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3,71

sur 60 notes
Un deuxième roman fort pour ce début d'année 2018. Après "Les loyautés" de Delphine de Vigan, je viens de terminer la lecture de "L'incertitude de l'aube". J'avais déjà apprécié et admiré le style et le point de vue particuliers de l'auteure dans "La fabrique du monde". Malgré un autre sujet très dur, j'ai encore été conquise. La petite Anushka nous entraîne dans ses souvenirs, ses comptines, ses poèmes, son monde onirique. Pendant la prise d'otages de Beslan, nous vivons donc ces trois jours avec Anushka et Milena sa meilleure amie. Elles étaient arrivées à l'école bien habillées, comme les autres enfants, pour la fête de la rentrée. Mais tout bascule avec l'arrivée de terroristes. Roman dur, fort, poignant, mais aussi très poétique. Bravo
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Une petite fille, mignonne comme tout, le teint blanc et slave, un matin comme tant d'autres, un jour de rentrée des classes. le sourire et la joie de vivre respirent de chacun de ses petits pas. Elle discute de tout et de rien, d'hier ou de la semaine dernière, sur un chemin caillouteux quelques touffes d'herbes éprises de rosée, avec sa meilleure copine, comme deux pipelettes qui ne se sont pas vues depuis la veille. Derrière, le grand-père ferme la marche, à son allure, une allure de grand-père. Elles rentrent toutes deux dans le gymnase, habillées comme deux princesses des steppes, rubans dans les cheveux. J'ai soif, et je te dis qu'il va m'en falloir un peu plus qu'une gamine aussi jolie soit-elle dans l'enceinte de son école pour m'émouvoir. J'ai chaud. Elle semble avoir oublié son grand-père, mais il connait la route et il la rejoindra dans quelques minutes, le souffle toujours un peu plus court chaque jour.

Bien que j'ai passé l'âge de lire des histoires de princesses – même de la taïga - ou de petites filles, je suis pris dans l'histoire, la petite dans la grande. Dois-je y mettre une majuscule ou n'est-ce qu'un fait tragique de l'humanité ? L'émotion arrive lentement en moi, comme cette bière salvatrice qui s'écoule tout aussi lentement en moi. Elle a soif, moi aussi. le roman commence par un poème de Rimbaud, un truc sur l'enfance du genre « au bois il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous fait rougir...il y a enfin, quand l'on a faim et soif, quelqu'un qui vous chasse. le roman finit ainsi : à Beslan, en Ossétie du Nord, dans la Fédération de Russie, le 3 septembre 2004, trois cent trente et une personnes, dont cent quatre-vingt-six enfants, ont trouvé la mort au terme d'une prise d'otages qui les a tenues emprisonnées trois jours durant, sans eau, dans un gymnase surchauffé. Tam ta tam,

Tam ta tam

Des bruits sourds et répétitifs qui parviennent aux oreilles de la petite fille. Ni l'orage, ni le pêt d'un grand-père... Détonations successives, des cris et un moment de stupeur entrent dans le gymnase. Des hommes et des femmes en cagoule, des kalachnikov entre leurs mains. Tout le monde s'assoit sur le parterre de béton. L'attente. L'air, qui devient de plus en plus irrespirable. La chaleur qui devient de plus en plus étouffante. Il fait soif, il fait chaud. Je me reprends un shot de vodka, Anushka ne rêve que d'une goutte d'eau ; elle serait prête à traverser la Sibérie pour ramener, juste une cuillère d'eau du lac Baïkal qu'elle tiendrait avec tant d'attention qu'elle aurait une démarche de grand-père. D'ailleurs où est-il ? Elle espère simplement qu'il n'a pas réussi à atteindre l'école avant ce Tam ta tam,

Tam ta tam

Un roman poétique sur un acte terroriste. Terrible, terrifiant. Terre, je tremble pour cette petite fille, cette Anushka au ruban défait dans les cheveux. Je souffre, je souffle un brin d'air, même chargé de mon haleine de vodka, pour lui apporter ce vent de fraîcheur et d'oubli. Une abeille s'échoue sur son genou. Que fait-elle ainsi, ici, si frêle. Si fatiguée. Même épuisée, elle ose se lever, quitte à marcher sur une jambe, entre les pas des mourants pour s'approcher d'une fenêtre et la libérer. Si elle pouvait s'envoler...
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Après le coup de coeur éprouvé à la lecture de « La fabrique du monde » de Sophie van der Linden, je m'étais promis de suivre cette auteure.
Après Meï, la petite chinoise, nous faisons ici la connaissance d'Anushka.
C'est le jour de la fête de l'école. Anushka s'y rend accompagnée de son grand-père. Elle est heureuse de retrouver sa copine Miléna et les fillettes sont très excitées à la perspective de cette journée.
Une fois dans le gymnase de l'école, la situation devient déroutante.
Anushka perd de vue son grand-père, c'est la bousculade, on entend des pétards. Il s'agit en fait de coups de feu. La prise d'otages de Beslan, qui, en septembre 2004, ébranla la Russie et le monde, commence…
Anoushka a peur. Elle rêve et s'évade dans sa tête, seule fuite possible.

Avec beaucoup de sensibilité et un souffle poétique lumineux, Sophie van der Linden nous fait vivre ces événements de l'intérieur, à travers le regard d'une petite fille. Les faits sont durs, le texte est beau et les événements retracés n'en sont que plus marquants. L'Incertitude de l'aube est un texte magnifique, brûlant d'humanité.

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A Beslan,Ossetie du Nord (fédération de Russie ) le 1er septembre 2004 ,jour de fête et de rentrée scolaire ,Anushka, petite fille de huit ans ,court avec Miléna, sa meilleure amie sur le chemin de l'école, accompagnée de son grand- père qu'elle aime tant mais il marche si lentement......
A peine arrivée elle va se retrouver avec un millier d'autres personnes, adultes et enfants, prisonnière de terroristes tchétchènes dans un gymnase, sans eau, ni nourriture, dans la chaleur, séparée de son grand-père ...
Elle ne comprend pas ce qui arrive.
Elle avait pris le bruit des mitraillettes pour des pétards et ne pouvait rien imaginer d'autre que la fête de la rentrée scolaire.
Brutalement, Anushka découvre la violence, le chaos, la peur, l'injustice, l'horreur.
Elle a faim ,soif,trop chaud terriblement soif, essaie de penser à autre chose ............
Les souvenirs, sensations et sentiments de son quotidien la rassurent , puis viennent des prières, des comptines, des chants, des poèmes , des contes.
La déshydratation la fait délirer et son imagination crée des esprits et des animaux qui la réconfortent....
Au terme de la prise d'otages, trois jours après, explosion....
panique, les terroristes tirent faisant trois- cent trente et une victimes dont cent- quatre - vingt six enfants.....

L'auteur ne" raconte pas ", elle a choisi la petite fille en guise de narratrice....
Nous pénétrons peu à peu dans son imaginaire protecteur.
L'écriture lumineuse, délicate, sans pathos, aérienne , dans l'innocence est d'une telle force poétique, si intense et si sensible qu'elle nous place, nous lecteurs , en souffrance, enfermés en nous- mêmes lorsque la chaleur devient insupportable et l'air irrespirable,
tout imprégnés d'une saleté poisseuse et d'une angoisse décuplée !
Ce roman historique grave, court, poétique, pudique, poignant, fort et bouleversant qui prend aux tripes est un bel hommage à l'enfance !
UN ouvrage magnifique, lumineux et terriblement humain , actuel , Hélas!!


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Cela aurait dû être un jour de fête pour Anushka. Miléna, sa meilleure amie, est venue la chercher avec sa mère pour qu'elles aillent ensemble à l'école. Demain c'est la rentrée des classes alors aujourd'hui on fait une fête où tout le monde sera là, parents, enfants et enseignants. La mère d'Anushka n'a pas pu l'accompagner car elle est enceinte et a besoin de se reposer, mais peu importe puisque son grand-père, qu'elle adore, sera là. Malheureusement, rien ne va se passer comme prévu et la cérémonie va rapidement tourner au drame…


Sophie van der Linden s'empare ici d'une tragédie survenue il y a dix ans et dont certains se souviennent probablement encore… Je préfère ne pas trop en dévoiler afin de ne pas faire perdre au récit une partie de sa tension dramatique… Néanmoins, je dois dire que j'ai été profondément émue et bouleversée par l'intensité du texte. L'histoire est racontée du point de vue d'Anushka, à travers ses yeux d'enfant. Ce qui frappe d'abord c'est, malgré son jeune âge, l'absence de candeur dans sa voix. Elle a conscience que quelque chose de grave est en train d'arriver et que sa vie est en danger. Alors, pour échapper aux pensées macabres qui l'assaillent, elle s'évade dans son imaginaire, libère son esprit dans des contrées lointaines et enchantées. La violence de la réalité se mêle donc à une vision fantasmée, créant un véritable décalage entre les deux situations et augmentant la tension du texte.


L'atmosphère est particulièrement oppressante. La faim, la soif, la chaleur et les meurtrissures du corps sont autant de sensations douloureuses parfaitement décrites par l'auteur et qui rendent la lecture encore plus réaliste et font accroître le malaise. La poésie du texte, où s'entremêlent prières et ritournelles, se mêle à l'horreur de la situation. Un récit court, plein de sensibilité et de talent, sur l'enfance gâchée par la barbarie des hommes. Une écriture puissante et terriblement poignante.
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J'avais vaguement entendu parler de cette prise d'otages de Beslan, qui, en septembre 2004, ébranla la Russie lorsque des terroristes séparatistes tchétchènes armés prennent des centaines d'enfants et d'adultes en otage dans un gymnase surchauffé de l'école, aboutissant à 344 morts et 186 enfants.

Sophie van der Linden, grande romancière jeunesse se met dans la tête d'une de ces petites filles victime de la prise d''otage, Anoushka, qui pour tenter de combattre sa a peur va inventer un univers onirique lui permettant de fuir ces trois jours de tension extême.

On voit que l'auteur est une spécialiste jeunesse tant elle parvient facilement à se mettre dans la tête de cet enfant, apportant à ce récit terriblement dur sur le papier grâce voire legereté. A travers le regard d'une petite fille qui ne comprend pas vriament les enjeux qui se trament, on quitte la trame du fait divers de journal pour atteindre une vraie poésie et une belle émotion, dans son dénouement.

Un très beau texte, quoique un peu trop bref et parfois un peu trop abstrait (mais c'est la loi du genre), assurément le plus beau livre des trois premiers romans lus pour cette rentrée...
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Nul n'a pu oublier cette prise d'otages de septembre 2004 qui a entrainé la mort de 331 personnes dont 186 enfants.

Pas facile de raconter ce drame, l'auteur choisit de se placer à hauteur d'enfant, plus précisément d'une petite fille, Anushka. Elle pénètre ses pensées intimes et livre un récit à la première personne éblouissant, à la fois digne et bouleversant, tout en retenue, pénétré d'une innocence naturelle comme d'une lucidité extraordinaire.
Dans ce gymnase, la chaleur devient bientôt insupportable et l'air irrespirable, tout imprégné d'une saleté poisseuse. "L'odeur est horrible, et remuer de l'air aussi infect, c'est pire que tout. Il vaut mieux bouger le moins possible, respirer à peine , ou alors avoir le nez entre les genoux, pour sentir l'odeur de sa propre peau."
A la lecture des mots de l'enfant, à travers la description de sa douleur et de son angoisse, dans ses rêves d'évasion, dans les extraits de contes populaires qu'elle égrène sans relâche, on sent ce petit corps suant et fébrile, déshydraté, prêt à lâcher, on l'accompagne délicatement, partagé entre la peine et l'admiration.

Tout s'assombrit autour d'Anushka mais la fillette résiste et ce récit, malgré la tragédie qui s'annonce, semble lumineux de bout en bout, attentif à la douceur des choses, porté par les rêves et les histoires ravivés par les souvenirs, comme des échappatoires nécessaires, salvatrices, pour ne pas flancher face au moment présent, supporter les pleurs et gémissements des plus petits, combattre l'envie de faire pipi ou de boire, l'envie de pleurer, de crier sa peur.

Elle fixe son attention sur chaque détail, une ampoule au plafond, ses chaussures, elle pense constamment à son grand-père, cherche chaque souvenir capable de l'emmener plus loin, comme l'énumération rigoureuse des ingrédients d'une recette, le sac plastique pour aller à la piscine, le repas qu'elle a pris avant de se rende à l'école, etc., ravive des peurs anciennes pour éviter la panique, trouve des subterfuges pour calmer la soif et l'odeur. Combat de toutes ses forces. Jusqu'à l'épuisement. Jusqu'à l'assaut des Russes. "Je m'enfonce, je m'englue […] Je m'enfonce dans le mou. Je tombe".

Ce magnifique roman dur et poignant m'a semblé " allégé " par les propos parfois drôles de la petite Anushka et par son grand courage.




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Le 1er septembre 2004, dans toutes les écoles russes est organisée une fête très populaire. A Beslan, Milena et Anushka la narratrice se retrouvent pour la fête mais une prise d'otages spectaculaire a lieu. Les fillettes sont prisonnières trois jours durant, sans eau ni nourriture, elles ne peuvent pas aller aux toilettes non plus. Pour lutter contre l'ennui, Anushka se rappelle sa vie d'avant avec son grand-père, sa mère, les histoires qu'on lui a racontées. La privation la fait halluciner, elle confond rêves et réalité, sombrant peu à peu dans l'inconscience lorsque les explosions retentissent...
Ce court roman qui raconte la prise d'otages de l'école de Beslan en Russie aborde un sujet jamais traité dans la littérature. Bravo à l'auteur pour avoir rendu hommage aux 331 victimes de l'attentat. le sujet est dur, nous plongeons dans l'horreur de la situation de plein fouet mais Sophie van der Linden suggère plus qu'elle ne décrit comment ces trois jours épouvantables se sont déroulés, ce qui évite trop de pathos. La petite fille narratrice de l'histoire arrive à échapper en partie à l'horreur de la situation par l'imagination, elle s'invente des histoires à partir de contes qu'on lui a racontés, mélangeant rêves et réalité, ce qui complique parfois la lecture. J'aurais aimé savoir si les deux fillettes s'en sortent, hélas l'auteur arrête son récit avant, à nous d'imaginer l'issue. Pour terminer, je dirai que ce roman nous dépeint l'horreur du terrorisme et du fanatisme quand il s'en prend à des victimes innocentes comme bien souvent.
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Un vrai coup de coeur que ce petit roman, deuxième de l'auteur. Un récit d'enfance. Comment une enfant, face aux atrocités d'une situation à laquelle elle ne comprend pas grand chose, s'évade à travers des souvenirs, des rêves, des réalités fantasmées pour tenir face à la soif.

Un récit poignant qui secoue jusqu'au tréfonds de l'âme. Une écriture toute en figures de style, allitérations, assonnances et métaphores. Des rêveries enfantines retranscrites avec une justesse et une poésie d'un rare lyrisme. Des références aux contes traditionnels russes comme exutoire à cet événement macabre, entre réalisme de la situation présente et onirisme des souvenirs d'Anuschka, de ses rêves. Comme "un verre d'eau sur le sable", un roman providentiel, émouvant, intense. Une auteur à suivre.
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Après avoir lu " La fabrique du monde", qui évoque avec justesse le travail des femmes en Chine, je découvre ce court livre de Sophie van der Linden. Page après page, l'horreur se précise. Avec des mots simples, poétiques mais beaucoup de réalisme, l'auteure fait parler Anushka, 6 ans qui , pendant trois jours sera retenue en otage avec des centaines d'autres personnes dans un gymnase surchauffé. Les émotions, les sensations de la petite fille résonnent chez le lecteur comme autant de notes d'une lugubre comptine. Et c'est malheureusement trop réel.
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