J’ai eu le cœur serré en pensant à la chanson de Brel - laisse-moi devenir l’ombre de ta main, l’ombre de ton chien… - Moi qui passais mon temps à fermer les yeux sur ce que les gens sérieux appellent la « vraie vie », j’aurais tant voulu soudain servir de regard à une femme comme elle.
Quant à la gestuelle des textos, elle crée dans les rues, les transports, les bureaux, une chorégraphie digitale de clones que je suis la seule à trouver grotesque. La ville est peuplée d’autistes qui parlent tout seuls sans se regarder.
L'avantage des rencontres sans lendemain, c'est qu'elles ne laissent que de jolis regrets.
Tout a un sens, pour peu qu'on ait un but.
Détruire quelqu'un, c'est tellement plus facile que de le lancer.
je sais par expérience qu'il faut se méfier des coups de foudre, mais je suis devenu brutalement amnésique en la découvrant au milieu de la foule. Hauts talons canari, minishort rouge et top turquoise, elle ne risquait pas de se faire écraser par temps de brume.N'eût été le labrador qui la guidait au bout d'un harnais, ses grandes lunettes noires seraient passées pour un accessoire de star soucieuse que son incognito se remarque. Les cheveux blond-roux maintenus par un chignon en broussaille, les seins libres sous la soie quasi transparente , un sourire de rendez-vous amoureux allongeant les bavures de son rouge à lèvres, c'était une aveugle particulièrement voyante qui faisait bien davantage envie que pitié.
Quant à la gestuelle des textos, elle crée dans les rues, les transports, les bureaux, une chorégraphie digitale de clones que je suis la seule à trouver grotesque.
La sérénité bouddhiste était-elle réservée aux solitaires par défaut, aux exclus de la fête charnelle, aux cocus repentis remplaçant l’humiliation par la spiritualité, aux résignés n’ayant pas encore découvert le bonheur de faire jouir sans fin une femme qui n’a d’autre arrière-pensée que son plaisir ?
Comme les gens ont changé, en douze ans… Et pas seulement à cause des modes, des liftings et du Botox, de l’obsession anti-âge qui, toutes générations confondues, dissimule le reflet des âmes sous une fausse jeunesse inexpressive. Ils ressemblent aux autres parce qu’ils ne se ressemblent plus.
Ce sont nos rêves impossibles qui gouvernent nos vies, vous ne croyez pas ?