à ce qui a été, pendant si longtemps, tu, dans la famille.

Révélations qui permettront à la jeune femme de mettre des mots sur son statut d'exilée franco-rwandaise, de donner corps à ce qu'elle n'a pas vécu, pour mieux comprendre ceux qu'elle a laissés, malgré elle, de permettre, enfin, à son fils, de connaître son histoire. Et à travers l'histoire de la famille, en partie autobiographique, qui nous est ainsi narrée, c'est la mémoire du génocide rwandais qui se rappelle à nous, magistralement.

Superbe roman en somme, que j'ai trouvé d'une grande justesse, et que j'ai lu d'une traite.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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C'est l'histoire d'une famille marquée par le génocide des Tutsi, au Rwanda en 1994, un génocide perpétré par les Hutu, qui allait faire un million de morts en quelques mois.
Immaculata la mère et Blanche la fille qui a été envoyée en France avant les événements, tentent de renouer le dialogue sans réussir pour autant à se dire l'essentiel...
La mère restée au pays ne doit sa survie qu'à un libraire qui l'a cachée dans sa cave.
Bosco, le frère s'est enrôlé dans l'armée de rébellion. Il en est revenu meurtri lui-aussi...d'avoir vu les horreurs de la guerre et ce que l'homme est capable de faire à son semblable.
L'incompréhension est totale quand elles se retrouvent après plusieurs années de séparation.
Blanche culpabilise de n'avoir pas pu être là, près de sa famille, de ne pas avoir vécu les événements traumatisants, de n'avoir pas vu l'horreur, la famille et les proches couverts de sang...Immaculata, elle, s'est enfermée dans le silence.
La maison est pourtant toujours debout, les odeurs, les couleurs, le banc, sous le jacaranda en fleurs, sur lequel son frère et elles s'asseyaient pour écouter les histoires que leur contait leur mère et avant elle leur grand-mère.
Comment réparer les coeurs abîmés quand la séparation a creusé un tel fossé d'incompréhension ?
Peut-on rassembler ceux que l'histoire a dispersés ?
Comment reprendre la vie là où on l'a laissé, lorsqu'on en a commencé une autre, ailleurs ?
Comment Blanche peut-elle expliquer à Stokely, son fils né en France, ce que sa grand-mère a vécu au Rwanda ?
Il faudrait d'abord qu'elle même arrive à le savoir...
Car il n'y a pas que la guerre qui a marqué les esprits, il y a aussi tous les non-dits qu'Immaculata n'a jamais voulu leur révéler sur leur père respectif.
Le père de Bosco était un démocrate hutu, emprisonné puis assassiné alors qu'Immaculata était enceinte, celui de Blanche, un français expatrié obligé de quitter précipitamment le pays...

Voici un premier roman émouvant qui mérite qu'on s'intéresse de près à cette jeune auteure franco-rwandaise.

C'est un roman choral bouleversant qui donne la parole à chacun des personnages, chacun expliquant son propre point de vue et s'adressant à un de ses proches. Il met en avant trois générations qui cherchent à se comprendre...et tentent de réunir leur coeur "en lambeaux" (presque quatre en fait, car Immaculata nous parle aussi de sa propre mère).
Dans ces pages, l'auteur ne parle que très peu du génocide. Si vous voulez en apprendre davantage sur cette page noire de l'histoire, passez votre chemin.
Mais le génocide est bien présent dans chacun des personnages puisqu'il y a un avant, et un après. Tout est dans l'émotion, le ressenti, les non-dits, dans les blessures non refermées, simplement étouffées...
C'est donc un roman plutôt intimiste sur le traumatisme, sur l'importance de la transmission pour les générations futures, pour savoir d'où on vient, trouver un sens à sa vie, se construire une identité métisse qui permette de découvrir sa propre voie (voix), faire la paix avec le passé...et trouver sa place dans le monde d'aujourd'hui.
"Tous tes enfants dispersés" est le début d'une prière et devient ici le roman de tous les exilés, ceux qui ont quitté leur pays et qui tentent de se construire entre deux mondes, entre deux cultures, entre deux langues...

L'auteur, née à Butare au Rwanda en 1979, a survécu au génocide des Tutsi.
Elle trouve ici le ton juste pour nous parler de ces vies coupées. Sa plume poétique et emplie de sensibilité est une belle découverte.
Ses nouvelles que je n'ai pas encore lues "Ejo" et "Lézardes", parues en 2015 et 2017, ont reçu le Prix François-Augiéras, le Prix de l'Estuaire et le Prix du livre Ailleurs.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Il est parfois difficile d'écrire la critique d'un roman qu'on a beaucoup aimé parce qu'on veut convaincre qu'il faut le découvrir sans pour autant dévoiler son charme.
Alors je dirai simplement que j'ai beaucoup aimé ce roman dans lequel toute l'histoire ne se devine que par les sous-entendus des personnages. L'écriture de l'auteure est surprenante de simplicité qui masque toute une complexité, celle de raconter une histoire émotionnellement intense mais tout en sobriété. Tout au long de ma lecture j'ai été impressionnée par le talent d'écrivain de l'auteur. On sent qu'elle raconte une histoire très personnelle, qui lui tient beaucoup à coeur, mais ce roman ne prend pas la forme d'une confession comme on pourrait s'y attendre.
Trois générations, la grand-mère, la mère et le petit-fils esquissent le destin du peuple rwandais. L'auteure alterne ces trois points de vue permettant ainsi au lecteur de bien saisir les différents thèmes abordés, leur importance et l'influence qu'ils ont sur les personnages.
Bien sûr, le génocide des Tutsi au Rwanda est présent mais ce n'est pas un roman qui aborde frontalement ce thème. Et c'est ce que j'ai beaucoup aimé. Il n'est jamais raconté brutalement, mais il sert de toile de fond et il transparaît en filigrane dans toute l'histoire.
Je ne veux pas en dire plus si ce n'est que je ne peux que vous conseiller de découvrir ce court roman et de vous laisser séduire par l'écriture poétique et pleine de justesse de son auteure.
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Il y a des livres, comme celui-ci, qui se reçoivent comme une offrande et se savourent, davantage qu'ils ne se racontent.
Le plaisir commence dès la couverture, aux motifs africains hyper colorés, montrant une femme, sa fille et son fils. Une famille, rassemblée en apparence, même s'il manque le(s) père(s).
Rwanda. Un mot effrayant, tant il est encore synonyme dans mon esprit de barbarie, de sang versé. Rien de plus atroce qu'une guerre civile, quand d'anciens amis / voisins / collègues, se mettent du jour au lendemain à devenir ennemis et à s'entretuer durant cent jours.
Mais le talent de l'autrice a su rendre un sujet douloureux, difficile, en une très belle histoire de filiation, de transmission, d'identité, d'amour, de résilience, de la vie dans toute sa complexité.
Enchevêtrement des monologues de la mère Immaculata et de sa fille Blanche, pensés ou écrits, mais non dits, car la parole est devenue trop difficile, même impossible pour Immaculata. le chagrin a mis un couvercle dans sa gorge. Immaculata s'adresse à son fils perdu, Blanche s'adresse à sa mère ; ce n'est pas encore un dialogue. Il faudra du temps, et l'amour d'un enfant de la génération suivante, pour que les mots sortent enfin.
Je trouve particulièrement approprié et émouvant que l'autrice cite « L'innommable » de Becket : « Il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer, il faut dire des mots, tant qu'il y en a… ». Des mots, certains doux et d'autres rugueux, pour rassembler, recoudre une histoire de vies déchirées, dispersées.
Un texte enchanteur, captivant, limpide, superbement écrit, avec des formules que l'on a envie de garder, de citer. Magnifique.
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