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EAN : 9782253010234
363 pages
Le Livre de Poche (01/05/1975)
3.95/5   569 notes
Résumé :
En Nouvelle-Guinée, une équipe de savants auxquels s'est joint le journaliste Douglas Templemore cherche le fameux « chaînon manquant » dans l'évolution du singe à l'homme. En fait de fossile, ils trouvent une colonie bien vivante. Une colonie de quadrumanes, donc de singes. Mais a-t-on jamais vu des singes troglodytes ? Enterrant leurs morts ?
Tandis que les hommes de science s'interrogent sur la nature de leurs « tropis », un homme d'affaires voit en eux un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,95

sur 569 notes
Dommage que la forme m'ait dérangée et parfois laissée à la marge car le fond est vraiment intéressant et même parsemé de petites touches humoristiques. Les Français, par exemple, font l'objet de petites piques qui m'ont beaucoup amusée. Mais le summum est sans doute cette demande en demande en mariage (oui, il y a aussi une histoire d'amour) …Une merveille d'anti romantisme !

Mais le fond de l'histoire n'est pas là… Elle commence d'ailleurs par un cadavre, « un tout petit cadavre », comme le signale le narrateur. Douglas Templemore, en présence d'un médecin et d'un agent de police, affirme avoir tué son fils, fruit d'une insémination avec une femelle de l'espèce Paranthropus Erectus récemment découverte en Nouvelle-Guinée et qui présente des caractéristiques humaines et animales. Mais alors, ce bébé est-il un homme ou un singe ? Pour le médecin, après un examen plus approfondi, pas de doute : c'est un singe ! Qu'il soit baptisé et déclaré à l'état civil n'y change rien. Il ne s'agit donc pas d'un assassinat. le policier, perplexe, se demande s'il doit mettre Douglas en état d'arrestation pour meurtre…

Ne vous méprenez pas, ce n'est pas non plus un policier. La première moitié du livre revient sur ce qui a amené Douglas à cette situation et la deuxième moitié met en scène un procès retentissant avec son lot de discussions animées et controversées autour d'un thème central : ce qui définit l'homme et ce qui le différencie de l'animal. le roman soulève aussi d'autres questions tels que l'hybridation, l'éthique, l'alignement des convictions dans un couple (surtout celle de la femme !), ce que l'on est disposé à faire pour une cause que l'on considère juste, si tant est qu'une telle cause existe réellement…

« Ce serait trop beau de mourir pour une cause tout à fait juste ! C'est vrai qu'il n'y en a pas. La cause la plus juste l'est généralement par-dessus le marché. Il faut toujours, pour la soutenir efficacement, ces intérêts que vous appelez sordides. »

Le thème principal (qu'est-ce qu'un homme ?) est donc captivant et abordé sous différentes perceptions. Mais, comme déjà signalé, je n'ai pas adhéré à la forme. le plus dérangeant est sans doute d'avoir eu la sensation d'être décalée temporellement, d'être projetée dans l'illusion d'un passé qui cherchait à s'imposer comme un présent, déjà lui-même passé ! Bien que le narrateur date la fin de son roman en 1951 (et une ou deux brèves allusions au procès de Nuremberg tendent à confirmer la période), j'ai eu l'impression tout au long de ma lecture d'être au XIXème siècle, de par l'attitude des personnages, la désignation de sauvage, et même les exhibitions des Tropis (c'est le surnom donnée à ces Paranthropes). . Impossible de ne pas penser à ces peuplades tragiquement arrachées à leurs terres et leurs familles pour être exhiber dans les zoos ! Ce décalage m'a souvent mise en porte à faux avec les intentions de l'auteur, il a créé en tout cas des attentes qui n'avaient pas lieu d'être. Ce livre se lit malgré tout avec plaisir et je suis bien contente de l'avoir lu.
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Une équipe de chercheurs, accompagnée du journaliste Douglas Templemore est à la recherche en Nouvelle-Guinée, du chaînon manquant dans l'évolution humaine. Ils découvriront, bien vivante, une espèce inconnue, les « tropis », sorte d'individus quadrumanes possédant des rites funéraires. Nous y voilà ! Déjà, des industriels sans scrupules lorgnent une main d'oeuvre à bon marché…

On l'aura compris, l'intrigue, pour originale qu'elle soit n'est qu'un prétexte à un questionnement bien plus profond : qui est l'homme, cet « animal dénaturé » ?
Bien sûr, ce bouquin quelque peu iconoclaste, aussi bien dans le ton que dans le propos, n'a pas la prétention d'apporter de réponse à la question ; d'autant que les problématiques induites sont nombreuses : esclavage, euthanasie, clonage…

On est bien loin du « Silence de la mer »… Qu'importe, voilà un bouquin qui, même s'il pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses reste un de mes grands coups de cœur d'ado.
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Qu'est-ce qui distingue l'être humain de l'animal ? L'homme du singe, en l'occurrence ? La parole, l'art, les rites funéraires, l'organisation sociale, la fabrication d'outils, le rire, la capacité d'abstraction... ?
Voilà la question soumise à un tribunal anglais dans les années 50, à propos de Tropis - hominidés fictifs découverts en Nouvelle-Guinée - suite au meurtre de l'un d'eux.

Cette intrigue est prétexte à des débats foisonnants et passionnants. L'auteur retourne indéfiniment la question, à coups d'arguments religieux, philosophiques, scientifiques et juridiques. de quoi faire cogiter le lecteur sur les limites de chacune de ces disciplines (et sur leurs interactions, comme pour l'euthanasie, l'avortement, le clonage...). Et l'exercice est jubilatoire, surtout lorsque le débat se complique de considérations politico-économiques (esclavage, ici).

Bien que toutes ces questions m'aient intéressée, ce roman m'a semblé interminable, maladroit et lourd. Pas moyen de me persuader que l'intrigue se situait dans les années 50, tant les protagonistes, leurs dialogues, leurs idées - sur les ‘races' humaines notamment - semblent dater de l'époque victorienne.
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Dans ce court roman écrit en 1951, Vercors pose la question de ce qui définit l'homme. Même s'il la pose au sujet d'un peuple primitif découvert par une expédition scientifique, on ne peut pas s'empêcher d'y voir un lien avec les questions posées par la barbarie nazie, d'autant que Vercors y fait lui-même plusieurs allusions dans le livre.
Le premier chapitre s'ouvre par une formidable accroche: un homme, Doug Templemore, s'accuse du meurtre de son fils et demande à être jugé pour ce crime.
Puis on revient en arrière sur les débuts de la relation entre Doug et Frances, et ce qui a poussé Doug à s'engager dans l'expédition scientifique qui va le mener à la découverte des Tropis.
Ensuite, à travers des lettres de Doug à Frances, on suit la vie de l'expédition et on découvre avec lui le peuple tropi, qui pourrait bien être le chaînon manquant dans la chaîne de l'évolution.
Hommes ou singes? Telle est la question, pour des raisons scientifiques bien sûr, mais bien vite ce sont des préoccupations économiques qui font de cette question métaphysique un enjeu crucial.
La forme du procès permet alors à l'auteur de développer son argumentation et d'exposer clairement les différents points de vue sur le sujet.
La construction du roman, et surtout son style original, arrivent à rendre passionnants et clairs un sujet ardu et une question métaphysique majeure. C'est un vrai tour de force que réalise l'auteur, et l'ouvrage reste toujours d'actualité.
J'ai particulièrement aimé le ton humoristique et décalé du narrateur omniscient, et j'ai donc pris beaucoup de plaisir à lire ce livre qui fait également réfléchir à des questions éthiques bien après l'avoir refermé.

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Une espèce inconnue, mi singe mi homme est découverte dans la jungle. Un jeune journaliste veut prouver leur (in)humanité en tuant le fruit de son expérimentation, un bébé issue de son croisement avec une tropi comme on les appelle. S'en suit un procès, des raisonnements interminables, une conclusion ironique.
Même si le nazisme est évoqué dans ce livre écrit en 1952, et s'il se veut un plaidoyer contre le racisme, il ne vaut pas, et de loin, le Silence de la mer, du même auteur.
Malgré tout, une réflexion se dégage : les animaux dénaturés, ne serait-ce pas nous ?
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Citations et extraits (77) Voir plus Ajouter une citation
Je n’ignore pas ce qu’on pense de ma vie souvent, vous savez... Mais vous ne savez pas ceci sans doute : qu’il m’arrive d’en souffrir. Non pas de ce qu’on pense, bien sûr ! Mais de ce que cette vie dépende si totalement de moi, de moi seule, – de mon seul jugement... J’en éprouve parfois un... un vertige panique... Je vous étonne, Frances ? Je vous paraissais moins vulnérable ? Plus cuirassée ? Personne n’est cuirassé : ce n’est jamais que du clinquant. Le ciel est vide, Frances, c’est vrai, mais on a beau le savoir, on ne s’habitue pas. On ne s’habitue pas à ce que nos actes n’aient aucun sens... – que les bons comme les mauvais engendrent au hasard les bienfaits ou la pestilence... Dieu est toujours, toujours muet... Nous n’avons, pour fonder le bien et le mal, que le sable mouvant des intentions... Rien ne vient nous guider...

Chapitre XI
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Qu’est-ce que l’homme ? p. 249-252 :
– En comparant l’intelligence de l’homme et de la bête, reprit Sir Arthur, le professeur Rampole nous a en somme moins parlé de quantité que de qualité. Il a même précisé qu’il en va toujours ainsi dans la nature : une petite différence de quantité peut provoquer une mutation brusque, un changement total de qualité. Par exemple, si l’on chauffe de l’eau, on peut lui ajouter des quantités de calories sans qu’elle change d’état. Et puis, à un certain moment, un seul degré suffit pour qu’elle passe de l’état liquide à l’état gazeux. N’est-ce pas ce qui s’est passé pour l’intelligence de nos ancêtres ? Un petit supplément de quantité dans les liaisons cérébrales – peut-être même insignifiant – lui a fait faire un de ces sauts qui a déterminé un changement total de qualité. De sorte…
– C’est une opinion subversive, dit le gentleman aux manchettes.
– Pardon ?
– J’ai lu des choses pareilles dans… je ne sais plus. Mais enfin, c’est du pur matérialisme bolchevik. C’est une des trois lois de leur dialectique.
– Le professeur Rampole, dit Sir Kenneth, est le neveu de l’évêque de Crewe. Sa femme est la fille du recteur Clayton. La mère du recteur est un excellent chrétien.
Le gentleman tira ses manchettes et considéra les poutres du plafond avec affectation.
« Le professeur Rampole, continuait Sir Arthur, a précisé ce changement de qualité : la différence entre l’intelligence de l’homme de Néandertal et celle d’un grand singe ne devait pas être bien grande en quantité. Mais elle a dû être énorme dans leur rapport avec la nature : l’animal a continué de la subir. L’homme a brusquement commencé de l’interroger. […]
Or, pour l’interroger, il faut être deux : celui qui interroge, celui qu’on interroge. Confondu avec la nature, l’animal ne peut l’interroger. Voilà, il me semble, le point que nous cherchons. L’animal fait un avec la nature. L’homme fait deux. Pour passer de l’inconscience passive à la conscience interrogative, il a fallu ce schisme, ce divorce, il a fallu cet arrachement. N’est-ce pas la frontière justement ? Animal avant l’arrachement, homme après lui ? Des animaux dénaturés, voilà ce que nous sommes. […]
Ça explique, dit Sir Arthur, que l’animal n’ait pas besoin de fables ni d’amulettes : il ignore sa propre ignorance. Tandis que l’esprit de l’homme, arraché, isolé de la nature, comment ne serait-il pas à l’instant plongé dans la nuit et dans l’épouvante ? Il se voit seul, abandonné, mortel, ignorant tout – unique animal sur terre « qui ne sait qu’une chose, c’est qu’il ne sait rien » – pas même ce qu’il est. Comment n’inventerait-il pas aussitôt des mythes : des dieux ou des esprits en réponse à cette ignorance, des fétiches et des gris-gris en réponse à cette impuissance ? N’est-ce pas l’absence même, chez l’animal, de ces inventions aberrantes qui nous prouve aussi l’absence de ces interrogations terrifiantes ? »
On le regarda sans rien dire.
– Mais alors, si ce qui a fait la personne – la personne consciente, et son histoire – est bien cet arrachement, cette indépendance, cette lutte, cette dénature ; si, pour admettre une bête parmi les hommes, il faut qu’elle ait sauté ce pas douloureux ; à quoi, à quel signe enfin reconnaîtra-t-on qu’elle l’a fait ?
On ne répondit pas.
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“Mais, ai-je demandé, ‘encore singe et déjà homme’, qu’est-ce que cela veut dire, précisément ? Que ce n’était qu’un singe, ou que c’était un homme ?”
– “Mon vieux, m’a dit Sybil, les Grecs ont longtemps disputé de la grave question de savoir à partir de quel nombre exact de cailloux on pouvait parler d’un tas : était-ce deux, trois, quatre, cinq ou davantage ? Votre question n’a pas plus de sens. Toute classification est arbitraire. La nature ne classifie pas. C’est nous qui classifions, parce que c’est commode. Nous classifions d’après des données arbitrairement admises, elles aussi. Qu’est-ce que ça peut vous faire, au fond, que l’être dont voici le crâne entre nos mains soit appelé singe, ou soit appelé homme ? Il était ce qu’il était, le nom que nous lui donnerons ne fait rien à la chose.” – “Croyez-vous ?” ai-je dit. Elle a haussé les épaules. Seulement c’était avant.

Chapitre VI
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Le gentleman aux manchettes prit la parole et dit que, en ce qui le concernait, il lui importait fort peu qu’on définît ou non la Personne humaine. Il y a, dit-il, cinq cent mille ans que les hommes se passent d’être définis, ou plutôt qu’ils ont inventé sur eux-mêmes des conceptions changeantes, utiles en leur temps aux civilisations qu’ils entendaient bâtir. Pourquoi ne pas les laisser continuer ? [...]
— Mais, demanda la petite dame quaker, est-ce qu’il vous est tout à fait égal que des milliers de tropis, s’ils sont des hommes, soient réduits en esclavage, ou que, s’ils sont des singes, un citoyen innocent soit pendu ? Le gentleman répondit qu’en effet, d’un point de vue un peu haut, cela lui était parfaitement égal. La vie fourmille d’injustices, on ne peut se flatter que de les réduire au minimum.

Chapitre XV
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[expériences de Wolfe]
Il avait offert à ses chimpanzés un distributeur de raisins secs, qui fonctionnait avec des jetons. Les singes eurent tôt fait de savoir s’en servir. Ensuite il leur a offert un distributeur de jetons. Les singes le firent marcher et portèrent aussitôt les jetons dans le premier appareil. Ensuite il ferma l’appareil. Alors ces animaux firent provision de jetons et les cachèrent en attendant qu’il vienne le rouvrir : ils avaient réinventé la monnaie, et même l’avarice !
(p. 217)
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