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Ou comment raconter l'indicible. Pierre Cange, résistant déporté, est un homme brisé à son retour. Réfugié dans le silence. De son mutisme, il ne laissera seulement échapper : "J'ai perdu ma qualité d'homme". Ce très court récit bouleversant, éprouvant, date de 1946, ce qui, compte tenu de certains faits relatés connus d'un nombre infime de personne, ne laisse que peu de doute sur l'existence réelle de Pierre Cange. Un récit qui raconte à la fois beaucoup et peu sur la déportation mais qui dit l'essentiel sur ces hommes à jamais marqués par ce qu'ils ont vu ou ce qu'ils ont été obligés d'accomplir. L'ouvrage se poursuit avec une seconde partie totalement romancée qui donne à voir la France juste après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Une France avec les séquelles des affrontements entre les hommes de la collaboration et ceux de la résistance. Cette France de l'épuration. Là aussi, l'on rencontre des hommes qui doivent faire face à leurs actes passés, des hommes qui, sans avoir connu les horreurs de la déportation, sortent, eux aussi, anéantis de cette période et qui n'ont pas d'autres choix que de vivre avec. Le premier ouvrage est un récit-confession, noir, désespéré. le second, grâce au coté romancé, permet de mettre des mots sur le "mal-être" de ces hommes. Un ouvrage essentiel, indispensable, inoubliable par la puissance de ses mots, pour qui s'intéresse à cette période de notre histoire. A noter, entre les deux récits, Vercors nous raconte la visite à son domicile, d'un homme qui le supplie de lui donner l'adresse de Pierre Cange car, comme il le prétend, lui aussi a commis l'indicible et seul le fait de le rencontrer, de lui parler, pourrait, peut être, lui redonner sa qualité d'homme... + Lire la suite |