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4,01

sur 223 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
«Retrouvailles de coeurs en lambeaux»

Dans ce beau premier roman de Beata Umubyeyi Mairesse une famille séparée par le génocide rwandais essaie de renouer les liens distendus au-delà des générations et des silences et d'oublier les fantômes qui la hante.

1997 à Butare, au sud du Rwanda. Blanche revient dans ce pays qu'elle a quitté trois ans plus tôt. C'est l'histoire de ses retrouvailles avec sa famille que nous raconte Beata Umubyeyi Mairesse dans ce premier roman à forte densité dramatique. Car les mots ne veulent plus sortir, les liens sont trop distendus. Car chacun combat d'abord ses propres fantômes.
Immaculata, la mère de Blanche, a perdu ses maris. le père de Blanche est un ingénieur français qui a filé en métropole sans demander son reste, laissant son épouse et ses deux enfants – elle a aussi eu un fils avec Damascène, un Hutu qui est parti à Moscou – affronter les mois plus difficiles de son existence. Elle parviendra à confier sa fille à des expatriés évacués par l'armée belge tandis que son fils Bosco part au front pour défendre son pays. Durant trois mois, elle vivra terrée dans une librairie avant que son fils ne vienne la sortir de cet enfer.

En reconstituant le puzzle familial, on se rend bien compte combien leurs trajectoires différentes les ont éloignés les uns des autres. Tout tes enfants dispersés est bien le roman de l'incommunicabilité. de la mère avec ses enfants, du frère avec sa soeur, du petit-fils avec sa grand-mère. Même si l'on sent bien qu'une âme innocente comme l'est Stokely, peut être le premier à dépasser les non-dits, les peines intérieures, les rancoeurs et les préjugés érigés au fil des ans. Stokely est le fils de Blanche et de Samora, un métis comme elle, rencontré à Bordeaux et avec lequel elle a eu envie de se construire une nouvelle vie.
Mais avant que l'enfant ne puisse s'exprimer et rendre la parole à sa grand-mère, il devra lui aussi franchir quelques obstacles. Né avec un frein de langue trop court, il devra être opéré. Baptisé par erreur Kunuma (qui se traduit par «se taire ou devenir muet»), il lui faudra devenir Kanuma («petite colombe») et apprendre le kinyarwanda pour s'ouvrir de nouveaux horizons.
Racontée à trois voix, cette histoire d'exil et d'oubli, de culpabilité et de pardon, de colonisation et d'accueil, de deuil et de naissance est aussi celle de femmes qui doivent apprendre à trouver leur voie – leur voix – dans un monde où les hommes entendent les soumettre, y compris en s'appropriant l'histoire et en la transformant. Bosco veut par exemple faire de sa soeur la complice des blancs chez qui elle habite désormais et dont le comportement durant le génocide fut loin d'être exemplaire.
Un thème que l'on retrouve dans le formidable roman de Yoan Smadja, J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi, et qui montre aussi combien les cicatrices sont difficiles à effacer, combien il est difficile de surmonter certains traumatismes.

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Butare, Rwanda.  Nous sommes en 1997, trois ans après le génocide.  Blanche, qui vit à Bordeaux avec son mari et son fils, revient pour la première fois au pays depuis les massacres de 1994, pour y revoir sa mère Immaculata (peut-être les pages qui m'ont le plus intéressée) et son frère Bosco. du fait de sa double nationalité, elle a pu être évacuée en France au moment du génocide, contrairement à sa mère et à son frère qui ont été des témoins plus directs des événements. Tout y était pour que ce roman me plaise, la construction chorale, la qualité de l'écriture, les thèmes abordés, l'envie de me faire parler du génocide rwandais et de la fracture sociale qui en a résulté, abordée d'un point de vue intrafamilial, et pourtant, un certain ennui m'a accompagné tout au long de ma lecture. Je m'attendais à plus de fracas alors que l'auteure semble vouloir nous ménager. Comme il s'agissait de son premier roman, je reste curieuse de ce qu'elle a écrit par la suite.
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Blanche est née au Rwanda, et depuis 1994, vit à Bordeaux où elle a fondé une famille. Immaculata, sa mère, vit toujours dans son pays, avec ce qu'il lui reste de famille. Quant à Stokely, le fils de Blanche, il ne connaît pas le Rwanda de sa mère, ni sa grand-mère. Leurs trois voix interviennent tour à tour pour tenter de renouer le lien familial, distendu par l'éloignement. Il y a aussi la présence muette de Bosco, le frère de Blanche…
Je ne sais pas si cela vient d'une lecture un peu trop fragmentée ou inattentive, mais j'ai ressenti une certaine difficulté à entrer dans le roman, et à me situer dans la chronologie au début… Blanche est-elle revenu au Rwanda une seule fois en 1997 ou une autre fois ensuite, et raconte-t-elle un ou deux retours ? À partir du milieu du roman, j'ai pris mes marques et trouvé la fin très belle, et justifiant le chemin un peu ardu pour en arriver là.

Si j'essaye de voir ce qui m'a tenue à distance, cela vient sans doute de ce que j'ai pas mal lu sur le thème de l'exil et qu'au début, ce texte ne m'a rien apporté de plus par rapport à ces autres lectures, de même que sur le thème des relations mère-fille. Par contre, tout ce qui concerne le génocide de 1994 au Rwanda, et les traumatismes qu'il a engendrés, garde une force terrible par rapport aux autres sujets abordés.
J'ai noté aussi que ce qui concerne les noms (Blanche, Immaculata) ou la signification des prénoms dans la langue maternelle des deux femmes m'a semblé un peu lourdement appuyé, leur donnant un poids trop important dans le cours des vies. Par contre, lorsque l'auteure insiste sur le thème de la parole, ou des langues, cela se justifie, et présente un aspect très intéressant du roman.
Si je suis passée par des hauts et des bas avec ce roman, que cela ne vous empêche pas de le lire si le sujet vous intéresse et que vous en avez l'occasion !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Lu en avant première de la rentrée littéraire.
Sortie officielle aujourd'hui.
Alors que dire de ce roman ?
Il ne va pas être très aisé pour moi de donner un avis éclairé car je suis ressortie très mitigée de cette lecture.
L'écriture est belle, l'histoire intéressante mais seulement voilà, je m'attendais à une lecture instructive, pensant apprendre des choses concernant le génocide rwandais et je suis restée sur ma faim.
Il est en fait plutôt question d'un roman sur l'importance des racines et de la famille.
J'ai beaucoup aimé cependant les descriptions du pays.
La verve est poétique mais beaucoup de choses m'ont échappées. Je ne suis pas certaine d'avoir tout compris dans ce roman.
Je le relirais peut être un jour une seconde fois.
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Ce récit nous emmène au Rwanda, plus précisément au moment du génocide des Tutsi en 1994.

Trois voix prennent la parole, trois générations qui ont été disséminées par la distance et les événements.
Immaculata a pu survivre malgré le génocide, en restant terrée dans une cave pendant trois mois. Sa fille, Blanche, a fui le Rwanda et s'est exilée en France où elle s'est mariée et a donné naissance à un fils.
Après plusieurs années, Blanche retourne sur sa terre natale. La mère et la fille vont devoir se réapprivoiser, estomper les meurtrissures de l'esprit, de l'âme et du coeur de chacune pour renouer les liens. La complicité intime qui va naître entre Immaculata et son petit-fils sera un baume apaisant et réconfortant.

Un récit très proche de la biographie, touchant, intime, qui montre l'importance de nos origines et leur impact moral pour chacun de nous.


Challenge ABC 2020 – 2021
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Ce livre a été choisi aujourd'hui comme l'un des quatre finalistes du Prix Richelieu qui sera décerné en 2021. Ce prix est décerné à un auteur qui écrit en français, langue qu'il a apprise et qui n'est pas sa langue maternelle.
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Née d'une mère rwandaise et d'un père polonais, Beata Umubyeyi Mairesse a grandi à Butare, au sud du Rwanda. Lors du génocide des Tutsi, elle échappe à la mort. En passant par le Burundi voisin, Beata et sa mère arrivent en France le 5 juillet 1994. Hypokhâgneuse elle a publié des recueils de nouvelles et de poèmes avant d'écrire son premier roman, Tous tes enfants dispersés, édité chez Autrement et sélectionné par les 68 premières fois.

Peut-on réparer l'irréparable, rassembler ceux que l'histoire a dispersés ? Blanche, rwandaise, vit à Bordeaux après avoir fui le génocide des Tutsi de 1994. Elle a construit sa vie en France, avec son mari et son enfant métis Stokely. Mais après des années d'exil, quand Blanche rend visite à sa mère Immaculata, la mémoire douloureuse refait surface. Celle qui est restée et celle qui est partie pourront-elles se parler, se pardonner, s'aimer de nouveau ? Stokely, lui, pris entre deux pays, veut comprendre d'où il vient.
Ode aux mères persévérantes, à la transmission, à la pulsion de vie qui anime chacun d'entre nous, Tous tes enfants dispersés porte les voix de trois générations tentant de renouer des liens brisés et de trouver leur place dans le monde d'aujourd'hui.

Sur fond de génocide, Tous tes enfants dispersés mêle les voix de la grand-mère, la fille et le petit-fils pour raconter la tragédie rwandaise et ses conséquences psychiques, sur l'identité et la construction de soi. Rescapée du génocide Tutsi, la fille, Blanche, une métisse, a fui et vit à Bordeaux. Quelques années plus tard, elle rebrousse chemin et se rend dans son village d'enfance pour se confronter à ses fantômes et au silence de sa mère.

Loin d'être un énième livre sur le génocide, Tous tes enfants dispersés est avant tout un roman qui raconte comment la Grande Histoire impacte les liens du sang, comment elle disperse les membres d'une famille, comment elle conduit à la perte d'identité et à l'absence de transmission des traumatismes entre les générations. Au fil des pages, grâce aux mots et à la littérature, aux allers-retours entre passé et présent, ici et là-bas, les maux, les rancoeurs s'estompent, la famille semble être reprisée.

La plume de Beata Umubyeyi Mairesse est aérienne, poétique. La description de son pays natal, de son village est aussi flamboyante que ce jacaranda sous lequel mère et fille tentaient de prendre racine. Pour autant, je ne suis pas parvenue à m'ancrer à cette famille, à me laisser embarquer par la musicalité des mots de l'auteure. Je leur suis restée étrangère.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Je ne parlerai pas du fond de ce roman, vous en avez tout dit ou presque et, vu la note, il a été apprécié. Je dirai simplement un mot sur la forme.

Comme tant d'écrivains Beata Umubyeyi Mairesse, souvent emportée par un élan lyrique, semble croire qu'en parsemant son récit d'images colorées, de métaphores hardies, de métonymies culturelles etc...elle va tirer le lecteur hors de lui, saisi par tant de beauté poétique. Mais c'est souvent le contraire qui se produit...et alors c'est à mdr ! A preuve, ce passage qui aurait -dit-on - tant ému les surfeurs de Lacanau qu' ils s'en récitent des extraits au moment où, au sortir de l'onde, ils « regardent, sans le voir, mourir le soleil d'or. »

Je cite : « Ils vont lui montrer l'océan Atlantique, les plages sans fin, les vagues immenses sur lesquelles des jeunes gens glissent, en équilibre sur des planches, comme autant de virgules reliant entre elles les phrases de l'eau. »  Ah la belle image que voilà ! On en est littéralement transporté! L'autrice devrait se faire sponsoriser par la fameuse marque à la virgule ! .
D'ailleurs, les virgules, elle les aime bien Beata ; elles apparaissent, sous forme de métaphores, à plusieurs reprises dans son livre, mais pour ce qui est de leur utilisation – et de la ponctuation en général – je lui conseillerais de lire ces quelques lignes, qu'en toute humilité, notre BHL national leur consacre dans Comédie (p.40).

« Je n'ai jamais pu commencer mes livres autrement que par la ponctuation : la taille des paragraphes ; la place des points et des virgules ; pas encore les mots, non, ni vraiment le sens, mais le moment, presque l'endroit ou le sens va expirer (« point »), haleter (« virgule »), souffler un peu, mais sans perdre haleine (« point-virgule »), reprendre souffle au contraire, conjurer, surtout si la phrase est longue, le risque d'essoufflement et s'élancer de plus belle à partir d'une nouvelle inspiration (beauté du « tiret » ! mais attention ! À l'expresse condition de n'être jamais suivi d'une virgule!)… »

Vous aurez compris que, plus qu'une critique, cet article n'a d'autre prétention que de vous tirer un moment de la morosité ambiante, le temps de sa lecture.
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Blanche est métisse. Elle a pu fuir le Rwanda en avril 1994 grâce à ça, poussée par sa mère qui elle va rester et tenter de survivre à cette folie avec son plus jeune fils.
Blanche va tenter de trouver son père avec qui elle n'a plus de contacte depuis sa plus jeune enfance. Malheureusement elle arrive trop tard son père est décédé. Elle va tout de même réussir à s'intégrer et à faire sa vie en France.
Pendant ce temps, sa mère et son frère qui ont survécus aux massacres poursuivent leur existence à Butare.

A la veille d'être mère elle aussi, Blanche rentre au Rwanda retrouver les siens et tenter de renouer le fils de leur vie commune.

Le livre n'est en rien larmoyant, l'écriture est très poétique. Les relations entre la mère et la fille ne sont pas simples mais elles vont tenter un petit pas l'une vers l'autre aider par la 3e génération qui va les réunir.

Une belle part aussi sur les racines, si difficiles à conserver de si loin à travers à la fois Blanche bien sur mais son mari aussi.

Un merveilleux roman sur la résilience, la transmission et les liens forts et parfois violents et difficiles entre les femmes d'une mêmes famille.

Un magnifique premier roman très sensible.
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Une histoire très touchante même bouleversante. On vit l'impact des évènements sur la vie des 3 personnages principaux, la répercussion sur la construction adulte, les choix de vie conscients et inconscients. La transmission innée ou non à son enfant. Cette douceur au milieu de la violence et aussi cette volonté de ne rien oublier mais en continuant à vivre en ne faisant émerger que le positif.
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