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4,1

sur 1213 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Voilà une nouvelle qui a connu dès sa parution clandestine en 1942 un succès foudroyant, renforcé par un film tourné en 1947, succès qui ne s'est jamais démenti par la suite. C'est un peu par hasard que j'ai relu ce bref roman. Et j'en ressors bien pensif, alors que quelques décennies plus tôt je l'avais ingurgité sans y trouver à redire, comme un chien avale sa pâtée.

L'affaire, tout le monde la connaît. Un homme, plus tout jeune mais sans être un vieillard, et sa nièce, sont obligés pendant la guerre d'héberger dans leur maison un officier allemand. Pour marquer leur désapprobation face à l'occupation de leur pays, ils refusent de lui parler et font comme s'il n'était pas là. C'est donc l'Allemand qui parle sans jamais recevoir de réponse.

Cette mise en scène singulière, certainement à l'origine du succès du livre, m'a semblé poursuivre un dessein qui m'avait totalement échappé quand j'étais jeune. En effet, ce militaire allemand est un homme cultivé et raffiné, musicien, et parlant excellemment le Français. Puisqu'il n'y a que lui qui parle, sa parole n'en a que plus de force. On l'écoute. Admiratif de l'esprit français et de la grandeur de ce pays, grand connaisseur de la littérature française, ses interventions se résument souvent à une sorte d'étrange réquisitoire contre ses propres compatriotes. A l'écouter, si l'Allemand a des qualités, il est loin d'atteindre l'esprit français. Il est en dessous. Sa puissance provient d'une proximité plus grande avec la nature, ce qui lui donne de la force et du tempérament, mais la finesse lui manque encore. Naïf, cet officier espère que la conquête de la France permettra une union entre les deux nations, au grand bénéfice des Allemands qui, au contact étroit de ces merveilleux Français, s'élèveront vers des formes supérieures de l'esprit.

Vercors semble avoir créé cet Allemand improbable dans le seul but de magnifier les Français et de débiner les Allemands. C'est d'autant plus crédible à la lecture que c'est l'Allemand lui-même qui nous sert cette propagande. Comment ne pas le croire ? Ça va assez loin tout de même puisque ce délicat militaire raconte qu'il a été fiancé à une jeune Allemande, mais que celle-ci, bien emblématique de cette férocité qui sommeille en chaque Allemand, prenait plaisir à arracher une à une les pattes d'une mouche quand elle parvenait à choper ces petits insectes qui l'importunaient. C'en était trop pour cet officier qui, malheureux de cette cruauté toute germanique, l'a quittée.

Finalement, après un séjour à Paris où il retrouve quelques condisciples, les yeux de ce généreux officier vont se dessiller. Tous ses anciens amis n'ont qu'un but, abattre cet esprit français qu'il admire, le détruire, pour que s'épanouisse seul et sans entrave la brutale puissance allemande. Il en revient bouleversé et décide, en s'engageant sur le front de l'est, de mettre un terme à son existence.

La sauce que nous livre Vercors est celle d'un essentialisme assez puéril qui confine, comme tous les essentialismes, au racisme ordinaire. Les Allemands sont ainsi, c'est leur nature, on n'y peut pas grand-chose. Cet essentialisme va si loin que notre officier allemand porte, le narrateur le note dès le premier jour, un nom qui n'est pas allemand (von Ebrennac), mais d'origine française, sans doute celui d'un « descendant d'émigré protestant » (selon le narrateur). Bref, la boucle est bouclée, cet étrange Allemand charitable et bienveillant n'en est pas tout à fait un, il y a du Français en lui…

Quand je lis au dos de la version en Livre de poche que ce livre est « un plaidoyer implacable contre la barbarie hitlérienne », je me dis que depuis 80 ans la critique se vautre dans un contresens. Ce que j'ai lu est clairement un plaidoyer contre les Allemands en tant que tels, et ce plaidoyer use sournoisement d'un procédé littéraire en mettant en scène un Allemand d'exception, unique représentant de son espèce, qui, par son discours, ne cesse d'enfoncer tous les autres.

On objectera que le contexte historique explique cette pensée essentialiste. C'est juste. Après la défaite de juin 40 et l'occupation du pays, on peut comprendre que Vercors « a la haine » comme on dit maintenant. Il est vrai aussi que, comme les Français de sa génération, né une quinzaine d'années avant la guerre 14/18, Vercors a grandi dans la détestation du « boche ». Quoi qu'il en soit, nous sommes loin du chef d'oeuvre qu'on nous présente depuis sa parution.
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Je n'ai pas réussi à rentrer dans cette lecture très appréciée des lecteurs qui la caractérisent même de chef d'oeuvre.
Le sujet, pourtant au départ intéressant, m'a laissée perplexe.
Il ne se passe pas grand chose dans l'histoire, on suit un soldat allemand qui réquisitionne une chambre chez un vieil homme français vivant avec sa nièce. Ceux-ci vont se murer dans le silence. Un silence puissant appuyé par l'auteur pour marquer le mépris français et des monologues d'un officier allemand qui aime la France et sa culture.
Je m'attendais tout au long du récit à un drame, mais non. Ce silence a eu raison de moi.
Lien : https://instagram.com/plante..
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Je ne sais pas trop quoi penser de ce livre...Alors autant je suis hyper sensible sur pas mal de choses, mais là je n'ai pas spécialement été touchée par l'histoire de l'officier allemande, ni par l'oncle et sa nièce, ni par les autres personnages présents dans les 6 autres "nouvelles". Je me suis hyper ennuyée, et mis à part le fait qu'on arrive quand même à ressentir les deux côtés de la guerre (les résistants et dison le clairement : les balances) j'ai trouvé cela trop court pour m'imprégner totalement du message qu'à voulu faire passer l'auteur.
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