![]() |
Dommage que la forme m'ait dérangée et parfois laissée à la marge car le fond est vraiment intéressant et même parsemé de petites touches humoristiques. Les Français, par exemple, font l'objet de petites piques qui m'ont beaucoup amusée. Mais le summum est sans doute cette demande en demande en mariage (oui, il y a aussi une histoire d'amour) …Une merveille d'anti romantisme ! Mais le fond de l'histoire n'est pas là… Elle commence d'ailleurs par un cadavre, « un tout petit cadavre », comme le signale le narrateur. Douglas Templemore, en présence d'un médecin et d'un agent de police, affirme avoir tué son fils, fruit d'une insémination avec une femelle de l'espèce Paranthropus Erectus récemment découverte en Nouvelle-Guinée et qui présente des caractéristiques humaines et animales. Mais alors, ce bébé est-il un homme ou un singe ? Pour le médecin, après un examen plus approfondi, pas de doute : c'est un singe ! Qu'il soit baptisé et déclaré à l'état civil n'y change rien. Il ne s'agit donc pas d'un assassinat. le policier, perplexe, se demande s'il doit mettre Douglas en état d'arrestation pour meurtre… Ne vous méprenez pas, ce n'est pas non plus un policier. La première moitié du livre revient sur ce qui a amené Douglas à cette situation et la deuxième moitié met en scène un procès retentissant avec son lot de discussions animées et controversées autour d'un thème central : ce qui définit l'homme et ce qui le différencie de l'animal. le roman soulève aussi d'autres questions tels que l'hybridation, l'éthique, l'alignement des convictions dans un couple (surtout celle de la femme !), ce que l'on est disposé à faire pour une cause que l'on considère juste, si tant est qu'une telle cause existe réellement… « Ce serait trop beau de mourir pour une cause tout à fait juste ! C'est vrai qu'il n'y en a pas. La cause la plus juste l'est généralement par-dessus le marché. Il faut toujours, pour la soutenir efficacement, ces intérêts que vous appelez sordides. » Le thème principal (qu'est-ce qu'un homme ?) est donc captivant et abordé sous différentes perceptions. Mais, comme déjà signalé, je n'ai pas adhéré à la forme. le plus dérangeant est sans doute d'avoir eu la sensation d'être décalée temporellement, d'être projetée dans l'illusion d'un passé qui cherchait à s'imposer comme un présent, déjà lui-même passé ! Bien que le narrateur date la fin de son roman en 1951 (et une ou deux brèves allusions au procès de Nuremberg tendent à confirmer la période), j'ai eu l'impression tout au long de ma lecture d'être au XIXème siècle, de par l'attitude des personnages, la désignation de sauvage, et même les exhibitions des Tropis (c'est le surnom donnée à ces Paranthropes). . Impossible de ne pas penser à ces peuplades tragiquement arrachées à leurs terres et leurs familles pour être exhiber dans les zoos ! Ce décalage m'a souvent mise en porte à faux avec les intentions de l'auteur, il a créé en tout cas des attentes qui n'avaient pas lieu d'être. Ce livre se lit malgré tout avec plaisir et je suis bien contente de l'avoir lu. + Lire la suite |