Jean Valery
EAN : 9782842599409
104 pages
Aedis
(12/10/2018)
3.5/5
1 notes
Vois-tu Petit
Résumé :
La poésie côtoie la philosophie avec humour et tendresse, dans une âme sensible et tourmentée.
l'éternité, la malice, la peur, le mensonge, le doute, la certitude, les nuages, le vent, l'amour...
Jean Valery, "faiseur d'images", est aussi l'auteur du recueil de poésie "Hedera".
La certitude
Vois-tu Petit, j’ai rencontré la certitude en
plein midi sur une plage.
Elle brillait, elle répondait, elle démontrait,
elle postulait. Elle s’appuyait sur toutes
les sciences et elle avait raison, eh oui, et
elle avait raison de bien penser.
Alors, je lui ai dit : Pourquoi vouloir raison
à tout ? Pourquoi vouloir tout expliquer ?
Elle m’a répondu que les choses étaient
ainsi et qu’elle, elle le savait.
J’ai rétorqué : Peut-être as-tu raison mais,
même dans cette hypothèse, je pense que
tu n’as que raison…
À cet instant, j’espérais, il faut le dire,
lui inspirer la réflexion. Mais elle m’a
regardé d’un air condescendant et elle est
repartie la tête haute, les idées claires, en
grommelant : Il ne se pose pas les bonnes
questions, celui-là.
Je me suis senti bien seul, abandonné et
incompris.
Il me restait les vagues qui, sans cesse,
venaient et revenaient, un peu comme
pour me consoler.
J’ai compris ce jour-là qu’il me serait
dorénavant plus simple d’enlacer une
vague que de convaincre la certitude.
Et c’est alors que je me suis baigné.
p.51/52
Des gouttes de lumière
J’ai rencontré le charme tout au fond d’un
regard, mélange d’azur et d’invisible,
et j’ai vu Dieu sur un rivage peindre la
nuit avec des gouttes de lumière.
p.17
LES PETITS RIENS
Décidément, nos yeux voient mieux quand
ils sont clos.
J’ai toujours aimé les étoiles et j’attendais
le soir.
L’une d’entre elles était la mienne. L’avais-je
vraiment choisie ?
Et puis, le temps qui passe a effacé ces
tableaux noirs d’enfants gribouillés de
lumière.
Pourtant, un soir d’été, allongé dans l’air
tiède des rêves, je l’ai revue.
Elle était belle. Elle n’avait pas changé
et je l’ai entendue qui me disait : Vois-tu
Petit, tout laisse une trace, et même les
petits riens…
p.43
La suffisance
J’ai rencontré la suffisance, bien mise
mais le faciès fermé.
Fallait-il qu’elle fût bien plantée sur ses
pieds tant sa tête haute et quelque peu
déjetée en arrière, semblait lourde de
science et de savoir.
Je ne la connaissais pas.
La courtoisie me l’a présentée.
Elle ne m’inspirait pas, mais je lui ai tout
de même serré la main.
Qu’elle était molle et moite cette poignée
de main !
p.77
Sept ans
J’avais sept ans.
J’avais soufflé, soufflé sept bougies…
Et il m’a fallu souffler très fort.
Je crois me souvenir que c’est alors qu’est né
le vent…
p.17