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Critique de Lamifranz


Au début des années 60 - je vous parle d'un temps que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître - la télé n'était pas encore dans tous les foyers, les ordinateurs n'existaient pas, les jeux vidéos encore moins, il n'y avait pas un grand choix de loisirs, pour nous les jeunes : jouer dehors bien sûr (ou dedans les jours de pluie) ou alors lire. Pour ceux qui aimaient ça, et je faisais partie de ces derniers, il y avait des "enchanteurs" : Enid Blyton (Le club des Cinq, le clan des Sept) et la Bibliothèque rose; Georges Bayard (Michel), Paul-Jacques Bonzon (les Sept compagnons) et Caroline Quine (Alice) et la Bibliothèque verte, et tous les auteurs des éditions Rouge et or (entre autres). Mention spéciale à l'immense Henri Vernes (Bob Morane) qui vient de nous quitter, il officiait dans cette collection Marabout-Junior, tellement ancrée dans nos souvenirs.
Et puis, il y avait les incontournables , inamovibles, indéfectibles, indémodables et intemporels Jules Verne et Alexandre Dumas.
Justement, c'est Michel Strogoff qui m'a introduit dans l'univers de Jules Verne. le premier contact avec l'ami Jules se situe à un Noël au début des années 60. le père Noël n'était pas très riche et n'avait pu m'offrir que le tome 1 de Michel Strogoff (le second allait venir un an après). Mais quelle découverte ! J'ai encore ce livre (Idéal-Bibliothèque n° 48, avec des illustrations de Jean Reschofsky, à jamais ancrées dans ma mémoire), aux pages usées par le temps et sans doute par mes yeux qui, à longueur de journées, avalaient avidement ce texte d'aventure et d'évasion. Certains livres s'impriment plus que d'autres dans votre esprit. Celui-là, je pourrais encore réciter par coeur les premières lignes, et raconter presque page par page le déroulement de l'intrigue, sans omettre le nom des moindres protagonistes (jusqu'à Serko, le chien fidèle de Nicolas Pigassof !) le plaisir de la lecture se trouva doublé quand je vis au cinéma la version culte de Carmine Gallone, avec Curd Jurgens dans le rôle-titre.
L'histoire est connue : un courrier du tsar est chargé de porter un message de Moscou à Irkoutsk, à travers une Russie et une Sibérie sur le point d'être envahies par les hordes tartares. En chemin, à travers d'innombrables dangers, il rencontrera l'amitié et l'amour, et accomplira brillamment sa mission.
Michel Strogoff fait partie des incontournables de Jules Verne. Les personnages dessinés par l'auteur sont devenus des archétypes du genre, le beau héros qui conduit une mission secrète, la jeune fille courageuse, les journalistes plus français et anglais que nature, l'ami dévoué, le traître à l'âme noire, le barbare cruel… Pourtant, rien n'est conventionnel dans ce roman où le souffle de l'aventure emporte tout.
Fait rarissime dans les romans des Voyages extraordinaires, Michel Strogoff présente ici trois portraits de femmes de premier plan : la jeune fille (Nadia), la mère (Marfa Strogoff) et la femme fatale (Sangarre)
Scène culte : Michel Strogoff est aveuglé par un sabre chauffé à blanc et passé devant ses yeux … « Regarde de tous tes yeux, regarde… »
Certains esprits chagrins objecteront : Jules Verne aurait pu saisir l'occasion pour attirer l'attention sur la misère du peuple russe ployant sous le joug du tsar. Mais il faut bien garder en tête deux considérations :
Jules Verne a écrit Michel Strogoff (intitulé à l'origine le courrier du tsar et sous-titré de Moscou à Irkoutsk) spécialement pour la visite du tsar à Paris en 1876. le roman fut d'ailleurs approuvé par les autorités russes avant sa parution chez l'éditeur Hetzel. Pour le composer, Jules Verne bénéficia de l'aide amicale d'IvanTourguenieff, russe francophile s'il en était, dont Hetzel était également l'éditeur. Ce dernier inspira également à l'auteur le personnage à la fois comique et tragique de Nicolas Pigassof.
Rappelons également que le Magazine d'éduction et de récréation dans lequel parut le roman était destiné principalement aux enfants et adolescents. La politique n'y avait donc pas sa place.
Qu'aurait fait Jules Verne s'il n'avait pas été lié par contrat avec son éditeur ? Ce que nous savons de lui nous permet de supposer qu'il aurait pris le parti des opprimés comme il le fera dans quelques romans postérieurs (P'tit Bonhomme, par exemple)



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