Son instinct d’homme du désert, qui s’apparentait à celui des pigeons voyageurs, des oiseaux migrateurs ou des baleines, lui aurait permis de s’orienter même à l’aveuglette. Il était sûr qu’à des centaines de kilomètres à la ronde il ne rencontrerait nul obstacle. Nord, sud, est, ouest, puits, oasis, chemins, montagnes, « terres vides », fleuves de dunes, plateaux rocheux…
Au Sahara, chaque homme disposait du temps, de la paix et de l’atmosphère nécessaires pour se trouver lui-même, porter son regard au loin ou interroger sa conscience, observer la nature, méditer sur les enseignements des livres sacrés. Là-bas, dans les villes, dans les villages et même dans les hameaux berbères, il n’y avait ni paix, ni temps libre, ni espace. Là-bas, tout n’était que vacarme et problèmes entre voisins, cris et querelles, chacun paraissant plus soucieux des autres que de soi-même.
Les « Français » juraient que les chameaux d’Arabie étaient des animaux stupides, méchants et vindicatifs, qui n’obéissaient qu’aux cris et aux coups. Un authentique Imohag, lui, savait qu’un bon dromadaire du désert, surtout un méhari pur sang, bien soigné et bien dressé, peut être aussi intelligent et fidèle qu’un chien et, naturellement, mille fois plus utile au pays du sable et du vent.
Un bon livre d'aventures, injustement méconnu. Le dénouement final est particulièrement réussi.