Et surtout ne te retourne pas...

Avec l'âge, la passion s'était émoussée. Je suis devenue plus réservée et j'ai perdu de mon intransigeance. Je me suis mise à éviter les grandes discussions politiques que j'avais tellement aimées. Désormais, les disputes religieuses, morales, existentielles me mettaient mal à l'aise. Il y avait tellement d'avis différents et tellement de gens sûrs de leur fait. Au fil du temps, j'en suis venue à me dire que le monde était d'une complexité impossible à démêler, que les divergences étaient souvent inconciliables, et j'ai perdu le goût de batailler.

Elle parlait toujours du bonheur comme d'une loterie dont elle attendait de remporter le gros lot. Alors que, pour lui, le bonheur n'était qu'une affaire de point de vue sur la vie.

- Une femme mûre se doit de porter des bijoux. Plus ils sont gros et mieux c'est, aime-t-elle à dire. Elle a gagné le droit de les porter et ses bijoux sont une distraction quand sa beauté s'en va. Je ne suis peut-être plus jeune, mais au moins je suis riche. C'est déjà ça.
Voilà ma mère dans toute sa splendeur.

Elle parlait toujours du bonheur comme d’une loterie dont elle attendait de remporter le gros lot. Alors que, pour lui, le bonheur n’était qu’une affaire de point de vue sur la vie.

J'avais compris que tout ce qui nous semblait solide et immuable pouvait disparaître du jour au lendemain. C'était une réalité de la vie et non une illusion surgie de l'esprit .... Tout ce qui est solide et pesant dans notre vie est fait de millions de particules en mouvement qui nous donnent l'illusion de la permanence. Mais toute matière posède une tendance naturelle à se désintégrer. Certaines choses partent simplement plus vite que d'autres et de façon plus inattendue ...

- As-tu la moindre idée de ce que cela signifie d'être parent ? m'avait-il demandé.
Une question absurde, à laquelle j'avais néanmoins répondu.
- Oui, je crois que c'est arrêter de vivre pour sa seule petite personne et avoir la chance de découvrir une autre sorte d'amour.



[pour mes 3 enfants, aujourd'hui adultes :)]

Un calme étrange m'avait envahie, un peu comme si mon cerveau avait disjoncté. L'organisme humain peut encaisser une certaine dose de douleur, de peur et de chagrin, au-delà de ce seuil nos circuits menton se mettent en état de black-out. C'est le moyen qu'a trouvé notre psychisme pour surmonter les traumatismes, m'avait expliqué un psychiatre que j'avais interrogé dans le cadre de mes recherches pour la rédaction d'un de mes romans. Je comprenais mieux maintenant ce qu'il avait voulu dire.

Nous savons tous ce qui cloche dans nos vies, même si nous choississons de ne pas le voir.

- Tu te sers des mots comme d'un poignard, m'avait-il lancé un jour. Suis-je un ennemi pour toi ? Vas-tu me pourfendre parce que je ne les manie pas aussi bien que toi ?
- Et toi, tu t'en sers comme d'une massue. Tu les assènes pour imposer ton point de vue.

Ce sont les gens dont la vie est la plus inintéressante qui disent les pires méchancetés sur ceux qui font quelque chose de leur temps.