Je sors très émue de la lecture de «
Déracinée : Soledad et sa famille d'accueil », BD que j'ai découverte grâce à Masse critique et à La Boîte à bulles que je remercie.
Tiffany Vande Ghinste a choisi de travailler son dessin aux feutres, ce qui pourrait donner l'impression d'un dessin enfantin, ce qu'il n'est pas. Les couleurs, pastel ou vives, selon les atmosphères à rendre, dynamisent et soulignent le récit, son rythme, rendant palpables les émotions, variées, au sein de cette famille d'accueil.
L'autrice s'appuie sur son expérience pour mener à bien son récit, celle de soeur d'accueil. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une oeuvre autobiographique car les faits ne sont peut-être pas exacts, mais les émotions le sont. On comprend parfaitement qu'être famille d'accueil engage toute la famille, tous les individus qui la composent, leurs vies, leurs psychologies, que c'est un accompagnement de tous à tous les instants, comme avec ses propres enfants, ses propres frères et soeurs. Il faut, par l'amour et l'équilibre d'une vie de famille tenter de reconstruire des personnalités fragilisées. On rencontre la justice, les services sociaux, on apprend ce que sont les troubles de l'attachement et ses conséquences, le tout dans des propos mesurés et un dessin efficace dans ses choix. Les personnalités de chacun ressortent bien, font vivre la vie de famille avec son quotidien, ses moments de tendresse, de tension, d'interrogation.
C'est une BD riche, et que, sitôt finie, on a envie de reprendre, de contempler à nouveau, pleine qu'elle est de poésie pour traiter un sujet difficile, et alors qu'on s'est attaché aux personnages.