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sur 280 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Depuis qu'il a fui son ancienne vie à Buenos Aires, Parker sillonne la Patagonie à bord d'un camion dont il n'a pas les papiers, transportant des marchandises non déclarées pour le compte d'un obscur patron qui l'emploie illégalement. Sa vie errante s'écoule désormais au jour le jour, libre, solitaire et sans avenir, à éviter rencontres et axes fréquentés, si tant est que ce dernier terme puisse s'appliquer à ce territoire parmi les moins peuplés du monde. Contre toute attente, la route de Parker finit par croiser celle de la belle Maytén, malheureuse épouse d'un peu commode forain…


La grande originalité de ce roman vient d'abord de son atmosphère très particulière. Avec une ironie qui confine à l'absurde, l'auteur s'amuse à amplifier les caractéristiques de cette terre du bout du monde, nous la décrivant plus habitée par les vents que par les hommes, soumise à d'inimaginables caprices météorologiques et naturels, chichement parsemée de villages perdus aux noms grotesques. Les distances s'y expriment en jours de route. Les habitants, rudes et inhospitaliers, y gèrent imperturbablement le vide de leur existence, qu'ils remplissent d'occupations délirantes autant que de rumeurs et de légendes. Cadre, personnages secondaires, dialogues : tout concourt à créer un contexte surréaliste, où le lecteur, autant que Maytén et Parker, devra consentir à perdre ses repères pour pouvoir avancer.


Dans cette désolante immensité où rien n'a guère de sens et tout n'est qu'ineptie, les personnages principaux différent des autres en ce que, dépouillés de leur existence passée et perdus dans leur errance, ils continuent à chercher leur chemin et à s'accrocher à leurs rêves. Parker étreint son idéal de liberté, Maytén aspire à une vie de famille stable et paisible, et l'ami journaliste qu'ils croisent et recroisent ne cesse de se passionner pour une nouvelle chimère. Dans leurs trajectoires solitaires, ils se rencontrent parfois et par hasard, s'accompagnent un bout de chemin pour mieux se perdre ensuite, à la poursuite de destins aveugles que l'auteur rend par ailleurs cruellement ironiques.


Dès lors l'on comprend que derrière cette histoire de quête errante et désespérément solitaire dans un univers écrasant aux multiples vents contraires, c'est tout l'arbitraire et l'ineptie de la vie humaine que nous laisse percevoir l'auteur : une absence de sens que seuls viennent contredire, parfois, ces brefs et miraculeux instants où des êtres réussissent à se rencontrer pour de bon, ou, par chance, parviennent à réaliser le rêve d'une passion.


Voici donc un livre original, admirablement écrit et doté d'une vraie profondeur, où seuls un humour désespéré et quelques rares éclats de bonheur sporadique viennent éclairer une représentation bien sombre de la destinée humaine. Autant de qualités qui rendent cette lecture remarquable, malgré ce qu'il m'a parfois paru de longueurs ennuyeuses : il n'est pas si facile d'accepter de se perdre au royaume d'absurdie.

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Aaah les bains de mer : un peu de mal à y rentrer au début (La vache, elle est froide !) ; puis d'un seul coup on s'y fait (Viens, elle est bonne) ; et au bout d'un moment, on s'y ennuie (Allez, je sors). Lire Patagonie route 203 de Eduardo Fernando Varela – traduit par François Gaudry – fut un peu comme un long bain de mer d'automne pour moi.

L'analogie est en effet parfaite : un brin compliqué au début d'entrer dans ce livre, le temps de s'habituer au style particulier de l'auteur, à ses paragraphes longs comme des routes argentines sans fin et à cette atmosphère particulière créée par la magnificence de ce no man's land du bout du monde.

Et puis on s'y fait et j'avoue m'être laissé totalement embarquer dans le camion de Parker et dans cette errance permanente sur les routes désertes de la pampa qui séparent la Cordilière de la mer, là où toute distance ne se compte qu'en jours de route. J'avoue avoir été séduit par cette ambiance intimiste parfaitement restituée par Varela, qui donne envie de se poser le soir venu, au pied du camion lorsque la maison mobile de Parker a pris place, meubles devenant campement le temps d'une nuit ou un peu plus, près de la Pampa de Infierno, au kilomètre 560 de la route 203.

J'ai apprécié l'arrivé de Maytén dans la vie de Parker, foraine bovariste en attente de son prince qui la fera rêver pour quelques temps encore. Et puis il y a ces rencontres et ces dialogues loufoques, ubuesques, drôles, avec les – rares – personnes que croise Parker, autochtones économes de mots, journaliste chasseur de sous-marin nazi ou chef de gare sans train.

Malheureusement, il ne se passe pas grand-chose le long de ces routes, et on tarde à en voir le bout. Pas désagréable donc, loin de là. Mais le sentiment d'être un peu passé à côté d'un livre pourtant souvent louangé et déjà couronné.
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Fuyant son passé turbulent, à la recherche de solitude et d'anonymat, Parker transporte pour le compte d'une entreprise douteuse des chargements de fruits depuis les vallées fertiles jusqu'aux ports de l'océan Atlantique avec pour seul compagnon un saxo posé sur le siège avant. Dans un road trip complètement déjanté nous le suivons le long des routes inhospitalières de la Patagonie, là où le temps n'existe plus.

Des personnages loufoques, des situations burlesques. Un roman sur l'amitié, la misère de la solitude, les grands espaces, une histoire d'amour singulière aussi. Nous suivons ces éclopés de la vie dans un récit complètement débridé et c'est vraiment cela qui m'a gêné dans cette lecture. Je ne suis pas très fan de ces romans qui essayent de nous entraîner dans des histoires sans queue ni tête.

C'est bien dommage, car le sujet, le cadre, le personnage tout paraissait intéressant. Je me suis un peu ennuyé le long des routes de Patagonie.
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Prêt pour un road-trip loufoque, dingue, déjanté à travers une contrée immense et perdue au bout du monde ?

Où ? En Patagonie. Non, non, pas celle de Florent Pagny, celle de la pampa, des routes sans fin où les indications se résumeront à des "le jeudi, tu tourneras à gauche" ou tout simplement à des "c'est par là, là-bas"…

— C'est loin, Teniente Primero López ?
— Deux jours, s'il n'y a pas de vent. Tu files tout droit et demain tu tournes à gauche, tu traverses la colline, puis encore à gauche pendant une demi-journée, plus ou moins.

Bien installée dans le camion de Parker, je suis allée à la rencontre de gens totalement barjes, dingos, déjantés, dont on n'est jamais sûr qu'ils plaisantent où sont sérieux.

Parker est un camionneur dont on ne croisera que peu souvent la route, tellement il est atypique. Transportant des marchandises pas déclarées, il prend les petites routes pour éviter les douaniers et dort à la belle étoile après avoir installé ses meubles dehors. Atypique, je vous dis.

Je n'ai pas osé rire de son prénom, Parker, car il était tellement fier de porter le nom d'un célèbre marque de stylo (oserais-je lui dire que j'en possède toujours un ?).

Les pieds sur le tableau de bord, je me suis laissée bercer par ce voyage en Absurdie, croisant la route d'un chercheur d'U-Boots nazis (ils auraient accostés en Argentine), qui cherche aussi des galions remplis d'or échoués sur une plage ; de deux employés du train fantôme pas des plus futés ; d'un garagiste qui semblait se foutre de nous et j'ai même taillé un bout de gras avec un néonazi pas si méchant que ça (qui l'eut cru ?).

Hélas, malgré la magnificence des paysages, ces espaces immenses, arides, ces terres désolées, inhospitalières et sublimes (Florent n'y chantait pas ses murs porteurs), malgré les routes droites, malgré les portraits hauts en couleurs de personnages croisés au fil de notre périple, malgré une histoire d'amour toute bêêêllle (mais pas Harlequin !), à un moment donné, à un arrêt, Parker est reparti sans moi et j'ai eu beau courir derrière le camion, jamais je n'ai réussi à me réinstaller dans la cabine.

Le vent n'a pas soufflé dans la bonne direction une fois passé la moitié du livre, il me soufflait dans la gueule et j'ai terminé ce roman à l'arrache.

Dommage parce que notre histoire avait bien commencée et le côté loufoque, décalé, me plaisait beaucoup.

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Envie de grand espace, de nature, de solitude ? Embarquez pour un road trip en Patagonie en compagnie de Parker et laissez-vous porter par les rencontres énigmatiques le long des routes secondaires, les vents omniprésents que vous devrez suivre même s'ils ne vous mènent pas là où vous souhaitiez aller, l'hostilité du paysage.... Et d'ailleurs, savez-vous où vous allez ?

Parker fuit Buenos Aires et sa vie d'avant au volant de son camion. Il prend son temps, change d'objectifs fréquemment et se laisse porter par les évènements et les rencontres.
La traversée des villages est rocambolesque. Les villages changent de nom sans raison apparente, les villageois sont tous plus curieux les uns que les autres. de Saline du désespoir, en passant par La Pourrie, Mule morte et autres lieux, Parker tente de donner du sens à sa quête.
Il rencontrera Maytén la caissière d'une fête foraine ambulante mariée à Bruno et n'aura de cesse de la retrouver.

Un récit original, mêlant extravagance, absurdité des situations, désespoir, amour, quête existentielle.
Les dialogues sont cocasses, les personnages étonnants, les paysages envoutants.
Je trouve toutefois qu'il y a - à mon gout - trop de descriptions et pas assez de dialogues dans ce récit, alourdissant ainsi le rythme. Mais cette lenteur donnée au récit n'est-elle pas ce que ressentent les personnages quant ils voyagent des heures sans croiser âme qui vive ?




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Patagonie, un mot qui me fait rêver grand voyage dans des paysages extrêmes et conditions climatiques rudes. C'est une vision moins lisse qui nous est offerte ici avec Parker, un homme qui a fui la grande ville où il a laissé des problèmes insolubles.

Depuis, il sillonne la steppe à bord d'un camion, de Buenos-Aires à la Terre de Feu. Il transporte des marchandises douteuses pour le compte d'un patron tout aussi douteux. Il emprunte des routes secondaires pour éviter les contrôles policiers. Il est bien tout seul, un vieux saxophone l'accompagne et un système ingénieux lui procure un campement confortable tous les soirs.

La monotonie de la route est ponctuée par des rencontres épisodiques avec un curieux journaliste, à la recherche d'un sous-marin allemand de la seconde guerre mondiale qui aurait débarqué des nazis à la fin de la guerre. Parker limite les contacts humains, ne s'arrête jamais longtemps au même endroit. Jusqu'au jour où une panne le contraint à rester sur place. le désoeuvrement le pousse vers une fête foraine. Là, il rencontre une femme superbe, Mayten. C'est l'épouse d'un forain violent, excédé de végéter dans des trous paumés, loin de ses rêves de fortune.

Dès lors, Parker va être obsédé par Mayten, à qui il n'est pas indifférent et au lieu de s'occuper de sa cargaison, il va s'acharner à retrouver la fête foraine partout où elle s'installe. Son rêve est d'emmener Mayten avec lui, loin de cette vie misérable. Mais la vie qu'il mène est-elle plus enviable pour elle ?

Ce roman a quelque chose d'hypnotique dans ses longues descriptions des paysages, des caprices du temps, des lieux aux noms improbables et des habitants plus déjantés et loufoques les uns que les autres. La rencontre entre Parker et Mayten fait des étincelles tant leurs deux personnalités sont éloignées, mais leur errance sans but finit par tourner en rond.

Je me suis sentie tourner en rond moi aussi. Sous une apparence assez onirique, j'ai ressenti une certaine tristesse dans cette histoire et un enfermement qui ont fini par me plomber. C'est une lecture assez prenante par certains aspects, mais au final, je ne sais pas très bien où l'auteur voulait en venir. En bref, je suis passée à côté.
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Improbable road trip d'un routier à la poursuite de son coup de foudre inattendu, qui parcourt les chemins de Patagonie sur les traces d'une fête foraine miteuse. Un itinéraire étrange et incertain, au coeur d'une région fantomatique aux steppes vertigineuses et solitaires, un bout du monde de tous les échecs mais aussi de tous les possibles, où se dessine les contours d'un amour passionnel.

Un roman sans doute un peu trop doux-amer et contemplatif pour moi, bien qu'il faille reconnaître le charme étrange et la poésie mélancolique de ces étendues insensées, et de l'humour désespéré qui ensemble ne sont pas sans évoquer les frères Coen, avec de belles pages sur la route et la solitude.
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Un livre énigmatique où différents personnages se rencontrent et se déplacent sur les routes de Patagonie sans but précis.
L'impression générale est assez déprimante avec à la fois les paysages lunaires,le climat dangereux et des hommes perdus dans ce décor sans avenir .
Bien écrit,ce récit a un côté mystique mais m'a laissé une impression pesante voire oppressante
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Ce roman est pour le moins atypique !
Dès le premier chapitre je me suis retrouvée face à des situations et des personnages loufoques et absurdes. le « nonsense » anglais transposé en Patagonie. Parker, chauffeur routier écume les routes secondaires argentines car ses différents chargements ne sont jamais ni déclarés ni très légaux. de péripéties en rencontres ubuesques, cette région du bout du monde devient peu à peu irréelle. Je me suis plusieurs fois demandé si ce roman n'était pas un roman fantasy tant il est surréaliste.
D'autres chroniqueurs ont également eu le sentiment d'y retrouver cette ambiance particulière à la « Alice au pays des merveilles ». le journaliste chercheur de sous marins nazis apparaissant au volant de sa voiture sans frein comme par magie au milieu de l'immensité des steppes, disparaissant aussi sec comme un lapin blanc. Les jumeaux , ici Fredy et Eber, complètement illuminés. Les personnages rencontrés plus absurdes les uns que les autres laissent finalement la place à Mayten, jolie jeune femme à l'aura mystérieuse, fânant dans un stand de fête foraine.
J'ai parfois eu du mal à entrer dans cette lecture car le côté burlesque et déjanté m'a fait perdre l'essence du récit. Je ne sais pas trop en fin de compte s'il faut y voir un conte un peu satirique ou juste un joyeux bordel.
Ce qui est sûr c'est que les pérégrinations de Parker resteront un moment dans un coin de ma tête.
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Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.

De ports en entrepôts, Parker parcourt les routes de Patagonie. La pointe méridionale de l'Amérique s'étire en une grande plaine traversée d'immenses lignes droites sur lesquelles, pour combattre le sommeil, Parker s'autorise parfois à fermer les yeux derrière le volant de son camion. Il conduit pour le compte de Constanzo, lequel gère des affaires louches de transports plus ou moins licites. Parker, lui, semble fuir quelque chose, ou en tout cas ne pas vouloir revenir à une vie rangée. Toute sa vie tient dans une sorte d'appartement portatif qu'il sort au gré de ses arrêts, au bord même de la route, à l'aide d'un mécanisme astucieux de grues et de poulies. La fuite, toutefois, se lit sur son visage, puisque tous ceux qu'il croise le qualifient, au grand dam de Parker, de Portègne, c'est-à-dire d'habitant de Buenos Aires. Au sein de cette errance désirée apparaît une idole féminine dont Parker devient bientôt l'adorateur : Maytén, une jolie femme brune qui se morfond derrière un stand de fête foraine, attendant désespérément que Bruno, son mari, connaisse le succès dans les affaires. Répétant le nom de sa nouvelle divinité, apprivoisant dans une litanie les sonorités de son nom, Parker met de côté le transport de marchandises pour retrouver le visage et le corps désirés. L'auteur use là de la trame classique de la quête amoureuse : l'homme mystérieux devient providentiel pour la femme sans espoir et sans vie. Mais les baisers volés dans l'obscurité d'un train fantôme ne résistent pas, après l'évasion, à la routine des journées mornes passées dans un camion. Maytén, qui rêvait de maison dans une grande ville, perd ses illusions avec Parker qui, pour sa part, considère l'immensité de la plaine comme le seul refuge possible et souhaitable.

Au-delà de cette trame classique de narration et, disons, relativement peu excitante, tout le relief du récit tient dans la réflexion sur la liberté de l'homme, et dans l'exploitation de l'environnement géographique particulier qu'est la Patagonie ; au milieu d'une faune locale diversifiée et peu commune, le lecteur comme les personnages voient le temps et l'espace se distordre. Gitans, forains, chauffeurs routiers, soldats, néo-nazis et même anthropophages sont les peuplades de ce confins du monde. Varela met en scène une galerie de personnages saugrenus dont aucun ne semble normal, selon notre conception européenne. le seul personnage à qui l'on pourrait accorder confiance est le journaliste que croise Parker à intervalles réguliers. À la recherche de sous-marins nazis ou de mines d'or perdues, le journaliste est le seul dont la parole, quoique que farfelue parfois, puisse être crue. Mais, dans ce pays où le bitume de la route est l'alpha et l'oméga de l'existence, les rencontres sont précieuses, qu'elles représentent un salut psychologique ou un danger physique.

De façon générale, les dangers et les joies proviennent de ce que le temps et l'espace ne paraissent pas obéir aux mêmes lois physiques qu'ailleurs sur la planète. le temps, par exemple, possède une valeur tout à fait aléatoire. Les habitants du coin raisonnent en journée de route, même pour les directions à prendre : Parker doit longer un lac un jour entier et, le lendemain, prendre à gauche ou bien à droite, selon les avis des uns ou des autres. Quant à l'espace, il est immense, il est plat, on s'y perd aisément car rien ne ressemble autant à la pampa que la pampa. le ciel et la terre se confondent même, parfois, déséquilibrant les hommes, comme Bruno sur le lac salé. La question du cadre spatial dans le roman débouche sur un paradoxe géographique concernant la Patagonie : aussi immense soit-elle, tous les personnages du roman finissent par se retrouver, par converger vers le même endroit. Peut-être cela est-il dû à la platitude extrême du paysage, peut-être est-ce l'absence de repères qui fait que chacun tourne en rond.

Le personnage de Parker, comme les autres finalement, posent la question fondamentale de la liberté de l'individu. Parker n'a pas d'origines (il s'agace même qu'on le rattache à la capitale dont il veut s'affranchir, aussi bien pour des raisons pratiques (il y a de lourdes dettes) qu'existentielle), pas de biens matériels (hormis les breloques et vieux meubles qu'il transporte dans son camion), pas d'attaches (il a certes un enfant, mais dont il n'a plus entendu parler depuis plusieurs années), pas de lien social véritable (même avec son patron, qui n'en a que le titre). La Patagonie est son foyer, sa maison est là où il arrête son camion et pose ses affaires chaque soir, ses contraintes sont quasi nulles dans un pays où le temps n'a que peu de valeur. Au contraire, Maytén cherche une maison, du lien social et affectif, une ville avec ses rues, ses immeubles et ses boutiques. La confrontation des deux idéaux est un véritable obstacle à l'amour qu'éprouvent les deux personnages l'un envers l'autre. Ainsi Maytén apparaît-elle, narrativement, comme un élément perturbateur majeur qui fait osciller Parker entre son idéal de liberté et son besoin d'amour.

Par bien de ses aspects, le roman de Varela se rapproche des thématiques chères à la littérature sud-américaine, et on trouvera matière à rapprocher son roman du fameux réalisme magique. La nature y est un personnage à part entière qui étourdit les hommes et nécessite qu'on la connaisse bien pour en éviter les dangers. le roman souffre toutefois d'un déséquilibre dans son rythme narratif : l'intérêt va croissant à mesure que le lecteur appréhende ce monde et que la narration sorte du schéma classique de la quête amoureuse. En dressant le portrait inquiétant et fascinant d'une Patagonie à peine humaine - par la faible présence des hommes et par le caractère particulier de ceux qui la peuplent -, Varela écrit ce road-trip comme un anti guide de voyage du sud américain.
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