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EAN : 9782253145646
315 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.57/5   548 notes
Résumé :
Je suis mort à sept heures du matin. Il est huit heures vingt-huit sur l'écran du radio-réveil, et personne ne s'en est encore rendu compte. Ainsi commence l'aventure de Jacques Lormeau, trente-quatre ans, quincaillier à Aix-les-Bains. Comment parviendra-t-il à se faire entendre, à se glisser dans les pensées de la femme qu'il aime, dans les rêves de son fils ? Comment échappera-t-il à ceux qui le retiennent avec leurs mesquineries, leurs rancunes, leurs fantasmes ?... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (58) Voir plus Ajouter une critique
3,57

sur 548 notes
Et si l'on dédramatisait un peu la mort ? Si je devais retenir une seule qualité de la vie interdite, ce serait celle-ci.

Quand Jacques Lormeau se réveille ce matin-là, quelque chose cloche. Il flotte au-dessus de son corps, dans la caravane où il avait élu domicile, au pied de la maison où habitent sa femme Fabienne et son fils Lucien. Il semblerait qu'il soit mort dans la nuit, dans les bras de Naïla, mais personne ne s'en est encore rendu compte. Naïla partie sans se douter de rien, c'est finalement Mlle Toussaint, une vieille cliente de la quincaillerie familiale, qui le découvre mort… Et Jacques regarde tout ce petit monde s'agiter tandis que son esprit a du mal à quitter la caravane : sa femme qui est plus atteinte qu'elle ne le prétend, sa maitresse qui se fait discrète, son fils qui cache son chagrin, son père qui reprend du service à la quincaillerie, trop heureux d'aider Fabienne, et le bon Alphonse, l'éternel vendeur-nounou qui l'a pratiquement élevé et qui est avec la soeur de Jacques une des rares personnes à le défendre…

C'est avec ce roman, lu sur les conseils d'un ami, que j'ai découvert Didier van Cauwelaert. Et quel plaisir ! Même sur un sujet aussi tragique, il est arrivé à me faire rire, tout en rendant son personnage attachant. Car Jacques est un doux rêveur, passionné de peinture, qui est à côté de la plaque à la quincaillerie, et plus généralement dans la vie quotidienne. À Aix-les-Bains, chacun le respecte parce qu'il est le fils du patron, mais on sait bien que c'est Fabienne qui tient la boutique. J'ai savouré cette aventure ésotérique et la truculente galerie de portraits qui l'accompagne, car nombreux sont ceux à se presser au chevet du défunt qui n'a jamais été aussi populaire de toute sa vie. Ma préférence va sans hésiter à la vieille Mlle Toussaint, qui a quitté clandestinement le bénitier pour Bouddha et s'efforce de libérer l'âme de Jacques pour le faire progresser malgré lui dans son karma. À mourir de rire ! (OK, OK, elle était facile, celle-là)

Cependant, si l'histoire démarre assez fort, avec une mise en situation à la fois intense et burlesque, j'ai ressenti un petit coup de mou dans le dernier tiers du livre, comme si l'auteur ne savait pas comment finir et tournait en rond avec son âme en peine. Oui, « L'éternité c'est long. Surtout vers la fin. »
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Après avoir adoré "Les témoins de la mariée" ou encore "L'éducation d'une fée", j'étais impatiente de retrouver la plume de Didier van Cauwelaert. Mais malheureusement ici le charme n'a pas opéré.

J'ai d'abord trouvé la narration confuse. le personnage principal est mort et son esprit rode. Il voit donc les réactions de ses proches mais il se remémore aussi des souvenirs et c'est la que j'ai perdu pied. J'avais beaucoup de mal a discerner le passé et le présent.

Ensuite, j'ai trouvé qu'aucun des personnages ne sort vraiment du lot. Aucun n'a fait que je m'attache au récit, me donne envie de poursuivre la lecture.

Bref, je crois que pour ce livre les avis seront forcement très enthousiastes ou au contraire vraiment négatif, on aime ou on aime pas. Je fais partie de la seconde catégorie. En tout cas pour ceux qui ne connaissent pas encore l'auteur, je vous invite vraiment a le lire.
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J'ai choisi de découvrir l'univers foisonnant de Didier van Cauwelaert via le roman « la vie interdite » paru en 1997 et qui a reçu le grand prix des Lecteurs du Livre de poche en 1999.

J'avais déjà entendu de cet auteur à succès mais ne m'étais jamais vraiment intéressé à ses écrits. C'est suite à une longue discussion avec ma femme, fervente lectrice de van Cauwelaert et qui m'a fait l'éloge du roman « un objet en souffrance » que ma curiosité a été piquée au vif.

L'histoire démarre par la mort du narrateur Jacques Lormeau, et nous entraine durant tout le livre au côté de son âme (ou de son esprit) qui flotte au-dessus de ses proches qui vont vivre ce drame chacun à leur manière.
Si le narrateur est spectateur, il est de même pour nous lecteur qui prenons un véritable plaisir à découvrir les bons et les mauvais côtés de la victime comme ceux de ses amis ou de sa famille.

Le style de l'auteur est très plaisant à lire et bien que ce récit soit fantastique, il nous est facile de comprendre où l'auteur veux nous emmener et sur quelles thématiques il veut nous faire réfléchir.

La vie après la mort est le sujet central mais à travers ce récit se pose aussi la question du souvenir, de la mémoire des proches disparus, du vide qu'ils laissent et des révélations intimistes qui peuvent remonter à la surface de la Terre une fois le gardien des secrets parti pour un autre monde.

La lecture de ce roman fut un véritable plaisir et je recommande donc à ceux qui ne connaisse pas l'auteur de se procurer ce livre où l'humour réussi à dédramatiser la mort.
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Chaque roman de Didier van Cauwelaert est toujours une surprise en soi car la fantaisie de l'auteur s'exerce sur de nombreux tableaux. Avec "Une vie interdite", son imagination nous entraine dans l'univers de la vie après la mort.

Jacques, le narrateur, 34 ans, se réveille un matin dans la caravane qui lui sert d'atelier pour ses talents de peintre amateur et où il a pris l'habitude de dormir depuis que sa femme a décidé de faire chambre à part. Quand il voit d'en haut sa maitresse reposer à coté de son propre corps, puis le quitter pour aller au travail, il doit se rendre à l'évidence : il est mort et Naïla ne s'en est pas aperçu. Tout le monde s'active dans la quincaillerie familiale voisine sans se soucier du patron. Il faut dire qu'il n'y est pas très productif et que depuis longtemps c'est sa femme Fabienne qui en a pris les rênes. Jacques s'inquiète : qui va enfin s'apercevoir de son décès brutal ?

Reconnaissons que cette situation d'être un esprit observant les vivants sans pouvoir intervenir est assez inédite. L'auteur nous en livre sa propre vision. Le chemin pour rejoindre l'au-delà n'est pas facile. Si je puis m'exprimer ainsi, il faut partir "l'esprit tranquille" et pour le moment, les regrets perturbent l'âme de Jacques, surtout vis à vis de son jeune fils Lucien. Il l'a laissé grandir sans vraiment lui montrer son affection, avec comme prétexte celui de ne pas l'étouffer. Il se rend compte également qu'il est passé à côté de sa femme par manque de dialogues dans le couple. Il avait aussi des choses à dire à son père, à sa soeur... Ce qui fait le charme de ce roman c'est que l'humour y côtoie l'émotion. Malheureusement, à part Lucien le fils, je n'ai pas trouvé les personnages très attachants : Jacques est un fainéant de première classe, sa femme est au début du livre aussi amène qu'un général d'infanterie. Comble de moralité, le père rêve de prendre la place de son fils auprès de sa belle-fille désormais veuve. Bref un monde assez loufoque à la Didier van Cauwelaert.
Malheureusement, passée la découverte de la nouveauté, j'ai trouvé que la situation commençait à tourner en rond aux 3/4 du livre. Comme Jacques dans l'attente de gagner son paradis, le lecteur commence à s'ennuyer dans ce monde transitoire entre morts et vivants. La poésie qui nous a accompagnés tout au long du récit, grâce à la passion d'Alphonse qui a élevé Jacques pour le poète Lamartine, prend une dimension irréelle pour nous offrir une fin inattendue, mais décidément bien longue à venir. Cette transmission de talents assez réussie ne rachète qu'à moitié mon impatience d'en finir et j'accorde un 11/20 à ce roman qui a quand même une belle morale : profitons de la vie et de ceux qui nous entourent tant qu'il est temps, après il sera sans doute trop tard.
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J'ai choisi de découvrir l'univers foisonnant de Didier van Cauwelaert via le roman « la vie interdite » paru en 1997 et qui a reçu le grand prix des Lecteurs du Livre de poche en 1999.

J'avais déjà entendu de cet auteur à succès mais ne m'étais jamais vraiment intéressé à ses écrits. C'est suite à une longue discussion avec ma femme, fervente lectrice de van Cauwelaert et qui m'a fait l'éloge du roman « un objet en souffrance » que ma curiosité a été piquée au vif.

L'histoire démarre par la mort du narrateur Jacques Lormeau, et nous entraine durant tout le livre au côté de son âme (ou de son esprit) qui flotte au-dessus de ses proches qui vont vivre ce drame chacun à leur manière.
Si le narrateur est spectateur, il est de même pour nous lecteur qui prenons un véritable plaisir à découvrir les bons et les mauvais côtés de la victime comme ceux de ses amis ou de sa famille.

Le style de l'auteur est très plaisant à lire et bien que ce récit soit fantastique, il nous est facile de comprendre où l'auteur veux nous emmener et sur quelles thématiques il veut nous faire réfléchir.

La vie après la mort est le sujet central mais à travers ce récit se pose aussi la question du souvenir, de la mémoire des proches disparus, du vide qu'ils laissent et des révélations intimistes qui peuvent remonter à la surface de la Terre une fois le gardien des secrets parti pour un autre monde.

La lecture de ce roman fut un véritable plaisir et je recommande donc à ceux qui ne connaisse pas l'auteur de se procurer ce livre où l'humour réussi à dédramatiser la mort.
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Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Qu'ai-je laissé de moi sur terre? Quel intérêt avait mon existence? J'ai nourri jusqu'à l'indigestion des rêves d'enfance auxquels je suis toujours resté fidèle, j'ai poursuivi le même idéal féminin, la même quiétude intérieure du bout de mon pinceau, j'ai barbouillé des tableaux pour faire écran entre le quotidien et moi, j'ai regardé grandir mon fils et vieillir mon père, en essayant de leur cacher ma déception; j'ai adoré le lac du Bourget, les livres d'Alexandre Dumas, l'odeur des cyprès sous la pluie, le bourgogne, la fondue, les opéras de Verdi et les chansons de Brassens, les éclairs au café, le silence de la neige et la silhouette qui naît d'une tache sur la toile vierge, quand tout demeure encore possible. J'ai aimé la vie sans avoir besoin d'en profiter tout le temps, j'ai parcouru le monde, dans ma caravane immobile, et, si je ne suis pas allé bien loin, du moins n'ai-je rien perdu en route. J'ai vécu relativement heureux et je meurs comme on sort de table, en remerciant le chef...
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- Comme il a l'air en paix, répète Odile pour la cinquième ou sixième fois.
Comme si j'avais jamais eu l'air en guerre. Les gens ont vraiment la mémoire courte et la phrase de rigueur, dès qu'on n'est plus là pour se défendre. Mais Odile a ses raisons. Un long visage terne, le dos voûté, les omoplates saillant comme deux ailes atrophiées qui tressautent quand elle pleure, elle me voue en secret une passion sans espoir depuis nos quatorze ans. Sans jamais afficher le moindre répit ni la moindre rancune, elle m'a vu sortir avec toutes ses copines de lycée - qui, perfides, l'employaient comme chaperon avant de la renvoyer dans ses foyers quand elles m'avaient cédé -, épouser une Miss tandis que je lui donnais en mariage mon cousin Jean-Mi, qui avait besoin d'une âme dévouée après son accident de ski nautique, et enfin lui demander, sans l'ombre d'une gêne et croyant lui faire plaisir, d'être la marraine de mon fils. A cause de moi, depuis vingt ans, Odile se consume en me faisant bonne figure - mais qu'y puis-je ? Ce soir, dans ses yeux humides, je repose, enfin, et c'est elle qui est en paix.
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Je n'aime pas beaucoup ça, et il me vient des regrets de n'avoir pas mené une existence baroque, aventureuse, trépidante, exotique... Si je dois passer ma mort à revoir les broutilles ordonnées qui ont composé ma vie, je sens que cela va être d'un ennui... Alors ce serait ça, le Paradis, l'Enfer ? Seul avec soi-même et ce qu'on a fait, pour l'éternité, monté en boucle. Je me demande dans ce cas si le sort de l'escroc jouisseur, du cambrioleur sans remords, du sadique impuni qui s'est bien marré n'est pas plus enviable que celui de l'honnête homme qui n'a jamais rien fait de mal pour demeurer en paix avec sa conscience.
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— Jacques ?
Avec une force étonnante pour son gabarit de porcelaine, elle me retourne. En découvrant mon visage raidi, la bouche entrouverte, les yeux fixes, elle réprime un mouvement de recul, mord son poing et s’exclame :
— Formidable !
Puis elle ajoute plus bas, en s’adressant à la cloison du coin-toilettes, quarante centimètres au-dessus de ma tête :
— N’ayez pas peur : je suis là. Vous êtes mort, précise-t-elle. Mais tout ira bien, je vais vous aider. Restez tranquille, détendez votre corps mental, vous êtes dans l’état intermédiaire où vous ne risquez rien. Je reviens tout de suite.
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Une fois par semaine, je redécore la vitrine. Les passants me voit au travail, le cœur à l’ouvrage, tenant mon rang, honorant mon nom : ils me saluent et je réponds. Je sème de la neige à Noël, des oeufs à Pâques, des crêpes à la Chandeleur, des chars miniatures le 8 mai. Chaque année, l’union des commerçants du quartier me décerne son premier prix. J’ai ma semaine égyptienne, avec des pyramides en pots de peinture et des promos sur le papyrus encollable, ma quinzaine « vacances » avec transats, parasols et barbecues disséminés sur des dunes en vrai sable. Mais la vitrine que je préfère est celle de la Fête des Pères. Je dispose des tronçonneuses, des scies sauteuses, des couteaux électriques ; de quoi découper toute la petite famille, donner aux malheureux géniteurs des idées de boucheries vrombissantes, de carnages pittoresques au milieu des guirlandes et des calicots « Bonne fête papa ! ».
En sortant de l’école, les enfants viennent me regarder composer mes décors. Je leur fais des grimaces et ils rigolent. Entre deux clients, Fabienne sort les chasser à coup de torchon. Dès qu’elle est rentrée, mes spectateurs reviennent. Je me passe un bois de cabinet autour du cou, je leur fais Guignol avec des gants de jardinage Multiflex, je les mitraille avec une perceuse, ils me visent avec leurs doigts et je meurs sous les spots au milieu des fleurs en papier, dans des souffrances abominables qui intéressent les passants quelques secondes, tandis que les petits s’esclaffent. J’aime tellement le rire des enfants. Mon fils ne rit jamais. Consterné par mon ridicule, il passe devant mes vitrines en détournant les yeux. Lorsqu’il m’arrive d’aller le chercher à l’école, il fait semblant de ne pas me voir. Je respecte sa honte et je le suis à dix pas.
Des rideaux verts séparent mes vitrines du magasin, et je les tire pour mes représentations. Fabienne, qui sait à peu près ce qui se passe derrière, affiche un air résigné dans raffolent les clients. « Ma pauvre Madame Lormeau», soupirent-ils en glissant des regards en biais dans ma direction, et elle leur fait un prix. Tous les habitués le savent et, les jours de vitrine, la quincaillerie est pleine. Fabienne profite de l’apitoiement pour écouler ses invendus. Au bout du compte, le commerce s’y retrouve, mes tentatives de mutinerie finissant malgré moi en campagnes promotionnelles.
Une seule fois, un 1er avril, j’ai réussi à déstabiliser ma femme, par une pancarte « fermé pour inventaire ». Fabienne est restée toute la matinée derrière le comptoir, torturée par l’incompréhension, rongeant ses ongles et bousculant ses vendeurs figés dans l’inaction. Quand elle sortait pour guetter le client, j’escamotais la pancarte et je continuais paisiblement d’améliorer ma vitrine de printemps, plantant mes cannes à pêche sous mon pommier de plastique en fleur.
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