Citations sur L'enjeu (11)
Ta mère t’a donné la vie, le bien le plus précieux qui soit ici bas. Elle ne t’a pas abandonnée tant que ça, car en toi, il y a une part d’elle. Que tu veuilles disparaître parce qu’on t’a abandonnée, c’est comme condamner au suicide tous les veufs et les veuves, tous les orphelins, comme vouloir tuer tous les chiens errants.
Qui a décrété que la vie serait douce pour tous, qu’on la chérirait de ses bienfaits, qu’elle serait une bénédiction ? La vie est une lutte, dès le premier cri de l’enfant, dès ses premiers pleurs, pourtant l’instant suivant il se tait et profite du sein de sa mère. Que serait la félicité sans la souffrance ? Que serait le bien sans le mal ? Que serait l’amour sans la haine ? Il faut parfois se brûler pour comprendre qu’il ne faut pas toucher la flamme. La vie est parcourue de hauts et de bas, charge à nous d’alléger nos souffrances pour en apprécier ses joies.
Il insiste sur ses déceptions dans le monde hospitalier, ses envies de voyages et puis son travail ennuyeux avec les personnes âgées. Sa façon de les dépeindre me donne des frissons ; des objets incommodants et sans intérêt à l’odeur désagréable. Sa description le rend odieux. Il tente de justifier son mépris au travers du futur qui le guette et qu’il refuse d’accepter. J'essaie de lui démontrer les vertus de la vieillesse, la sagesse et la patience, la gentillesse souvent ainsi que la compassion, mais c’est peine perdue. Nous changeons de sujet, car je le vois se refermer comme une huître.
Chaque histoire se joue de façon différente, avec ses embûches et ses faux pas. Pour moi, les dés ont été pipés dès le départ avec mon abandon. Mon mal-être, étanche aux autres, calcine mes pensées dans des flammes dignes du purgatoire et des feux de l’enfer. Une douleur infernale. C’est ça, ma souffrance ne peut pas être comprise. J’ai un beau métier qui me donne satisfaction, des collègues somme toute sympathiques, comme on peut l’être quand on ne respire que pour ses projets d’étude. Je ne suis pas laide, et ma beauté taciturne se reflète au travers de traits fins et de ma peau diaphane. Je ne représente pas ce que l’on appelle un canon de beauté, mais mon charme désarçonne parfois les plus cavaliers.
J'avance lentement, évitant les pierres et les morceaux de verre, mes articulations ankylosées sont douloureuses, la peur me noue l'estomac. Je dépasse un premier montant d'acier et aperçois une forme humaine adossée à un poteau une vingtaine de mètres plus loin. A la carrure qui se dessine, il s'agit d'un homme. J'accélère le pas, je suis gelée : - Ne bougez pas j'arrive !
Vivre sans l’amour d’une mère, d’un père ; se sentir seule, non désirée, pire, abandonnée, me déchire l’âme. C’est une torture de chaque instant qui me consume à petit feu. Ce vide se dilue en vous et vous gangrène les méninges pour y glisser le néant. C’est un trou noir insatiable qui broie tout embryon d’optimisme en vomissant ses ténèbres sur la moindre de vos pensées. Ce manque vous convainct que sans espoir, il n’y a plus rien, pire, il annihile votre instinct de survie.
Ma meilleure amie m’a toujours dit que les yeux de biche soumise fonctionnent à merveille. J’en rajoute et penche un peu la tête en souriant.
Je n’ai pas de regret, ça serait à refaire, je recommencerais. La vie faut la mériter, même si pour ça tu dois détruire celle des autres, mon père n’a pas su se défendre et maintenant on galère dans la merde, tout ça de sa faute. Il n’arrêtait pas de nous répéter que la violence elle ne mène nulle part, sa non-violence l’a tué et pour ça je lui en veux !
Chez nous, l’aîné, il doit subvenir aux besoins de la famille. J’ai donc quitté l’école pour travailler. Mais un métis, il trouve pas facilement du boulot, ou alors des trucs pas très réglo. De petites magouilles en combines crapuleuses, j’ai gagné quelques dollars facilement. Mais six bouches à nourrir pour une femme de ménage, c’est compliqué, mon aide ne suffisait pas. En tout cas, pas pour moi, du coup quand on m’a proposé de vendre de la poudre, j’ai accepté. De toute façon, si c’est pas moi qui la vends, ça sera un autre.
On ne tergiverse pas avec les ordres, risque zéro.