AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,82

sur 70 notes
5
9 avis
4
13 avis
3
8 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une découverte et un dépaysement complets avec ce premier roman d'une illustratrice danoise , de renom [mère norvégienne et père same] qui narre justement l'enfance d'une petite fille,née , elle, d'un père norvégien et d'une mère same. Cette communauté same , plus connue chez sous le terme de "lapone"...

Dans la note préliminaire du traducteur, Jean-Baptiste Coursaud, nous
apprenons que ce terme "Same" est péjoratif, issu du substantif "lapp" signifiant "haillons" , "lambeaux"; il désigne en réalité l'habit traditionnel porté par les Sames....


"Nomades à l'origine, les Sames ont de fait été victimes, par les nations sur lesquelles s'étendent leurs terres (tant par l'administration que par l'église d'état), d'une assimilation forcée qualifiée par eux-mêmes de
génocide culturel, un ostracisme qui prend fin après 1945. " (p. 7)

Risten passe sa petite enfance (jusqu'à ses 7 ans) chez les Sames, peuple autochtone, tout au nord de la Norvège, entre ses parents qui se déchirent, et une grand-mère ancrée dans les traditions les plus profondes des Sames,
et qui ne cache pas son rejet de son gendre, qui a le plus gros défaut à ses yeux: il est Norvégien, comme un ennemi avant tout !

Risten adore sa grand-mère comme elle aime ses parents, même si elle est plus proche de son papa et qu'elle ne saisit pas la froideur maternelle !

Un jour, le père, pour échapper à cette ambiance mortifère et protéger sa petite-fille de la folie de sa belle-famille, part vers le Sud du Danemark vivre avec sa nouvelle amie...Pour atténuer cette séparation brutale, le
père précise à son enfant que ce départ n'est que momentané, pour des vacances !

Risten ne reverra plus sa grand-mère vivante, et sa mère, elle la retrouvera 20 années plus tard, lorsqu'elle en fera elle-même la démarche... arrivant, pour ces retrouvailles tardives, avec son petit garçon...

Une très émouvante évocation d'une enfance déracinée, et une description passionnante d'une communauté méconnue, et singulièrement sacrifiée !

Une très intéressante lecture, qui semble posséder des échos nombreux dans la propre vie de l'écrivaine.
Je vais aller chercher le contenu des illustrations de cette illustratrice et auteur de BD....Là aussi peut-être l'univers de son enfance lapone a dû transparaître dans ses "oeuvres graphiques" ... Car au fil de ce roman, on
voit cette petite fille, le crayon et le papier à dessin, pour "croquer" en permanence son environnement, par passion, besoin instinctif et irrépressible, mais aussi pour amadouer et se faire pardonner, à l'occasion, des uns et les autres.


In-fine, un très court lexique de quelques termes "sames" spécifiques !!

A peine retrouvée, Risten revient à Copenhague et apprend le suicide de sa mère, condamnée par un cancer...
... après un suspens particulier, un secret de famille se dévoile... La véritable filiation de Risten... Je ne vous en dirai pas plus !...

Une auteure ... qui j'espère poursuivra, en dehors de sa carrière d'illustratrice, l'écriture....A suivre fort attentivement !

"Le premier hiver au Danemark, Kirsten se rendit compte qu'elle échappait ainsi à l'un de ses pires cauchemars: les auréoles boréales. Ici, les nuits étaient uniquement noires et constellées d'étoiles. Parfois éclairées par la lune, elle-même de temps en temps pleine. Autrement dit, des nuits supportables". (p. 103)




Commenter  J’apprécie          370
Une fois n'est pas coutume, les éditions Gallmeister proposent à leurs lecteurs un voyage en Scandinavie, ça change des grands espaces américains. Mais les grands espaces sont quand même là, qu'on se rassure. Nous sommes en Norvège du Nord puis au Danemark.

La Norvège du Nord est une terre peu peuplée où l'on dénombre plus de rennes que d'humains. Mais des humains sont quand même là depuis des temps quasi immémoriaux : les Sames et les Kvènes, des peuples lapons nomades et éleveurs qui font figure de minorités sur un territoire où s'inscrit pourtant toute leur histoire.

Une histoire basée sur de belles légendes, gravées dans la mémoire des femmes du pays [tiens, ça me rappelle la magnifique chanson "Marie-Jeanne Gabrielle" de Louis Capart, fin du hors-sujet].

Kirsten, la jeune héroïne de ce roman initiatique a passé sa petite enfance au sein de sa famille same, sur les genoux de sa grand-mère qui lui a transmis oralement les traditions fantastiques et folkloriques du peuple de sa mère - qui a commis l'offense impardonnable de se marier à un Norvégien d'Oslo. Kirsten grandit donc avec la crainte incessante que des créatures non-humaines et souterraines viennent l'enlever pour l'entraîner de force dans les entrailles de la terre.

Cette éducation peu commune aura sur son développement d'enfant puis d'adolescente des conséquences telles qu'elles rendront sa nouvelle vie au Danemark, où son père refait sa vie en l'emmenant avec lui, plutôt difficiles en termes d'intégration. Kirsten, en plus de devoir apprendre une nouvelle langue, se sentira toujours à part, tout comme "Niels", le jeune réfugié vietnamien hébergé par sa belle-mère. Une complicité intime et profonde unira les deux enfants déracinés et exilés, chacun en quête d'une figure maternelle perdue dans un passé flou ou fantasmagorique.

"Et voilà tout" est un premier roman ; on a du mal à le croire tant le roman est bien structuré, bien écrit (et bien traduit), tour à tour coloré et angoissant. Surprenant. C'est un récit qui explore beaucoup de thèmes intéressants comme l'identité, la nationalité, le rattachement culturel, la mutation des civilisations, les flux migratoires et surtout les rapports entre enfants et parents.

Une belle découverte qui change agréablement des polars scandinaves qui se vendent à la tonne, prouvant ainsi que quand un éditeur veut bien s'en donner la peine, il peut ne pas céder à la facilité et dénicher des pépites.


Challenge TOTEM
Challenge ENTRE DEUX 2023
Challenge PLUMES FEMININES 2023
Challenge MULTI-DEFIS 2023
Commenter  J’apprécie          353
Risten est née d'une mère same et d'un père danois. Elle vit ses premières années dans le nord de la Norvège avec ses parents et surtout sa grand-mère, son Ahkhu, qui lui apprend à avoir peur des sous-terriens et autres créatures maléfiques en tous genres et des aurores boréales. Elle grandit bercée par les histoires terrifiantes de sa grand-mère auxquelles elle croit dur comme fer. Quand le couple de ses parents bat de l'aile, son père l'emmène "en vacances" au Danemark. Elle ne retournera dans sa région natale que 20 ans plus tard. Un roman très intéressant sur le mensonge sous toutes ses formes. Les adultes sont montrés sous un angle peu flatteur. Les légendes de la grand-mère terroriseront la petite Risten pour toujours, le père pense que sa nouvelle femme fera oublier la mère, la mère ne donne plus signe vie et la belle-mère est attentionnée mais franchement barrée. Risten grandit sans le soutien des adultes, dans la peur des esprits maléfiques qui guettent. Heureusement, elle rencontrera Niels, son ami pour la vie, avec qui ils vont faire les quatre cent coups. Malgré un fond lourd, beaucoup de scènes de ce roman sont drôles, car les enfants sont plein de ressources. Une belle histoire, avec une fin inattendue.
Commenter  J’apprécie          90
J'suis un peu sur le cul tu sais.

Et voilà tout explore les difficultés que les personnes rencontrent lorsqu'elles sont déracinées de leur culture et de leur communauté, ainsi que les conséquences de la colonisation et de la perte des traditions ancestrales.

J'ai un peu eu du mal à rentrer dans les cinquante premières pages (ce qui est peu), mais pas parce que c'était mauvais, juste que j'avais eu l'impression de lire cette histoire mille fois autre part.

Et vraiment sorti de nulle part, le roman sème quelques petites patates de ci de là, composées du ressenti du personnage principal, des détails de son passé qui font que.

Que putain ça fonctionne grave ! Ça m'a légèrement fait penser à Homo Sapienne de Niviaq Korneliussen qui pour moi est un excellent roman sur ce sentiment de rejet en tant qu'autochtone.

C'est traité de manière différente, dans un autre contexte, avec des thématiques propres aux tripes de Maren Uthaug, mais le fait est que ça prend direct le pas, et une fois entamé, j'ai à peine posé le livre pour faire une pause ou deux.

C'est de la quali en pas beaucoup de pages, et ça c'est vraiment BG si tu veux touts avoir !

Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          50
Risten est l'enfant de plusieurs mondes. Elle vit au Nord de la Norvège, en territoire same (lapon). Son père est norvégien, sa mère same. Cette dernière apparaît froide et plutôt brutale dans ses relations, et dans une position de rejet à l'égard des traditions de son peuple. Ce couple se déchire et s'agresse au long des jours et des nuits, dans une ambiance de malheurs, de folie, et de non-dits. Risten est livrée à elle-même. Cela évoque chez le lecteur l'image d'ue enfance très carencée, sans nourriture affective (ou si peu...). Pourtant, Risten trouve deux piliers un tant soit peu solides( en comparaison à l'inconsistance du couple parental): sa passion pour le dessin, et la relation tendre à sa grand-mère maternelle. Celle-ci, au fil des soirées, lui transmet des bribes de la culture orale de son peuple. On est néanmoins navré de lire qu'il s'agit essentiellement de superstitions terrorisantes: le peuple souterrain qui oeuvre à enlever les petits humains avec moultes ruses, et les rituels qui aident à s'en prémunir. Je dis reconnaître que j'attendais autre chose de cette évocation de la culture same, une dimension poétique, un lien particulier à la nature. Néanmoins, malgré cette déception, l'oeuvre m'a énormément plu, car en se déployant l'intrigue s'est avérée riche et profonde.
A l'issu d'une énième dispute, le couple se sépare, et Risten part avec son père vivre chez la nouvelle compagne de celui-ci, au Danemark. Il apparaît bien vite que si sa belle-mère est plus affectueuse que sa mère, elle n'est pour autant pas attentive à la personne de Risten, à ses émotions et ses désirs. Il s'agit pour la jeune femme de la quête d'une image de mère idéale d'un enfant qui serait vierge de toute histoire. Il apparaît que cette femme manque singulièrement d'empathie, et demande à Risten de combler ses propres besoins. Ainsi Risten doît abandonner son prénom pour en adopter un danois, appeler la nuvelle venue maman, et ne plus parler de son enfance en Norvège. Par bonheur, Risten noue un lien fort à un garçon vietnamien, accueilli par sa belle-mère. Les deux enfants, coupés de leurs racines et ne recevant pas de réelle attention de la part des adultes, vont se construire un monde qui leur est propore, le monde secret, inspiré des légendes same contées par la grand-mère, et déployer des comportements de plus en plus étranges et heurtants pour les adultes. Il en résultera plusieurs crises graves.
Nous retrouvons Risten à l'âge adulte, devenue mère. Trouvant auprès de son conjoint le courage de partir à la recherche de ses racines, et au terme d'une enquête difficile, découvrira enfin les causes de la froideur de sa mère et du naufrage du couple de ses parental.
C'est un roman sombre, magnifique, qui traite avec justesse et subtilité de problématiques familiales complexes.
Commenter  J’apprécie          40
Risten est née d'une mère same (nous dirions lapone, mais j'ai appris que cet adjectif était péjoratif car le mot vient de haillons) et d'un père norvégien, Knut. Jusqu'à ses sept ans, elle vit auprès d'eux et de sa grand-mère maternelle, Ahkku. Celle-ci lui transmet, sans que les parents en prennent conscience, toutes les croyances dont elle est pétrie concernant notamment l'existence de redoutables êtres sous-terriens dont seul le port d'objets en argent peut vous prémunir et le terrible danger que représentent les aurores boréales, qu'il ne faut surtout pas essayer de regarder. C'est avec ce singulier bagage que Risten quittera les rivages sames en suivant son père au Danemark, lorsqu'il décidera de partir y vivre avec sa nouvelle compagne, Grethe, perdant ainsi, jusqu'à l'âge adulte, tout contact avec sa vraie mère.

« La petite fille et le monde secret » est la chronique dépaysante et non linéaire (quelques allers-retours entre présent et passé) de la vie de Risten, devenue Kirsten en version danoise (une langue aux accents différents et qui lui résistent, ne facilitant pas son intégration à son nouvel environnement), de son enfance à ses trente ans.
Rien d'ordinaire dans ce récit d'apprentissage, où les préoccupations de Kirsten, acharnée à se garder des sous-terriens, passent complètement inaperçues de ses parents pourtant affectueux mais incapables de comprendre cette enfant secrète, volontaire et toujours en train de dessiner. Il faut dire que Knut se soucie surtout de ses flatulences et du physique attractif de Grethe. Quant à celle-ci, elle déborde d'amour au point de finir par s'entourer de sept cockers qu'elle gave de fromage. Elle héberge aussi Niels, jeune émigré vietnamien, qui devient le meilleur ami de Kirsten et découvrira incidemment le monde adulte en feuilletant les magazines de Knut ou en l'observant lorsqu'il s'isole dans la salle de bains.

Le ton est enlevé et, malgré la rugosité du fond (la vie des sames en général et celle de Kirsten en particulier n'est pas un long fleuve tranquille), la narration chaleureuse et non dénuée d'humour, avec des situations parfois cocasses et des personnages hauts en couleurs. On quitte Kirsten en se disant, quelle que soit l'amertume qui se dégage de son parcours et du dénouement, qu'elle va pouvoir avancer dans sa vie de femme et que celle-ci sera belle.

Lien : https://surmesbrizees.wordpr..
Commenter  J’apprécie          40
Encore une magnifique voyage dans la collection TOTEM.

Maren Uthaug nous embarque dans son univers en Norvège du Nord, chez les Same (ou Sami). La justesse de son écriture m'a posé la question de la part autobiographique du roman? L'auteur étant elle même issue d'un mariage mixte, son père était Same.

Il est question de déracinement, de préjugés, d'occidentalisation, toujours, des derniers peuples traditionnels..

A travers la relation de Risten avec sa grand-mère Àhkku, nous découvrons les croyances et superstitions de son peuple, auxquelles elle restera attachée toute sa vie ..

En somme, un très beau livre sur la famille, les racines, une très belle écriture sur fond de paysages du grand nord, j'ai dévoré !
Commenter  J’apprécie          30
C'est sensible et souvent drôle, et voilà pas tout.
C'est tendre et sauvage
C'est l'histoire d'un déracinement, de pertes, vue à hauteur d'un enfant aux cheveux ébouriffés, qui dessine le monde qui l'entoure.
Bienvenue chez les Samis et chez les Kvenes. Attention on ne dit pas lapons, c'est très péjoratif.
Si toi aussi tu ignores tout des dangers des aurores boréales, des attaques des sous terriens et des moyens de s'en protéger, ce beau petit roman tout frais et tout glacé est pour toi. Avec en guest star religieuse : Laestadius
Commenter  J’apprécie          30
Au départ, je me suis méfiée de ce livre, parce que je trouvais que la quatrième de couverture en disait trop, et en plus, je n'aimais pas certains aspects de l'intrigue. J'ai finalement décidé de le tenter. Il m'a plu, parce qu'heureusement, les choses sont plus complexes que ce que j'imaginais. Malheureusement, je n'ose pas trop donner d'indices ici quant à la complexité de l'intrigue... Au début, l'autrice nous fait comprendre quelque chose. Cet élément ne m'a pas plu, et j'ai râlé après le personnage qui en était au centre. Il est impossible de penser que Maren Uthaug fait croire quelque chose de faux à son lecteur, voilà pourquoi je pestais.
[...]
Lire la suite sur:
Lien : https://www.lalivrophile.net..
Commenter  J’apprécie          30
Risten-Kirsten est la fille d'un norvégien et d'une Same (peuple autochtone scandinave dont le destin fait écho à celui des amérindiens).
A l'âge de sept ans, son père l'expatrie au Danemark où il refait sa vie avec Grethe.

Coincée par une belle mère envahissante, un père soumis et soucieux de tuer dans l'oeuf toute étincelle de discorde, elle s'évade dans le dessin et la profonde amitié qu'elle noue avec un petit réfugié vietnamien.
Devenue mère à son tour, elle reprend contact avec sa génitrice. Un retour aux sources qui lui réserve bien des surprises.

Une ambiance à la Audur Ava Olafsdottir, l'humour en plus.
Un vent de liberté souffle sur ce texte rythmé, solidement charpenté et particulièrement drôle à l'occasion.
Un premier roman maîtrisé et agréablement surprenant.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (217) Voir plus



Quiz Voir plus

Etes-vous incollable sur la littérature scandinave ?

Qui est l'auteur du roman "Bruits du cœur" ?

Herbjørg Wassmo
Jens Christian Grondhal
Sofi Oksanen
Jostein Gaarder

15 questions
150 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature scandinaveCréer un quiz sur ce livre

{* *}