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Citations sur Les villes tentaculaires (17)

Se regardant avec les yeux cassés de leurs fenêtres
Et se mirant dans l’eau de poix et de salpêtre
D’un canal droit, marquant sa barre à l’infini,
Face à face, le long des quais d’ombre et de nuit,
Par à travers les faubourgs lourds
Et la misère en pleurs de ces faubourgs,
Ronflent terriblement usine et fabriques.

Rectangles de granit et monuments de briques,
Et longs murs noirs durant des lieues,
Immensément, par les banlieues;
Et sur les toits, dans le brouillard, aiguillonnées
De fers et de paratonnerres,
Les cheminées.

Se regardant de leurs yeux noirs et symétriques,
Par la banlieue, à l’infini.
Ronflent le jour, la nuit,
Les usines et les fabriques.

Oh les quartiers rouillés de pluie et leurs grand-rues!
Et les femmes et leurs guenilles apparues,
Et les squares, où s’ouvre, en des caries
De plâtras blanc et de scories,
Une flore pâle et pourrie.

Aux carrefours, porte ouverte, les bars:
Etains, cuivres, miroirs hagards,
Dressoirs d’ébène et flacons fols
D’où luit l’alcool
Et sa lueur vers les trottoirs.
Et des pintes qui tout à coup rayonnent,
Sur le comptoir, en pyramides de couronnes;
Et des gens soûls, debout,
Dont les larges langues lapent, sans phrases,
Les ales d’or et le whisky, couleur topaze.

Par à travers les faubourgs lourds
Et la misère en pleurs de ces faubourgs,
Et les troubles et mornes voisinages,
Et les haines s’entre-croisant de gens à gens
Et de ménages à ménages,
Et le vol même entre indigents,
Grondent, au fond des cours, toujours,
Les haletants battements sourds
Des usines et des fabriques symétriques.
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La ville est colossale et luit comme une mer,
Lointainement, de vagues électriques,
Et ses mille chemins de bars et de boutiques
Aboutissent, soudain, aux promenoirs d’éclair,
Où ces femmes — opale et nacre,
Satin nocturne et cheveux roux —
Avec en main des fleurs de macre,
À longs pas clairs, foulent des tapis mous.

Ce sont de très lentes marcheuses solennelles
Qui se croisent, sous les minuits inquiétants,
Et se savent — depuis quels temps ? —
Douloureuses et mutuelles.


Les promeneuses
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le masque

La couronne formidable des rois
En s’appuyant de tout son poids
Sur ce masque de cire
Semblait broyer et mutiler
L’empire.

Le pâle émail des yeux usés
S’était fendu en agonies
Minuscules, mais infinies,
Sous les sourcils décomposés.

Le front avait été l’éclair,
Avant que les pâles années
N’eussent rivé les destinées,
Sur ce bloc mort de morne chair.

Les crins encore étaient ardents,
Mais la colossale mâchoire,
Mi-ouverte, laissait la gloire
Tomber morte d’entre les dents.

Depuis des temps qu’on ne sait pas,
La couronne, violemment cruelle,
De sa poussée indiscontinuelle
Ployait le chef toujours plus las.

Les astuces, les perfidies
Louchaient en ses joyaux taillés,
Et les meurtres, les sangs, les incendies
Semblaient reluire entre ses ors caillés.

Elle écrasait et abattait
Ce qui jadis était la gloire :
Ce front géant qui la portait
Et la dardait vers les victoires
Si bien qu’ainsi s’accomplissait, sans bruit,
L’oeuvre d’une force qui se détruit,
Obstinément, soi-même,
Et finit par se définir
Pour l’avenir
Dans un emblème.

Couronne et tête étaient placées,
Couronne ardente et tête autoritaire,
En un logis de verre,
Au fond d’un hall, dans un musée.
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Le rêve ! il est plus haut que les fumées
Qu’elle renvoie envenimées
Autour d’elle, vers l’horizon ;
Même dans la peur ou dans l’ennui,
Il est là-bas, qui domine, les nuits,
Pareil à ces buissons
D’étoiles d’or et de couronnes noires,
Qui s’allument, le soir, évocatoires.

L'âme de la ville
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LES IDÉES

Sur la Ville, dont les affres flamboient,
Règnent, sans qu’on les voie,
Mais évidentes, les idées.

On les rêve parmi les brumes, accoudées
En des lointains, là-haut, près des soleils.

Aubes rouges, midis fumeux, couchants vermeils,
Dans le tumulte violent des heures,
Elles demeurent ;
Et leur âme, par au-delà du temps et de l’espace,
S’éternise, devant les flux et les reflux qui passent.
Et la première et la plus vaste, c’est la force
Épanouie ou souterraine,
Multipliée en poings, en bras, en torses,
Ou tout à coup sereine,
Dans un cerveau suprême et foudroyant.
Par à travers l’or effrayant,
Les cris, la chair, le sang, la lie,
Elle apparaît : celle qui tend ou qui délie
L’énorme effort humain bandé vers la folie.

Depuis que se mangent ou se fécondent
À chaque instant qui naît, qui meurt, les mondes,
L’atome est vibrant d’elle.
Elle est l’ardeur de la conquête universelle.
Indifférente au bien, au mal, mais haletante
En chaque assaut dont les cités sont fermentantes,
Elle érige la gloire en beau geste dans l’air,
Ou bien allume, à coups d’éclairs,
Par la nuit sourde où rien ne bouge,
Le crime immense avec la mort à son poing rouge.
Et voici la justice et la pitié, jumelles ;
Mères au double cœur dont les claires mamelles
Versent le jour clément et se penchent vers tous.
Ceux d’aujourd’hui les affichent deux ennemies
Luttant avec des cris et des antinomies,
Au nom de Christ, le maître abominable ou doux,
Selon celui qui interprète ses paroles.
La loi qui est déesse, on la proclame idole ;
Et les codes sont des meutes qu’on dresse à mordre ;
Et la peur règne — mais l’ordre,
Qui doit s’ouvrir comme une grande fleur
Libre et vive, malgré ses milliers de pétales,
Dont nul n’a comprimé l’ardeur,
Puisera l’équité dans la bonté totale.

Oh ! l’avenir montré tel qu’un pays de flamme,
Comme il est beau devant les âmes,
Qui, malgré l’heure, ont confiance en leur vouloir.
Tant de siècles ne détiennent l’espoir,
Depuis mille et mille ans, indestructible,
Sans que tous les désirs ligués, frappant la cible,
Ne tuent un jour la haine et n’instaurent l’amour.
La conscience humaine est sculptée en contours
Puissants et délicats que, sans cesse, elle affine,
Pour transmuer sa vie en facultés divines
Et créer son bonheur et s’affirmer : un Dieu ;
Le futur éclatant est un oiseau de feu,
Dont les plumes, une par une,
Se détachant de l’aile et retombant vers nous,
Frôlent de flamme et de splendeur nos regards fous.

Et plus haute que n’est la force et la justice,
Par au delà du vrai, du faux, de l’équité,
Plus loin que l’innocence ou que le vice,
Luit la beauté.
Touffue et claire,
Méduse ténébreuse et Minerve solaire,
Fondant le double mythe en unique splendeur,
Elle épouvante de grandeur.
Sublime, elle a pour prêtres les génies
Qui communient
De la lumière de ses yeux ;
Les temps sont datés d’elle et marchent glorieux,
Selon que son vouloir les prend pour ostiaires ;
Sou poing crispé saisit les mille éclairs contraires
Et les assemble et les resserre et les unit,
Pour tordre et pour forger d’un coup, tout l’infini.
La rose Égypte et la Grèce dorée
Jadis, aux temps des Dieux, l’ont instaurée
En des temples d’où s’envolait l’oracle ;
Et Paris et Florence ont rêvé le miracle
D’être, à leur tour, l’autel où ses pieds clairs,
Vibrants d’ailes, se poseraient sur l’univers.
Aujourd’hui même, elle apparaît dans les fumées
Les yeux offerts, les mains encor fermées,
Le corps exalté d’or et de soleil ;
Un feu nouveau d entre ses doigts vermeils
Glisse et provoque aux conquêtes certaines,
Mais les marteaux brutaux des tapages modernes
Cassent un bruit si fort, sous les cieux ternes,
Que son appel vers ses fervents s’entend à peine.

Et néanmoins elle est la totale harmonie
Qui se transforme et se restaure à l’infini,
Par à travers les mille efforts que l’on croit vains.
Elle est la clef du cycle humain,
Elle suggère à tous l’existence parfaite,
La simple joie et l’effort éperdu,
Vers les temps clairs, baignés de fête
Et sonores, là-bas, d’un large accord inentendu.
Quiconque espère en elle est au delà de l’heure
Qui frappe aux cadrans noirs de sa demeure ;
Et tandis que la foule abat, dans la douleur,
Ses pauvres bras tendus vers la splendeur,
Parfois, déjà, dans le mirage, où quelque âme s’isole,
La beauté passe — et dit les futures paroles.

Sur la Ville, d’où les affres flamboient,
Règnent, sans qu’on les voie,
Mais évidentes, les idées.
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LA RÉVOLTE

La rue, en un remous de pas,
De corps et d’épaules d’où sont tendus des bras
Sauvagement ramifiés vers la folie,
Semble passer volante,
Et ses fureurs, au même instant, s’allient
À des haines, à des appels, à des espoirs ;
La rue en or,
La rue en rouge, au fond des soirs.

Toute la mort
En des beffrois tonnants se lève ;
Toute la mort, surgie en rêves,
Avec des feux et des épées
Et des têtes, à la tige des glaives,
Comme des fleurs atrocement coupées.

La toux des canons lourds,
Les lourds hoquets des canons sourds
Mesurent seuls les pleurs et les abois de l’heure.
Les cadrans blancs des carrefours obliques,
Comme des yeux en des paupières,
Sont défoncés à coups de pierre :
Le temps normal n’existant plus
Pour les cœurs fous et résolus
De ces foules hyperboliques.

La rage, elle a bondi de terre
Sur un monceau de pavés gris,
La rage immense, avec des cris,
Avec du sang féroce en ses artères,
Et pâle et haletante
Et si terriblement
Que son moment d’élan vaut à lui seul le temps
Que met un siècle en gravitant
Autour de ses cent ans d’attente.

Tout ce qui fut rêvé jadis ;
Ce que les fronts les plus hardis
Vers l’avenir ont instauré ;
Ce que les âmes ont brandi,
Ce que les yeux ont imploré,
Ce que toute la sève humaine
Silencieuse a renfermé,
S’épanouit, aux mille bras armés
De ces foules, brassant leur houle avec leurs haines.

C’est la fête du sang qui se déploie,
À travers la terreur, en étendards de joie :
Des gens passent rouges et ivres ;
Des gens passent sur des gens morts ;
Les soldats clairs, casqués de cuivre,
Ne sachant plus où sont les droits, où sont les torts.
Las d’obéir, chargent, mollassement,
Le peuple énorme et véhément
Qui veut enfin que sur sa tête
Luisent les ors sanglants et violents de la conquête.

— Tuer, pour rajeunir et pour créer !
Ainsi que la nature inassouvie
Mordre le but, éperdument,
À travers la folie énorme d’un moment :
Tuer ou s’immoler pour tordre de la vie ! —
Voici des ponts et des maisons qui brûlent,
En façades de sang, sur le fond noir du crépuscule ;
L’eau des canaux en réfléchit les fumantes splendeurs,
De haut en bas, jusqu’en ses profondeurs ;
D’énormes tours obliquement dorées
Barrent la ville au loin d’ombres démesurées ;
Les bras des feux, ouvrant leurs mains funèbres,
Éparpillent des tisons d’or par les ténèbres ;
Et les brasiers des toits sautent en bonds sauvages,
Hors d’eux-mêmes, jusqu’aux nuages.

On fusille par tas, là-bas.

La mort, avec des doigts précis et mécaniques,
Au tir rapide et sec des fusils lourds,
Abat, le long des murs du carrefour,
Des corps raidis en gestes tétaniques ;
Leurs rangs entiers tombent comme des barres.
Des silences de plomb pèsent sur les bagarres.
Les cadavres, dont les balles ont fait des loques,
Le torse à nu, montrent leurs chairs baroques ;
Et le reflet dansant des lanternes fantasques
Crispe en rire le cri dernier sur tous ces masques.

Tapant et haletant, le tocsin bat,
Comme un cœur dans un combat,
Quand, tout à coup, pareille aux voix asphyxiées,
Telle cloche qui âprement tintait
Dans sa tourelle incendiée,
Se tait.

Aux vieux palais publics, d’où les échevins d’or
Jadis domptaient la ville et refoulaient l’effort
Et la marée en rut des multitudes fortes,
On pénètre, cognant et martelant les portes ;
Les clefs sautent et les verrous ;
Des armoires de fer ouvrent leur trou,
Où s’alignent les lois et les harangues ;
Une torche les lèche, avec sa langue,
Et tout leur passé noir s’envole et s’éparpille,
Tandis que dans la cave et les greniers on pille
Et que l’on jette au loin, par les balcons hagards,
Des corps humains fauchant le vide avec leurs bras épars.

Dans les églises,
Les verrières, où les martyres sont assises,
Jonchent le sol et s’émiettent comme du chaume ;
Un Christ, exsangue et long comme un fantôme,
Est lacéré et pend, tel un haillon de bois,
Au dernier clou qui perce encor sa croix ;
Le tabernacle, où sont les chrêmes,
Est enfoncé, à coups de poings et de blasphèmes ;
On soufflette les Saints près des autels debout
Et dans la grande nef, de l’un à l’autre bout,
— Telle une neige — on dissémine les hosties
Pour qu’elles soient, sous des talons rageurs, anéanties.

Tous les joyaux du meurtre et des désastres,
Étincellent ainsi, sous l’œil des astres ;
La ville entière éclate
En pays d’or coiffé de flammes écarlates ;
La ville, au fond des soirs, vers les lointains houleux,
Tend sa propre couronne énormément en feu ;
Toute la rage et toute la folie
Brassent la vie avec leur lie,
Si fort que, par instants, le sol semble trembler,
Et l’espace brûler
Et la fumée et ses fureurs s’écheveler et s’envoler
Et balayer les grands cieux froids.

— Tuer, pour rajeunir et pour créer ;
Ou pour tomber et pour mourir, qu’importe !
Ouvrir, ou se casser les poings contre la porte !
Et puis — que son printemps soit vert ou qu’il soit rouge —
N’est-elle point, dans le monde, toujours,
Haletante, par à travers les jours,
La puissance profonde et fatale qui bouge !
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La couronne formidable des rois
En s'appuyant de tout son poids
Sur ce masque de cire
Semblait broyer et mutiler
L'empire.

Le pâle émail des yeux usés
S'était fendu en agonies
Minuscules, mais infinies,
Sous les sourcils décomposés.

Le front avait été l'éclair,
Avant que les pâles années
N'eussent rivé les destinées,
Sur ce bloc mort de morne chair.

Les crins encore étaient ardents,
Mais la colossale machoire,
Mi-ouverte, laissait la gloire
Tomber morte d'entre les dents.

Depuis des temps qu'on ne sait pas,
La couronne, violemment cruelle,
De sa poussée indiscontinuelle
Ployait le chef toujours plus las.

Les astuces, les perfidies
Louchaient en ces joyaux taillés,
Et les meurtres, les sangs, les incendies
Semblaient reluire entre ses ors caillés.

Elle écrasait et abattait
Ce qui jadis était sa gloire :
Ce front géant qui la portait
Et la dardait vers les victoires
Si bien qu'ainsi s'accomplissait,
Sans bruit,
L'œuvre d'une force qui se détruit,
Obstinément, soi-même,
Et finit par se définir
Pour l'avenir
Dans un emblême.

Couronne et tête était placées,
Couronne ardente et tête autoritaire,
En un logis de verre,
Au fond d'un hall, dans un musée.
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Elle a mille ans la ville,
La ville âpre et profonde ;
Et sans cesse, malgré l'assaut des jours
Et des peuples minant son orgueil lourd,
Elle résiste à l'usure du monde.
Quel océan, ses cœurs ! quel orage, ses nerfs !
Quels nœuds de volontés serrés en son mystère !
Victorieuse, elle absorbe la terre,
Vaincue, elle est l'attrait de l'univers ;
Toujours, en son triomphe ou ses défaites,
Elle apparaît géante, et son cri sonne et son nom luit,
Et la clarté que font ses feux d'or dans la nuit
Rayonne au loin, jusqu'aux planètes !
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Le rêve ancien est mort et le nouveau se forge.
I est fumant dans la pensée et la sueur
Des bras fiers de travail, des fronts fiers de lueurs,
Et la ville l'entend monter du fond des gorges
De ceux qui le portent en eux
Et le veulent crier et sangloter aux cieux
(...)
Se regardant avec les yeux cassés de leurs fenêtres
Et se mirant dans l'eau de poix et de salpêtre
D'un canal droit marquant sa barre à l'infini,
Face à face, le long des quais d'ombre et de nuit,
Par à travers les faubourgs lourds
Et la misère en pleurs de ses faubourgs,
Ronflent terriblement usines et fabriques.
Rectangles de granit et monuments de briques,
Et longs murs noirs durant des lieues,
Immensément par les banlieues ;
Et sur les toits, dans les brouillard, aiguillonnées
De fers et de paratonnerres,
Les cheminées.

Se regardant de leurs yeux noirs et symétriques,
Par la banlieue, à l'infini,
Ronflent le jour, la nuit,
Les usines et les fabriques,
Oh les quartiers rouillés de pluie et leurs grand'rues !
Et les femmes et leurs guenilles apparues
Et les squares, où s'ouvre, en des caries
De plâtras blancs et de scories,
Une flore pâle et pourrie.
(;;;)
Au soir tombant, lorsque déjà l'essor
De la vie agitée et rapace s'affaisse,
Sous un ciel bas et mou et gonflé d'ombre épaisse,
Le quartier fauve et noir dresse son vieux décor
De chair, de sang de vice et d'or.
(...)
Le port est proche, à gauche au bout des rues,
L'emmêlement des mâts et des vergues obstrue
Un pan de ciel énorme ;
A droite, un tas grouillant de ruelles difformes
Choit de la ville - et les foules obscures
S'y dépêchent vers leurs destins de pourriture
C'est l'étal flasque et monstrueux de la luxure
Dressé depuis toujours sur les frontières
De la cité et de la mer
(...)
Sur la Ville dont les désirs flamboient,
Règnent, sans qu'on les voie,
Mais évidentes les idées.
(...)
C'est vous, vous les villes,
Debout
De loin en loin, là-bas, de l'un à l'autre bout
Des plaines et des domaines,
Qui concentrez en vous assez d'humanité,
Assez de force rouge et de neuve clarté,
Pour enflammer de fièvre et de rages fécondes
Les cervelles patientes ou violentes
De ceux
qui découvrent la règle et résument en eux
Le monde.
L'esprit de la campagne était l'esprit de Dieu ;
Il eut la peur de la recherche et des révoltes,
Il chut ; et le voici qui meurt sous les essieux
Et sous les chars en feu des nouvelles récoltes.
(...)
L'esprit de l'homme avance et le soleil couchant
N'est plus l'hostie en or divin qui fertilise.
Renaîtront-ils, les champs, un jour, exorcisés
De leurs erreurs, de leurs affres, de leur folie ;
(....°
En des heures de sursaut libre et de réveil,
un monde enfin sauvé de l'emprise des villes ?
(...)
Purgés des dieux et affranchis de leurs présages,
Où sen viendront rêver à l'aube et au midi,
Avant de s'endormir, dans les soirs clairs, les sages ?
(...)
En attendant la vie ample se satisfait
D'être une joie humaine, effrénée et féconde...
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Se regardant avec les yeux cassés de leurs fenêtres
Et se mirant dans l'eau de poix et de salpêtre
D'un canal droit, marquant sa barre à l'infini,
Face à face, le long des quais d'ombre et de nuit,
Par à travers les faubourgs lourds
Et la misère en pleurs de ces faubourgs,
Ronflent terriblement usines et fabriques.

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