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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Roman de François Vallejo. Texte non corrigé à paraître le 28 août 2010.

Marthe, Sabine et Judith "étaient trois et partageaient trois habitudes: s'accorder d'un coup d'oeil, se taire au même moment et parler toutes à la fois." (p. 9) Orphelines très jeunes, elle refusent de se soumettre à un tuteur. Marthe décide d'assumer la charge de ses cadettes. Que l'argent vienne à manquer, que la famille et l'entourage les pointent du doigt, les soeurs Brelan s'en moquent. Fières et déterminées, elles resteront ensemble: "Tant que nous sommes trois, nous ne sommes pas abandonnées. [...] Nous sommes soeurs depuis le début, ça durera jusqu'à la fin, si nous le décidons." (p. 24) de la fin de la seconde guerre mondiale à la chute du mur de Berlin, elles surmontent la tuberculose de Marthe, le mariage allemand de Sabine et la passion de Judith pour un tueur en série, autant d'épreuves qui ébranlent la puissance de leurs liens sans jamais les détruire.

Les soeurs Brelan sont trois, explicite patronyme: trois femmes, trois caractères, trois volontés, mais un même regard gris et une même voix au plus fort des divergences. Et c'est au sein de la discorde qu'elles créent qu'elles se retrouvent le plus unies. Triade féminine qui fait front commun face à la famille et face aux intrus de tous poils, les soeurs Brelan ne vivent que pour elles et par elles. Femmes indépendantes, manipulatrices habiles, elles savent préserver les intérêts de la sororité.

Le seul amour valable est fraternel et aucune des trois soeurs ne vit d'amours heureuses. Marthe ne connaît que l'étreinte furtive d'un tuberculeux en phase terminale. Sabine épouse un homme qui est tombé amoureux des yeux gris des trois soeurs. Judith s'amourache d'un violeur assassin qui refuse de la toucher. Les hommes ne sont pas les bienvenus. Les quelques personnages masculins du récit n'ont jamais le beau rôle: ils sont morts, alcooliques, soumis, pervers, etc.

La femme est au centre du texte. Avec ses trois visages, le trio Brelan couvre toutes les facettes et tous les âges de la féminité. Si Marthe incarne l'éternel maternel et se dévoue entièrement à ses soeurs, les cadettes voient plus loin et plus grand. Sabine triomphe en femme accomplie, les affaires se substituant à la sexualité. Et Judith reste l'enfant intouchée, même au plus fort de sa maturité physique, en s'enfermant dans des idéaux utopistes architecturaux et sociaux.

La grande maison conçue par le père Brelan, féru d'architecture et disciple enthousiaste de le Corbusier, est un lieu étrange. Ni villa bourgeoise ni immeuble de rapport, la demeure voulait souscrire aux idéaux de l'habitat collectif façon Cité radieuse. Elle semble plutôt un étrange labyrinthe habitée par des figures de femmes imprécises. le vaisseau fantastique des soeurs Brelan est une antique Monasix Luxe qui leur offre des virées chic et insensées.

Étrange expérience qu'ouvrir un livre sans première ni quatrième de couverture. le saut dans l'inconnu a été total, d'autant plus que je ne connaissais pas l'auteur. La découverte est un profond plaisir. J'ai dévoré le livre en quelques heures, fascinée par les trois soeurs, ces femmes de têtes qui s'émancipent et s'assument dans les Trente Glorieuses.

Un grand merci à Dialogues Croisés qui organise une opération Rentrée littéraire 2010 et aux éditions Viviane Hamy qui m'ont fait découvrir ce livre en avant-première. Je ne présage rien des chances qu'aura l'auteur de décrocher tel ou tel prix littéraire cet automne, mais j'annonce un grand coup de coeur pour ce texte en particulier et pour cette plume vive qui se déploie avec force et délicatesse.

Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Voici encore un excellent François Vallejo ! J'avais déjà beaucoup aimé "Groom" sur la peinture et le peintre Soutine, puis "Ouest", confrontation de deux hommes et de deux univers. Ici, l'auteur nous entraîne au côté d'un "brelan" de soeurs que l'on suit sur 40 ans. Soeurs aux caractères distincts mais si solidaires et fortes lorsqu'elles sont ensemble. Une belle image de la femme, des femmes quand l'image de l'homme est elle sérieusement écornée, et surtout quel style ! Comment Vallejo fait-il pour être à chaque fois si inventif et si original ? Son style s'adapte et change en fonction des romans et des histoires qu'il nous conte. Un auteur à découvrir et à suivre !
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Marthe, Sabine et Judith sont trois soeurs inséparables. Même lorsqu'elles sont éloignées les unes des autres, un lien indéfectible les unit. Orphelines, elles doivent être confiées à leur tante Rose mais elles s'arrangent pour que ce ne soit pas le cas et c'est Marthe, l'aînée, qui devient le chef de famille. Elles sont soutenues par Grand-mère Madeleine, une vieille dame encore dynamique, au rire permanent mais à la mémoire un brin défaillante. On suit donc la vie commune de ces 3 soeurs - leurs joies, leurs difficultés, leurs séparations, leurs amours – sur une quarantaine d'années.
François Vallejo signe ici une belle fresque familiale. le lecteur s'attache à ces trois femmes et à leur caractère bien trempé : Marthe, parfois accablée par son rôle de soeur aînée et de soutien pour ses cadettes, Sabine, jeune femme sérieuse et ambitieuse, et Judith, la petite dernière, rebelle et entêtée. le personnage de Grand-mère Madeleine est également très important et attachant, cette grand-mère qui essaie, à sa façon, d'aider ses petites filles et de les guider afin qu'elles soient heureuses ensemble. Dans ce roman, les hommes sont très peu présents et les soeurs Brelan mènent leur vie comme elles l'entendent, loin des conventions de l'époque.
Le style est, de plus, très agréable. Un très beau roman !
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Ce récit est mené tambour battant, pas un instant le lecteur ne s'ennuie tant l'écriture est vive, et tant les personnalités de ces soeurs hors du commun sont attachantes.

- Ces quatre femmes (j'inclue la grand-mère qui le mérite bien…) sont époustouflantes. Marthe est un exemple de dévouement qu'un petit séjour au sanatorium délivrera d'une charge trop lourde pour ses maigres épaules ; Sabine prendra le relais, prête à tout pour subvenir aux besoins de ses soeurs ; et la plus jeune, Judith, est celle avec qui « Il fallait s'attendre à tout » (p. 198), la suite de l'histoire le prouvera. La grand-mère quant à elle s'amuse follement au milieu de cette joyeuse smala, et lance souvent son rire « descendant, ferme et bref » (p.25), tout en comptant ses napoléons d'or pour les offrir à ses petites-filles, encore persuadée qu'ils seront utiles pour financer leurs folles équipées parisiennes. Leurs liens demeureront indéfectibles :
« Tant que nous sommes trois, nous ne sommes pas abandonnées. Il suffit de rester ensemble, vous ne croyez pas ? Nos sommes soeurs depuis le début, ça durera jusqu'à la fin, si nous le décidons. » (p. 24)

- L'ensemble est drôle, enlevé, un vrai bonheur de lecture.

« le plus simple serait que les soeurs Brelan acceptent la tutelle officielle de Pierre Ledru, même s'il est dirigé par sa femme.

Le jardin est beaucoup plus grand chez nous, il aurait de quoi faire pousser ses rosiers… Mais nous, on n'est pas des rosiers. » (p. 16)


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Un vrai coup de coeur
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