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Critique de Nat_85


Ecrit avant le confinement, » La vie ordinaire « est un essai d'Adèle van Reeth publié en ce printemps 2020 aux éditions Gallimard.

Née en 1982, Adèle van Reeth est philosophe et productrice de l'émission » Les chemins de la philosophie » sur France Culture, depuis 2011. Après des études en classe préparatoire littéraire, elle intègre l'Ecole normale supérieure. Elle travaille alors sur le philosophe américain Stanley Cavell, le cinéma, et la pensée de l'ordinaire.
En 2018, elle a animé l'émission littéraire Livres & vous diffusée sur Public Sénat, et elle anime aujourd'hui D'art d'art ! sur France 2.

p. 62 : » L'ordinaire n'est pas un concept. C'est une quête. «

Après ces mois de confinement, de privation de certaines de nos libertés, les petits moments de la vie ordinaire prennent la dimension de l'extraordinaire aujourd'hui. Cette période durant laquelle la vie nous a paru figée a eu pour effet de porter un regard nouveau sur notre propre manière d'habiter et sur notre relation aux autres. Adèle van Reeth aborde dans cet essai deux thèmes rarement explorés jusqu'ici en philosophie : l'ordinaire et l'expérience de la grossesse et de l'accouchement. Au fur et à mesure de la lecture, nous comprenons le lien entre les deux, subtile combinaison !
p. 15 : » J'ai un problème avec la vie ordinaire. Quelque chose ne passe pas. «
Si l'ordinaire peut se révéler dramatique ou merveilleux, il manquait cet entre-deux.
C'est en suivant des cours de philosophie à l'université de Chicago que le déclic va s'opérer pour la narratrice.
p. 24 : » Je me disais qu'après cinq années d'études, il m'avait fallu traverser l'Atlantique pour découvrir que l'ordinaire avait droit de cité en philosophie. «
Bien loin de lui apporter une réponse, ce constat est le commencement d'une recherche active sur le sujet. S'inspirant des écrits d'Emerson, de l'expérience de David Thoreau dans » Walden » ou encore de Virginia Woolf dans » Une chambre à soi « , la philosophe s'interroge sur sa propre relation à l'ordinaire, que nous confondons trop souvent avec le quotidien.
p. 63 : » le banal est condamné à le rester ; l'ordinaire, lui, déplace parfois le regard vers ce qui le dépasse. «
Finalement, comparer le quotidien et l'ordinaire revient à comparer être et exister.
p. 74 : » Exister, c'est ne pas se contenter d'être, et tenter d'en faire quelque chose… »
Dans les expériences du rapport au monde et à l'ordinaire, il y a l'expérience de la grossesse dont la narratrice va faire le constat d'un ancrage inéluctable.
p. 42 : » A quel moment m'a vie a-t-elle rejoint mon sujet d'étude ? «
Cette humilité dans l'attente, ces paroles adressées à l'être en devenir, cet amour inconditionnel sont autant de confidences profondément touchantes.
p. 11 : » On va se libérer l'un de l'autre, et de cette distance entre nos deux corps naîtra notre rencontre. «
Si le sujet est vaste et propice à de grandes réflexions, l'auteure y mêle des situations cocasses du quotidien, permettant ainsi aux lectrices et lecteurs de s'identifier.
Lire est très souvent une histoire de rencontre. Je reste convaincue qu'il n'y a pas de hasard. Un livre appel le lecteur à un moment opportun. Je savais que celui-ci serait une lecture marquante avant même l'avoir ouvert. Et il le fut ! Lire cet essai c'est prendre part à une expérience philosophique passionnante ! Unique bémol : beaucoup trop court ! Pour compléter cette chronique, je vous conseille fortement d'écouter l'interview d'Adèle van Reeth sur France Culture dans l'émission » L'invité(e) des matins » présentée par Guillaume Erner.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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